Éditorial de lucienne magalie pons
Madame Annie Girardot nous a quitté paisiblement à l'âge de 79 ans.
Dès l’annonce du décès d’Annie Girardot, les médias presse et audiovisuel se sont emparés de sa disparation dans un esprit de dramatisation déplorable, en commentant et étalant sans aucune discrétion à la façon people bien souvent, les évènements qui ont marqués sa vie d’artiste, mais aussi ceux qui sont intervenus dans sa vie intime.
Tout a été étalé, déballé, commenté, sur elle, sa famille, ses amis, ses amours, ses ennuis, ses emmerdes, ses succès, ses échecs, avec en point d’orgue une focalisation sur la maladie d’Alzheimer dont elle était victime.
Personnellement je trouve que c’est un manque respect et une atteinte très irrévérencieuse à la vie de feu Annie Girardot,( même si ses proches en ait été d’accord avec les médias sur tous les points, ce dont je doute), que de ne pas laisser s’écouler un temps de recueillement et de deuil, au moins de quelques semaines, avant d’écrire des articles fleuves et de programmer des émissions, à l’instant et le jour même du décès , avec une indiscrétion qui frise parfois l’indécence.
D’autant que la maladie d’Alzheimer est par ailleurs actualisée et instrumentalisée sur la scène politique et fait l’objet de nombreuses polémiques quand aux modes de financements qui sont envisagés pour garantir les moyens et les frais de dépendances des malades qui sont malheureusement atteint., et la mort d’Annie Girardot présentée par la presse et l’audio-visuel en focalisant sur cette maladie peut paraître comme une récupération politique et publicitaire.
TF1, France 2, France 3 et TV5 ont bousculé leurs programmes, sitôt le décès annoncé , sans même observer au moins une minute de silence à la mémoire de la défunte, la première chaîne a repris dans son émission «Annie Girardot: Ainsi va la vie» le documentaire de Nicolas Baulieu, qui raconte mois après mois le combat de Girardot contre la maladie d'Alzheimer, avec maints détails sur sa vie privée.
Le Prédisent Sarkozy, en présentant ses condoléances dans un communiqué a estimé qu’elle «avait servi les plus grands metteurs en scène français et italiens»…. et …«avait mis l'alliage étonnant de force et de sensibilité qui caractérisait son immense talent au service d'œuvres qui mettaient en valeur l'héroïsme ordinaire des classes populaires».
Rien à dire … mais le mot « ordinaire » me paraît superflu dans le communiqué présidentiel.
Et pour en finir à travers l’immense raz de marée des éloges plus ou moins grandiloquentes, émanant des personnalités du monde politique et des amis et anciens collègues de feu pour honorer la mémoire de feu Annie Girardot, je n’ en retiendrais que deux qui a mes yeux sont les plus dignes et les plus discrètes , toutes deux empreintes de dignité à savoir : l’éloge qui est sorti du cœur de Michel Galabru …. «Le public l'adorait. Elle a eu une carrière lumineuse, la pauvre petite...» et aussi l’éloge de Claude Lelouch …. «Annie Girardot était peut-être la plus grande actrice du cinéma français d'après-guerre» ……«Elle restera mon plus beau souvenir de réalisateur et d'homme. C'était une femme extraordinaire aussi bien devant la caméra que derrière».
Puis-je aussi exprimer le souhait que les médias presse et audio visuel observent la même dignité que celle de Michel Galabru et de Claude Lelouch , à l’occasion de décès de personnalité éminentes et surtout qu’ils respectent quelque semaine de deuil avant de revenir sur la vie des défunts célèbres.
L’accaparement médiatique spectaculaire et excessif de la mort d’une célébrité à des fins intéressées d’ordre commercial, record de vente pour les journaux et record d’audience pour les chaines et radios, devient de plus en plus intolérable et immoral.
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