Je ne suis jamais déçue quand j'entends Jean-Luc Mélenchon réagir, que ce soit sur la politique en général, la finance, l'économie et le social, c'est du direct ! Mais ce direct a ceci de remarquable c'est qu'il est étoffé d'arguments de fond inattaquables, et en prime de remarques qui dessinent bien le portrait des personnes sur lesquelles il est interrogé, enfin face aux journalistes il sait s'imposer, et leur fait remarquer quand ils sont "à côté de la plaque " en leur donnant pour ainsi-dire un cours particulier sur les sujets évoqués.
Mélenchon : "C'est de la politique de... par Europe1fr
script de l'interviewe selon les notes que notre éditorialiste Lucienne Magalie Pons a pu prendre en visualisant la vidéo ci-dessus , et à la suite du script complément d'information :Mélenchon : "C'est de la politique de... par Europe1fr
BT – Merci
d’avoir réservée à Europe 1 votre première
réaction à l’intervention de François Hollande, j’ai eu le sentiment
qu’à plusieurs reprises le Président s’adressait directement à vous, en tout
cas qu’il répondait à certaines de vos attentes par exemple le taux de 75 %,
elle sera payée, je disais, par les entreprises, l’idée bien sûr est de
s’attaquer aux plus hautes salaires », êtes-vous
satisfait sur ce point précis ? ..,
JLM –
Précisément ce point précis est l’un des plus décevant , parce que l’idée de départ n’était pas de punir,
lorsque moi j’ai proposé qu’il y ait quatorze tranches d’impôts, c’était de
faire contribuer les plus hauts revenus davantage que les plus bas revenus et
c’était ça l’idée, il invente sur un coin de table une taxe à 75 %, dont
personne n’avait compris au départ que c’était une taxe, c’était un niveau,
j’avais dit c’est une histoire de fou ,
comment on passe du dernier niveau de 45 % à 75 %, tout ça s’est embrouillé, au
que c’est allé dans le mur, ..
BT – oui
le Conseil Constitutionnel l’a retoqué et ..,
JLKM – et
on transforme ça en une taxe
…exceptionnelle, c’est seulement pour 2 ans, c’est ce qu’il a dit, ça m’a
permis de comprendre, excusez moi de commencer par des choses techniques, que
c’est aux entreprises que l’on va demander cette taxe de 75 % , et puis ensuite
il dit , comme il y aura cette taxe de 75 %
les salaires seront modérés dans l’entreprise, tout cela est absurde ..
BT – il y
a un sens, il y a un sens..,
JLM – il y
a un sens dans tout ça, s’il s’agissait d’un symbole on s’en fou, mais ce qui
compte c’est les résultats, s’il s’agissait de modérer les (salaires), puisqu’ils sont scandaleusement
élevés en haut, et scandaleusement bas
en bas, il y avait une méthode plus simple, celle que j’avais proposée, c’est
de dire pas d’écart plus grand que de 1 à 20 dans une entreprise, chaque fois
que celui qui est en haut s’augmente, il augmente celui qui est en bas, ça
c’est un cercle vertueux, pas punitif, donc moi voilà je ne veux pas tirer sur
une ambulance, la prestation hier soir montrait un président , - je vais faire
une blague à la ‘hollande » : Élysée est enlisé, bon ..
BT -
attendez, on va revenir .., JML – il s’est totalement trompé de diagnostic, il
le dit lui-même ..,
BT –
attendez, attendez ..,
JLM ( il
le dit lui-même, « je ne pensais pas que la crise serait dure et qu’elle
durerait autant », ce qui prouve bien qu’il ne comprend rien au mécanisme de la
finance …,
BT – Jean -Luc Mélenchon …
JLM – il a
pas parlé, il n’a pas parlé de la
finance de toute la soirée
BT – il a
parlé des allocations familiales, je voudrais avoir votre avis là-dessus,
elles ne seront pas taxées mais elles
seront modulées selon les revenus les riches n’auront pas les mêmes avantages,
bonne idée ?
JLM - de quels riches on parle ? , les français
doivent être sans cesse .., on doit leur rappeler les choses, une prestation
sociale elle doit être universelle, c'est-à-dire que si tout le monde n’a pas
accès à une prestation sociale, eh bien , naturellement ceux qui paye le plus
disent : - « mais pourquoi je paye
autant alors ?, moi je n’ai droit à rien ? Laissons de côté la poignée,
peut-être que, je ne sais pas, Madame Bettencourt a touché des
allocations familiales lorsqu’elle était jeune mère et cela pouvait paraître
scandaleux, mais ça voulait dire aussi que les classes moyennes touchaient ces allocations familiales, tout
ça est très bien, on sait très bien comment ça commence, on commence par parler
des plus riches et après la prestation n’est plus universelle, les classes
moyennes elle aussi moins, et puis on dit qu’une poignée, entre guillemets, est
défavorisée, alors quand même allons au fond s’il vous plait, parce que c’est ça le fond, le fond c’es
encore une petite phrase qui ne veut rien dire, il dit, il faut des économies
pour ne pas défaire l’économie ..
BT –
défaire l’économie absolument
JLM – eh
bien voila le tissu, le cœur de l’absurdité de cette stratégie économique,
parce que c’est cette stratégie qui est en train de plomber toute l’Europe,
c'est-à-dire contracter la dépense publique en espérant que magiquement la
dépense privée prendra le relais, et hier soir il a même été très loin
puisqu’il a dit, ah ben je vais vous
débloquer vos fonds de participation
BT : oui
absolument ça concerne 4 millions de salariés, c’est un coup de pouce qui va
intéresser ces salariés
JLM – Ah
oui ?, je crois que vous êtes
complètement à coté de la plaque, puisque la tendance que l’on constate c’est
que les gens ne consomment leur épargne que pour compenser les pertes de
salaires, mais sinon ils continuent à faire de l’épargne, pourquoi ?, parce
qu’ils veulent se protéger contre pire qui arriverait demain, donc ça c’est,
encore une fois, une vision extrêmement limitée de ce qu’il faut faire pour
relancer l’économie, et quand il en parle alors il n’arrête pas de dire « mois
je veux la croissance , je veux la croissance », très bien, mais enfin on est
au 21me siècle , qu’on arrête de parler avec les mots du milieu du 20me siècle,
alors « la croissance, la croissance », n’importe quoi, n’importe comment, hein
la croissance de quoi ?
BT – donc
il y a rien, Jean-Luc Mélenchon, y’a rien qui a trouvé grâce à vos yeux dans
l’intervention du Président de la République hier soir ?
JLM – et
voilà !
BT – je
vous pose la question parce qu’on a abordé plusieurs points et sur chaque point
, finalement, je vous trouve très critique
JLM – mais
parce que je ne suis pas d’accord avec la ligne économique et sociale qu’il a
choisi, voilà, je trouve terrible qu’ayant .., on l’a élu pour ça , Monsieur
Toussaint il faut quand même comprendre les choses, on l’a pas élu pour
l’entendre nous annoncer que les retraites vont être décalées, alors c’est
normal que je m’indigne, pour 2 raisons, la première c’est une conquête sociale
le droit de partir à la retraite, mais la deuxième ..
BT : il
remet pas en cause l’âge , il remet en cause la durée des cotisations,
JLM – ben
tiens, donc ça veut dire que vous partez avant avec une retraite moins élevée
et ceux qui ne partiront pas ? .., , , si vous allongez l’âge de départ à la
retraite où vont les gens ? .., figurez-vous, c’est de la politique de gribouille,
alors d’un coté on pense qu’on va rétablir les comptes des régimes de
retraites, et de l’autre vous croyez vous qu’on va qu’où vont aller les gens ? 50 % des gens qui
partent à la retraite sont en inactivité, c’est-à-dire qu’ils sont chômeurs, donc
ils vont aller tous au régime du chômage, et dans deux ans vous entendrez dire
c’est la catastrophe, le régime de chômage s’effondre !.
Alors je
vais vous montrer la preuve qu’il ne croit pas lui-même à ce qu’il raconte,
c’est qu’il nous donne comme indication, le Président de la République donne
comme indication un rapport sur le niveau retraite pour 2020, - il me fait
rigoler, il ne sait même pas ce qu’il va faire dans les 8 jours, mais il sait
ce qu’il va faire en 2020 -, .. 20 milliards, or cette hypothèse est basée sur
des diagnostics , il faut bien avoir des chiffres au départ, qui tous sont
fondés sur un chômage de masse et un niveau de fécondité faible des français,
ça veut dire que lui-même ne pense pas que l’activité va se relancer, eh bien moi
je proteste contre ça, c’est en faisant cette politique que l’on va défaire
l’économie de la France, voilà !...,
BT-
Jean-Luc Mélenchon, j’ai commencé ..,
JLM- (pour
un président) .., être coupé à ce point des bases de nos réalités sociales, eh
bien ce n’est pas la peine d’avoir un gars de gauche pour faire ça, quoi..
BT - j’ai eu le sentiment qu’en début
d’intervention qu’à plusieurs reprises le Président s’adressait directement à
vous, voir directement, écoutez, tout à la fin de l’intervention (on entend la voix de François Hollande : «
il se trouve qu’en ce moment il y a une radicalité, il y a une montée des excès
… une violence qu’on constate dans la rue mais qu’on constate aussi dans
l’expression, je ne veux pas de cette radicalité.. », c’est pour vous ça ?
JLM – non
je ne sais pas, peut-être, dans ce cas on gagne toujours
à préciser son propos quand on accuse quelqu’un, non, là où il répondu très
directement..
BT – ouais
? ..
JLM – …, «
quoi ?, si je suis dans la
tempête je devrais changer de cap ? », or c’est précisément matin que
paraissait une interview d’un journal Direct matin et dont le titre était « Il
faut changer de cap », donc il m’a répondu, il ne changera pas de cap, très
bien le message est reçu, donc nous allons dans le mur, voilà ce qui
m’inquiète, parce que ce n’est pas une affaire politique bon sang, je vous
parle de souffrances du quotidien ..,
BT – on a
parlé de tous les sujets
JLM- oui
mais ..,
BT –
dernière chose..,
JLM - …,
il y en a dont on a pas parlé, voilà un Président qui dit qu’il est pas un
président socialiste mais le président de tous les français, je m’excuse mais..
BT - mais il est au-dessus de tous les français
(sic) il est au-dessus de la mêlée
(sic)..,
JLM - ..,
ah mais, peut-être, mais ça ne l’empêche pas d’être un socialiste, ce qu’il
n’est pas dit-il lui-même hein, le Président Mitterrand lui disait « tout le
monde connaît mes convictions, mais je suis le président des français ».. , eh
bien moi je pense que quand on est
président élu par la Gauche bien sûr on prend en charge le pays tout entier,
mais je pense que quand on l’entend parler on voit bien, comme je le fais moi aussi, quoique je ne soies pas le président, mais
nos convictions personnelles ne disparaissent pas, hier soir dans tout
ce que j’ai entendu , vous avez entendu, ses balivernes sur le « choc de
simplification »alors là la tarte à la crème de la vie politique française, «
la simplification », mais je vais vous donner un exemple très humain, il n’y a
pas d’êtres humains dans son discours, il n’y a que des chefs d’entreprises,
les autres existent pas.
Mais
est-ce que vous savez que chômeur
aujourd’hui c’est une occupation à plein temps ? , il faut remplir des paiers
sans arrêt, il faut être à coté de son téléphone, il faut répondre à ceci, il
faut …, alors pas un moit pour ça, je l’ai trouvé désincarné, quasiment
déshumanisé ….,
BT – désincarné,
deshumanisé .., le jugement de Jean-Luc Mélenchon ce matin sur Europe 1
JLM .- ..c’est
sympathique, mais c’est pas bon signe
BT- Merci
beaucoup Jean-Luc Mélenchon
(L’interview
est terminée)
oooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooo//
Note de
Lucienne Magalie Pons : Jean –Luc Mélenchon a parlé dans son interview sur Europe 1 du
« changement de cap » en rappelant une précédente interview qu’il avait accordé à Direct matin
avant l’intervention du Président de la République sur France 2 , le 27 mars
2013.
Pour un
complément d’information, nous avons retrouvé sur Internet et publié ci dessous
intégralement (copié/collé) cette Interview ‘Direct Matin –Jean Luc Melanchon’ du
27 mars 2013.
Source :
site de Direct Matin :
Copié/collé :
DIRECT
MATIN.fr
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Créé le
27 mar 2013 à 20:45 | Dernière mise à jour le 27 mar 2013 à 20:49
« Jean-Luc Mélenchon interpelle François Hollande avant
son intervention télévisée de jeudi soir. Il lui demande de changer de
politique.
Rien ou presque dans la politique de François Hollande ne
trouve grâce à ses yeux. C’est pourquoi Jean-Luc Mélenchon appelle le chef de
l’Etat à changer de cap. Le coprésident du Parti de gauche assume son discours
musclé et donne rendez-vous aux Européennes pour un affrontement avec les
socialistes... et le Front national. »
L’interview :
Qu’attendez-vous de l’interview de François Hollande jeudi
soir ?
François Hollande doit montrer qu’il a compris la colère du
pays et changer de cap. S’il ne le fait pas, cette intervention ne servira qu’à
une chose : déprimer le pays et creuser plus profondément le trou dans lequel il est tombé. Il a certes été élu pour cinq
ans mais on ne peut pas attendre un désastre pour changer de cap.
Sa direction est mauvaise : il refuse d’affronter la finance,
sollicite les faveurs du Medef et conduit une politique pour laquelle le
problème c’est le coût du travail. Ses choix ont échoué partout. Et puis, quel
humour noir de créer 2 000 postes à Pôle Emploi pour réduire le chômage !
Pour inverser la
courbe, il compte sur le contrat de génération et les emplois d’avenir…
Cet objectif est irréaliste car ces réponses ne sont même pas
des pansements. Ce qu’il faut, c’est une vision d’avenir globale pour le pays.
J'ai par exemple proposé de faire de l'économie de la mer un levier d'activité
majeur, mais lui limite l’ambition du pays aux objectifs comptables. S’il
persiste, il ne va faire qu’aggraver la situation.
N’est-ce pas sur ce
discours qu’il a été élu ?
Pas du tout. D’une manière sournoise et peu respectueuse de
la souveraineté du peuple, François Hollande a passé son temps à brouiller les
cartes. Il a fait des discours contre la finance qui étaient directement
recopiés des miens. Le coup de la taxation à 75% a été improvisé dans le seul
but d’endiguer ma progression durant la présidentielle. Mais depuis ? Rien n’a
changé. Il a empêché les Français de
voir qu’il y avait deux politiques à gauche. A sa façon, il a faussé le
résultat.
A quoi bon se dire de gauche si c’est pour faire la même
politique économique et sociale que la droite et ne rien faire sur le plan
environnemental ?
Vous oubliez les
questions de société…
C’est toujours ça de gagné sur le plan des libertés
individuelles. Ça répond à un certain type de problèmes mais pas à tous. Il ne
faut pas mépriser les avancées sociétales mais ne pas s’en contenter.
Selon vous, les Français ont besoin de dirigeants qui parlent
«cru et dru». Est-ce pour cela que vous haussez le ton ?
En cette saison de tempête, les gens ont besoin de
comprendre. Je ne dis pas qu’il faut parler fort mais parler clair ! Ce que
disent les socialistes est incompréhensible. C’est pourquoi nous déclarons la
guerre à la parole molle et aux tromperies qu’elle contient.
Quand Moscovici, avec les seize autres pays de l’Eurogroupe,
va contre la décision du Parlement chypriote, c’est immoral et inacceptable.
Mon camarade Delapierre (secrétaire
national du Parti de gauche, ndlr) a bien fait d’utiliser un mot que tout le
monde comprend (salopard, ndlr). L’indignation sur commande des socialistes
m’amuse car ils utilisent les uns contre les autres des mots plus crus que les
nôtres.
L’axe
franco-méditerranéen que vous prônez est-il une alternative à l’Europe ?
L’Europe devient une Europe allemande, qui fonctionne au
rythme de Mme Merkel. Il faut prendre acte de cette situation qui résulte de la
lâcheté des dirigeants français. Cela me conduit à procéder à une réévaluation
de la position de notre pays dans la construction européenne ; la France sera
plus forte si elle assume sa position méditerranéenne et forme une ligue avec
les pays du Sud, mis en cause par l’Allemagne avec ceux de la façade magrébine.
Faut-il sortir de
l’euro ?
Lors de notre congrès, on a vu naître un débat sur l’euro. Le
doute est là. Mais si nous renonçons à l’euro, on entre dans le plan de Merkel
qui veut expulser l’Europe du Sud après l’avoir détruite. Il faut de la fermeté
dans nos décisions en rappelant, qu’en Europe, aucune décision ne peut être
prise sans la France.
Nous ne sommes pas à la ramasse, nous sommes la deuxième
économie du continent. Nous disposons de moyens d’action si nous avons le
courage politique.
C’est l’enjeu des
Européennes…
Pour nous, c’est le grand rendez-vous de 2014. Les
socialistes seront confrontés à un jugement sur cette question majeure qu’est
l’Europe. Le gouvernement a bien compris qu’il est aux abois puisqu’il a décidé
de ne pas changer la loi électorale (il a renoncé à la circonscription unique,
ndlr) pour éviter une campagne nationale. Il a peur que le Front de gauche
passe devant le PS.
Pour ma part, je serai très certainement candidat, pas
forcément dans le sud-ouest. Je peux très bien me présenter dans le Nord face à
Marine Le Pen ou dans le sud-est face à son père.
Auteur Direct Matin
(Fin du copié/collé)