Éditorial de lucienne magalie pons
RELAIS D'INFORMATION : Cet article de Valeurs Actuelles m'a été communiqué et j'ai pris la liberté que je considère comme un devoir de le porter à la connaissance de mes lecteurs afin qu'ils puissent apprécier le courage et la franchise de Marine Le Pen, Présidente du Rassemblement National, interviewée par Valeurs Actuelles.
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[Interview]
Marine Le Pen : “Le gouvernement est le plus gros pourvoyeur de fake news
depuis le début de cette crise”
Par
Publié le 27/03/2020 à 08:30
Chapô
“Modèle ultra-libéral
mondialisé”, “disparition des frontières”, “effondrement de l’Etat”… En pleine
pandémie de coronavirus, la présidente du Rassemblement national dénonce la
politique d’Emmanuel Macron qu'elle juge irresponsable et les “mensonges
grossiers” de son gouvernement qui menacent l’unité vitale du pays. Entretien
sans filtre.
Valeurs
actuelles. Comment avez-vous pris la mesure de la crise que constituait
cette pandémie de coronavirus ?
Marine Le Pen. Dès le début du mois de janvier, je lisais tout ce
que je pouvais sur ce qui passait. Quand, vers le 20 janvier de mémoire, nous
avons eu des données plus complètes sur la transmissibilité, cela m’a vraiment
alerté. Je me suis fait traduire les textes en anglais. Je crois avoir eu la
prescience de la gravité de ce qui se passait.
Qui
croire, dans cette période où se propagent particulièrement rapidement les fake
news ?
Ces fake news sont une des conséquences dramatiques des mensonges du
gouvernement sur toute une série de sujets. Il y a eu une rupture de confiance.
Les Français ne les croient plus, quoi qu’ils disent. Evidemment que des gens,
pas toujours de mauvaise foi d’ailleurs, se sentent investis de l’obligation d’avertir
les autres. Mais qui a dit « ça n’est pas grave » ? Qui a
dit « c’est une grippe » ? Qui a dit « il n’y a qu’une
chance minime pour que la France soit touchée » ? Qui a dit « le
test ne sert à rien » ? Et après on leur dit « vous ne
respectez pas la confinement, restez chez vous ! » Les Français
sont déboussolés, ne savent plus à quel saint se vouer. Le gouvernement est le
plus gros pourvoyeur de fake news depuis le début de cette crise. Et LE
responsable de la perte de confiance dans la parole publique.
A
la fin de sa première intervention télévisée, Emmanuel Macron a estimé que le
coronavirus remettait en cause l’ensemble de notre modèle. De quoi s’agit-il
selon vous ?
Du modèle ultra-libéral mondialisé. Le modèle qui acte la disparition des frontières,
des Etats nations, des Etats stratèges et la livraison de la marche du monde à
la main invisible du marché. Il s’agit aussi d’une philosophie défendue par nos
dirigeants et qui considère l’Etat comme une entreprise : sans stock, avec
une gestion en flux tendu. Cherchant la rentabilité à tout prix. Or, la
rentabilité ne s’embarrasse pas de la protection d’un peuple. C’est la raison
pour laquelle aujourd’hui on ne dispose que du nombre de lits de réanimation
nécessaire à un moment « moyen ». C’est aussi la raison pour laquelle
on délocalise la production de médicaments. C’est une idée folle de gérer ainsi
un pays.
Dans
les principales critiques qui vous sont faites depuis longtemps revenait la
notion d’infaisabilité de vos propositions. Aujourd’hui, on a l’impression à
l’inverse que tout peut être remis en cause.
Pendant des années, je me suis effectivement insurgée contre l’argument du
« c’est pas possible ». C’est quand même malheureux qu’il faille une
crise pour que beaucoup s’en rendent compte. J’aurais préféré une prise de
conscience dans des temps de sérénité. Si mon programme avait été mis en oeuvre
nous serions mieux armé qu’aujourd’hui où objectivement, nous sommes à poil…
C’est dans les crises qu’on voit les carences. Aujourd’hui, se révèle l’effondrement
de l’Etat. Les régions se débrouillent, les préfets aussi, les villes sont
livrées à elles-mêmes, les médecins prennent leurs décisions, les entreprises
compensent la fragilité en produisant des masques. C’est terrifiant.
Le problème, c’est le refus des politiques d’assumer
leur responsabilité première qui est la prise de décision.
Les
dirigeants actuels vous paraissent-ils capable de parvenir à bout de cette
crise
Non, je ne les crois pas capables. On ne règle pas les problèmes avec ceux qui
les ont créés. Je ne les crois pas bien placés pour mettre en œuvre quelque
chose à laquelle ils ne croient pas. On ne se découvre pas du jour au lendemain
promoteur des services publics, de la prévoyance, des frontières, de l’Etat
stratège. Ça peut être une posture politicienne mais pas une conviction
profonde. Ceux qu’ils ont appelé populistes en espérant que cette formule les
délégitime apparaissent aujourd’hui comme ceux qui ont raison.
Appelez-vous
à la dissolution de l’Assemblée nationale ?
Nous n’en sommes pas là. Nous ne sommes qu’au début de quelque chose de
terrifiant et qui risque de durer.
Partagez-vous
le sentiment que la République, ses élus, s’abandonnent à des experts ?
Le problème, c’est le refus des politiques d’assumer leur responsabilité
première qui est la prise de décision. On ne peut pas faire de politique sans
prendre de décision qu’on assume. Avec ce transfert de responsabilité, on se
retrouve avec des experts qui ne sont pas d’accord entre eux. Le patron du
service d’infectiologie de Bichat n’était pas d’accord avec celui de la
Pitié-Salpêtrière. Le gouvernement dit avoir maintenu les élections municipales
à cause des recommandations du conseil scientifique ? Mais c’est au
politique de prendre en compte le risque sanitaire mais aussi d’abstention
massive de la population !
Dans
une interview au Figaro, l’ancien ministre des Affaires étrangères
Hubert Védrine affirme qu’il faut remettre en cause jusqu’à notre mode de vie
occidental…
Oui, j’ai lu cette interview. J’avais aussi lu les livres d’Hervé Juvin, qui
ont servi pour moi de base à notre projet européen. Il y décrit la folie que
nous amène la mondialisation sauvage au bénéfice d’un tout petit nombre et au
détriment de la majorité. Quand Hubert Védrine affirme qu’il va falloir
repenser notre manière de pratiquer un tourisme de masse, j’appelle
surtout les pays à mettre en place eux-mêmes des mesures de protection de leur
patrimoine. Matériel et immatériel.
Ne
sommes-nous pas victime d’une forme de modèle culturel unique ?
C’est tout le problème de l’uniformisation. Des consommations et de la pensée.
Il faut préserver la diversité des cultures et on ne peut imaginer que la
planète entière vive comme un Américain moyen abreuvé de télé-réalité et de
blockbusters, imprégnée d’une culture commerciale qui tente de faire passer des
choses inutiles pour indispensables ou alors la planète mourra. Cette
uniformisation s’est appliquée aux idées. Il faut aussi revoir notre rapport à
l’Histoire, et retrouver la modestie de ne pas prendre tout ce qui est passé
comme inepte ou moyenâgeux. Il faut se démettre de la vision de Jacques Attali
auquel Emmanuel Macron est soumis : cette vision d’un Homme nouveau qui
souhaite faire table rase du passé.
La
mondialisation permet en revanche d’indéniables progrès scientifiques. Comment
ne pas reculer ?
Mais il n’y a aucun problème avec ça ! Ça a toujours existé. Les plus
grands progrès ont été faits à l’époque où les nations étaient puissantes.
L’échange n’est pas l’uniformisation, en revanche. La science est
internationale mais la recherche est nationale. L’idée caricaturale
consistant à dire « c’est ou la mondialisation sauvage ou
l’autarcie » relève de la manipulation.
Une des questions majeures que pose cette crise
est : où passe l’argent ? Où passent les milliards et les milliards
de notre pays fiscalisé à outrance ?
La
résurgence du concept de frontière sera-t-elle la grande révolution de cette
crise ?
La frontière, c’est comme la peau : elle sert à laisser passer ce qui est
bon et empêche ce qui est mauvais. Cette crise montre qu’en cas de dangers
vitaux les pays réagissent comme des nations, et que la première chose qu’elles
font pour se protéger est de fermer les frontières. Des gens vont vouloir quitter
leur continent pour venir se faire soigner chez nous, et nous allons devoir
fermer nos portes pendant des mois et des mois pour éviter une deuxième vague
d’épidémie. Il n’y a que des pays qui peuvent faire ça : l’Union
européenne en est incapable pour des raisons matérielles, mais aussi pour des
raisons intellectuelles. Au moment où on se parle, il n’y a encore aucun
contrôle en France.
Peut-on,
comme le souhaitait le général De Gaulle, avoir un Etat fort avec des dépenses
faibles ?
Une des questions majeures que pose cette crise est : où passe
l’argent ? Où passent les milliards et les milliards de notre pays
fiscalisé à outrance ? Nous devrons faire un grand audit national à
l’issue de cette pandémie pour expliquer aux Français où sont allées les
centaines de milliards qu’ils versent alors que nos structures sont si faibles.
Est-ce
que cette crise vous rend moins jacobine ?
L’idée, on le voit en Italie, de laisser prendre des décisions capitales à des
régions, n’est pas bonne. En matière de santé, de sécurité publique, c’est à
l’Etat nation de prendre ses responsabilités. Ceux qui plaident pour la
décentralisation, en ont souvent une vision vicieuse : que l’Etat se
décharge de ses responsabilités. Mais si on ne veut pas des responsabilités, il
ne faut pas les prendre. Et si on réalise une fois au pouvoir qu’on n’est
pas capable de les assumer, il faut les rendre.
Comment
observez-vous ce qui se passe en banlieue ?
Cela fait 25 ans qu’on dit que ce sont des zones de non droit. Les lois
sanitaires, comme les lois d’urgence, civiles, pénales, ne s’y appliquent pas.
Et la réponse du gouvernement est encore dramatiquement toujours la même :
« Pas de vague. » Car ils craignent une émeute. Ceux qui ne
respectent pas la loi reçoivent ainsi le signal qu’ils peuvent continuer.
Dans
ces moments singuliers, ne faut-il pas craindre la tentation d’un régime
autoritaire ? Quel est le bon dosage entre fermeté et démocratie ?
Le bon dosage, il est dans notre Constitution. Et le premier, c’est celui du
respect de la volonté et de la souveraineté du peuple. Personne d’autre ne doit
l’être à sa place. Ni l’Union européenne, ni je ne sais quel comité Théodule.
Demain, si on faisait une série de référendums sur les frontières, la
relocalisation ou la protection face à la concurrence déloyale, vous auriez des
résultats qui seraient quasi unanimes.
Que demandez-vous à
Emmanuel Macron ?
D’abord, d’arrêter de mentir. Lui et ses équipes. Ses mensonges rendent l’unité
nationale impossible. On ne peut pas demander à l’opposition son soutien quand
on procède aux mensonges grossiers qui sont ceux du gouvernement. Si Monsieur
Véran avait dit dès le départ qu’il n’y avait pas de stock de masques ou de tests
au lieu d’expliquer que ça ne sert à rien… Si le directeur général de la
Santé, Monsieur Salomon, n’avait pas menti sur le nombre de contaminés ou
n’avait pas passé sous silence la situation dans les Ehpad, on aurait pu faire
l’union nationale. De la même manière qu’on ne peut soutenir l’indécence de
l’entourage du président qui laisse fuiter que le chef de l’Etat serait
thaumaturge et accomplirait des miracles. Au moment où les infirmières et
médecins n’ont pas de masques, où les policiers n’ont pas de masques, où les
soignants tombent comme des mouches !
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