26 février 2012

Nicolas Sarkozy décrypté par Philippe Bilger sur RMC

Éditorial de lucienne magalie pons

Un livre à lire :



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Les Grandes Gueules, une production  de la radio RMC, est  une émission  où tous les participants piaillent  en même temps comme des volailles dans une basse-cour en folie, ils  se contredisent, s’invectivent,  se déchirent, mais rassurez vous c’est un jeu pour séduire des auditeurs qui comme eux sont dans la dérision et ont accès à l’antenne, après filtrage,  pour débiter leurs opinions.

Cependant le calme s’installe   pour recevoir l’invité du jour et  c’est en principe Alain Marschall  qui reçoit seul et  conduit l’interviewe.

Le 24 Février 2012 Philippe Bilger était l’invité d’Alain Marschall.

On ne fait plus la réputation du célèbre Maître Philippe Bilger, ancien magistrat, fonction  qu’il a quitté en octobre 2011 après 40 années d’exercice de la magistrature, actuellement conseiller spécial d’un cabinet d’Avocat.,  personnalité  aussi appréciée  pour être un « homme  de liberté de paroles »  Philippe Bilger  est aussi connu comme   écrivain, et son récent livre « Le Bal des Complaisants » a été cité dans l’interviewe, mais en fait  tout au long de l’entretien c’est le  portrait ,  le comportement et les méthodes  du Président sortant. Nicolas Sarkozy, candidat à sa propre succession, qui ont été décryptés  avec une lucidité remarquable et sans concession  par Maître Philippe Bilger, lequel certainement doit être doué aussi d’un savoir psychologique inné.

Maître Philippe Bilger  avait été un soutien inconditionnel du candidat  Nicolas Sarkozy en 2007, sans doute en faisant foi comme bien d’autres  au programme que développait à l’époque Nicolas Sarkozy, mais de son propre aveu,  il a vite compris qu’il s’était trompé.

C’est  donc Alain Marschall qui interrogeait Philippe Bilger.

Les réponses de Maître Philippe Bilger sont tellement proches de la réalité et de  ce que nous pensons de Nicolas Sarkozy, sans pouvoir pour notre part l’exprimer,  ne disposant pas du talent de Maître Philippe Bilger, que nous avons décidé de noter  la partie de  l’entretien portant sur Nicolas Sarkozy,  pour en faire profiter nos lecteurs qui pourraient être intéressés et qui n’auraient pas eu le loisir ou le temps d e l’’écouters sur  RMC.

Pour entrer dans le vif du sujet semble- t-il, Alain Marshall a commencé  par évoquer, selon ses propres termes le  retour de l’icône Rachida Dati, ancienne garde des sceaux qui était hier (  ndlr : le 23 Janvier à Lille) avec le Président candidat Nicolas Sarkozy.

Extrait de l’entretien :

Pour faciliter la lecture de nos annotations nous utilisons les abréviations AM pour Alain Marshall, et PB pour Maître Philippe Bilger.

AM : Comment vous réagissez en voyant revenir votre ancienne patronne ?...

PB : D’abord ça ne m’étonne pas,  parce que j’ai toujours pensé que Rachida Dati avait une sacrée personnalité, qu’on l’aime ou non, ensuite  c’est assez révélateur du Sarkozysme.. Hein .., que ces avancées, ces retraits, et ces oublis apparents, ces retours en grâce …tout cela montre à quel point il y a un subjectiviste  forcené à la tête de l’Etat, et ça m’inquiète un peu.

AM : Pourquoi ?

PB : Bien, parce que …

AM : Quels sont les motifs d’inquiétude.. Alors ?

PB : Mais parce que  je n’ai  … ,  peut-être parce que moi-même , je suis dans ma vie un subjectiviste forcené et je connais les ravages que peut exercer une telle attitude au plus haut niveau,. … Si vous voulez, un Président de la République ne peut pas se permettre d’être simplement mué et gouverner par sa subjectivité et par ses préférences, par ses antipathies…

On voudrait  avoir le sentiment d’être dirigé par une personnalité qui se maîtrise, qui réfléchit, qui n’est pas  mû par des impulsions, qui ne rejettent pas les gens, qui ne les fait pas revenir, au fond on voudrait avoir le sentiment d’une humanité et d’une pensée équilibrée. ? ET

AM : Donc vous êtes en train de me dire que Nicolas Sarkozy, vu ses 5 années …,  -alors il y a tout le chapitre dans votre livre sur « le déçu du Sarkozysme », -   n’a pas une structure de pensée, si je comprends bien ?

PB : entendons-nous, il est intelligent .., hein…, mais je dirais qu’il n’a pas les qualités que j’attendais d’un Président de la République

AM : qui étaient lesquelles principalement ?

PB : qui étaient la cohérence, la lisibilité, la dignité, la décence, la conscience de la nécessité de la morale publique.

Au fond, il y a une sorte d’être, je le qualifierais presque plutôt d’aventurier de la politique, que de Président de la République au sens ou je l’entends.  Il est prêt à tout, et….

AM : Prêt à tout ? Pourquoi, pour être élu ?

PB : Ah oui, c’est clair, la campagne qu’il  mène depuis le début du mois de Janvier, si les citoyens Français étaient tous passionnés par la politique, ils n’auraient même pas à apprendre le fond de ce qu’il veut instaurer, rien que la méthode devrait être dénoncée, , si vous voulez, on attend la fin ..

AM : AM : Qu’est-ce qu’il y a à  dénoncer  alors ?  …. « Rien que la méthode devrait être dénoncée » … qu’est-ce qui …, qui …, qui… vous souffle ?

PB : Mais tout simplement Alain, on a un quinquennat qui est presque à « suer », il a une sorte de pessimisme qui l’envahit, mais comme c’est un homme d’action, eh bien un mois ou deux mois avant l’échéance présidentielle , il propose un nombre de mesures, ce qui extraordinaires en fin de quinquennat, tout simplement parce qu’il veut démontrer qu’il peut  faire dans le prochain , ce qu’il  a été incapable de mener à bien dans le premier.

Tout ça c’est une forme de démagogie à mon avis, et plus gravement du mépris  du peuple.

AM : Mais c’est ce que j’allais vous dire .., depuis le …, depuis qu’il s’est déclaré candidat, Annecy, Marseille Lille, hier, on n’a pas arrêté de parler de ce peuple, « je suis au côté du peuple ».., «  je suis au côté de la France qui se lève »  «  la France qui travaille » …, « je les aime » …, « je les cajole »… Le matin quand il va à son QG de… de .., son quartier général dans le 15me arrondissement, Nicolas Sarkozy le rencontre ce peuple sur le trottoir, il le prends à bras le corps, lui à qui justement on  a souvent reproché d’en être coupé..

PB : peut-être …

AM : on est dans le cinéma alors ? …

 PB peut-être suis-je partial, mais cette invocation du peuple qui arrive aujourd’hui , qui devient à la longue lassante même parce que le peuple c’est fondamental, mais tout de même à force de l’exploiter comme ça, comme un objet qu’on a rejeté pendant 5 ans, qu’on ressort du placard maintenant pour l’utiliser à fond, je trouve que tout cela sent, en quelque sorte, la couture du costume, j’ai l’impression en permanence et durant 5 ans , maintenant encore plus, qu’il y a un costume présidentiel  …, mais qui …, dont le tailleur a oublié de d’enlever les coutures, de sorte qu’on voit en permanence , de manière ostensible  , les changements de pieds, les changements de rites, les ruptures programmées, tout ça est cousu de fil, j’allais dire, blanc,.

Certes, nous sommes  dans une campagne, mais c’est trop gros, c’est trop gros

AM : … certains disaient plus c’es gros plus ça passe,  hein …,

PB : oui, mais …,

 AM : C’est Chirac  qui disait je crois, qui disait ça, et il s’est rarement trompé dans ces cas-là

PB : Voila …,

Je suis tout de même frappé par la faiblesse de l’opposition, je dirais aussi bien socialiste que centriste..

AM : Donc  on a un début  qui n’est pas à la hauteur aujourd’hui ..,  hein .., un début de campagne qui n’est pas la hauteur pour vous ?

PB : Je n’évoque pas le fait qu’on n’aborde pas les problèmes de fond, mais ce qui me frappe, c’est qu’à force de faire les délicats, aussi bien François Hollande  que François Bayrou, sont en train de se faire malaxer , j’allais dire, pardonnez-moi l’expression vulgaire, « bouffer »  par Nicolas Sarkozy. A force de faire dans la noblesse, ils sont en train de se faire laminer, et lui il est redoutablement efficace.

AM : Vous êtres en train de dire qu’en fait,  Nicolas Sarkozy, - c’est ce que vous dites  dans votre chapitre  « pourquoi Nicolas Sarkozy m’a déçu » -, il rêve d’une puissance telle .., il rêve de la haute puissance Nicolas Sarkozy, et il veut être et de droite et de gauche …,

PB ; Ah ben, je pense qu’il a tenté de le faire, c’est pour cela d’ailleurs que je n’ai pas été emballé par l’ouverture à gauche, l’ouverture à gauche elle n’a de sens que si un être, Président de la République, est profondément conscient de l’unité Nationale.

Là il s’agissait de coups tactiques où, en dehors de Jean-Marie Bockel, il n’a pas récupéré des gens qui étaient fondamentalement, qui étaient, je veux dire, qui n’avait un rôle considérable à gauche objectivement.

Mais c’est vrai qu’il a tellement une telle volonté d’appréhension globale de la réalité, que par certains côtés il serait même prêt  à faire  parfois une mesure de gauche pour donner l’impression qu’il maîtrise tout.

AM : Alors on l’entend bien, c’est un véritable réquisitoire, c’est d’ailleurs le sous titre de votre livre «  le dernier réquisitoire de l’avocat général », mais en fait le problème, votre problème Philippe Bilger, c’est que vous n’avez pas supporté  d’être pas devenu Garde des Sceaux, à la vérité, et vous en parlez dans le livre d’ailleurs..


PB (amusé) : Pas du tout, pas du tout, objectivement je vous remercie d’aborder ce problème, non pas du tout, j’ose dire sans aucune vanité, que beaucoup de citoyens auraient pu faire aussi bien ‘est l’un des avantages du Sarkozysme il a rassuré la société française, beaucoup aurait pu faire aussi bien que certains ministres, mais évidemment j’ai toujours su  que c’était inconcevable, un rêve politique impossible, mais on m’a souvent demandé « voulez-vous l’être » … « est-ce que vous auriez aimé l’être .. » ? je dis bien sûr que çà aurait été formidable pour moi, mais il faut bien comprendre que j’ai été un partisan inconditionnel du candidat (ndlr : en 2007), et puis très vite parce que j’avais des doutes sur sa capacité présidentielle, évidemment j’ai vite compris à quel point je m’étais trompé en 2997

Fin de l’extrait.

ooOoo

L’entretien se poursuit ensuite sur des sujets liés, notamment Philippe Bilger  questionné sur les « prétendants »  et les « complaisants a expliqué certains jeux qui consistent pour certains personnages à graviter autour des dirigeants politiques pour obtenir des postes, dont bien souvent ils  ne détiennent pas les qualités pour les exercer.

Finalement à la lecture on s’aperçoit  Philippe Bilger a taillé un costume à Nicolas Sarkozy qui lui va parfaitement et s’ajuste bien au personnage, je ne dis pas que Philippe Bilger l’a fait sciemment,  simplement il a fait part de son analyse.

Par contre vous remarquerez qu’Alain Marschall  s'est employé  dans ses questions de bien marquer sa différence avec ce que disait Philippe Bilger, ça n’étonnera personne , RMC est une radio populaire qui joue l’ouverture de son information  à toutes les opinions politiques, mais en fait en sous marins très habiles dans la manipulation de l’information,  ses responsables et animateurs  soutiennent l’UMP  et le candidat Nicolas Sarkozy.

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