Nous avons publié hier un éditorial résumant les propositions formulées par le Président sortant Nicolas Sarkozy mardi lors d’un discours à Montpellier, notamment celle d’augmenter « de 25% » le salaire des enseignants si ces derniers s’engagent sur la base du volontariat à travailler 8 heures de plus par semaine dans les établissements.
Cette proposition concernerait les enseignants du secondaire – ceux du supérieur sont aujourd’hui rémunérés au forfait – soit environ 300.000 personnes (certifiés et professeurs de lycées professionnels ou PLP).
Actuellement cette proposition n’est pas chiffrable puisque si la mesure serait appliquée ce serait sur la base du volontariat;
Il faut remarquer aussi que ce nouveau système entraînerait des frais de formation en pour les professeurs qui seront appelés à enseigner différentes disciplines , dans le cadre du nouveau système proposé, mais encore des couts de mise en état des locaux pour mettre à la disposition des professeurs des locaux et bureaux pour assurer une présence dans établissement en dehors des heures de cours.
Nathalie Kosciusko-Morizet porte parole de campagne de Nicolas Sarkozy a fait entendre hier que les collectivités locales devront participer aux frais de mise en état des locaux.
Du côté des enseignants cette mesure ne parait pas attractive, en effet actuellement en plus de leurs heures de cours ils font déjà des heures supplémentaires dans établissement, hors celles qui ne figurent pas dans leur traitement qu’ils assument gratuitement pour préparer leurs cours et corriger les devoirs de leurs élèves notamment) et d’après leurs estimations les heures supplémentaires qu’ils accomplissent actuellement leur rapporteraient plus qu’une augmentation de 25 % ;
Si l’on retient à titre d’exemple une hypothèse très large, selon laquelle une moitié des personnels concernés se porterait volontaire, on estime que la mesure toucherait 150.000 enseignants pour un coût annuel en rythme de croisière de 990 millions d’euros par an contre 1,9 milliard d’euros si la totalité des enseignants se portait volontaire.
Cette estimation parait très faible pour revaloriser l’Education par rapport aux 80.000 postes d’enseignants supprimés depuis 2007 et la baisse des crédits associée et en fait il s’agirait de moyens budgétaires consentis au détriment du vrai enjeu, reconnu par le monde enseignant : la création de postes dans les classes.
De plus cette mesure ne se ferait qu’au seul bénéfice du secondaire. Elle ne toucherait pas les enseignants du primaire qui sont actuellement les plus mal payés alors qu’ils assument eux déjà une présence de 26 heures dans l’établissement, plus le temps passé à l’extérieur pour préparer leurs cours et noter les devoirs des élèves, temps qui ne figurent pas dans leur traitement.
Cependant après son discours de Montpellier ses porte paroles on annoncé que Nicolas Sarkozy le candidat de l’UMP abandonnerait sa politique de réduction des personnels dans le premier degré mise en place depuis 2007.
Les observateurs font remarquer qu’en diminuant le nombre d’enseignants dans le secondaire, il lui faudrait encore qu’il trouve comment se donner les moyens d’absorber la dynamique démographique positive qui affectera à moyen terme le collège, puis le lycée, et s’interroge sur le suivi individualisé qu’il propose dans le second degré, alors que les classes de lycée dépassent parfois de loin les 30 élèves ?
Autant de remarques et d’interrogation qui risquent de rester en attente de réponses précises du côté du candidat UMP qui de Meetings en Meeting , lequel d’après les observateurs critiques lancent dans le vent de la campagne des propositions qui masquent ses véritables intentions sur le sort de l’Education, certains vont même jusqu’à penser qu’il se pourrait bien que finalement à plus ou moins moyen terme l’éducation primaire et secondaire se calque sur le système universitaire en partie privatisé, du moins par la présence de personnalités privées dans les conseils et surtout par une partie de leur financement émanant des entreprises privées.
Autant de questions laissées ouvertes et d’incertitudes sur la portée réelle de cette proposition qui resteront dans l’ombre de la part de Nicolas Sarkozy et des cadres de l’UMP, mais que des organismes proches ou intéressés par l’Education Nationale creusent en tentant d’y répondre.
Quelques études liées à lire en cliquant sur les liens bleus :
Une étude publiée fin 2011, financée et soutenue par les acteurs mutualistes de l’Education nationale, montre que 17% des enseignants sont d’ores et déjà en situation d’épuisement professionnel (« burn-out ») en collèges et en lycées. Toute aggravation de la charge de travail des enseignants aura dès lors des effets délétères sur les personnels éducatifs, particulièrement pour les jeunes enseignants dont l’entrée du métier a été terriblement aggravée sous ce quinquennat.
De même, l’OCDE a rappelé que les enseignants français étaient parmi les plus mal-payés en Europe, et qu’ils ont été les seuls à ne pas avoir été revalorisés substantiellement ces dernières années.
Après cinq années de baisse drastique du budget de l’Education nationale, il semble très peu probable que Nicolas Sarkozy aille au bout de sa promesse s’il est élu. Cette annonce avait d’ailleurs déjà été faite en 2007, sans résultat.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire