Suspecté de sept assassinats, Mohamed Merah, a été tué vers 11 h 20 le Jeudi 22 mars au terme de l’assaut final déclenché par les forces du Raid a l’issue d’un siège de 32 heures de son appartement toulousain qui avait débuté le Mercredi matin à 3 heures du matin.
Il est inutile ici de relater ici les différentes étapes de ce siège qui a duré plus de 32 heures et qui avait pour objectif impératif que les hommes du Raid saisissent Mohamed Merah pour le traduire en Justice, et qui finalement s’est terminé par la mort du suspect.
En effet depuis Mercredi matin la presse et l’audio visuel, nous livrent intensivement une profusion d’informations sur ce siège, des dizaines de milliers d’articles pour la presse française, de nombreux articles dans la presse étrangère, et pour l’audio-visuel un non-stop continu pour plusieurs chaînes d’informations avec des milliers d’images de l’intervention et d’interviews et de commentaires, jour et nuit, des personnalités liés directement aux opérations pour les superviser et les commenter au fur et à mesure de la progression des opérations, notamment Ministres ,Procureur, dirigeants des forces de police, et autres personnalités liés à l’évènement de par leur responsabilité, de même sur les radios.
Sans compter la relation médiatique des déclarations du Chef de l’Etat, des ministres, des candidats à la présidentielle et des cadres de la classe politique, qui finalement ont viré à la polémique depuis hier notamment, jour de la fin de la trêve de la campagne présidentielle qui en avait été décidé par une majorité des candidats 2012
Laissons donc ce pilonnage intensif d’information, qui de notre avis va se regrouper dans les courants des autres polémiques incidentes qui surgiront dans le torrent tumultueux et violent qui accompagnera jusqu’à la fin la campagne présidentielle, le but de notre présent éditorial est de nous interroger sur certaines informations parues ces derniers jours et de nous interroger à leur sujet.
On peut lire dans la presse que selon plusieurs sources policières et judiciaires, la DCRI - bien que non saisie par la justice avait fait «des vérifications pour la Direction centrale de la police judiciaire pendant tout le week-end» et que dès Mardi après-midi,( soit le 21 mars) la PJ avait «la certitude absolue» de l’identité du suspect lorsqu’un concessionnaire Yamaha de Toulouse avait révélé que Merah était venu le 15 mars se renseigner pour enlever un «tracker» de géo localisation d’un scooter qu’il voulait repeindre.
La localisation du suspect était donc établie dès Mardi 21 mars après midi et dès le lendemain Mercredi 22 mars le siège de l’appartement du suspect débutait à 3 h 03, conduit par les Forces du Raid..
Une opération de grande envergure qui devait durer plus de 32 h commençait avec tous les rebondissements relatés par la presse et l’audio visuel, avec des séquences progressives de tirs, de détonations, de déflagrations, entrecoupées de séquences de négociations avec le suspect, de pause, de silence, le tout accompagné abondamment de déclarations aux journalistes de la part des responsables exécutifs et judiciaires qui se trouvaient sur place , et ce jusqu’à l’assaut final d’une violence extrême qui s’est conclu par la mort du suspect assiégé vers 11 h 20 environ, d’après les médias.
On peut dire que cette intervention de grande envergure, la plus longue menée par le Raid, fût une opération de nature très spectaculaire, bien que l’emploi du mot spectaculaire est choquant en la matière et ne convienne pas pour qualifier des opérations de police inscrites dans la suite de la tragique réalité des attentats de Toulouse et Montauban..
1/ La première question que l’on peut se poser c’est pourquoi il a été décidé une intervention du raid pour assiéger le suspect dans son logement, alors que son adresse était connue depuis la veille, n’y avait-il pas d’autres moyens d’agir pour les forces de police et de sécurité, pour les forces du raid ?
Peut-on imaginer par exemple que dès Mardi , il aurait pu en être décidé autrement par les responsables des forces de sécurité , par exemple de faire surveiller étroitement par des policiers notamment les abords de l’immeuble et le quartier, au besoin par des inspecteurs de police en civil, pour surveiller les allées et venues de l’individu suspecté afin de le neutraliser et l’interpeller « par surprise » à la sortie de l’appartement ou dans les rues dans la rue au cours de ses déplacements , par exemple le neutraliser et l’arrêter dès sa première sortie ou entrée de l’immeuble ?
On pouvait bien prévoir qu’il finirait par sortir comme tout le monde pour faire ses courses ou des visites, ou encore prendre l’air, et surtout pour acheter des journaux..
On a déjà vu par le passé le savoir faire des forces de sécurité dans ce genre d’opérations à l’occasion d’arrestations d’individus dangereux et suspectés avant même qu’ils ne puissent accomplir leurs forfaits.
D’après ce que nous avons lu sur le site internet « Libération » les policiers étaient partagés sur le choix d’une opération au domicile du suspect Mohammed Merah dans la nuit et le choix d’une intervention de jour à la sortie de son appartement.
Voici un extrait de l’article publié sur le site « Libération » qui évoque deux options d’intervention :
Extrait : « Le choix d’une intervention de nuit a été influencé par la forme de crainte ressentie par les policiers face à la folie et à la maîtrise des armes de Merah. Une intervention de jour, dans une zone habitée, aurait pu se traduire, en cas d’échec, par la fuite du tueur, scénario cauchemar. Mais ce choix de «taper» Merah chez lui reste en travers de la gorge de plusieurs fonctionnaires de la PJ locale qui auraient préféré le «neutraliser» à la sortie de son appartement. «L’endroit le permettait d’autant plus que c’est une rue peu fréquentée», assure un policier. Les flics toulousains le font pour les «étarras» (membres de l’ETA) ou les gros braqueurs. «Le tueur ne savait pas que [la police] l’avait logé, affirme un autre. Trois de nos gars auraient pu s’introduire dans l’immeuble et attendre, planqués près de sa porte, qu’il sorte.» Mais, pour Christophe Rouget, du Syndicat national des officiers de police (Snop, majoritaire, classé à gauche), l’option du siège plutôt que celle de l’interception «relevait d’un choix stratégique. Le risque que Mohamed Merah se serve de ses armes ne pouvait en aucun cas être exclu» Fin de l’extrait.
2/ Une deuxième question, pourquoi le Ministre Claude Guéant se trouvait-il sur place pendant toute la durée du siège, sa présence était-elle impérativement nécessaire ?
Cette deuxième question peut en effet se poser puisque Madame Eva Joly, candidate 2012, ex-juge d’instruction très efficace de certaines affaires célèbres qui défrayèrent la chronique en leurs temps, a sérieusement mis en cause la présence de Claude Guéant sur les lieux des opérations notamment en ce qui concerne ses commentaires en permanence sur ce qui se passait :
: « «Qu’a fait le ministre sur place en commentant en permanence, heure par heure, ce qui se passait ? Il a créé de la confusion. Quel est son rôle ? Ce n’est pas lui qui dirige les opérations ! C’est une violation du code de procédure pénale….. a critiqué notamment Eva Joly.
A la suite certains commentateurs ont indiqué que le parquet est chef de l’enquête, et que seul le Procureur de la République est habilité à l’évoquer …mais que par ailleurs le Ministère de l’Intérieur gère le Raid , d’autres font remarquer que le Ministre de l’Intérieur Claude Guéant a « … rapidement eu une gestion assez personnelle de l’enquête et de la communication. »
En clair , tenant compte que le Ministère de l’Intérieur gère le Raid, on peut se poser effectivement la question de savoir si le Ministre de l’Intérieur dont le Ministère gère le Raid, est tenu ou pas de le gérer jusque sur le terrain des opérations du Raid, et à partir de quels types d’enquêtes et d’opérations, ou de quel type de nature et d’envergure de l’affaire ?
Sa « délocalisation personnelle » à Toulouse se justifie- t- elle ?
Nous avons lu dans la presse que : « Depuis lundi, les interventions médiatiques du ministre avaient énervé des policiers qui lui reprochaient ses «déclarations hâtives» et sa propension à se prendre pour un chef d’enquête.
Et nous avons aussi lu que Christophe Régnard, président de l’Unions syndicale des magistrats a estimé quant à lui que « …le drame de Toulouse a soulevé une émotion considérable, il est normal que le ministre soit présent « et qu’il regrette plutôt «l’extraordinaire absence du garde des Sceaux » .
La presse en relatant la déclaration de Christophe Régnard soulignait aussi que le Garde des sceaux avait « discrètement » accompagné Nicolas Sarkozy à Toulouse mercredi, et qu’il s’y serait « fait moins remarqué que son homologue de l’Intérieur en ajoutant que c’est une « question de personnalité», d’après son entourage
3/ une troisième question pourrait aussi se poser : pourquoi le Raid a-t-il été choisi pour mener cette intervention au lieu du GIGN (Groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale) ? Se pose-t-il au moment du choix, des questions de compétence, de méthode, d’efficacité, de stratégie, du Raid par rapport au GIGN, pour choisir l’un ou l’autre ou encore ce choix peut-il résulter de la dimension nationale ou politique de l’affaire ?
ooOoo
Il y a bien d’autres questions que nous pourrions poser, nous nous les posons bien sur comme chacun peut s’en poser, mais les trois questions que nous évoquons pour le moment nous paraissent assez intéressantes, à savoir en résumé :
1) Pourquoi a-t-il décidé d’un siège par les forces du Raid de l’appartement du suspect de préférence à une autre stratégie de surveillance et d’arrestation dans la rue ou à sa sortie ou son entrée dans l’immeuble par les forces de police et de sécurité ?
2) La présence du Ministre de l’Intérieur sur les lieux de siège pendant toute la durée des opérations du Raid et ses commentaires pour les décrire aux médias, étaient-ils impératifs et utiles, voire nécessaires, et les décisions qu’il avait légalement à prendre en sa qualité de Ministre de l’Intérieur pour décider de l’Intervention du Raid avec les responsables au plus près du processus de décision , ne pouvaient-elles se faire de Paris ?
3/ pourquoi le Raid a-t il été choisi de préférence au GIGN
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