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15 décembre 2010

KARACHI : le saucissonnage de l'instruction

Éditorial de lucienne magalie pons

Le député  Bernard Cazeneuve, rapporteur de la mission d'information parlementaire sur l'attentat de Karachi, est intervenu à l’Assemblée Nationale  en 1ère séance du Mardi 14 décembre 2010 pour questionner le Garde des sceaux sur « la complexe et difficile affaire de Karachi », en rappelant
- qu’au  mois d’octobre dernier le juge van Ruymbeke se proposait  d’instruire la plainte déposée par les familles près du doyen des juges d’instruction pour corruption et entrave à la justice,  et que le  parquet, dans les heures qui suivaient  faisait  appel de cette ordonnance – comme pour envoyer le signal qu’un juge d’instruction indépendant ne saurait instruire sur cette affaire.

 - que  plus récemment le juge van Ruymbeke avait  demandé à pouvoir instruire sur le contrat Sawari, car il disposait d’éléments montrant que les contrats Agosta et Sawari étaient liés et qu’il était légitime qu’il puisse instruire sur cette affaire. Plutôt que de l’autoriser à ouvrir un réquisitoire supplétif – qui aurait garanti que le juge van Ruymbeke puisse continuer à instruire –, le parquet a préféré donner la possibilité à une autre instruction de s’ouvrir, ce qui veut dire que l’on prépare aujourd’hui le dessaisissement du juge van Ruymbeke de ce dossier.


- que les contrats Agosta et Sawari sont liés – le rapport parlementaire l’a montré – parce que les mêmes intermédiaires ont été mobilisés et que le même dispositif occulte et complexe de commissions a été mis en place. Et  que ces deux contrats voient peser sur eux de forts soupçons de rétrocommissions.
D’après le Député Bernard Cazeneuve  l’argument selon lequel les affaires seraient différentes ne tient pas.
Quels sont les éléments de droit qui conduisent à ouvrir une nouvelle instruction plutôt que d’ouvrir un réquisitoire supplétif ?

Allons-nous, enfin, arrêter le saucissonnage de cette instruction, qui est de nature à empêcher l’avènement de la vérité ? a ajouté le député Bernard Cazeneuve.

Ndlr : nous supposons que le Garde des sceaux était absent puisque c’est le Ministre du Budget  François Barroin , porte parole du Gouvernement, qui a répondu à Bernard Cazeneuve.

Extrait du compte rendu intégral de la 1ère séance de l’Assemblée Nationale du 14 décembre 2010

Attentat de Karachi

M. le président. La parole est à M. Bernard Cazeneuve, pour le groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.

M. Bernard Cazeneuve. Ma question, qui s’adresse à M. le garde des sceaux, concerne la complexe et difficile affaire de Karachi.

Si l’on s’en tient au discours du Gouvernement sur cette affaire, celui-ci dit vouloir favoriser l’avènement de la vérité. Si l’on regarde les faits, les choses sont un peu plus compliquées. Je prendrai à cet égard deux exemples très concrets.

Lorsqu’au mois d’octobre dernier le juge van Ruymbeke se propose d’instruire la plainte déposée par les familles près du doyen des juges d’instruction pour corruption et entrave à la justice, le parquet, dans les heures qui suivent, fait appel de cette ordonnance – comme pour envoyer le signal qu’un juge d’instruction indépendant ne saurait instruire sur cette affaire.

Plus récemment, le juge van Ruymbeke a demandé à pouvoir instruire sur le contrat Sawari, car il disposait d’éléments montrant que les contrats Agosta et Sawari étaient liés et qu’il était légitime qu’il puisse instruire sur cette affaire. Plutôt que de l’autoriser à ouvrir un réquisitoire supplétif – qui aurait garanti que le juge van Ruymbeke puisse continuer à instruire –, le parquet a préféré donner la possibilité à une autre instruction de s’ouvrir, ce qui veut dire que l’on prépare aujourd’hui le dessaisissement du juge van Ruymbeke de ce dossier.

 (« Quelle honte ! » sur les bancs des groupes SRC et GDR. – « Et les frégates de Taïwan ? » sur plusieurs bancs du groupe UMP.)

Or les contrats Agosta et Sawari sont liés – le rapport parlementaire l’a montré – parce que les mêmes intermédiaires ont été mobilisés et que le même dispositif occulte et complexe de commissions a été mis en place. Et ces deux contrats – Dominique de Villepin lui-même l’a indiqué à la télévision – voient peser sur eux de forts soupçons de rétrocommissions.

L’argument selon lequel les affaires seraient différentes ne tient pas.

Quels sont les éléments de droit qui conduisent à ouvrir une nouvelle instruction plutôt que d’ouvrir un réquisitoire supplétif ?


Allons-nous, enfin, arrêter le saucissonnage de cette instruction, qui est de nature à empêcher l’avènement de la vérité ? (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR.)


M. le président. La parole est à M. François Baroin, ministre du budget, des comptes publics, de la fonction publique et de la réforme de l’État, porte-parole du Gouvernement.

M. François Baroin, ministre du budget, des comptes publics, de la fonction publique et de la réforme de l’État, porte-parole du Gouvernement. Quel paradoxe, monsieur le député ! Il y a quelques instants, Mme Guigou appelait à la stabilité des institutions, à la mesure dans les commentaires d’une décision de justice…
M. Henri Emmanuelli. Ne noyez pas le poisson !


M. François Baroin, ministre. …au respect de l’État de droit, à la séparation des pouvoirs et à la volonté d’avoir un exécutif stable et un organe législatif qui poursuit son travail de commission parlementaire, alors que vous, monsieur Cazeneuve, vous vous jetez à corps perdu dans l’addition d’insinuations, de rumeurs et peut-être de contrevérités. (Exclamations sur les bancs du groupe SRC.)

Pourtant, en tant que représentant parlementaire responsable et sérieux, vous savez fort bien que, seule, la justice pourra in fine établir les faits.

Nous sommes dans un État de droit et notre premier objectif est d’abord le respect de la douleur des familles des victimes (Exclamations sur les bancs des groupes SRC et GDR) auxquelles nous devons la vérité et la sérénité.

M. Maxime Gremetz. Il faut de la transparence ! Demandez au président de l’Assemblée nationale !


M. François Baroin, ministre. Pour créer les conditions de la sérénité, personne – pas même vous, monsieur Cazeneuve – ne doit porter un regard subjectif sur les modalités d’application du code de procédure pénale dont le Parquet a décidé en toute souveraineté, s’agissant de la saisine d’un nouveau juge d’instruction qui accompagnera les autres magistrats instructeurs dans la définition des conditions de la manifestation de la vérité.

M. Henri Emmanuelli. Pas glorieux !


M. François Baroin, ministre. Et ce n’est pas l’addition des commentaires de presse et des commentaires politiques qui « entravera » – selon votre expression – la manifestation de la vérité.


M. Henri Emmanuelli. C’est de l’obstruction !


M. François Baroin, ministre. La position du Gouvernement est claire, simple et définitive : aucun obstacle ne s’opposera à la manifestation de la vérité.

(Exclamations sur les bancs des groupes SRC et GDR.)


M. Maxime Gremetz. Demandez à Accoyer !


M. François Baroin, ministre. Nous la devons aux victimes, aux familles des victimes qui sont dans la douleur ainsi qu’à une certaine idée du respect de l’État de droit. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)


M. Marcel Rogemont. Scandaleux.
……..
Fin de l’extrait


oo0oo


 Par ailleurs  Bernard Cazeneuve, rapporteur de la mission d'information parlementaire sur l'attentat de Karachi, a dénoncé mardi de "nouvelles manœuvres" après l'ouverture d'une instruction distincte sur un contrat d'armement avec l'Arabie saoudite en 1994. "Je m'inquiète du risque de saucissonnage des enquêtes", a déclaré Bernard Cazeneuve à l'AFP. "Cette stratégie du parquet, d'entrave du travail des juges indépendants, constitue une nouvelle manifestation de mépris à l'égard de la volonté des familles d'accéder à la vérité", a-t-il encore ajouté.

L’avocat des parties civiles a lui  protesté et dénoncé un « saucissonnage judiciaire »

L'avocat de parties civiles dans l'affaire Karachi, Me Olivier Morice, a  aussi dénoncé mardi 14 décembre un "saucissonnage judiciaire" après l'ouverture d'une enquête distincte de celle de Renaud van Ruymbeke sur des soupçons de corruption sur un contrat d'armement avec l'Arabie saoudite en 1994.

Dans un courrier adressé lundi à la présidente du tribunal de grande instance (TGI) de Paris, Chantal Arens, qui doit désigner un juge pour enquêter sur ce contrat avec l'Arabie saoudite, Me Morice rappelle qu'elle a "la possibilité de désigner le même magistrat instructeur [Renaud van Ruymbeke] dans le cadre d'une information judiciaire distincte".

"Les parties civiles ne sont pas dupes de la volonté de 'saucissonnage judiciaire' du parquet qui a pour principal objectif de rendre moins efficace l'avancée d'une justice indépendante", poursuit Me Morice, dans ce courrier.

Revue de presse :

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Le Télégramme
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1 commentaire:

Napoleon a dit…

C'est scandaleux, les politiciens, la justice , sont discrédités par de tels agissements .Et on nous parle du respect des familles, on pourra parler du respect des familles quand nos gouvernants, feront tout pour que la vérité éclate au grand jour et qu'ils aident réellement la justice, la vraie. C'est très loin d'être le cas actuellement. Ils ne se rendent même pas compte que les français sont exaspérés et qu'un jour très proche, ça va éclater.