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08 octobre 2009

Procès Clearstream : la présence d’un « grand témoin » n’efface pas l’absence des autres

article de lucienne magalie pons


Alors que Monsieur Raffarin s’est abstenu d’enfoncer Monsieur de Villepin hier à l’audience où il se trouvait en tant que témoin, et que l’on peut même considérer qu’il l’a soutenu, on peut s’interroger sur l’absence de nombreuses personnalités politiques qui ne sont pas présentes au procès ou d’autres encore et non des moindres qui parties civiles seront représentées par leurs avocats et ne feront pas personnellement « le déplacement ».

Pour certains parce ce serait vraiment trop spectaculaire, peut-être même dangereux pour leur crédibilité, imaginez un duel à la barre entre Monsieur de Villepin et son « persécuteur », imaginez que l’un arrive à confondre l’autre ? Un vrai pugilat oral, un règlement de compte en direct ? La salle risquerait d’exploser !

Nicolas Sarkozy préfère se tenir prudemment sur son siège à l’Elysée plutôt que d’aller user son pantalon sur les fauteuils ou les bancs des parties civiles, et comme Brice Hortefeux par exemple, il est représenté par son avocat.

Comme eux, des personnalités hommes ou femmes politiques en vue cités dans le dossier Clearstream, ne sont pas cités au Procès ( sauf dans les interventions) et il en a beaucoup qui seront absents : aucun ne sera présent à l'audience.

Il y a certaine exposition médiatique qu’il vaut mieux éviter. Certains même risqueraient d’y laisser des plumes de notoriété et dans l’affaire Clearstream il vaut mieux pour certains se faire oublier, ne pas se livrer aux feux des questions de la cour , ne figurer qu’en marge « référentielle » et ne passer qu’en ombre lointaine en marge du dossier aux yeux de l’opinion publique.

Certain comme Laurent Fabius ont retiré leur constitution de partie civile et Dominique Strauss-Kahn n'est ni présent ni représenté.

Le nom de Michèle Alliot-Marie dont le nom est fréquemment cité au cours des audiences, dans son rôle de Ministre de la Défense, à l’époque des faits puisque général Rondot, dépendait d'elle sait qu’aucune demande n’a été faite pour l’entendre comme témoin, et c’est sans risque d’être convoquée qu’elle a fait savoir qu’elle se tenait à la disposition de la Justice. Pourtant faire comparaître l’actuelle Garde des Sceaux comme témoin aurait donné au Procès une dimension à la hauteur de ses enjeux, et on a l’impression que tout a été fait pour cantonner le procès dans certaines limites.

La situation aurait pris une ampleur politique particulièrement significative entre un ex-Premier ministre prévenu, un chef de l'Etat en fonction partie civile et un garde des Sceaux témoin. Or pour certains il vaut mieux laver son linge sale en famille et éviter en audience publique, aux yeux de tous que l’un des prévenus parviennent à se blanchir plus blanc que blanc ! Quel coup pour la fanfare des parties civiles !

Tranchant sur les interventions des précédents jours, l'intervention en tant que témoin, hier, d’une personnalité hors du commun comme Monsieur Jean-Pierre Raffarin, était attendue avec impatience et certains enragés espéraient encore qu’il se bornerait à témoigner dans une relative neutralité et qu’il chargerait habilement contre Monsieur de Villepin.

Les enragés ont été déçus.

Le témoignage d'une heure environ de l'ancien Premier ministre devant les juges aura été cependant factuel et sans surprise. Il a raconté le déroulement des événements tels qu’il les a vécus à son niveau de l’époque :

« Le lundi matin 5 juillet 2004, le ministre de l’Intérieur [Dominique de Villepin, ] m'a appelé pour me faire part de la publication prochaine d'un article[celui du “Point” sur l'affaire Clearstream ] qui faisait référence à des comptes et à des personnalités ». dit-il.

Monsieur Raffarin explique ensuite :

Rendez-vous est pris au Conseil des ministres du mercredi pour le jeudi matin. Mesurant « les effets politiques et médiatiques de cette affaire, j'ai téléphoné au ministre de l'Economie [ à l’époque Nicolas Sarkozy, ] ». L'article du « Point » est sorti le matin même. Et après ? …. « J'ai repris les affaires courantes », affirme Jean-Pierre Raffarin qui se défini « serein car la justice était saisie ».

Ce n'était pas, d’après Monsieur Raffarin, le sentiment de son ministre de l'Economie qui s’exprime ainsi : « Nicolas Sarkozy « a été marqué quand je lui ai téléphoné, mais ce n'est que progressivement que j'ai senti monter chez lui la révolte, notamment quand j'ai demandé au ministre de la Justice [Dominique Perben à l’époque] de l'avertir d'envoi de commissions rogatoires internationales par le juge ».

Sur l'attitude de Dominique de Villepin qui ne dit rien du dossier sur lequel enquêtent les services secrets français à son successeur aux Affaires étrangères avant de passer place Beauvau, qui n'informe pas plus Matignon de ce que des noms de ministres sont cités, Monsieur Raffarin considère que « ce n'est pas aberrant car on ne transmet un dossier que quand l'information est certaine », ….. « Et puis Michèle Alliot-Marie ne l'a pas non plus averti qu'elle avait, dès l'automne 2003, confié une mission sur les listings Clearstream au général Rondot.

On peut considérer que Monsieur Jean Pierre Raffarin n’a pas chargé l'ancien Premier ministre et même qu’il l’a soutenu.

Il est réconfortant de constater que Monsieur Jean Pierre Raffarin même s’il s’abstient en publique de donner son avis sur le Procès Clearstream s’est montré à la barre des témoins tout à fait impartial et qu’il ne fait pas partie de la meute des enragés qui comme le Chef de l’Etat espère démolir Monsieur de Villepin et le détruire politiquement.

Mais qu’il gagne ou perde son procès, Monsieur de Villepin représente déjà pour un très grand nombre de citoyens une alternative politique pour 2012 et ça c’est déjà gagné !


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