LA REVELATION
3 octobre 2007 - LA REVELATION DE L’AMF (le gendarme boursier ) :
Un rapport préliminaire de l'Autorité des marchés financiers (AMF) soupçonne les dirigeants d'EADS de "délits d'initiés massifs" entre mai 2005 et juin 2006. Selon l’AMF le ministre de l'Economie de l'époque, Thierry Breton, était au courant dès décembre 2005 des difficultés qu'allait rencontrer Airbus, filiale d'EADS, pour la production de l'A380. Ces retards de production n'ont été rendus publics que le 13 juin 2006.
D'autre part, l'Autorité des marchés financiers, poursuit son enquête après avoir transmis son rapport préliminaire à la justice, sur les ventes suspectes de titres EADS par 21 dirigeants du groupe d'aéronautique et de défense, entre novembre 2005 et le printemps 2006, avant que ne soient dévoilés les difficultés d'Airbus concernant la livraison de l'A380.
La commission des Finances du Sénat "procédera prochainement à une série d'auditions concernant cette affaire", a annoncé le président du Sénat Christian Poncelet après la réponse du Premier ministre. "Nous avons décidé d'entendre un certain nombre de responsables afin de dissiper tous les soupçons", a déclaré son président, le centriste Jean Arthuis. AP
3 octobre 2007 - DECLARATIONS DU PREMIER MINISTRE - Son premier commentaire public sur le rapport préliminaire de (AMF) soupçonnant les dirigeants d'EADS de « délits d'initiés massifs»)
Le Premier ministre François Fillon a affirmé que l'Etat ne s'était prêté "en aucune façon" aux délits d'initiés supposés commis par les dirigeants d'EADS, lors des questions d’actualité au Sénat
"Il va de soi l'Etat ne s'est prêté en aucune façon à une manœuvre supposée, dont l'enquête prouvera ou non l'existence, sur la liquidation d'actions par des porteurs privés" ……. "Il y avait un pacte d'actionnaire curieux qui avait été négocié sous une autre majorité, qui privait l'Etat français et l'Etat allemand de tout droit d'intervention sur les affaires d'EADS" … "C'est justement parce que nous avons été choqués par ce pacte d'actionnaires que le président de la République et (Angela) Merkel ont souhaité modifier la gouvernance d'EADS pour qu'une situation comme celle-là ne se reproduise plus."
Réfutant l'expression "d'affaire d'Etat» lancée par le PS , M. FILLON a déclaré que "cette affaire privée ne doit pas conduire à jeter l'opprobre sur une grande entreprise européenne stratégique". " …'EADS, après une crise de croissance, est une entreprise en plein succès, qui enregistre en ce moment des commandes qui la ramènent au niveau de son concurrent américain", Boeing » … Les "succès" de l'A380 et de l'A350 "montrent que l'entreprise EADS est sur la bonne voie, qu'elle sort de cette crise de croissance et qu'elle doit être accompagnée par les pouvoirs publics". …….." les faits qui sont reprochés à certains dirigeants d'EADS sont très graves" …. " nous devons faire preuve de retenue dans nos commentaires et respecter les procédures judiciaires", ….. "Dans un Etat de droit, on attend les conclusions de la justice avant de commenter la culpabilité de tel ou de tel autre, sinon on n'est pas dans un Etat de droit"……..
LE SENAT :
A la suite des déclarations du Premier Ministre, Le Président du Sénat Monsieur Christian Poncelet a annoncé que l a commission des Finances du Sénat procéderait « à une série d'auditions concernant cette affaire » …..
De son côté, Monsieur Jean Arthuis, Président de la Commission des Finances du Sénat a annoncé : "Nous avons décidé d'entendre un certain nombre de responsables afin de dissiper tous les soupçons",
Jeudi 4 Octobre 2007 – Madame Laurence Parisot, Présidente du MEDEF a fait connaitre son appréciation nuancée :
La présidente du Medef indignée a déclaré sur RTL qu'elle n'aurait que du "mépris" pour les dirigeants du groupe d'aéronautique s'ils étaient reconnus coupables de malversations. "C'est tout sauf des patrons", s'est-elle exclamée.
Vendredi 5 0ctobre - Les déclarations de Monsieur Thierry BRETON, ancien Ministre de l’Economie et des Finances -
« L’Etat a été « irréprochable »
Devant la commission des finances du Sénat sur les soupçons de délits d'initiés massifs au sein du groupe EADS, Thierry Breton a déclaré souhaiter : …"apporter toute la transparence sur le rôle de l'Etat, du Ministère des finances", qui a été "irréprochable dans cette affaire".
M. Breton a également déclaré qu'il avait fait part de sa "très grande réserve" en novembre 2005, craignant des "répercussions négatives vis-à-vis des clients, des fournisseurs, des marchés", quant les coprésidents des actionnaires privés, Manfred Bischoff (DaimlerChrysler) et Arnaud Lagardère (groupe Lagardère), lui avaient appris leur "intention éventuelle de céder conjointement une partie de leur participation" dans EADS.
"Les modalités de sortie de Lagardère (d'EADS) n'ont pas été portées à ma connaissance et encore moins à une quelconque approbation de ma part", a-t-il toutefois précisé, rappelant que l'Etat n'avait, de toute façon, pas la possibilité de s'opposer à la sortie de Lagardère en vertu du pacte d'actionnaires signé en 2000.
Quant au rôle de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), qui s'est portée acheteuse de 2,25 % des actions dans le cadre de la cession de Lagardère pour un montant de 600 millions d'euros, L’ancien Ministre de l’Economie et des Finances a expliqué que la CDC ne l'avait "pas prévenu" et qu'il avait appris cet achat par la presse. …. et …"Vraiment mécontent" de ce geste il a ajouté : … "Cela pouvait donner le sentiment à la partie allemande que nous voulions contourner l'esprit du pacte interdisant à la France de monter au-dessus de sa participation indirecte de 15 % dans le capital »
Monsieur Thierry BRETON a précisé qu'il n'avait été informé du nouveau retard de livraison de l'A380 que la veille de l'annonce officielle, le 13 juin. Ce retard dans le programme de l'A380, conjugué au manque d'informations d'EADS, est au centre de l'affaire financière.
Monsieur Thierry Breton a aussi précisé que la CDC rend compte au Parlement et non au ministère de l'économie, et il a assuré qu'il n'avait "pas donné la moindre consigne". "La commission de surveillance de la CDC, (du Parlement) ne s'est pas réunie pour approuver la cession avant qu'elle ait lieu, c'est trois semaines après que la commission en a été informée".
Vendredi 5 octobre - Confirmation de la Caisse des dépôts et consignations -
La Caisse des dépôts et consignations a confirmé avoir agi de façon "autonome" et sans instruction de la part de l'Etat lors de l'achat de 2,25% du capital d'EADS en mars 2006,en expliquant « qu'elle a agi dans cette opération en qualité d'investisseur de long terme, aux côtés d'autres institutions financières. » …. « que le prix d'achat des titres EADS, de 32,60 euros par action, était alors inférieur à l'estimation de nombreux analystes financiers et se situait en dessous des titres des principaux concurrents d'EADS, s'agissant des principaux ratios d'évaluation boursière ».La CDC a aussi précisé détenir désormais 1,33% du capital d'EADS.
La CDC a aussi déclaré qu'elle se joindrait à la procédure qui serait engagée à l'issue de l'enquête en cours menée par l'Autorité des marchés financiers (AMF) s'il apparaissait que des agissements aient pu lui nuire en tant qu'actionnaire. AP
Vendredi 5 octobre 2007
Interrogé par les journalistes au cours de son point de presse hebdomadaire, Monsieur David Martinon porte- parole de Monsieur Nicolas Sarkozy a annoncé que Le Président de la République (actuel) n'était pas au courant des difficultés d'Airbus lorsqu'il était ministre de l'Intérieur du gouvernement Villepin.
« La gauche, qui parle d'une "affaire d'Etat", a-t-il dit, reproche au gouvernement de l'époque de n'avoir rien fait et demande des explications à Nicolas Sarkozy » …
« Si les faits sont avérés, c'est très grave »
Monsieur David Martinon a jugé que l'audition de Thierry Breton vendredi par la commission des Finances du Sénat "va dans le bon sens" et « pour ce qui est des questions sur le rôle du gouvernement précédent, on ne peut que souhaiter que toutes les explications soient apportées » …. « Sur une affaire aussi importante, l'exigence de transparence est très forte » et pour le reste a renvoyé la presse sur le ministre de l'Economie Christine Lagarde et sur la Caisse des dépôts et consignations.
Il a précisé aussi n'avoir "pas connaissance" de la demande de l'Association des petits porteurs actifs (Appac) d'une intervention de Nicolas Sarkozy sur le sujet.
Samedi 6 Octobre 2007 - Sous toutes réserves, d’après différentes dépêches de presse : (extraits)
« La ministre de l'Economie et des Finances Christine Lagarde a ordonné vendredi 5 octobre une enquête interne sur l'action des services du ministère concernant EADS entre fin 2005 et juin 2006.
(la veille vendredi, l'actuel directeur général de l'APE, Bruno Bézard, avait reconnu que l'agence avait, dans une note du 20 janvier 2006, recommandé la cession d'une partie des actions de l'Etat, qui détient depuis la création d'EADS 15% du capital. Cette suggestion n'avait pas été suivie par le gouvernement)
……
Cette mission "devra se pencher notamment sur les conditions dans lesquelles l'APE (Agence des participations de l'Etat, NDLR) a exercé ses fonctions pendant cette période, ainsi que sur les relations entre les services du ministère de l'Economie et des Finances et la Caisse des Dépôts et Consignations" (CDC).
Ndlr : (La CDC a racheté une partie des actions vendues en avril 2006 par le groupe Lagardère, actionnaire français de référence d'EADS, ce qui aurait fait « plonger le titre » )
Vendredi 5 Octobre 2007 - BERLIN - Déclaration du Gouvernement Allemand -
Extrait de presse :
Selon le porte-parole du gouvernement allemand, Monsieur Thomas Steg dans sa déclaration à la presse :
« Le gouvernement allemand a déclaré qu'il n'avait pas connaissance d'éventuels délits d'initiés dans le cadre de la cession d'actions EADS avant l'annonce par Airbus, la filiale du groupe, de retards dans son programme A380.
"Nous n'avons aucunement connaissance que des institutions ou des individus soient impliqués. Nous n'avons pas non plus d'aperçu sur les documents d'enquête jusqu'à présent ni sur les conclusions des autorités françaises"
Il a ajouté que le gouvernement allemand ne commentait pas les enquêtes en cours.
Samedi 6 octobre 2007 - toujours selon certaines dépêches de presse :
« Le ministère des finances aurait bien eu connaissance du projet de rachat des titres EADS par la Caisse des dépôts (CDC) et l'aurait même approuvé, selon le quotidien Le Monde daté de dimanche, qui affirme détenir un procès verbal d'une réunion de la CDC de juillet 2006. »
……..
"Dans le cadre des dispositions prévues par le pacte d'actionnaires (d'EADS, ndlr), l'Etat a autorisé la Caisse des dépôts à procéder à cette acquisition" notifierait le procès-verbal d'une réunion de la commission de surveillance de la CDC en date du 12 juillet 2006, organe de contrôle de la CDC, cette commission réunit parlementaires et représentants de l'Etat.
……………………
« Le procès-verbal préciserait toutefois, que "l'Etat n'a à aucun moment demandé à la Caisse des dépôts de se porter acquéreur des titres concernés (...), la Caisse des dépôts a fait part de son intérêt pour l'opération sur la base de critères purement financiers (...) »
« Interrogé par Le Monde, M. Breton a souligné qu'il a "de lui même porté à l'attention du Parlement vendredi le procès verbal concerné". Il affirme qu'"il s'agit d'une erreur d'interprétation juridique. Certains pensent que l'Etat devait donner son aval à l'opération dans le cadre du pacte d'actionnaires d'EADS, ce qui est juridiquement faux".
Pour conclure, un rappel en vrac de « l’agitation » de la presse, des remous,des polémiques politiques et déclarations provoqués par cette nouvelle affaire :
La presse française :
- titre et émaille ses articles avec des expressions écrites très stylisées : « Coup dur …. " Affaire d'Etat ", ….. " Scandale " …. " Révoltant alors que des milliers d'emplois doivent être supprimés, …. Pose le "problème moral des stock-options"
- et accuse « Ils se sont rendus coupables d'un délit d'initiés massif »,… « L’Etat français connaissait la situation »… .. "Le ministère des Finances informé des difficultés à venir, a pourtant donné à l'époque son feu vert à la vente des actions détenues par Lagardère »
- et juge ce dossier "accablant pour les groupes Lagardère, DaimlerChrysler, actionnaires d'EADS, ainsi que pour les principaux dirigeants du groupe européen et de sa filiale Airbus"……
Les partis politique dénoncent et demandent : le PS dénonce une "nouvelle French connexion au plus haut niveau de l'Etat». Le PCF demande une commission d'enquête parlementaire.
Les syndicats en France évoquent : un "écœurement", une "colère», une "inquiétude" face au risque d'une "nouvelle déstabilisation". Le syndicat Allemand IG Metall demande que "l'affaire soit éclaircie rapidement" car « les responsables incriminés exercent encore des responsabilités »
Les réactions des victimes :
la victime présumée "si au cas ou" : La CDC insiste sur son rôle de victime présumée qui s'avèrerait si le délit d'initiés est prouvée et entendrait dans cette hypothèse porter plainte à double titre ( défaut d'information financières et techniques à son encontre et quelques 190 millions de pertes de capitaux dans cette affaire)
les vrais victimes :Les petits porteurs de l'APPAC ont indiqué qu'ils allaient exiger la démission des dirigeants mis en cause par l'AMF et qu'ils souhaitent l'annulation du pacte d'actionnaires liant l'Etat à Lagardère et Daimler.
Les réactions des présumés coupables :
Daimler se refuse à commenter alors que le groupe Lagardère annonce une action en justice contre un quotidien, pour obtenir "réparation" après des "accusations infondées"
Enfin pour terminer
- l’avis de Monsieur Louis Gallois
Au-dessus de tout soupçon d'initié, car arrivé à la Présidence du Groupe EADS en juillet 2006, Monsieur Gallois a déclaré qu'il n'y avait « rien de surprenant » à l'existence d'un rapport de l'AMF.
NDLR : on parle de vérité de La Palice lorsqu'une chose est tellement évidente qu'elle en est risible.
- et ses recommandations au personnel :
Enfin, pour noyer le poisson et diriger autrement son projecteur sur l'actualité , Monsieur Louis Gallois, a responsabilisé le personnel du groupe EADS (qui n'y peut mais dans toute les magouilles supposées ou vraies des hauts dirigeants) en les appelant à l'Union face à la crise médiatique autant que juridique, ouverte par les soupçons de délits d'initiés contre ses princiapaux cadres dirigeants", et pour mieux évacuer la question il s’est subitement prononcé par la suite contre la distribution de stocks options qu’il entend supprimer, pour les remplacer par des distributions d’actions et autres récompenses.
Un moyen comme un autre de rassurer et de soustraire ses hauts dirigeants, requins aux dents longues, à un éventuel assujettissement aux cotisations sociales sur leurs stocks option (dont le pouvoir étudie l’opportunité).
Pour le moins Monsieur Gallois ne perd pas de vue l’intérêt de ses chouchous les Cadres de hauts niveaux de son entreprise et les siens propres ; moralité : dans le monde du libéralisme sauvage on n’est jamais si bien servi que par soit- même.
Pour le plus , en ce qui nous concerne nous attendons de constater les succès commerciaux et financiers qu'il annonce pour son Groupe et pour l'A380.
L' image de l'EADS a reçu ces derniers jours de violentes attaques médiatiques "au vitriol" et il appartient en partie à Monsieur GAULOIS de panser ses blessures et de la redorer, un véritable challenge : au boulot !
Mon commentaire : Je sais qu’il y a des choses plus agréables à lire, mais je me suis efforcée en résumant chronologiquement l’ouverture de cette épineuse affaire, de ne pas me noyer dans la suite du concert cacophonique qui ne manquera pas de faire la une de ces quinzaines suivantes en auditions et enquêtes diverses, mais qui finira par prendre au fil du temps son rythme de croisière, comme l’affaire Clearstream dont le lent déroulement commence à m’ennuyer !
(je vais laisser passer un peu de temps et vous ferai part des rebondissements au prochain numéro)
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