18 janvier 2012

Perte du Triple A : Le pouvoir en campagne virtuelle en France dit " Ce n'est pas une catastrophe", les experts sérieux disent le contraire !

Éditorial de lucienne magalie pons

 Il n’est  pas  adroit pour la droite de  dédramatiser  la perte du "triple A" et d’en faire  l’un des ses  arguments de campagne en soutenant  aux quatre vents que « ce n’est pas une catastrophe » et que  «  ce ne sont pas les agences de notation qui dictent la politique des gouvernements », Ces slogans politique de campagne  n’ont pour effet que d’aiguiser les critiques de l’opposition et de nourrir des polémiques médiatiques.

Surtout quand cette même droite avait  fait,   avant la dégradation, de la préservation  de son Triple A  « son trésor  national »,   l'indicateur sacré de la réussite de sa politique, en glosant et se rengorgeant  tant à la tribune de l’Assemblée Nationale à plusieurs reprise  que dans ses interventions médiatiques dans la presse et l’audio-visuel, dont elle use et abuse à volonté pour défendre sa cause.


Mais retour de veste,  dont ils sont coutumiers sur différents sujets,  le Chef de l’Etat, les Ministres, et  la majorité présidentielle,  s’emploient dans leur intervention à  minimiser l'impact  de la perte du Triple A auprès de l'opinion. 


Mais quelles seront les conséquences réelles  et prévisibles de la perte de l’AAA en France et dans 8 autres pays de la zone Euro ?


1 – Hausse des taux d’intérêts

On peut admettre pour première conséquence, que   la dégradation  de la note d’un pays  indique un risque de non-remboursement de sa dette, les  organismes financiers prêteurs pourront exiger des pays  emprunteurs des taux plus  chers pour couvrir ce risque,  cette première conséquence  affectera inévitablement   la politique d’un pays dégradé 


 La  hausse des taux d'intérêts  réduira les  marges de manœuvre des  gouvernements, notamment  pour poursuivre des réformes,  relancer l'investissement et mettre en place une économie compétitive.


Certains  experts et  commentateurs qui restent dans le cadre de  l’analyse financière et économique sans déborder sur la politique,  estiment que c’est le début  mécanique d’un « cercle vicieux »


2 – La méfiance des investisseurs va s’accentuer :


 Les investisseurs de préférence  se tourneront  vers les pays les mieux notés.


3- Une action « exceptionnelle «  de la banque centrale peut-elle se renouveler ?


Ils soulignent que la BCE  n'est pas censée acheter des obligations souveraines et que son  indépendance,  selon   les traités européens, lui interdit de financer un pays, mais que  par exception,    face au risque d'écroulement du système, la BCE  a   racheté des obligations grecques, irlandaises, portugaises, espagnoles et italiennes ces derniers mois pour restaurer la confiance sur les marchés obligataires, et ils s’interrogent maintenant si cette exception sera renouvelée au profit des 9 pays de la Zone Euro dégradés. 


4 – Le système bancaire 


Standard and Poor's a placé les banques françaises sous surveillance. 


Ceci pourrait entraîner une nouvelle dégradation du système bancaire 


Les règles prudentielles européennes obligent les banques à détenir une proportion minimum de dette souveraine dans leur bilan, considérée, -  il y a peu de temps  avant la dégradation du Triple A français  -, comme un actif sûr.


Un analyste de chez S&P avait expliqué - avant la dégradation-  que les banques allaient " …..avoir besoin de financement au premier trimestre 2012",  en estimant  à 200 milliards d'euros le montant des crédits arrivant à maturité pour une cinquantaine de banques européennes au premier trimestre 2012. 


Dans le contexte actuel on peut s’attendre à ce que les  banques françaises vont devoir vendre des actifs qu'elles avaient gardés jusqu'ici. Les experts estiment que les prix étant bas sur les marchés, elles vont afficher des pertes dans leurs comptes et on redoute des   milliers de suppressions de postes  cette année.


Autre  conséquence : une hausse probable des taux d'intérêts pour les crédits aux entreprises et aux particuliers.


5 Une dégradation des institutions publiques ?


Pour aller plus loin on pourrait  redouter que certaines entités, disposant de la même signature que l'Etat pour leurs emprunts,  soient  dégradées. L'Unedic, la Caisse des dépôts et consignations (CDC), Réseau ferré de France (RFF),  La Poste pourraient perdre  tous leur AAA, avec pour conséquence  des capacités de financement réduites 


6 - Une augmentation des prix pour les particuliers


L'Etat participe au capital d'EDF, la SNCF, GDF-Suez, Air France-KLM, EADS, France Telecom, Renault, etc. A leur tour, ces  entreprises pourront voir leurs coûts de financement augmenter. Cela posera notamment problème aux filiales les moins solides, pour lesquelles la garantie de l'Etat est primordiale.


La répercussion de ces conséquences impactera sur le prix des services et les clients de ces entreprises en feront les frais.


7. Un nouveau risque pour le budget des  collectivités locales ? 


Une analyste de chez S&P  a expliqué que le système  de financement par les banques est "en train d'exploser" ……Leur budget dépend pour moitié des subventions de l'Etat, et elles utilisent sa garantie pour se financer ailleurs à des prix raisonnables et  "parmi elles, il y a des centaines de petite Grèce", a-t-elle affirmé.


Si la garantie de l’Etat s’affaiblit il est prévisible que les collectivisés locales seront pénalisées pour  trouver un financement « ailleurs ».
                                                    ooOoo

8 – Conséquences politiques en relation avec l’élection présidentielle de 2012 :

 Les conséquences de la dégradation de la note de la France ont eu pour résultat de faire baisser de 2,5 points  la cote du  Chef de l’Etat …..Selon un sondage LH2 Yahoo, réalisé les 13 et 14 janvier, Nicolas Sarkozy recueillerait 23,5 points au premier tour, en baisse de 2,5 points, et François Hollande 30 % (? 1,5). À l'inverse, Marine Le Pen fait une percée de 3,5 points à 17 % et François Bayrou se hisse à 14 % (+ 1).



9 -  3 jours après la dégradation de la note de 9 pays membres de la Zone Euro, l'agence de notation S&P dégradait Lundi 16 janvier  la note du FESF  ( ce nouveau coup dur  fera l'objet d'un de nos prochains éditoriaux)



Cette fois c'est du sérieux !  A moins qu'ils ne soient devenus suicidaires, il  serait temps que les dirigeants des pays dégradés, notamment les nôtres en conviennent et changent leur fusil médiatique d'épaule en reconnaissant , contrairement à ce qu'ils avancent , que c'est un coup dur et  que  nous frisons la cata.
 

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