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23 septembre 2011

Affaire Karachi : Les polémiques se déplaçent sur le plan Institutionnel

Éditorial de lucienne magalie pons

Il y a les polémiques politiques de fond qui font des vagues et provoquent des tempêtes à longueur d’années entre la majorité et l’opposition, ces controverses s’alimentent de querelles et dénonciations, certaines justifiées et vérifiables, d’autres procédant de la rumeur, elles recouvrent tous les domaines financier, économique, social, fiscal, judiciaire. Religieux aussi puisque les politiques accaparent aussi ce sujet, etc .... , bref tout l’arsenal de projets ou de décisions politiques qui entendent régler la vie des français et des résidents, notamment dans leur vie civile, professionnelle et privée, donne lieu à des débats au long cours.

Quand l’une ou l’autre de ces polémiques politiques devient trop pressante et met en cause ou en péril un membre pouvoir ou de la majorité présidentielle, alors surgissent des polémiques de détournement de la polémique principale , volontairement lancée par des ministres ou des personnalités de la majorité présidentielle le plus souvent par annonces pour détourner l’attention et brouiller les pistes.

Par exemple, tout récemment alors que la polémique ascendante sur l’Affaire Karachi prenait le dessus, nous avons assister au lancement d’une polémique sur l’Allégeance aux armes dont l’auteur Jean-François Copé Secrétaire Général de l’UMP savait parfaitement qu’il allait déclencher les foudres de l’opposition, ce n’est pas tant sa proposition qui au fond a donné lieu à des controverses, c’est le mot « Allégeance » provenant du Moyen Age qui n’a pas lieu d’être en République. Et n’allez pas me dire que Jean François Copé ne savait pas qu’en employant ce mot il allait déchaîner les juristes et les historiens aussi bien que les opposants politiques.

Eric Besson début 2010, lorsqu’il était Ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale avait jugé "intéressante" l'idée de créer un "serment" que prêteraient les Français atteignant leur majorité et les étrangers accédant à la nationalité française, et proposait un serment d’Allégeance à la République ... et naturellement il avait provoqué une levée de boucliers.

L’Elysée quand ca chauffe et que le Président est cité dans une grande polémique monte aussi au créneau, c’est ce qu’elle vient de faire Jeudi au moment où l’Affaire Karachi entrouvre les portes du Palais , et les communicants de l’Elysée sont allés très loin dans leur démentis :: après la mise en examen de Nicolas Bazire et de Thierry Gaubert, deux proches et amis du Chef de l’Etat, dans le volet financier de l’enquête sur l’Attentat de Karachi, la Présidence de la République dans un communiqué de Jeudi a démenti tout lien entre le chef de l’Etat et le financement de la campagne électorale d’Edouard Balladur en 1995, en dénonçant « calomnie et manipulation politicienne » , mais dans ce communiqué ils ajoutaient que le nom de Nicolas Sarkozy « .., n’apparaît dans aucun des éléments du dossier » ...(1)

Il faut éviter dans un démenti en défense de donner des bâtons pour se faire battre, soit l’Elysée a été un peu trop loin dans son assurance pour renforcer ses démentis, soit au contraire elle a fait cet ajout volontairement pour détourner la polémique sur le plan de la séparation des pouvoirs ce qui est une polémique institutionnelle qui efface le politique.

En effet, en vertu du principe de séparation des pouvoirs, l'exécutif ne peut avoir accès aux pièces d'un dossier d'instruction. L'article 11 du code de procédure pénale stipule que le procureur de la République est le seul magistrat habilité à révéler des éléments du dossier.

Cette dernière phrase (1) comme il fallait s’y attendre a fait sortir les magistrats de leur réserve, ils ont réagit très vite et très vivement : et la polémique au moins en partie s’est déplacée sur le plan institutionnel :

- Dans un communiqué, l'Union syndicale des magistrats (USM - majoritaire) dans un communiqué s'est étonnée "que les services de la présidence de la République fassent aussi clairement référence au contenu des pièces d'une procédure judiciaire, montrant qu'ils ont pu en avoir connaissance, dans l'irrespect apparent du secret de l'instruction."

- Christophe Regnard, le Président de l’USM fait remarquer : "C'est assez incroyable que l'Elysée reconnaisse aussi benoîtement qu'il a eu accès à des pièces" ......"Il ne faut pas être naïf. On sait que les informations remontent. Mais d'habitude cela demeurait caché."

- Le secrétaire général du Syndicat de la magistrature (classé à gauche), Matthieu Bonduelle, a estimé qu'il "y a manifestement des incursions scandaleuses de l'exécutif, en particulier de l'Elysée, dans le cours de la justice". Ce qu'il juge "totalement inacceptable au regard de ce que devrait être un fonctionnement démocratique normal".

- Les politiques bien entendu n’ont pas laissé passer le communiqué de l’Elysée sans réagir, Ségolène Royal a protesté en se disant .... "très étonnée que l'Elysée ait déjà eu communication des auditions, qui sont couvertes normalement par le secret de l'instruction. Il faut que ces intrusions cessent, parce que c'est une atteinte très grave au fonctionnement des institutions et à l'autorité judiciaire dont le président de la République est normalement le garant."

Au-delà de cette polémique, sur le fond de l'affaire, les partis socialiste et communiste ainsi que le Front national ont eu des mots très durs contre ce qu'ils considèrent comme un démenti de la "République irréprochable", que le chef de l'Etat avait promis lors sa campagne électorale en 2007. :

- "La République n'est pas un cloaque !", a affirmé dans un communiqué le PCF en dénonçant "la vie en 'Sarkoland', où c'est désormais dans les pages judiciaires que se chronique la fin de règne du pouvoir en place".

- Marine Le Pen pense que le "kärcher devrait être en premier lieu dans les allées du pouvoir avant même d'être utilisé dans les allées d'un certain nombre de quartiers difficiles". La présidente du FN, qui se dit persuadée de l'existence de rétrocommissions, a demandé que tout le monde soit entendu par la justice, y compris l'ancien Premier ministre Edouard Balladur.

- "Ça sent mauvais. Il y a quand même des accusations extrêmement précises", a déclaré sur RMC l'ex-Premier ministre socialiste Laurent Fabius avant de noter que "ça se rapproche de ce qu'on appelle dans les journaux 'la Sarkozie'". "J'ai le sentiment que ce quinquennat qui a commencé avec un argent qui ruisselle se finit avec un argent de poubelle"

- Martine Aubry candidate pour la primaire du PS a estimé que ce dossier était "peut-être l'une des affaires les plus graves de la Ve République".

- François Hollande autre candidat à l'investiture PS pour la présidentielle de 2012, a dénoncé "les affaires qui reviennent, ces intermédiaires que l'on découvre, ces mallettes qui auraient circulé, ces personnages qui sont maintenant entendus par la justice et qui révèlent finalement des systèmes de financement que l'on pensait depuis longtemps éloignées de la vie politique"., et il a estimé .......... "Tout cela abîme la République, tout cela blesse les valeurs que nous portons, tout cela éloigne les citoyens de l'enjeu démocratique".

Là-dessus encore une autre polémique sur les retraites vient jeter de l’huile sur le feu :

Que penser aussi de la tempête que vient de déclencher Jeudi le Premier Ministre François Fillon le Premier Ministre lors de la remise du prix de l'audace entrepreneuriale, qui est sorti de ce cadre pour évoquer une harmonisation des retraites avec l’Allemagne ? : : "Il faudra aller vers un temps de travail commun, il faudra aller vers un âge de retraite commun, il faudra aller vers une convergence progressive de l'organisation économique et sociale de nos deux pays parce que c'est la clé de la survie et du développement de la zone euro et du continent européen."

Un argument aussitôt exploité par la presse et par l'opposition d’après lesquels François Fillon entrouvrirait la porte à une nouvelle réforme des retraites.

Il vient de "révéler le programme de Nicolas Sarkozy" pour 2012, a aussitôt soupçonné François Hollande, en prévoyant un nouveau durcissement du régime de retraite français.

Arnaud Montebourg, à l'aile gauche du PS, a enfoncé le clou : "L'exemple allemand est un anti-modèle : ils ont cassé les salaires, démantelé une partie de la protection sociale et constitué des excédents qui ont déstabilisé toute la zone euro."

Le texte voté fin 2010 relève non seulement l'âge légal de départ de 60 à 62 ans, mais aussi l'âge nécessaire pour obtenir une retraite à taux plein quelle que soit la durée de cotisation. À partir de 2023, il faudra donc être âgé de 67 ans avant de pouvoir partir en retraite (contre 65 ans précédemment). En Allemagne, l'âge de départ en retraite pour bénéficier d'une retraite à taux plein sera aussi de 67 ans, mais seulement à partir de 2029...

Martine Aubry a fait remarquer que d’après elle François Fillon a "un problème avec la réalité des chiffres ... « Une fois de plus ..... il essaye de raconter des histoires aux Français (ou) confond l'âge légal et l'âge de départ à la retraite. (...) Il dit que l'âge légal est passé de 65 à 67 ans en Allemagne. Non, c'est l'âge auquel on pourra partir sans avoir de décote à la retraite, ce qui n'est pas l'âge légal, elle( ndlr » l’Allemagne) se propose d'aller à 67 ans en 2029. Nous, nous allons à 67 ans en 2018 ", a-t-elle déclaré lors d'un déplacement à Grenoble.

Le ministre du Travail Xavier Bertrand est entré dans la polémique sans rien apporter de nouveau sur la question mais pour contredire toute intention du Premier ministre de durcir encore le régime des retraites : "Là où la décote s'annule en France, c'est 67 ans en 2023. Ce sera 67 ans en Allemagne en 2029. ..... La réforme qui a été engagée, c'est un élément de cette convergence" franco-allemande, a-t-il avancé lors de la présentation à la presse du projet de loi de finances de la Sécurité sociale en 2012. Et de s’en prendre à Martine Aubry : "Martine Aubry dit qu'on est fâché avec les chiffres, mais elle est fâchée avec les retraites." Mais, sur le fond, tout le monde est en réalité d'accord, d’après ce Ministre.

Au moment où nous écrivons ces lignes on peut supposer que la polémique majeure sur l’Affaire Karachi n’est pas pour autant en retrait, il faut s’attendre à des rebondissements.

- Il arrive que le Chef de l’Etat lui-même ou moment ou la tempête des controverses risque d’écorner son image , sans entrer directement lui-même dans la ou les polémiques qui le cite, fasse remonter à la surface un des serpents de mer qu’il tient en réserve sur des questions qui remuent toute la nation et dont il sait bien qu’elles feront surgir des polémiques et des levées de bouclier de toutes parts.

Et ainsi de polémiques de fond en polémiques de circonstances qui se croisent et s’entrecroisent , et font se croiser virtuellement l’épée entre les querelleurs politiques de droite, du centre, de gauche, et d’ailleurs ... et les médias conditionnés qui leur sont dévoués de part et d’autre qui les relatent et en ajoutent pour le plaisir de la plume ou de la voix, nous sommes tenus en haleine à longueur d’années en état de sur-informations sur leurs combats pour le Pouvoir, comme si la France était à remporter entre eux comme un butin de guerre, au lieu de nous informer exactement à quelle sauce ils entendent faire bouillir la marmite nationale.

Il y a en plus des milieux politiques, des lanceurs de polémiques attitrés émanant du monde associatif qui font bouillir leur commerce aussi souvent qu’ils le peuvent, certains sont à l’affut de toutes les déclarations émanant des politiques mais encore de tous un chacun pour en faire des montagnes de polémiques et de controverses, allant même ensuite devant les tribunaux pour se départager sans oublier de demander des dommages et intérêts pour diffamations !

Que dire de ce climat délétère et querelleur qui ne cesse de s’amplifier dans notre pays sinon que c’est une déviation de l’expression démocratique, les politiques n’acceptent plus, ou très rarement de débattre l’un en face de l’autre, ou alors ce sont des personnages politiques émanant du sérail des partis qui sont invités en conférence , sur les écrans ou dans la presse par des journalistes ou animateurs commis pour les questionner dans le sens du poil et les encadrer d’une censure implicite , s’ils s’écartent du sujet imposé.

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