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10 septembre 2011

LE HERON de Jean de la Fontaine

Éditorial de lucienne magalie pons

En cette période où dans la campagne pré-présidentielle se manifestent les politiques candidats potentiels concernés, certains Chefs de Parti se montre pour le moment dédaigneux d'entrer dans la bagarre, et se tiennent en retrait de la table, comme le HERON de la fable, ce qui n'étonnera personne étant donné la sur- dimension qu'ils s'accordent.

LE HÉRON

Un jour, sur ses longs pieds, allait, je ne sais où,

Le Héron au long bec emmanché d'un long cou.

Il côtoyait une rivière.

L'onde était transparente ainsi qu'aux plus beaux jours ;

Ma commère la Carpe y faisait mille tours,

Avec le Brochet son compère.

Le Héron en eût fait aisément son profit :

Tous approchaient du bord ; l'oiseau n'avait qu'à prendre

Mais il crut mieux faire d'attendre

Qu'il eût un peu plus d'appétit :

Il vivait de régime et mangeait à ses heures.

Après quelques moments, l'appétit vint : l'Oiseau,

S'approchant du bord, vit sur l'eau

Des tanches qui sortaient du fond de ces demeures.

Le mets ne lui plut pas ; il s'attendait à mieux,

Et montrait un goût dédaigneux,

Comme le Rat du bon Horace.

« Moi des tanches ! dit-il ; moi, Héron, que je fasse

Une si pauvre chère ? Et pour qui me prend-on ? »

La tanche rebutée, il trouva du goujon.

« Du goujon ! C’est bien là le dîner d'un Héron !

J'ouvrirais pour si peu le bec ! aux Dieux ne plaise ! »

Il l'ouvrit pour bien moins : tout alla de façon

Qu'il ne vit plus aucun poisson.

La faim le prit : il fut tout heureux et tout aise

De rencontrer un limaçon.

Ne soyons pas si difficiles :

Les plus accommodants, ce sont les plus habiles ;

On hasarde de perdre en voulant trop gagner.

Gardez-vous de rien dédaigner,

Surtout quand vous avez à peu près votre compte...

JEAN DE LA FONTAINE

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