Éditorial de lucienne magalie pons
La peopolisation de la vie politique est, tout particulièrement depuis la dernière campagne présidentielle, très révélateur de la gouvernance de la France qui comme les feuilletons de Téléréalité fait large place à l’apparence et aux étalages spectaculaires pour masquer la sinistre incompétence de nos dirigeants qui se conduisent comme des acteurs , certains même comme des figurants dans un scénario conçu par des conseillers en communication qui utilisent les mêmes techniques publicitaires que les agences de publicité pour vendre des yaourts , du dentifrice, du parfum, des produits de beauté, des bijoux, des voitures, etc …..et tous autres produits à graver dans la cervelle supposée fragile des consommateurs potentiels.
Selon la pratique actuelle de la publicité commerciale on vante les qualités du produit et pour faire passer le message et inciter à l’achat et à la consommation, on introduit dans la publicité un deuxième message qui domine le premier en faisant un appel aux sentiments les plus sensibles ou impulsifs du pré consommateur en introduisant dans l’annonce télévisuelle ou l’image des sentiments de fierté, d’ambition, d’orgueil , d’envie et surtout « du glamour et du sexuel ». Qui n’a vu une annonce vantant telle ou tel produit dégusté ou utilisé avec un visage et une attitude corporelle proche de l’orgasme ?
Et c’est bien comme ça que le Pouvoir s’exhibe sous nos yeux jours après jour, des discours d’auto satisfaction permanente, du genre « plus bon que moi tu meurs », des déplacements à grands spectacle à Paris, à Bruxelles, à Londres, à Berlin, en Europe, où l’on voit des politiques de hauts niveaux lors des rencontres et réunions politiques du genre concertation ou sommet, se palper devant les caméras comme des chiots en recherche de contact et se bisouter comme frères et sœurs, se donner l'accolade fraternel à la limite de l’inceste politique, et aussi à l’occasion de visites d’État ou de diners de gala en Europe, en Asie , aux États-Unis ou ailleurs dans le monde et ici chez nous à l’Elysée, au Crillon, et dans d’autres palais luxueux on l’on nous montre des politiques exhibant leurs conjoints déguisés en top model sexy glamour pour les épouses, et les époux en mission de mise en valeur de leur dames, les conjointes la plupart décolletées à outrance pour montrer qu’il y a « du monde au balcon » , les conjoints en vêtement sobre classique pour ne pas effacer la toilette de leur femme, on est bien loin de retrouver notamment dans les épouses de ces dirigeants prétendus Gaullistes la tenue tout à fait digne et distinguée de Madame de Gaulle où la grande majorité françaises pouvaient se reconnaître.
C’est ainsi que les feuilletons de la télé-réalité de propagande politicienne présentent selon les circonstances du moment comme des produits commerciaux ses personnages à placer en évidence « en Technicolor et en relief » avec un vocabulaire de présentation de leurs produits tiré d’un dictionnaire people - sexy- glamour réservé à leur usage promotionnel .
Pour les couples en formation ou en devenir par exemple, ils utilisent des formules frappantes sur-dimensionnées sorties de leurs neurones surexcitées par un évènement au demeurant tout à fait banal qu’ils nous présentent comme « sensationnel
Les deux foudroyés d’amour ont toujours « tout pour plaire », brillants, beaux, jeunes, sportifs, modernes, mêmes s’ils sont plus que quadragénaires ou que l’un d’entre eux frise la soixantaine, de plus ils sont toujours intelligents et dynamiques.
On nous les dépeint selon le cas l’un ou l’autre ou ensemble , comme romanesque, ébouriffant, convivial-mondain,élégant mais simple de cette « simplicité qui plaira au yeux du public », capable de réduire et écraser les prétentieux de tous bords et les « emmerdeurs » et surtout solidement armés moralement et intellectuellement pour lutter seul ou en couple contre les dangers de l’existence.
Enfin le tableau nous les présente aussi parfois comme ayant surmonté des drames douloureux, dramatiques, dans leur enfance ou leur adolescence, l’un ou l’autre a failli mourir de maladie ou d’accident, l’un ou l’autre est resté orphelin par suite de circonstances tragiques, et pour parler de leur vie d’adulte on parle de leurs divorces ou séparations antérieurs comme autant d’épreuves enrichissantes pour l’avenir , on nous parle aussi de leur vie amoureuse sage ou tumultueuse selon le cas, mais toujours exemplaire, passionnée et romantique.
Enfin on nous assure que c’est un plaisir pour les passants de les rencontrer dans les rues toujours amoureux et élégants, main dans la main , flânant à Paris ou à Trifouillis les Oies dont ils sont élus ou originaires, faisant du shopping dans des petites boutiques '''comme tout le monde", ou mangeant sur les marchés et dans les foires , toujours les yeux dans les yeux, une glace, une andouillette, un pizza , des charcuteries, gobant des huitres, grattant des moules, ou dégustant une spécialité ou une gâterie locale, en soulignant qu’ils ont gardé malgré l’importance et le poids de leur fonction et réussite actuelle « une part d’enfance qui ravi et rend fiers leurs électeurs et les gens du peuple simples comme eux et qui aiment ça » On les montre aussi toujours en couple amoureux dans les stades à l’occasion de matchs importants, dans les cérémonies officielles et partout où un politicien qui se respecte doit se montrer.Enfin ils sont toujours intelligents moralement irréprochables !
N’en jetons plus la cour est pleine !
Monsieur Sarkozy lui-même alimente le feuilleton de cette montre publicitaire : «J’ai un super job, une superbe femme, alors forcément les Français me le font payer " a-t-il déclaré, pour expliquer son impopularité aux députés UMP.(rapporté par le Nouvel Obs)
Comment s’étonner que dans son livre "De l'esprit de cour", Dominique de Villepin, l'ancien Premier ministre, dénonce « le spectacle médiatique comme théâtre de sa mise en scène narcissique »
Voici un extrait de son livre :
"Nicolas Sarkozy a innové en inventant une cour à son image. Elle a la peur comme moyen, l'argent comme fin et le spectacle médiatique comme théâtre de sa mise en scène narcissique. La politique n'y est pas perçue comme un levier, encore moins comme un idéal, mais comme un marché où l'on achète et brade les hommes comme les idées en fonction de l'intérêt du moment", dénonce-t-il.
Fin de l’extrait
Comment s’étonner que François Hollande ancien patron du Ps, s'en prenne à Nicolas Sarkozy dimanche en visant sur Radio J le scénario de «télé-réalité» qui entoure le remaniement du gouvernement.
«Il y a eu des périodes tumultueuses dans l'histoire de la Ve République mais je n'ai jamais vu un président annoncer six mois à l'avance un remaniement», a-t-il déclaré.
Il a dénoncé «ce feuilleton. » en ces termes : ….. « Que dis-je le feuilleton ! C'est une histoire de télé-réalité qui nous est soumise depuis six mois ……On met des personnages, on les enferme dans des pièces de palais officiels, on remue tout cela pour savoir qui va rester au final comme Premier ministre. Cette histoire de télé-réalité va bientôt s'achever, on nous dit d'ailleurs, par la confirmation du Premier ministre actuel», a ironisé le député-maire de Tulle.
Ils ne sont pas les seules personnalités à dénoncer ce système fictif « télé réaliste » qui pour objectif majeur de nous jeter de la poudre aux yeux et de masquer l’inefficacité de l’exécutif, ses défaillances et son déficit de résultats par rapport aux promesses de campagne du Président Sarkozy qui fait tout le contraire de ce qu’il avait promis notamment en matière de protection sociale , de retraites, de pouvoir d’achat, et d’alliances internationales , changeant au gré de ses humeurs au fil du temps.
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