Nous voilà invités à lire la "Deuxième Lettre ouverte à M. Vladimir Poutine, Président de la Fédération de Russie", ce jour même où par ailleurs, nous pouvons nous réjouir de l'adoption par le Conseil de Sécurité de l'ONU de la résolution encadrant la destruction des armes chimiques en Syrie, votée cette nuit à l’unanimité, après des semaines de discussions très serrées et sérieuses, principalement entre la Russie et les États-unis, au cours desquelles le bras de Moscou a fait plier les dernières résistances qui se manifestaient encore à l'arrière dans les coulisses médiatiques.
C'est principalement à la persévérance de la diplomatie Russe que nous le devons, mais en plus de l’adoption de la Résolution, nous nous félicitons à cette occasion de la reconnaissance légitime de l' Organisation des Nations-Unies et du Conseil de
Sécurité qui retrouvent pleinement leur rôle de résolution
diplomatique des conflits et nous nous réjouissons aussi que l'esprit de dialogue et d'apaisement des conflits de l'ONU ait prévalu et se soit imposé sur celui de la
confrontation.
C'est donc délivrés de la menace que faisait planer sur la paix du monde les intentions bellicistes de frappes militaires intempestives et automatiques , que nous pouvons la tête reposée , nous consacrer à la lecture enseignante et vivifiante de la "Deuxième Lettre ouverte à M. Vladémir Poutine, Président de la Fédération de Russie" de Manuel de Diéguez.
28 septembre 2013
( préambule) :
Pourquoi l'Europe assise entre deux chaises
est-elle une utopie condamnée au désastre politique, sinon tout simplement parce
qu'on ne saurait se vouloir tout ensemble souverain et satellisé, fier à bras et
enrubanné, hôte et majordome, harnaché de grandeur et valet d'écurie? Toute
vocation exige la fierté d'un élan et d'un souffle solitaires. Il n'y a pas
d'ambition sans un ennemi clairement désigné. L'Europe des aveugles tressera
longtemps encore des couronnes massives à son vainqueur.
Par bonheur, la
Russie rescapée du paradis soviétique occupe un centre stratégique
inexpugnable, parce qu'elle a l'expérience du conflit millénaire
qui oppose les encéphales célestiformes aux cervelles municipales.
Son alliance avec le bolide qu'on appelle la Chine lance un
pont géant entre l'Occident des Ames mortes
de Gogol et l'Orient de demain, tandis que son voisinage avec
l'Iran et la Syrie lui ouvre les portes du monde arabe et
de l'Afrique. Ce sera la rivalité "théologique" de Moscou
avec les Etats-Unis qui pilotera la vie spirituelle du simianthrope
du XXIe siècle, parce que la littérature messianisée par Dostoïevski
et Tolstoï hiérarchisera les esprits. Puisse l' alliance du
Kremlin avec Rome nous rappeler qu'il n'y a pas de civilisation
sous une philosophie de l'ascension des âmes.
Quand l'Europe
secouera le joug des affameurs du monde, quand elle sera convaincue
que l'avenir de la Russie est dans l'alliance du génie visionnaire
qui l'inspire avec les Etats qui auront recouvré leur souveraineté
- ce qui exigera qu'ils aient expulsé l'occupant de leur territoire,
et cela par la force au besoin - quand nous commencerons de
comprendre la chute de la démocratie dans le despotisme, la
Russie deviendra le point focal du nouveau Discours
de la méthode - celui qui approfondira la connaissance
anthropologique de l'inconscient religieux des démocraties
messianisées par le vain bavardage de l'occupant.
1 - La balance à peser les têtes
-
M. Président ,
La semaine dernière, ayant lu et relu avec la plus grande attention
votre lettre apostolique du 14 septembre au chef de l'Eglise
catholique - vous y traitiez de la paix et de la guerre à la
lumière d'une spiritualité de haut vol - ma plume m'a entraîné
à vous entretenir de l'inconscient théologique qui sous-tend
la politique dite démocratique. Car, non seulement la réflexion
anthropologique moderne sur le sacré conduira les gouvernements
à s'intéresser aux progrès des sciences humaines du XXIe siècle,
mais la révolution intellectuelle qui se prépare à l'échelle
mondiale attirera l'attention des chefs d'Etat sur les méthodes
futures de la science historique. De plus, l'époque de la Renaissance
ressemble de plus en plus à la nôtre, car la découverte de la
rotondité de la terre et de la multiplicité des cosmologies
mythiques avait conduit l'intelligentsia mondiale à une première
centralisation des recherches de la pensée rationnelle et de
ses méthodes d'analyse du spectacle de la diversité des religions.
Une première unification de l'observation des rouages et des
ressorts universels de l'humanité en était résultée.
Puis,
la spectrographie du cerveau simiohumain n'a cessé de progresser,
au point que nous nous demander maintenant quelle est l'animalité
spécifique de la bête que son évolution est censée avoir rendue
réflexive; et nous avons découvert qu'elle sécrète des signifiants
imaginaires et pseudo-transcendantaux, puis qu'elle les place
tous sous une auréole solitaire qu'elle appelle la vérité. C'est
dans cet esprit qu'à votre manière vous avez dit aux Etats-Unis
d'Amérique : "Dis-moi quel est ton Dieu et je te dirai qui tu
es", tellement "Dieu" dresse dans les nues le portrait en pied
du chef d'Etat parfait aux yeux de tel peuple et de telle époque.
La biographie du Créateur est donc notre rétroviseur politique
et le musée des mondes idéaux que nous avons habités.
Votre plongée dans le scannage de la raison idéalisée
de l'humanité a renforcé ma conviction, qui ne date pas d'hier,
que la Russie se trouve dans une position stratégique focale
et de nature, précisément pour ce motif, à promouvoir une révolution
de la pesée rationnelle des savoirs angélisés par nos rêves
politiques. Votre tournure d'esprit et votre culture théologique
vous mettent en mesure de donner un premier et puissant élan
au décryptage des origines animales et des fondements zoologique
des conquêtes censées trans-biologiques dont bénéficie l'encéphale
d'une espèce en quête de validations cérébrales de type mythologique.
Mais cette proposition, si logique qu'elle soit, exige un examen
préalable du déséquilibre des forces politiques actuellement
en présence dans le monde, parce que le XVIe siècle n'était
pas suffisamment unifié pour comprendre la connexion spécifique
qui relie les révolutions cérébrales de type séraphique au destin
des Etats sur la scène internationale.
Qu'en
est-il, de nos jours, de la grandeur intellectuelle de la Russie
sur le théâtre des fabricants de la balance à peser l'encéphale
d'Adam? D'un côté, votre nation voit le monde courir dans sa
direction à partir de la Chine, de l'Inde et du Pakistan et,
à l'Ouest, l'Amérique latine et l'Afrique se rapprocher à grands
pas de Moscou. Entre ces deux galaxies aux grandes enjambées,
il existe une civilisation fatiguée et vieillie dont le pluriculturalisme
acéphale ne répond plus qu'à la bancalité cérébrale qui la ronge.
Impossible, hélas, de s'armer d'une musculature intellectuelle
à la fois créatrice et satellisée. C'est à l'école d'un décodage
anthropologique de la lente décérébration de l'Europe que Clio
demande à la Russie de prendre les devants, sinon l'offensive.
Le
salmigondis européen d'Etats privés de vision et de volonté
politiques laisse cinq cents bases militaires américaines enracinées
sur leur territoire. Un puissant bouclier anti-missiles est
censé prévenir la ruée sur Berlin, Paris et Rome des Cosaques
dont vous seriez l'Attila. Naturellement, cette sottise n'est
appelée qu'à abêtir encore davantage les vastes troupeaux rassemblés
dans les pâturages des descendants de Christophe Colomb. Mais
pour que ce tocsin anéantisse dans tous les esprits le poids
de l'arme, non moins mythologique, de la bombe atomique française,
la Maison Blanche tente de remplacer notre foudre obsolète par
une autre, dont elle affecte de frotter et de faire briller
les cuivres. Mais comment cette cloche serait-elle un peu moins
périmée que la gauloise, et cela au point que le souverain de
Washington jouirait du privilège exclusif d'en assurer le téléguidage?
Vous
savez que tout ce badigeonnage d'une hégémonie de confection
ne mérite qu'un haussement d'épaules de la Russie; car elle
a fait de grands pas dans le décodage des arcanes zoologiques
de la politique mondiale. Si l'arme atomique de la dernière
cuvée nous a été arrachée des mains, ce désarmement nous laisse
l'esprit plus libre qu'hier pour procéder à un calibrage anthropologique
de l'apocalypse requinquée qu'on veut vendre aux vassaux que
nous sommes devenus. Pour quelles raisons rejetterez-vous ce
hochet, ce fétu de paille, cette faribole, ce simulacre, ce
trompe-l'œil, cet attrape-nigauds? Pourquoi vous moquerez-vous
de la dernière mouture des vanités militaires de Washington?
Parce qu'elles feraient éclater de rire Pierre 1er ou Elisabeth
la grande. Mais vous ne rirez des simagrées et des affûtiaux
de l'adversaire qu'aux fins de mieux combattre le véritable
ennemi, celui qui se présente sur le champ de bataille de la
nouvelle connaissance rationnelle du monde. Et pour vous initier
au mode d'emploi de cette caméra, il vous appartiendra de changer
au préalable la fronde désuète, le lance-pierres d'un autre
âge, la flèche de Sioux de l'adversaire en l'arme de l'anthropologie
politique post swiftienne qui inspirera le génie de la nouvelle
guerre défensive de la Russie.
Dans un texte précédent ( La
démocratisation de la barbarie, 7
septembre 2013) j'ai démontré que la barbarie démocratique
repose sur la torture: la civilisation de la liberté précipite
des peuples entiers dans la famine. Et maintenant, l'Iran au
ventre creux renoncera à la bombe nucléaire afin, dit-on, de
retrouver le droit de s'alimenter. Vous avez d'autant moins
besoin d'aider Téhéran à s'armer d'une apocalypse au ventre
plein que M. Ahmadinejad avait lui-même reconnu la nature inutilisable
de cette foudre et que tous les Etats majors le savent depuis
un demi-siècle. Mais la fierté d'une nation de soixante quinze
millions d'habitants aura été allègrement piétinée sous les
yeux ahuris du monde entier. Voilà un évènement politique d'envergure
et qui se gravera dans les consciences ébahies. A ce titre,
il montrera son avenir à la Russie de la raison politique de
demain, tellement il est évident que l'humiliation publique
d'une grande nation marquera le destin de la raison politique
sur le long terme. Les démocraties mythologisées par leurs idéalités
ne résisteront pas à cet étalage planétaire
de leur sauvagerie sur la place publique que le monde est devenu.
Quelles armes de l'esprit de raison ferez-vous débarquer dans
la conscience indignée des peuples? Jamais les descendants du
quadrumane à fourrure dont vous connaissez l'entêtement n'ont
découvert de Zeus plus redoutable que le sourire tranquille
des souverains de l'intelligence. A force de faire reluire le
canon artisanal de leur entendement, les primates rugissants
ont appris à tirer les boulets silencieux de l'ironie socratique.
Les premiers exercices de tir de ce genre, que les Romains appelaient
dissimulatio, fut précisément de rire sous cape de la
folie dont témoignait leur quotient cérébral d'enfants. Tout
Platon enseigne un rire de qualité face à la déraison publique
et bruyante des Athéniens rassemblés sur une agora chamailleuse.
Puis, en 1509, Erasme a appris aux chrétiens à tourner en dérision
les prodiges physiques les plus grossiers censés se produire
sur leurs autels: l'Eloge de la folie est le chef-d'œuvre
d'une dissimulatio souriante et déjà mieux affutée.
Si vos diplomates les plus instruits apprenaient à peser l'encéphale
des sorciers américains et à poser toute la pacotille cérébrale
du grand magicien des démocraties sur la balance de l'ironie
perfectionnée de Platon et d'Erasme, l'empire des idéalités
truquées tomberait en poussière avant dix ans, parce que ce
sont toujours les mutations qualitatives de l'intelligence qui
donnent un éclat nouveau aux lumières de la boîte osseuse fort
mal allumée des primates détoisonnés.
M. le Président, la grande Catherine vous appelle du fond de
son mausolée à donner à la France et à l'Europe de demain les
armes cérébrales des vrais héritiers du siècle des Lumières.
Car, depuis la mort de Voltaire en 1776, ce continent a égaré
la lanterne de Diogène de la lucidité politique. L'auteur de
Candide l'avait branchée sur une pensée rieuse
et qui, pour la première fois se donnait le genre humain tout
entier en spectacle.
L'heure
a sonné pour la Russie d'armer les neurones de la démocratie
mondiale du XXIe siècle d'un flambeau digne de l'auteur de Micromégas.
Dites à la raison assoupie de l'Europe que, de mémoire de simianthrope,
on n'a jamais vu un empire s'équiper et garnir le plus gentiment
du monde de ses troupes armées jusqu'aux dents le territoire
de ses vassaux à seule fin de protéger les chiens rendus obéissants
à perpétuité des hordes de loups censés les entourer. Il faut
leur faire croire, de surcroît, qu'un ennemi surréel, les menacerait
à chaque instant de les précipiter dans l'abîme et qu'ils courent
le risque de se trouver tout soudainement jetés à jamais dans
les fers. Aux yeux de tous les capitaines au long cours dont
l'histoire a conservé la mémoire, il ne suffit pas d'apposer
le sceau d'une domination tranquille et aussi durable que possible
sur le sol d'un vaincu assagi à l'école salutaire de sa défaite
- encore faut-il qu'un mythe victorieux et inamovible apaise
les patriotes pour longtemps ou pour toujours. C'est par les
dieux de Rome que les Gaulois ont fini par se déclarer terrassés.
C'est
ainsi que l'empire romain n'est nullement demeuré campé des
siècles durant sur les terres des Gaulois à seule fin d'armer
sans relâche les vaincus face aux assauts à venir des Germains.
Arioviste n'allaitdb pas renaître tout subitement de ses cendres.
Mais le glaive du vainqueur grave le sceau de son ciel et de
son acier dans la peau de sa proie. De
meme, la présence immuable des légions de l'étranger sur les
arpents réduits à la docilité de l'Europe imprègne désormais
les populations d'une terreur respectueuse, parce qu'une nation
définitivement terrassée paie de génération en génération et
le sourire aux lèvres le tribut de la honte au sceptre qui l'écrase.
Vous
n'ignorez pas que le bouclier anti-missiles qu'on feint de braquer
sur le Kremlin n'est qu'un leurre chargé d'asservir sans cesse
davantage des Européens décérébrés, vous n'ignorez pas que vous
servez indirectement les intérêts du vainqueur du Vieux Monde
à lui demander qu'il vous jure, am stram gram, pic et pic et
colegram, que son arquebuse, son chassepot, son mousqueton,
son escopette ne sont pas appelés à ébranler les murs du Kremlin,
mais seulement à convaincre un continent à la tête coupée et
bêtement apeuré qu'il a grand besoin de se placer à jamais sous
les ailes d'un Titan à la fois généreux et capable de faire
trembler une Russie censée prête à bondir à chaque instant sur
l'Europe. Nous ferez-vous bénéficier de votre douloureuse expérience
- celle d'un Gorbatchev, qui s'était imaginé que les Etats-Unis
tiendraient leurs promesses évangéliques de ne pas mettre la
main sur les pays de l'ancien bloc soviétique? Enseignerez-vous
à l'Europe des séraphins de la politique que le vainqueur se
présente toujours en boulanger de la paix ?
Pourquoi, M. le Président, vous êtes-vous quelquefois amusé
à paraître piper les dés ? Le 12 septembre la Russie a enfin
décidé d'appeler un chat un chat et l'on a pu lire sous votre
plume dans le New-York Times: "Il est alarmant
de constater que l'intervention militaire des Etats-Unis dans
les conflits intérieurs des autres pays est devenue monnaie
courante. Est-ce dans l'intérêt à long terme de l'Amérique?
J'en doute. Des millions de gens dans le monde entier voient
de moins en moins les Etats-Unis sous les traits d'une démocratie-modèle,
mais comme un Etat exclusivement fondé sur le recours à la force
et habile à concocter des coalitions sous le refrain: Qui n'est
pas avec nous est contre nous".
L'Europe
ligotée à son pacificateur depuis trois quarts de siècle remercie
l'ex-empire des Tsars d'avoir si clairement cessé de jouer au
géant que tourmenterait une piqûre d'insecte, l'Europe qui récitait
ses prières en vassale d'un ciel étranger salue un homme d'Etat
que n'a jamais chatouillé la vaine gesticulation atomique du
"protecteur" de l'Europe: tout le monde sait que la solidité
de votre conque cérébrale fait enrager le dompteur qui nous
broie. Pourquoi aideriez-vous Washington à rassembler ses poussins
autour de ses bivouacs et de ses chapelets? Pourquoi joueriez-vous
à l'Hercule menacé par un attrape-nigauds? Mais deux précautions
valent mieux qu'une: mettez un comble à votre charité et enseignez
à un continent que son grand âge a fait retomber en enfance
un regard d'anthropologue sur la politique semi zoologique du
genre simiohumain. Seul un savoir informé de l'animalité propre
à l'espèce simiohumaine nous permettra de frapper l'Amérique
à la tête. Nous avons grand besoin de neurones. Nos pharmacies
croulent sous des tonnes de vitamines utiles à notre ossature
- c'est de cervelles en marche que nous sommes cruellement dépourvus.
C'est
pourquoi, M. le Président, nous vous demandons instamment -
ut supra dictum est - de nous aider à élever l'ironie
politique au rang de la seule arme nucléaire crédible de ce
siècle. Tous nos grands hommes, d'Aristophane à Cervantès, de
Swift à Molière, de Platon à Shakespeare se sont montrés des
rieurs de génie. Platon nous a enseigné que le comique est le
plus puissant moteur de la raison, Erasme, que le comique révèle
aux aveugles eux-mêmes qu'ils ne sont pas aussi sots qu'ils
l'affichent, Voltaire, que le comique réveille en sursaut l'humanité
endormie, Molière, que le comique est le flambeau de la profondeur
d'esprit, Swift, que le comique nourrit la fierté et le courage
de penser droit, Rabelais, que le comique rend joyeuse la lumière
de la pensée, Shakespeare, que le comique est la flûte enchantée
dont le registre passe du murmure au brutal, du suave au tranchant,
du parfum le plus délicat au gourdin du gros rire. Mais avant
eux tous, Aristophane nous a appris que le comique couvre de
ridicule jusqu'à la bêtise des dieux.
Si
vous susurrez aux oreilles des Européens que l'Allemagne est
une servante occupée par deux cents places fortes et qu'elle
a bien raison de porter le tablier troué des domestiques du
maître de la Liberté, de la Justice et de la paix du monde ,
si vous dites qu'un ennemi mystérieux de l'Allemagne, le nazisme
ressuscite jour après jour de ses cendres et que la Germanie
est appelée à servir de valet de pied aux angelots cuirassés
du Nouveau Monde, si vous félicitez les Européens de ce que
l'Italie se trouve si vertueusement quadrillée de cent trente
sept forteresses en dentelles et que ses prosternations ont
le mérite de la vieillesse, puisqu'elles ont trois quarts de
siècle d'âge, si vous ne tarissez pas de louanges sur un occupant
dont la générosité croulant sous les fards est allée jusqu'à
mettre la main sur le port de Naples, si vous appuyez cet éloge
de vos remerciements de ce que, tout récemment encore, le délivreur
de l'Italie ait sorti ses griffes et les ait plantées à Sigonella
en Sicile, si vous serrez sur votre cœur les foules attendries
qui ont si joyeusement battu des mains au spectacle de la ruée
des troupes du ciel sur Bagdad - elles sont parties en fanfare
de la base de Ramstein en Allemagne - si vous applaudissez à
tout rompre le tintements des clochettes qui ont passé par Pise,
Bologne et Florence, si vous déplorez que quelques citoyens
mal domestiqués aient tenté d'arrêter ces hordes d'acier à mains
nues, si vous rendez hommage à M. Berlusconi, ce Caton craquelé,
ce Sénèque de Capoue, ce Cincinnatus sans charrue, qui a envoyé
la police et l'armée mâter à coups de trique quelques patriotes
rebelles aux agenouillements, si vous remerciez le ciel des
pitres et la démocratie des matraques de ce qu'aucun clown de
la classe dirigeante n'ait omis de prononcer le panégyrique
des pâtres du peuple des moutons, vous prendrez avec une génération
d'avance le commandement de la guerre mondiale de l'intelligence
et vous monterez à l'assaut d'une forteresse en ruines: la cervelle
de la démocratie des prêtres de leur propre servitude.
Mais
pour cela, M. le Président , il me faut revenir à vos relations
privilégiés avec le pape François, parce que, depuis le 5 septembre,
date à laquelle il vous a écrit et depuis le 14 septembre, date
à laquelle vous lui avez répondu ( Lettre
imaginaire de Vladimir Poutine au chef de l'Eglise catholique,
14 septembre 2013) le Vatican
a débarqué plus résolument encore sur la scène internationale.
Certes, ce pas de géant se laissait présager; mais il pose la
question de la rivalité à venir entre "Dieu" et les grands chefs
d'Etat. Car si le créateur, comme voudrait le croire François,
se met à porter un regard d'aigle sur la politique de sa créature,
cela modifiera la place de toutes les autres pièces sur l'échiquier
de l'histoire. Du coup, les grands dirigeants vont se colleter
avec l'histoire sur le double front de la politique, celui de
l'éternité et celui de la terre et ils feront à nouveau
parler le ciel de la nature du genre humain et de ses prochaines
aventures dans la méta-zoologie.
Je
vous entretiendrai de ces nouveaux rebondissements le 5 octobre;
ce serait abuser de votre écoute de vous en entretenir dès aujourd'hui.
.
Le 28 septembre 2013
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