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20 septembre 2013

Le Rallye des Camps 2013 de Kader Hamiche (suite)

Éditorial de lucienne magalie pons

Le 19 août Kader Hamiche n'était  pas encore au bout de son périple du "Rallye des Camps 2013",  bien sûr nous sommes impatients de découvrir les étapes suivantes jusqu’à la fin de son parcours de mémoire en souvenir et en hommage à nos frères les Harkis.

Voici ci-dessous de source du Blog de Kader Hamiche  le compte-rendu de son étape Béziers-Camp-du-Larzac et Brusque. 

19 août 2013 : Béziers-Camp du Larzac et Brusque

    Pris par des échéances personnelles et d’autres relatives à la création de la Fondation PNH, j’ai quelque peu négligé le compte-rendu du Rallye des Camps 2013. Au point que des amis très sincères m’en font délicatement le reproche. Mais je suis sûr qu’on me le pardonnera car rien ne fera que le périple n’a pas eu lieu. Ce, d’autant plus que le Rallye des Camps 2013 fera l’objet d’un petit livre qui me donnera l’occasion de faire l’historique de chacun des six camps dits « de transit et de reclassement » et des soixante-neuf hameaux de forestage où les Harkis séjournèrent entre 1962 et 1976. Je vous livre ici le dernier compte-rendu circonstancié avant un texte final où je regrouperai les dernières étapes et où, surtout, le ferai un bilan du Rallye. Ce qui permettra d’y voir plus clair à beaucoup de lecteurs qui n’en ont pas forcément compris les tenants et aboutissants.
Larzac                                                                                   Le 
camp du Larzac en juillet 62


      Après Saint-Maurice-l’Ardoise, c’est vers un autre haut lieu de l’Histoire des Harkis que mon périple me conduisait : le Larzac. Dans la mémoire collective de nos compatriotes de mon âge, le Larzac est d’abord un des symboles de la lutte des anti-militaristes des années soixante-dix. Pour les moins de quarante ans, c’est José Bové démantelant le Mc Do de Millau. Pour les Harkis, c’est et restera un immense camp de toile où douze mille d’entre eux subirent les rigueurs d’un climat sibérien.


    La montée vers le Larzac m’est très familière car je l’ai maintes fois effectuée quand j’habitais Béziers. J’en ai conservé deux souvenirs réjouissants. L’un est la première fois que je réussis à grimper le col du Pertuis et ses huit-cents-trente-neuf mètres. Le second est une escapade improvisée de cent-soixante-dix mètres par ce même col pour aller entendre José Bové en meeting à la Couvertoirade. Il fallait vraiment être maso, mais je suis comme ça : j’aime bien vérifier in situ mes impressions. Le problème des libertariens comme Bové, Besancenot ou …Onfray (que j’adore, par ailleurs) est qu’ils font les meilleurs diagnostics mais proposent des « solutions » improbables ou délirantes. S’agissant de l’agriculture et de la malbouffe, Bové est parfaitement sur cette ligne.
    Ce fameux dimanche de 2007, je crois, où j’ai décidé d’affronter les vents du Larzac pour entendre ses délires, je ne fus pas déçu. Mais j’en retiens surtout la « qualité » de ses auditeurs : un parterre d’enseignants bobos soixante-huitards déconnectés de la vraie vie et écoutant religieusement un discours débité sur un ton larmoyant, triste, atone. La gorge en feu car n’ayant pas bu une goutte d’eau depuis le Col de la Baraque de Bral, j’avais quitté le meeting pour trouver de quoi étancher ma soif. Et je me souviens n’avoir rien trouvé à moins d’1 € 50 le litre d’eau.

    C’est à cette journée que je pensais en affrontant le vent du Nord qui balaie en permanence le plateau, un vent pire que les dix kilomètres de côte qui y mènent depuis Lunas jusqu’au dernier col. Arrivé sur le plateau, à la hauteur du Caylar, j’ai la visite de Claude Ortuno, venu à ma rencontre. Il me propose de m’avancer un peu car de nombreux officiels m’attendent devant l’Hôtel de la Poste de La Cavalere. Je décline l’offre. Tant pis, ils attendront encore une heure car il me reste vingt-trois kilomètres à parcourir contre le vent. Plus loin, ce sont deux gendarmes en patrouille spéciale qui me fait la même proposition. Je tiens bon. L’étape est trop courte (cent-quatre kilomètres) pour que je m’autorise une tricherie.

La Cavalerie
     
C’est avec une heure de retard que j’arrive à destination sous les applaudissements d’une quarantaine de personnes venues m’accueillir. Au milieu d’elles, le sosie du général Powell s’impose comme le chef d’orchestre. C’est Serge Ighilameur, le président de l’association « Les harkis aveyronnais » que je n’avais encore jamais rencontré et qui s’est mis en quatre, avec l’ami Claude Ortuno, pour organiser cette réception. Le temps de siffler une pression, il me présente aux nombreux officiels présents qui, tous, me félicitent et expriment leur sympathie pour les Harkis. J’apprends que l’ancien ministre et Maire de Millau, Jacques Godfrain, avait tenu à me rencontrer mais n’avait pas pu attendre plus longtemps.

    Le programme étant chargé, j’ai peu de temps pour me raser, me doucher, me changer et me rendre avec Serge au Centre d’Entrainement de l’Infanterie au Tir Opérationnel (CEITO) où une cérémonie est prévue devant la stèle érigée en hommage aux Harkis. Nous avons ensuite droit à un apéritif servi au mess du centre par des militaires en grande tenue. Puis c’est le retour à la Cavalerie où nous dînons à l’Hôtel-Restaurant de la Poste.

Stèle_Larzac
Stèle du Larzac
    Le lendemain, Serge, venu de Millau, passe me prendre à l’hôtel pour m’emmener à Brusque, à soixante-quatre kilomètres de là. Car ce petit village a, comme le voisin Saint-Rome de Cernon, reçu plusieurs familles de Harkis dans un hameau forestier. C’est là qu’une stèle, pas encore inaugurée, a été érigée en mai dernier. La cérémonie, dirigée par Serge en porte-drapeau est plus impressionnante qu’au Larzac car la Marseillaise est magnifiquement chantée d’une voix de stentor par un géant barbu qui se trouve être le chef de la chorale locale. Et je suis touché en découvrant l’inscription  »Rallye des Camps 2013″ sur la gerbe offerte par le maire Bruno Ferrand.
Stèle_Maire_Brusque                         018      
Stèle de Brusque (A gauche, le maire M. Bruno Ferrand)                 Rabah-Serge Ighilameur



Mais il faut vite partir car une nouvelle et difficile étape, m’attend. Serge me dépose à Saint-Sernin sur Rance, d’où je dois parcourir cent-trente-cinq kilomètres pour rallier Montauban avant la nuit. (A suivre)

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