Éditorial de lucienne magalie pons
Le 12 septembre 2013 le Réseau Voltaire publiait un article du Général Dominique Delaware aux termes duquel il expose ses doutes quant à l’opportunité d’une éventuelle intervention militaire en Syrie en répondant à quelques questions simples , il explique aussi avec des précisions à l'appui qu'il s’agit aussi de donner matière à réfléchir à ceux qui veulent vraiment étudier le problème sans se contenter des logorrhées verbales bien pensantes et des affirmations péremptoires des hommes politiques de tous bords.
Bien entendu les mass médias système n'ont pas relayé ou mis en évidence cet article, mais à l'époque de nombreux sites algériens, dont notamment le site du journal "Algérie Patriotique" ,et d'autres sites étrangers qui ne sont pas liés par la fumeuse méthode "politiquement et médiatiquement correcte " de désinformation et manipulation française , on repris et commentés largement cet article en allant dans le sens du Général Dominique Delaware.
De notre côté en tant que page d'information indépendante et libre de toute contrainte politique ou idéologique , nous avons décidé de reproduire ces informations toujours sur le fond d'actualité, qui contiennent une très grande précision informative, pour ré-informer deux ans après nos lecteurs qui comme nous ne gobent pas les gloussements des journaleux crapauds français au service de la désinformation.
Nous commençons donc d'abord par publier ci-dessous :
- en "Titre 1" : l'article du Général Dominique Delaware " Syrie : ingérence délibérée, prétexte douteux" , publié par le site "Réseau Voltaire" le 12 septembre 2015, avec en préalable la présentation qui précède l'article
- en " Titre 2 " , à la suite, l'article de Mohamed El-Ghazi publié par Algérie Patriotique le 14 septembre sous le titre : Un général français : "François Hollande nous manipule"
- Titre 1 :
Syrie : ingérence délibérée, prétexte douteux
Alors
que certains journalistes, puis le gouvernement français, mettent en
cause la loyauté nationale des Français mettant en doute les accusations
formulées par les services de Renseignement français, le général
Dominique Delawarde met les pieds dans le plat. Pour lui, les preuves
indubitables produites par le pouvoir politique ne sont absolument pas
crédibles d’un point de vue militaire.
Réseau Voltaire
| Paris (France)

Ancien chef du bureau Situation-Renseignement-Guerre électronique de
l’état-major inter-armes de Planification opérationnelle en région
parisienne, ayant servi près de deux années au Proche-Orient, dont 14
mois en qualité de chef du bureau renseignement de la Force Intérimaire
des Nations Unies au Liban (FINUL), ayant fait une bonne douzaine de
séjours dans la région (Qatar, Émirats, Koweït), ayant enfin servi trois
années aux États Unis en qualité d’officier de liaison auprès de
l’Enseignement militaire supérieur US, je crois connaître mieux que le
citoyen moyen, voire que certains experts autoproclamés, les problèmes
du Proche et du Moyen-Orient. Je me suis toujours tenu informé sur ce
qui s’y passait et, par conséquent sur le sujet qui nous préoccupe
aujourd’hui : une éventuelle intervention militaire en Syrie.
Cet article a pour but de donner les raisons précises de mes doutes
quant à l’opportunité d’une intervention en répondant à quelques
questions simples. Il s’agit aussi de donner matière à réfléchir à ceux
qui veulent vraiment étudier le problème sans se contenter des
logorrhées verbales bien pensantes et des affirmations péremptoires des
hommes politiques de tous bords.
Les preuves indubitables présentées par le Premier ministre aux députés sont-elles convaincantes et crédibles ?
Quelles que soient ces preuves, ma réponse est non.
Les preuves peuvent évidemment être indubitables puisque personne n’a
d’éléments concrets pour les mettre en doute. Mais elles peuvent être
fausses. Je n’ai pas la mémoire courte et me souviens du général
états-unien Colin Powell présentant aux Nations Unies, avec un aplomb
incroyable, ses « fausses preuves indubitables » établies par la
CIA sur l’existence d’armes de destruction massive en Irak pour
justifier l’intervention militaire qui a suivi. Je sais qu’en France,
phare de l’humanité, on ne ment jamais, mais tout de même ...
Personnellement, j’ai la conviction intime que nous sommes en
présence d’une nouvelle manipulation avec le massacre au gaz chimique de
Damas et je vais tenter d’en convaincre le lecteur.
À qui profite ce « massacre » au gaz ?
Certainement pas à Bachar El-Assad qui n’aurait jamais pris le
risque de franchir cette ligne rouge posée depuis longtemps par les
États-uniens et les Franco-Britanniques. Il savait qu’une intervention
occidentale suivrait toute utilisation de gaz et signifierait sa chute à
courte échéance. Il savait que les Nations Unies étaient mandatées pour
étudier l’utilisation des gaz en Syrie. Il possède un arsenal suffisant
pour frapper ses adversaires sans faire appel au gaz. Aurait-il pris un
tel risque, à un tel moment pour tuer seulement quelques centaines
d’adversaires en banlieue de Damas, capitale du pays, à une relative
proximité des délégations diplomatiques étrangères ? Cette affirmation
absurde ne tient pas la route.
Ce « massacre », dont nul ne connaît l’ampleur réelle, profite donc aux deux autres parties en cause dans cette affaire.
D’abord aux opposants à Bachar El-Assad qui, si intervention il y a,
ont toutes les chances de gagner rapidement leur combat et de prendre le
pouvoir en Syrie.
Ensuite aux États-uniens et aux Franco-Britanniques qui souhaitent
depuis longtemps affaiblir le Hezbollah libanais, mais surtout l’Iran
(cible principale en raison du nucléaire), en supprimant leur allié de
toujours : la Syrie de Bachar El-Assad.
Y a-t-il eu d’autres précédents dans ce genre de manipulation ?
La réponse est oui.
Il y a eu Timisoara (décembre 1989) où les médias du monde entier ont
repris pendant près de six semaines la fausse information d’un « massacre »
de 4 600 personnes pour aider à faire tomber Nicolae Ceaușescu. En fait
les opposants avaient déterré quelques cadavres des cimetières de la
ville, les avaient entourés de fils de fer barbelés et avaient tourné
des images horribles visant à faire pleurer les téléspectateurs
occidentaux. Ils ont ensuite, sur la foi de ces images manipulées,
avancé le chiffre énorme de 4 632 victimes qui n’existaient pas , mais
que personne n’a osé mettre en doute. Leur coup était joué et gagné
puisqu’il a entraîné la chute de Ceaușescu.
Après coup les médias et les politiques occidentaux ont eu le bon
goût de s’excuser pour leur erreur et ont avoué qu’ils avaient été
manipulés... mais l’objectif était atteint.
Il y a eu deux autres manipulations de ce type en Bosnie et au Kosovo
lorsque j’étais en fonction. Elles ont été réalisées avec succès et
l’opinion et les médias n’en ont jamais connu les tenants et les
aboutissants.
Comment une telle manipulation avec utilisation de gaz aurait elle pû être réalisée par l’opposition ?
C’est assez simple à réaliser…
L’opposition prend quelques familles entières (hommes, femmes,
enfants, vieillards) soupçonnées d’être pro- Bachar et capturées lors
des combats. Elle utilise du gaz prélevés sur les stocks de l’Armée
arabe syrienne par du personnel déserteur. Elle gaze et filme les
derniers instants horribles, puis, en appelle à l’ONU et aux
États-unis. Le tour est joué. Pour faire bonne mesure, vous rajoutez
quelques témoins de votre camp pour raconter l’horreur, vous avancez le
chiffre de 1 700 morts, chiffre invérifiable (comme celui de Timisoara)
et vous envoyez les images les plus horribles.
La manipulation est servie...
Le renseignement français prétend que les rebelles n’ont pas les
savoir-faire pour mettre en œuvre les gaz. C’est oublier un peu vite que
les rebelles sont soutenus et conseillés par des services spéciaux
étrangers qui, eux, ont toutes les connaissances nécessaires.
Pourquoi les Allemands, les Canadiens et même les député britanniques doutent-ils du bien-fondé de l’intervention militaire ?
Ces trois pays se doutent bien qu’il y a très probablement une
manipulation. Ils ont eux aussi des services de renseignement et un
minimum de bon sens. Ils ne veulent pas engager la vie de leurs soldats
sur des preuves qui pourraient bien s’avérer « bidon » et
analysent les conséquences d’une telle intervention. Ils préfèrent
s’occuper du rétablissement de leur économie en crise et de la sécurité à
l’intérieur de leurs frontières avant d’aller jouer, à crédit comme le
fait la France, les justiciers dans le reste du monde.
Par ailleurs, il ne peut échapper à personne que les gaz sont
volatils et que l’utilisation de gaz dans une zone urbanisée comme Damas
très majoritairement et densément peuplée par les partisans de Bachar
El-Assad pourrait se retourner contre ses auteurs au moindre coup de
vent...
Cette utilisation de gaz dans la ville de Damas n’est tout simplement pas crédible. Il est vrai que « plus c’est énorme, plus ça passe », mais là, la ficelle est un peu grosse...
Quelles conséquences régionales et internationales en cas d’intervention militaire ?
Pour la Syrie même, une seule certitude. La chute de Bachar El-Assad,
chef d’état laïque, entraînera la débâcle et l’exil pour les
populations chrétiennes et alaouites dont la majorité l’aura soutenu
pendant de très nombreuses années, voire pour de nombreux sunnites...
donc, de nouveaux massacres et de nouvelles masses de réfugiés... Est-ce
le but recherché ?
Pour les Israéliens, une Égypte et une Syrie affaiblies, divisées et
dont les économies auront été ramenées 50 ans en arrière, ne
représentent plus une menace sérieuse pour très longtemps. Une
intervention états-unienne et franco-britannique n’est pas une mauvaise
affaire pour eux, au point de se demander si nous ne « travaillons » pas un peu à leur profit...
L’Iran étant la prochaine cible, connue de tous, il est probable que
le prix du pétrole explosera assez vite à la suite de l’intervention,
entraînant de nouvelles difficultés pour nos économies déjà fragiles.
L’intervention aura un coût pour un pays déjà surendetté comme le
nôtre. Ce coût sera évidemment supporté directement ou indirectement par
le contribuable. À moins que le gouvernement ne réalise l’opération à
budget de Défense constant ce qui conduira à échelonner les dépenses
d’équipement et à retarder, une fois de plus, la modernisation de nos
forces.
Une telle participation française à une intervention relève-t-elle de l’ingérence humanitaire et/où du respect des conventions de Genève ?
Si tel était le cas, pourquoi la France n’a-t-elle pas proposé
d’intervenir militairement lors du massacre de Gaza en Janvier 2009
(1 300 morts, bien réels ceux là, dont 900 civils et 300 enfants) ?
L’armée israélienne avait alors utilisé des bombes au phosphore
interdites par les conventions de Genève...
Y aurait-il deux poids deux mesures ? Des massacres autorisés ou tolérés et des massacres interdits ?
Autres éléments troublants, en vrac
Le 6 mai dernier, Carla del Ponte, ancienne procureur de la Cour
pénale internationale, membre de la commission indépendante mandatée par
l’ONU pour enquêter sur l’utilisation de gaz en Syrie déclarait que les
rebelles (et non les forces du régime) ont utilisé du gaz sarin.
Toute vérité n’étant pas bonne à dire dans un monde onusien largement
financé par les USA, la commission indépendante (peut être moins qu’on
ne le croit) déclarera dès le lendemain que les preuves sont
insuffisantes pour accuser formellement la rébellion d’utilisation de
gaz...
Par ailleurs la mission d’observateurs de la Ligue arabe envoyée au
début du conflit a publié un rapport très équilibré sur les violences en
Syrie dès janvier 2012. J’ai noté dans ce rapport :
« 28 – La mission a noté l’émission de faux rapports émanant de
plusieurs parties faisant état de plusieurs attentats à la bombe et de
violence dans certaines régions. Lorsque les observateurs se sont
dirigés vers ces zones pour enquêter, les données recueillies montrent
que ces rapports ne sont pas crédibles.
29 – La mission a noté également, se basant sur les documents et les
rapports émanant des équipes sur le terrain, qu’il y a des exagérations
médiatiques sur la nature et l’ampleur des accidents et des personnes
tuées ou blessées à la suite des événements et des manifestations qui
ont eu lieu dans certaines villes. » [1]
Cet excellent rapport établi par une commission majoritairement
sunnite (donc plutôt anti-Bachar) n’était sans doute pas suffisamment
anti-Bachar pour être évoqué par les médias occidentaux. Il mérite
pourtant une lecture attentive. À ceux qui souhaitent s’informer au delà
du prêt-à-penser politique français, il suffit de le lire.
En conclusion, vous aurez compris que je ne crois pas un instant que les « preuves indubitables »
françaises, quelles qu’elles soient, puissent justifier, à ce jour, une
intervention militaire de quelque niveau que ce soit. Je sais
évidemment qu’une grande partie des forces rebelles est composée de
mercenaires financés par le Qatar et l’Arabie Saoudite (sunnites
wahhabites) dans leur croisade contre les alaouites et les chiites.
Cette force rebelle, soutenue par les États-uniens et les
Franco-Britanniques, n’est donc pas vraiment celle d’une « Armée syrienne libre ».
Les Nations Unies rendront leur rapport dans quelques semaines tout
au plus. Sera-t-il impartial ? Je l’espère. Mais je sais que les
financements US sont vitaux pour l’ONU et qu’il lui est parfois
difficile d’être vraiment indépendante.
Je voudrais terminer en disant que je ne suis pas un partisan de
Bachar El-Assad, loin s’en faut. Mais il est très probablement moins
pire que celui qui pourrait prendre sa suite. La justification et les
conséquences de nos actes doivent donc être examinées beaucoup plus
sérieusement qu’elles ne le sont aujourd’hui.
Je constate enfin que la « communauté internationale », terme
utilisée indûment par nos hommes politiques et repris par nos
journalistes à longueur de journée, ne semble compter aujourd’hui que
trois pays : les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France qui
représentent à eux trois moins de 8 % de la population mondiale.
Les positions de la Chine, de l’Inde, de la Russie, du Brésil, du
Japon, de l’Allemagne sont presque totalement occultées des débats
internationaux, y compris sur la Syrie, alors qu’ils constituent près de
60 % de la population mondiale. Font-ils partie ou non de la communauté
internationale ? Il y a, là aussi, matière à réflexion...
[1] « Rapport du chef de la Mission des observateurs de la Ligue Arabe en Syrie pour la période du 24/12/2011 au 18/01/2012 », Réseau Voltaire, 2 février 2012.
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