14 septembre 2008

Nous avons reçu notre Pape Benoit XVI















article de lucienne magalie pons, lambda catholique romaine et laïque consentante de surcroit

En application de mon principe de laïcité qui est de ne pas embarrasser mes lecteurs de mes considérations religieuses, je n’ai pas pour intention de revenir sur la description de la visite du pape Benoit XVI dans notre pays et des réceptions officielles, culturelles et des cérémonies religieuses qui se sont célébrées à cette occasion. , les journaux quotidiens et magazines l’ont fait et certainement mieux que je ne saurais le faire.

Je ne vous entretiendrai pas davantage, pour autant que ça intéresserait quelqu’un - ce dont je doute sincèrement -, ce que j’ai ressenti religieusement avec ma foi de chrétienne de l’Eglise catholique romaine. Mes sentiments religieux restent de mon domaine privé spirituel que je ne partage qu’à la demande de l’un ou de l’autre des mes ami(e)s et toujours selon mon principe de laïcité avec une ouverture d’esprit laïque, acquise dans mon enfance et mon adolescence par une éducation familiale et parachevée à l’école publique, en ensuite confortée dans la pratique de mon militantisme politique.

Je ne reviendrai pas non plus sur la polémique exagérée qui s’est élevée à p roposde sa visite en France et de sa réception à l’Elysée, le pape en dehors de sa mission pontificale est de plus le chef d’état du Vatican et Le Président de la République Française se devait de le recevoir officiellement.

Mais je reviendrai volontiers sur quelques déclarations qui illustrent bien une polémique politique qui s’est développée sur le principe de laïcité.

Des personnalités se sont interrogées sur la « laïcité positive » nouveau concept que Monsieur Nicolas Sarkozy défend et Monsieur François Hollande a déclaré en réponse via les médias qu’ "Il n'y a pas de laïcité positive ou négative, ouverte ou fermée, tolérante ou intolérante. Il y a la laïcité. C'est un principe républicain"……tout en faisant savoir que Nicolas Sarkozy "ne doit pas donner le sentiment qu'il y aurait une confusion entre la République et un culte"

"La laïcité, c'est de séparer l'espace privé de l'espace public" a expliqué Monsieur François Hollande

Ndlr ; ce que la majorité des Français savaient déjà, mais il est bon de l’entendre rappeler souvent, que ce soit par la voix d’un socialiste ou d’un autre homme politique, neutre, ou encore religieux, dans notre pays ou se développent des courants religieux nouveaux qui n’ont pas encore saisis que notre pays a adopté un régime républicain et laïque qui se traduit dans la vie civile par une séparation institutionnelle de l’Etat et de l’Eglise, et que chacun est libre de sa religion sans qu’elle ne puisse être utilisée pour obtenir gain de cause administrativement, civilement ou juridiquement ou s’imposer politiquement.

"Ce qui est de l'ordre de la croyance doit s'exprimer à travers un culte mais qui ne doit pas se confondre avec l'Etat", a encore expliqué Monsieur Hollande, "c'est quand on parle de laïcité positive qu'on donne une mauvaise conception de ce que doit être l'organisation de la République". "Ce que je demande au président de la République, c'est de défendre la laïcité -il en est d'ailleurs le garant- et de ne pas confondre ses croyances personnelles, respectables, avec sa responsabilité qui est de permettre l'égalité de tous, la liberté de chacun et le fait qu'il ne peut pas y avoir de confusion entre l'espace du religieux et l'espace de l'Etat et de la République".

Ainsi l’analyse et la déclaration de Monsieur Hollande judicieuse et mesurée correspond bien à ce que ma personnalité laïque ressent et ma libre personnalité religieuse ne s’en porte que mieux.

D’autres personnalités l’ont rejoint en des termes tout autant significatifs pour faire part de leur désaccord sur la vision laïque de notre président :

Monsieur François Bayrou (Modem) a fait savoir qu'il était « contre le mélange des genres entre l'Etat et la religion »

Monsieur François Baroin, ancien ministre de l'Intérieur (chiraquien) a estimé que la laïcité est "une valeur absolue" et n'est donc "ni positive ni négative".

Madame Marie-George Buffet (PCF) a exprimé son inquiétude (ndlr : inquiétude politique ) "Nicolas Sarkozy met toujours un adjectif à côté de la laïcité et ça m'inquiète. Je préférerais qu'on en reste au concept lui-même", a-t-elle souhaité.

Avec l’extrémisme, le fanatisme et l’exagération qui le caractérisent, , l’ayatollah de l’UMP Frédéric Lefebvre, député, l’un des trois porte-parole de l'UMP, a répliqué en accusant le PS de faire preuve "d'intolérance", de "dénigrement" et "d'insulter tous les chrétiens de France".

Ndlr : En tant que chrétienne je ne vois pas ou est le dénigrement, l'intolérance et l'insulte dans les propos de Madame Buffet et Messieurs Hollande, Baroin et Bayrou, mais bien au contraire rassurée sur ce qu'ils disent de la séparation des pouvoirs de l’Etat et de l’Eglise, qui répétons le encore une fois sont indépendants l’un de l’autre et garantissent la liberté d’agir et de penser des citoyens en se conformant à l’organisation de la République.

D’après Monsieur Nicolas Sarkozy, se priver des religions, est une faute contre la pensée :

« Ce serait une folie de (se) priver (des religions), tout simplement une faute contre la culture et contre la pensée", a déclaré vendredi le président Nicolas Sarkozy en recevant le pape à l'Elysée. "C'est pourquoi j'en appelle à une laïcité positive", a-t-il insisté. "Dans la République laïque qu'est la France, tous, très Saint-Père, vous accueillent avec respect en tant que chef d'une famille spirituelle dont la contribution à l'histoire du monde, à la civilisation et à l'histoire de France n'est ni contestable ni contestée", a-t-il poursuivi. "Nous assumons nos racines chrétiennes", a-t-il ajouté. Soulignant que la France était "multiple", il a redit sa volonté "de tout faire pour que nos compatriotes musulmans puissent vivre leur religion à égalité avec toutes les autres".

Ndlr : Parle-t-il pour lui à titre personnel ou au nom de l’Etat ? S’il parlait pour lui, bon passe, on pourrait le comprendre, mais non il parle au nom de la République et ses propos ont été perçus comme une nouvelle attaque contre la laïcité et la loi de séparation des églises et de l'Etat en vigueur en France depuis 1905, et je note moi en tant que simple lambda citoyenne que les individus qui se priveraient de religions commettraient une folie contre la culture et les religions ! Il y aurait donc beaucoup de fautifs et de fous en France dont les athées et les libres penseurs !

Quant à assumer nos racines chrétiennes, Monsieur le Président, pour ceux d’entre nous croyants et chrétiens, nous les vivons dans notre foi, il ne s’agit pas pour nous catholiques ou protestants de les assumer comme une charge politique obligée.

Rappelons que Monsieur Nicolas Sarkozy, avait fait un regrettable, inutile et injuste parallèle entre l’instituteur et le curé ou le pasteur, dans son discours prononcé le 20 décembre 2007 dans la salle de la signature du Palais de Latran, en déclarant : "Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur, même s’il est important qu’il s’en approche, parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance".

Ndlr : Il serait temps pour Monsieur Nicolas Sarkozy de s’abstenir nous moraliser et de nous provoquer avec sa vision personnelle des religions, et de vouloir nous imposer une instruction laïque « positivée » à sa façon.

Nos instituteurs, nos Curés, nos Pasteurs, chacun dans leur domaine respectif d’enseignement distinct, transmettent les valeurs qu’ils ont à transmettre sans qu’il y ait lieu de valoriser les uns par rapport aux autres et de citer à contre courant « la radicalité du sacrifice de sa vie etc.…. Je ne vois pas ou se trouve le sacrifice dans la transmission des valeurs, ce que dit Monsieur Sarkozy à ce sujet est pour moi tout simplement du charabia et s’il se contentait de soutenir le principe laïc dans sa rigueur républicaine sans l’agrémenter de fioritures de langages inutiles et de comparaison désobligeantes , ce serait parfait dans le meilleur des mondes qui entend le rester.


Benoît XVI au cours de sa visite a souligné «la fonction irremplaçable de la religion pour la formation des consciences et de la contribution qu'elle peut apporter, avec d'autres instances, à la création d'un consensus éthique fondamental dans la société, et il a jugé «fondamental» d' "insister sur la distinction entre politique et religieux" afin de «garantir aussi bien la liberté religieuse des citoyens que la responsabilité de l'État envers eux».

ooOoo

Jésus quelques siècles auparavant avait dit en peu de mot « Rendons à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu »

N’est-ce pas là la meilleure définition de la séparation du domaine matériel du pouvoir de l’Etat et du domaine spirituel de la religion ?

Cette séparation est le meilleur garant de notre liberté citoyenne individuelle quelque soit notre appartenance religieuse.


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