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25 mai 2013

La guerre culturelle au Festival de Cannes, par Manuel de Diéguez

Éditorial de lucienne magalie pons


note de Lucienne Pons : Je me suis abstenue jusqu'à présent sur mon site  d'écrire sur le Festival de Cannes, je suis très peu intéressée par ces grandes parades sur tapis rouge  d'un palace somptueux, où des célébrités du monde du spectacle , de la jet set,  et même des personnalités  politiques  sont mitraillés par les caméras, interviewés, sollicités par les médias  à donner leur avis , en leur accordant  valeurs d'oracles, alors que la plupart du temps ces personnes interrogés font surtout leur publicité et apologie personnelle , avant même d'attendre le verdict du Jury.

Et puis encore  je déteste le ridicule du message véhiculé par toutes ces reproductions  d'images de stars  que l'on voit sur papier glacé  dans tous les magazines et sur les  écrans  , les femmes dans des robes  époustouflante de luxe et parées de bijoux , certaines  si  scandaleusement dénudées sous ces toilettes astronomiquement couteuses,  mettant en évidence leurs seins et leur fesses comme pour appâter une future clientèle, et les hommes emballés dans des costumes de circonstances comme des pingouins,  comme s'il s'agissant de la plus prestigieuse cérémonie du siècle.


Mais aujourd'hui,  je me réjouis de publier une étude de grande qualité qui  évalue  ce Festival  tout aussi étrange et particulier que la plupart des œuvres qu'il met en compétition.
    
Il s'agit d'un travail de Manuel de Diéguez, philosophe contemporain,   que je vous laisse découvrir ci-dessous :
 

SOURCE : 




La guerre culturelle au festival de Cannes

  

1 - Un Indien d'Amérique
Avec quelles complicités de l'Etat le festival de Cannes a-t-il pu projeter un film qualifié de français, Jimmy P., psychothérapie d'un Indien des plaines, mais parlant anglais, tourné aux Etats-Unis et produit par une entreprise américaine ? Le scénario, tourné par M. Arnaud Desplechin, met en scène deux étrangers, un Indien, d'un côté, que la guerre de 1940 à 1945 a gravement déséquilibré et que les psychanalystes du Nouveau Monde ne parviennent ni à guérir, ni même à soigner, parce qu'ils ne comprennent goutte à sa culture, et, de l'autre un acteur français censé imiter le fort accent hongrois d'un psychanalyste franco-américain, né juif roumain, György Dobó, mais qui abjura la religion juive, se fit baptiser catholique et prit le nom de Georges Devereux. A ce titre, le film le présente en personnage non moins étranger que l'Indien à la mentalité du pays d'accueil dans lequel il exerça son art jusqu'à sa mort en 1985. Ce polyglotte parlait le roumain, le hongrois, l'allemand, l'anglais, le français, mais il apprit également le maltais et le mohave, ces Indiens dont les mœurs et la sexualité firent l'objet de sa thèse de doctorat d'anthropologie à l'université de Berkeley. 
 
Les autorités françaises d'aujourd'hui savent-elles que Georges Devereux avait fondé aux Etats-Unis, il y a une soixantaine d'années, une école de psychanalyse hyper superficielle, l'ethnopsychiatrie, qui avait connu une vogue passagère en raison de l'usage politique auquel son acéphalie la conduisait fatalement. Le sujet sain d'esprit se trouvait parfaitement immergé dans la société de l'endroit, tandis que le malheureux déviant se trouvait dangereusement guetté par la névrose et ressortissait aux soins attentionnés du faux disciple du grand Viennois. A ce compte, le spécimen à son aise sous le régime franquiste ou qui se portait comme le pont neuf sous les régimes nazi, stalinien ou sous l'inquisition géocentriste de l'Eglise du XVIe siècle permettait à l'ethnopsychiatrie américaine de s'épanouir à l'ombre de la sociologie mondiale, cette discipline de la neutralisation internationale des cerveaux et de la mise à égalité de toutes les cultures sous le bouclier d'une acéphalie universelle. 
 
Naturellement, huit ans seulement après la paix de 1945 - le scénario nous transporte dans l'Amérique de 1953 - le Nouveau Monde passait encore pour l'Eldorado de la démocratie mondiale sur une planète libérée du nazisme. Mais, de nos jours, il est bien évident que l'expansionnisme cinématographique américain a le plus grand intérêt à retrouver les présupposés et les méthodes de l'ethnologie de Georges Devereux, tellement cette discipline est devenue pain bénit pour une thérapie politique enracinée dans le salut par la médiation du mythe de la Liberté. L'orthodoxie marxiste l'avait si bien compris qu'elle soignait au titre de malades mentaux les opposants au collectivisme rédempteur. L'eschatologique religieuse cadenasse nécessairement l'hérésie dans l'enceinte d'une nosologie déclenchée par le Diable et dont la foi brisera les barreaux. La pestifération et la malédiction vont de pair avec une incroyance dont le statut se partage entre le péché et la folie.

Liens actifs pour lire les chapitres suivants :


2 - La démocratie sous le regard de l''ethnopsychiatrie
3 - Mme Filippetti face à l'OTAN culturel
4 - Les Indiens sommitaux
5 - Saint Ambroise et Symmaque
6 - Les chrétiens et la question de la vérité
7 - De la survie de la civilisation européenne
8 - Les nouvelles hallucinations
9 - Le trépas du mythe de l'immortalité
10 - Demain, le génie de l'Europe de Personne
 

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