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18 janvier 2011

TUNISIE : Mme. Alliot-Marie et de Mr. François Fillon s'expliquent

Éditorial de lucienne magalie pons

Madame Alliot-Marie, Ministre des Affaires Etrangères , et Monsieur François Fillon ont répondu ce jour aux questions des députés, sur la situation en Tunisie.

La situation évoluant plus vite en Tunisie  et pas tout à fait comme ils l'espéraient,  on peut noter dans leurs réponses  qu'ils ont bien l'intention "d'aider" , autrement dit  de "peser" dans la destinée politique de ce pays.

Mais leurs réponses sont déjà dépassées par les tous derniers rebondissements  de la situation en Tunisie(voir mon précédent article)

Quelques soient les intentions et la stratégie  du Gouvernement Français dans la poursuite de ses relations avec la Tunisie, il devra compter sur la confiance du peuple Tunisien qui n'est pas prêt à enterrer la hache de guerre avec les amis Français de Ben Ali, même si nos dirigeants  dans un revirement spectaculaire se sont vus contraints,  la mort dans l'âme,  de le jeter  comme un vieux portefeuille vide, par la force des évènements politiques qui se sont imposés à eux, comme à leur partenaire ami,  et qu'ils n'ont pu maîtriser;

 Après l'avoir soutenu jusqu'au dernier moment possible,  nos dirigeants maintenant  changent de cap, et  veulent  imposer  leur aide  et leur amitiés à  la population  tunisienne, seule la population Tunisienne décidera de son destin politique, ils n'ont pas l'air de le comprendre. Pourtant il devraient  se souvenir que quand  le vent de l'histoire se déchaîne ceux qui parlent trop vite passent pour des girouettes.



Voir ci-dessous les réponses de Madame Alliot-Marie et de Monsieur François Fillon aux députés, sur la situation en Tunisie.


Source : Site de l’Assemblée Nationale.
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 Extrait  du compte rendu de la Séance de questions au Gouvernement du 18 Janvier 2011
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Situation en Tunisie

M. le président. La parole est à M. Renaud Muselier, pour le groupe de l’Union pour un mouvement populaire.
M. Renaud Muselier. Ma question s’adresse à Mme la ministre d’État, ministre des affaires étrangères et européennes.
Nous sommes tous très attentifs à ce qui se passe en ce moment en Tunisie. Ce matin, madame la ministre, vous vous êtes exprimée devant la commission des affaires étrangères et nous avons eu le plaisir d’avoir une explication claire. (Exclamations et rires sur les bancs des groupes SRC et GDR.)

La parole de la France est, en effet, bâtie autour des notions fondamentales de notre diplomatie : pas d’ingérence, mais pas d’indifférence.

M. Jean-Paul Lecoq. De la complicité, peut-être ?

M. Renaud Muselier. Ce message est clair, apaisé et permet de voir l’avenir.
Madame la ministre d’État, nous sommes bien sûr très attentifs à ce qui se passe là-bas, puisqu’il s’agit d’un peuple ami. Nous avons des relations très fortes avec ce pays, sachant que près de 25 000 de nos compatriotes y vivent et que 1 500 entreprises y sont installées.

De surcroît, le peuple tunisien a manifesté sa soif et son besoin de démocratie et de liberté. Nous avons pu constater, pendant ces vingt-trois jours, à quel point les jeunes ont manifesté avec courage leur détermination pour plus de liberté. Nous avons été tout aussi surpris de voir à quelle vitesse l’armée a lâché le gouvernement en place. Nous avons pu constater également dans la presse que, systématiquement, une référence est faite à la constitution tunisienne. Cette révolution, qui a lieu à nos portes, à nos frontières, a des conséquences fondamentales.

Les événements tunisiens peuvent-ils avoir des conséquences sur les pays voisins, qui souffrent parfois des mêmes maux, connaissent les mêmes travers, et avec lesquels nous avons souvent le même genre de relations diplomatiques ? Peut-il y avoir un effet domino ?

Parallèlement à cela, existe-t-il un risque islamiste ?

Enfin, l’Union pour la Méditerranée, voulue par le Président de la République, n’est-elle pas la meilleure réponse aux problèmes du bassin méditerranéen ? (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)
M. le président. La parole est à Mme Michèle Alliot-Marie, ministre d’État, ministre des affaires étrangères et européennes.

Mme Michèle Alliot-Marie, ministre d’État, ministre des affaires étrangères et européennes. Monsieur Muselier, en ces moments décisifs pour la Tunisie, la France, bien sûr, se tient au côté du peuple tunisien. (Exclamations sur les bancs des groupes SRC et GDR.)

M. Roland Muzeau. Depuis quand ?

M. Jean Mallot. Avec une matraque ?

Mme Michèle Alliot-Marie, ministre d’État. Sans interférer, elle entend apporter toute l’aide possible à un peuple ami. Cela doit se traduire par un certain nombre d’actions et de coopérations concrètes,…

M. Jacques Desallangre. Avec la police ?

Mme Michèle Alliot-Marie, ministre d’État. …et il est vrai que l’Union pour la Méditerranée peut représenter aussi une réponse aux préoccupations tunisiennes, comme aux enjeux de l’ensemble des pays méditerranéens.

N’oublions pas que la Tunisie est effectivement un membre extrêmement actif de l’Union pour la Méditerranée. C’est donc une occasion pour nous de montrer ce que peut apporter l’Union pour la Méditerranée, notamment dans les domaines du développement et de l’enseignement supérieur, où il y a des besoins.

Cela peut également se faire dans le cadre du plan solaire méditerranéen où, d’ores et déjà, la Tunisie est un acteur majeur.

M. Henri Emmanuelli. Vous avez été nuls !

Mme Michèle Alliot-Marie, ministre d’État. D’autres projets concrets peuvent être développés pour la Tunisie dans ce cadre. Ce sera une façon de montrer aux populations quel est le plus de cette solidarité entre les deux rives de la Méditerranée, que ce soit dans le domaine du développement des PME et des PMI ou dans celui de la formation professionnelle.

M. Henri Emmanuelli. Ben voyons !

Mme Michèle Alliot-Marie, ministre d’État. Mais, au-delà de l’Union pour la Méditerranée, nous allons également poursuivre afin d’inciter l’Union européenne à intervenir pour aider la Tunisie à accomplir, comme elle le souhaite, un pas décisif, avec notamment l’acquisition du statut avancé. Nous avons, nous Français, demandé à l’Union européenne de faire des avancées majeures dans ce domaine. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

........

M. le président. La parole est à M. Jean-Marc Ayrault, pour le groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.

M. Jean-Marc Ayrault. Madame la ministre des affaires étrangères et européennes, la conduite des affaires étrangères de la France est un métier difficile ; la France dialogue, et cela même avec des nations qui ne sont pas gouvernées selon les principes de la démocratie.

Ce réalisme a été partagé par tous les gouvernements. Mais ce réalisme ne doit pas rendre aveugle aux violations répétées des droits de l’homme et des libertés ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.) Il est ainsi incompréhensible que Nicolas Sarkozy ait cru bon de faire l’éloge, au mois d’avril 2008 à Tunis, d’un régime « engagé dans la promotion des droits universels et des libertés fondamentales », au moment même où Ben Ali renforçait le caractère policier de ce régime. (Protestations sur les bancs du groupe UMP.)

De l’aveuglement à la faute, il n’y a souvent qu’un pas ; et c’est celui que vous avez franchi mardi dernier en répondant aux questions de plusieurs d’entre nous. (Protestations continuées sur les bancs du groupe UMP.)

Face à un soulèvement majoritaire et populaire, le pouvoir tunisien a choisi la répression et fait tirer à balles réelles sur des manifestants pacifiques et désarmés. La France aurait dû, par votre voix, s’élever avec force pour condamner ces crimes sans appel ! (Vifs applaudissements sur les bancs du groupe SRC. — Exclamations sur les bancs du groupe UMP.) Au lieu de cela, vous avez suggéré de mettre au service d’une dictature notre savoir-faire en matière de sécurité.

Hier, après le décès d’un photographe de presse français, votre porte-parole s’est contenté d’un laconique : « Il s’agit d’un emploi disproportionné de la violence. »

Madame la ministre, les mots me manquent (Vives exclamations sur les bancs du groupe UMP) pour qualifier des prises de position qui disqualifient la France aux yeux du monde, et des Tunisiens.

Ma question est très précise. Par ces déclarations, engagiez-vous la parole de la France ? Représentiez-vous fidèlement la pensée du chef de l’État ? Et si tel n’était pas le cas, quelles conséquences comptez-vous en tirer sur le plan personnel ? (Vifs applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.

M. François Fillon, Premier ministre. Monsieur le président Ayrault, je voudrais d’abord assurer Mme Alliot-Marie de toute ma confiance et regretter l’exploitation peu honnête que vous faites de ses propos. (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC. — Protestations sur les bancs du groupe SRC.)

M. Bruno Le Roux. Ce n’est sûrement pas à vous de donner des leçons d’honnêteté !

M. François Fillon, Premier ministre. L’histoire avance souvent plus vite que la diplomatie, et nous en avons fait collectivement l’expérience lors de la chute de l’Union soviétique comme lors de la réunification allemande. (« Eh oui ! » sur plusieurs bancs du groupe UMP.) D’une certaine façon, la révolution tunisienne nous le rappelle encore.

J’entends les critiques que vous formulez. Je pourrais, pour y répondre, citer de larges extraits du très beau discours prononcé par Lionel Jospin au mois d’octobre 1997, lorsqu’il recevait à Matignon le président Ben Ali. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

M. Henri Emmanuelli. Ça faisait longtemps !

M. François Fillon, Premier ministre. Je pourrais évoquer le satisfecit donné au Gouvernement de M. Ben Ali par Dominique Strauss-Kahn au mois d’octobre 2008, quelques minutes après avoir reçu du chef de l’État tunisien une haute décoration. (Applaudissements et exclamations sur les bancs du groupe UMP.)
Mais je ne le ferai pas, parce que ce ne serait pas à la hauteur du défi que doit relever le peuple tunisien.

M. Henri Emmanuelli. Non, vous n’êtes pas à la hauteur !

M. François Fillon, Premier ministre. Ce défi, c’est de réussir une transition démocratique à la hauteur des espoirs nés du mouvement populaire engagé par les Tunisiens, et qui les a conduits à faire preuve d’un grand courage et à braver tous les risques.

Mme Monique Iborra. C’est facile de le dire maintenant !

M. François Fillon, Premier ministre. Le sort de la Tunisie est entre les mains des Tunisiens.
Le rôle de la France, c’est d’accompagner la Tunisie sur le chemin difficile de la démocratie.

Mme Monique Iborra. En envoyant des troupes ?

M. François Fillon, Premier ministre. Comme le Président de la République l’a rappelé dès samedi, la France est aux côtés du peuple tunisien.

La France souhaite l’organisation d’élections libres, qui sont la seule issue possible à la crise que traverse la Tunisie. Nous sommes d’ailleurs prêts à fournir au gouvernement tunisien, s’il le désire, l’assistance nécessaire à la préparation et à l’organisation de ces élections.

Nous voulons ensuite indiquer au gouvernement tunisien que nous sommes décidés à accroître notre effort de coopération économique et culturelle. Nous sommes déjà en Tunisie le premier bailleur de fonds d’aide au développement ; faire plus, ce sera montrer notre confiance dans le processus démocratique engagé.

En disant aux nombreux Français qui résident en Tunisie que nous les encourageons à y rester, nous montrons aussi notre confiance dans ce processus démocratique.

Nous nous engageons enfin, dans le cadre de l’Union européenne, à obtenir un accroissement de l’aide et surtout l’octroi de ce statut avancé déjà accordé au Maroc ; cela peut constituer un autre signe pour permettre aux Tunisiens de progresser sur la voie de la démocratie.

M. Manuel Valls. Votre discours a bien changé !

M. François Fillon, Premier ministre. Mesdames et messieurs les députés, l’essentiel, c’est la très ancienne et très forte amitié qui lie la Tunisie à la France, le peuple tunisien au peuple français. (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC.)

À ce peuple tunisien, fier, courageux, auquel nous lie un héritage millénaire, nous disons, ensemble, que cette amitié est plus forte que tous les régimes et que nous continuerons de l’aider.

M. Bruno Le Roux. Vous l’avez laissé tomber, ce peuple !

M. François Fillon, Premier ministre. Enfin, j’aimerais que l’opposition n’ait pas deux discours d’une région à l’autre de l’Afrique et n’oublie pas qu’il y a en ce moment, en Afrique, un chef d’État qui a volé les élections, et qui doit subir les mêmes critiques sur tous les bancs de l’Assemblée nationale ! (Mesdames et messieurs les députés des groupes UMP et NC se lèvent et applaudissent longuement. — Vives protestations sur les bancs du groupe SRC.)

M. Henri Emmanuelli. C’est pitoyable !

M. Bruno Le Roux. N’importe quoi ! (Protestations sur les bancs du groupe UMP.)


Fin de l'Extrait

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