26 octobre 2008

M. Bernard Landry ravive les polémiques qui s'étaient élevées à la suite du Sommet de la Francophonie !

article de lucienne magalie pons
Revue de presse :

Dans une lettre ouverte, face à ce qu’il considère comme une "ingérence" dans le débat national, l'ex-premier ministre indépendantiste québécois, Bernard Landry, a demandé dans une lettre ouverte , jeudi 23 octobre, à Nicolas Sarkozy de s'expliquer sur ses propos tenus à Québec le 17 octobre. "Les Canadiens sont nos amis et les Québécois notre famille", avait déclaré celui-ci. "La France est un pays qui rassemble et non qui divise", avait-il ajouté précisant que le monde n'a pas "besoin d'une division supplémentaire".

Cette lettre ouverte de Monsieur Bernard Landry a relancé malencontreusement les polémiques qui s’étaient élevées à la suite du Sommet de la Francophonie et qui peu à peu s’étaient étiolées.

Suite à cette lettre, une partie de la presse Canadienne pointilleuse s’est à nouveau saisi des propos du Chef de l’Etat Français, et en a déduit avec une certaine exagération, que M. Sarkozy n’était pas favorable à une partition du Canada, et qu’il était passé du célèbre "Vive le Québec libre" du général de Gaulle à un "Vive le Canada uni", « choyant » les fédéralistes et « choquant » les souverainistes québécois, alimentant les polémiques sur ce sujet épineux. Un ex-premier ministre québécois, Jacques Parizeau, artisan du référendum sur la souveraineté du Québec en 1995, qualifiait d'"énormités" les propos de M. Sarkozy.

Monsieur François Fillon notre premier Ministre qui avait assuré le relais de Monsieur Sarkozy, avait pourtant invité les Québécois, à la fin du Sommet de la francophonie, à "arrêter de couper les cheveux en quatre". Dire que "les Canadiens sont nos amis et les Québécois nos frères" n'empêchera pas la France de n'être "jamais indifférente au Québec", avait-il affirmé, en référence à la tradition française de "non-ingérence, non-indifférence" vis-à-vis du Québec.

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Rappel des anciennes déclarations officielles et des polémiques qui s’étaient exprimées le lendemain et les jours suivants le Sommet de la Francophonie :

Les déclarations officielles « triomphantes » et « modérées » :

Le Ministre Lawrence Cannon (conservateur) bras droit de Stephen Harper au Québec, s’était réjoui en déclarant : « Bien sûr on est triomphants » … « Le Président Français a planté un « très gros clou dans le cercueil des souverainistes ……. ce que le président français a mentionné, c’est qu’ « il vaut mieux coudre que de découdre » … « Nicolas Sarkozy a tenu ‘ un message extrêmement clair ‘ sur l’importance de l’unité canadienne. »

D’après Monsieur Cannon, Nicolas Sarkozy « a entièrement raison » de miser sur un Canada uni. « Tout le monde peut se réjouir de ses déclarations ».

Pour sa part, la ministre québécoise des Relations internationales, Mme Monique Gagnon-Tremblay, avait soutenu : « les discours des souverainistes sont maintenant dépassés ……. il y aura bien sûr toujours des personnes qui continueront à en rêver (de la souveraineté), mais pour moi c’est terminé ».

Rappelant ses convictions fédéralistes, Mme Gagnon-Tremblay avait rappelé que la population du Québec avait « voté à plusieurs reprises contre la séparation »….« Mme Marois ne parle plus d’un prochain référendum et M. Duceppe n’en a pas parlé du tout durant la dernière campagne électorale…..Alors pour moi, la page est tournée, il faut maintenant regarder l’avenir autrement dans un contexte où on a une économie qui est chancelante », avait-elle jugé.

A l’Assemblée nationale tous les ténors souverainistes présents avaient réagi favorablement, certains même avec satisfaction, à l’allocution du président de la France et Messieurs Lucien Bouchard, et Gilles Duceppe avaient exprimé leur contentement sur cette nouvelle relation exprimée par Nicolas Sarkozy (de même Monsieur Bernard Landry avant de produire à retardement sa lettre ouverte)

Plus nuancée, Madame Marois s’était réjouie que Nicolas Sarkozy souhaite une relation privilégiée avec le Québec, d’égal à égal. C’est très positif, avait-elle dit. Mais elle avait tenu à préciser que si le président de la France songeait à la souveraineté lorsqu’il avait abordé la question de la division, il avait peut-être mal compris le projet de souveraineté du peuple québécois « qui est un projet inclusif, ouvert sur le monde »

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Les polémiques :

Du côté des Fédéralistes les déclarations de Monsieur Sarkozy ont été bien accueillies, elles ont un peu divisé la famille souverainiste, mais par contre elles ont rallumé le feu chez les anciens dirigeants Indépendantistes

Les souverainistes et les fédéralistes s’étaient exprimés les premiers avec modération en nuançant leurs propos, les second avec une certaine satisfaction

A l’Assemblée nationale tous les ténors souverainistes présents avaient réagi favorablement, certains même avec satisfaction, à l’allocution du président de la France et Messieurs Lucien Bouchard, et Gilles Duceppe avaient exprimé leur contentement sur cette nouvelle relation exprimée par Nicolas Sarkozy.

Plus nuancée, Madame Marois s’était réjouie que Nicolas Sarkozy souhaite une relation privilégiée avec le Québec, d’égal à égal. C’est très positif, avait-elle dit. Mais elle avait tenu à préciser que si le président de la France songeait à la souveraineté lorsqu’il avait abordé la question de la division, il avait peut-être mal compris le projet de souveraineté du peuple québécois qui est un projet inclusif, ouvert sur le monde.

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Autre son de cloche chez les Indépendantistes du Parti Québécois, qui n’avaient pas manqué de faire connaître leurs vifs mécontentements.

En première ligne, l'ex-Premier ministre du Québec, Monsieur Jacques Parizeau, personnalité incontournable du Parti Québécois avait vivement dénoncé les propos du président français Nicolas Sarkozy sur l'unité canadienne, l'accusant de dire des "énormités".

(Dans un discours devant l'Assemblée nationale québécoise et au cours d'une conférence de presse, vendredi, M. Sarkozy avait parlé en termes chaleureux de la "fraternité" entre la France et le Québec, tout en soulignant (maladroitement ?) que celle-ci n'excluait pas l'amitié pour le Canada. "Je ne vois pas au nom de quoi une preuve d'amour de la France pour le Québec fraternel, familial, devrait se nourrir d'une preuve de défiance à l'endroit du Canada", avait-il dit.

« Le discours de M. Sarkozy "implique un jugement très anti-souveraineté du Québec. C'est dire: nous ne sommes pas d'accord avec la souveraineté du Québec", avait estimé M. Parizeau, ….."Je ne me souviens pas d'avoir jamais vu un chef d'Etat dire ça pendant tous les débats sur la souveraineté du Québec, pendant toute la campagne référendaire. Même Bill Clinton, avant le référendum (de 1995 sur l'indépendance du Québec), n'avait pas été jusque-là", avait argumenté Monsieur Parizeau, en reprochant au président français de s'immiscer dans les affaires intérieures de la province francophone.

Mais Monsieur Jean- François Lisée, ex-collaborateur dans les cabinets de Parizeau et Bouchard était resté assez réservé et critique, selon lui, Nicolas Sarkozy avait commis « un faux pas diplomatique » au cours de sa conférence de presse avec Stephen Harper à la Citadelle de Québec.

Le coup de colère de M. Parizeau, qui s'exprimait pendant un colloque à Montréal, avait été largement repris dans les milieux indépendantistes et dans médias locaux.

Pour conclure et pour relativiser les propos du Président Français, l'ex-Premier ministre, qui rappelons-le, fut l'artisan du référendum de 1995 au cours duquel l'indépendance n'avait été rejetée que de justesse, a toutefois jugé que cette "énormité" du président français n'allait pas affecter les relations entre les peuples québécois et français.

Les dirigeants indépendantistes québécois actuels se sont montrés beaucoup plus discrets.

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Pour conclure, le Premier ministre québécois Jean Charest, partisan de l'unité du Canada, visant les propos du Président Français avait déclaré que "c'est au Québécois de faire des choix et de les faire dans un contexte où l’on n’a pas à chercher de permission ou d'approbation".


Le Premier Ministre Monsieur Jean Charest, avait aussi déclaré ne pas être de ceux qui pensent que le séparatisme québécois va disparaître.


Tout en se refusant à toute interprétation il avait toutefois tenu a faire connaître son avis en indiquant qu’il ne fallait pas interpréter à des fins partisanes la « vision » de Monsieur Sarkozy de la relation entre la France, le Canada et le Québec : « Je n'ai pas l'intention d'interpréter les paroles du président Sarkozy, avait -t-il dit lors d'un point de presse. Je reviens à l'essentiel: on est des peuples égaux et moi je n'ai pas de permission à demander à quiconque pour incarner ce que nous sommes au Québec, pour décider de notre avenir."

M. Charest avait aussi souligné certaines interprétations des souverainistes aux propos de M. Sarkozy, qui selon lui avait livré un plaidoyer pour l'unité canadienne dans un contexte de crise financière, témoignaient d'une confusion dans leurs rangs et pour lui il faut se sortir de cette pensée de certains souverainistes qui cherchent en France et dans le monde une approbation « de ce qu’on est ou de ce qu’on devrait devenir"


Il faut rappeler que c'est sur fond de mauvaise humeur que Nicolas Sarkozy et Jean Charest ont signé un accord d'entente franco-québécoise sur la mobilité professionnelle dont l'enjeu est faciliter l'installation de milliers de francophones dans les deux pays. Mais plusieurs ordres professionnels (kinésithérapeute, géomètre…) ont décliné cet accord qui ne leur convient pas.

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Le tableau ne serait pas complet si l'on ne signalait pas qu'en raison des circonstances de la Crise Financière, le Président Français avait du écourter son séjour au Québec pour se rendre à Camp David en débattre chez le Président Bush , alors que les Québécois espéraient qu'il seraient parmi eux accompagnée de son épouse pendant quatre jours, cette visite écourtée n'a pas manqué de les irriter à tel point que certains d'entre eux ont prétendu que son séjour en coup de vent indiquait le peu d'intérêt qu'il accordait à la Francophonie et au Québec, appréciation tout de même exagérée mais qui n'a pas manqué d'alimenter aussi les polémiques.


Pendant deux jours, Monsieur Alain Joyandet, secrétaire d'État à la Francophonie, fidèle du président, s'était efforcé de calmer la polémique sur la brièveté de la visite de Nicolas Sarkozy au Québec. Ses explications n'ont pas vraiment eu audience auprès des Québécois qui n' ont toujours pas accepté que Nicolas Sarkozy ne leur consacre que « vingt-six heures » au lieu des trois jours initialement prévus, alors que le Québec fêtent cette année les 400 ans de la fondation de" la Belle Province".

« Compte tenu de la crise financière et du poids historique qui pèsent sur les épaules de Nicolas Sarkozy, c'est déjà bien qu'il ait pu extraire du temps pour venir » , avait fait remarquer Alain Joyandet. Mais loin d'apaiser ce qui est considéré comme un « affront », les autorités québécoises et les médias canadiens ont étrillé Nicolas Sarkozy. Le maire de Québec, Monsieur Régis Labeaume, quelque peu furieux s'est lançé dans l'invective : " J'ai de la misère un petit peu. Le gars Sarkozy est énergique, mais je trouve qu'il est parfois épars. *Il part sur des chires *, je trouve qu'il manque de cohérence. »


* autrement dit "il dérape"..


Il est vrai qu'en 1987 , lors du précédent sommet de Québec, François Mitterrand avait pris le temps d'aller visiter Caraquet, le village historique acadien et que lors du Sommet de Moncton en 1999, Jacques Chirac s'était rendu au Nunavut pour rencontrer les Inuits, et les Québécois cette fois attendaient de Nicolas Sarkozy qu'il assiste en compagnie de son épouse , dont ils espéraient la présence à ses côtés, qu'il assiste aux différentes manifestations prévues pour leur "400me anniversaire".

Son court séjour a été interprété comme une certaine indifférence pour la Francophonie et le quotidien québécois "Le Devoir" a déploré qu' « À Paris, la francophonie est souvent traitée avec désinvolture. Et c'est peu dire que la crise financière aidant, elle ne figure pas en haut de la liste des priorités de la présidence de Nicolas Sarkozy ».

Son passage éclair au sommet de la francophonie ne risque pas d'arranger les choses d'autant qu'une de ses déclarations faitres devant la presse canadienne juste avant son arrivée au Québec, à savoir : "La relation France-Québec n'exclut pas l'amitié avec le Canada » n'avait pas bien été ressentie, certains voyant cette amitié comme résiduelle par rapport à sentiments plus que fraternels qu'il a manifesté ouvertement ensuite pour les Québécois, dans ses discours.


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Ndlr : ces premières polémiques qui peu à peu s'étaient apaisées étaient suffisamment explicites, et il est tout à fait superflu que Monsieur Bernard Landry par sa lettre ouverte du 23 Octobre en rajoute en mettant ses pieds dans un plat refroidi.


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