22 octobre 2008

Les parachutes internes de la Caisse d'Epargne contestés par l'Intersyndicale

article de lucienne magalie pons

Comme il était attendu, par l’opinion publique, après "l'incident" boursier de 600 millions d'euros de pertes confirmée par la banque vendredi, trois principaux dirigeants de la Caisse d'Epargne, le président Charles Milhaud, le directeur général Nicolas Mérindol et Julien Carmona, en charge des finances et des risques, ont donné leur démission dimanche.

Et les médias alignés se félicitaient qu’il n’y aurait pas à la clé de parachute doré ni pour les uns ni pour les autres en rappelant que le Chef de l’Etat d’une manière générales de surcroit avait annoncé des sanctions pour les spéculateurs imprudents ou les fautes de gestion des dirigeants des banques ou organismes contraints de tendre la main.

Tout le monde attendait des sanctions au moins exemplaires, mais au contraire il fut annoncé que Monsieur Nicolas Mérindol devrait se retrouver dans les prochains jours à la tête du Crédit Foncier, ce que les critiques et notamment les syndicats considèrent comme « un parachute doré en interne », puisque le Crédit Foncier appartient à la maison-mère, le CNCE.

Du coup, l'intersyndicale du Crédit Foncier dénonce la nomination de Nicolas Mérindol comme PDG de la banque hypothécaire et l’un des leaders syndicalistes du Crédit Foncier a déclaré nettement qu’il n’était pas question "de récupérer les recalés de la Caisse d'Epargne".

". L'intersyndicale de la banque ne veut pas de Nicolas Mérindol à la tête du Foncier et argumente : Le Crédit Foncier "n'a pas vocation à être le refuge ou le parachute doré de ceux qui ont failli ! »

"Ce qui n'est pas bon pour les Caisses d'Epargne serait-il largement suffisant pour le Crédit Foncier ?", demandent dans un communiqué les syndicats CFDT, CFE-CFC, CFTC, FO, SUD et SU-SNA-UNSA, qui disent avoir appris la nouvelle "avec stupeur". L'intersyndicale rappelle également que "M. Mérindol est celui qui a monté la prise de participation dans Nexity ( groupe immobilier présidé par Monsieur Alain Dinin ) en cédant une part du Crédit Foncier, alors que le personnel du CFF et son intersyndicale avaient démontré que l'achat se faisait à un prix bien trop élevé et sans visibilité".

"Il est celui qui a exigé la rigueur pour les salariés du CFF, rigueur qu'il ne s'appliquait pas à lui-même, il est celui qui a défendu des projets dont le manque d'intérêt et l'opacité sautent aux yeux ( sic ), il est celui qui a dit à l'ensemble de l'encadrement du CFF : si vous avez une remarque à faire sur les décisions que nous prenons, venez-nous le dire, nous vous réexpliquerons, ensuite vous appliquerez ou vous vous mettrez vous-mêmes en dehors de l'entreprise".

L’affaire n’est pas simple d’autant que cette nomination soulève une autre controverse au sujet de la vie privée de Monsieur Mérindol récemment marié avec la fille d’un professionnel de l’immobilier un promoteur marseillais qui se trouves à la tête du Groupe « Constructa » l'un des plus importantes du pays.

Par ailleurs, outre le parachutage interne de M. Mérindol, les deux autres dirigeants démissionnaires de la Caisse d'épargne sont « recasés » Monsieur Julien Carmona reste directeur financier du groupe Caisse d'épargne et Monsieur Charles Milhaud, qui a quitté la présidence du directoire reste président du conseil de surveillance de Natixis, filiale de l'Ecureuil, ce qui s’ajoute à la réprobation des syndicats.

Tous hier, syndicats et quelques médias, espéraient que Monsieur Sarkozy intervienne et que sa « culture de la responsabilité et des sanctions » s’applique à l’Ecureuil, mais pour le moment ils attendent ….

ooOoo

Retour sur un passé proche : Le 2 Octobre 2008 sur RTL Monsieur Mérindol affirmait avec aplomb que les Caisses d’Épargne étaient en excellente santé et que tout allait bien.

Mentait-il ou dormait-il sur ses deux oreilles en ignorant ce qui se passait dans les Caisses qu’il dirigeait ….. À vous de choisir et de définir son degré de responsabilité

Voici ci-dessous reproduit intégralement l’interview qu’il avait accordée à Jean-Michel Apathie :

« Jean-Michel Aphatie : Bonjour, Nicolas Mérindol.

Nicolas Mérindol : Bonjour.

Un article paru, hier dans le journal "Le Canard Enchaîné", assurait que "la situation financière des Caisses d'Epargne est devenue un secret et une affaire d'Etat". Alors, la question est simple, Nicolas Mérindol, les Caisses d'Epargne que vous dirigez sont-elles en difficulté, voire en danger ?

La réponse est tout aussi simple : non. Elles sont même en excellente santé. Je crois qu'on peut dire, sans hésiter, que leur niveau de solvabilité est parmi les plus grandes banques d'Europe.

On se dit qu'un dirigeant en fonction, comme vous l'êtes, d'une grand banque, ne peut pas dire autre chose. "Non, tout va bien". Jusqu'au jour où on découvre que tout n'allait pas bien ?

C'est ça la difficulté. C'est que ça ne suffit pas qu'en interne on le dise même si évidemment une banque comme le groupe Caisse d'Epargne, aussi importante que celle-là, a tout un processus interne de contrôle des dirigeants, des conseils de surveillance, des comités d'audit, des commissaires au compte et puis, des autorités de tutelle dont Alain Duhamel vient de dire qu'elle faisait partie des autorités les plus compétentes, les plus sérieuses, peut-être même les plus contraignantes sur la planète dans le monde de la finance.

Et malgré tout, le soupçon demeure. La rumeur fait des dégâts.

Eh bien, je suis là pour répondre très simplement, pour dire que ces soupçons et cette rumeur est infondée, avec le risque que quand on vient démentir une rumeur, de l'alimenter elle-même. Mais je crois que c'est bien, c'est tellement important, qu'on a plutôt pris l'option de venir la démentir clairement. Donc, en dehors du groupe Caisse d'Epargne, le gouverneur lui-même a eu l'occasion de nous appeler, hier, très gentiment, très simplement...

Le gouverneur de la Banque de France.

... De la Banque de France : Christian Noyer, pour dire qu'évidemment, il n'avait aucune inquiétude pour le groupe Caisse d'Epargne et qu'il dénonçait d'un revers de main ce qui était dit dans "Le Canard Enchaîné".

Alors, toujours dans l'article du "Canard Enchaîné", on lit ceci : "Au printemps dans un document interne, la direction de la Caisse d'Epargne évaluait les nouveaux besoins de la banque en capitaux à 6,5 milliards d'euros". Un document interne. Est-ce que ça existe, ce document, Nicolas Mérindol ?

Sincèrement, je ne connais pas ce document. Je l'ai demandé pour le commenter, pour dire de quoi il s'agit. Il est possible qu'il y ait eu des documents si on voulait faire une opération de croissance externe, par exemple. Si vous voulez investir, augmenter votre participation dans telle ou telle société, investir dans tel ou tel pays, vous avez besoin de fonds propres. Donc, il est tout à fait possible qu'il y ait eu des documents qui montrent qu'on doit lever des fonds propres ; mais l'idée saugrenue, dangereuse, irresponsable que liée à la Crise, le groupe Caisse d'Epargne ait besoin de 6,5 milliards de fonds propres, est une idée complètement aberrante. Complètement aberrante. Elle est tout simplement disproportionnée.

Comment vous expliquez la production d'un tel article ? C'est de la malveillance ? de l'incompétence ?

Ca, ce n'est pas mon sujet.

Ca n'est pas votre sujet ?

Non, ça, ce n'est pas mon sujet.

Ca fait du mal pourtant à la Caisse d'Epargne ?

Ca fait du mal. C'est bien pour ça que c'est dommage. C'est une grande maison qui existe depuis 1818. On est tous passionnés. Il y a 51.000 collaborateurs, 20 millions de clients. Le groupe Caisse d'Epargne est fort de 20 milliards d'euros de fonds propres. 20 milliards d'euros de fonds propres. Donc, c'est une grande, grande maison. J'espère bien qu'elle est encore là pour deux siècles. Je vis Ecureuil. Je pense Ecureuil. Nous courons Ecureuil. Nos clients sont très, très attachés à la maison.

En plus, il faut bien comprendre que le groupe est organisé de la façon suivante : il y a dix-sept Caisses d'Epargne en France qui sont très implantées au niveau des régions. Ces Caisses d'Epargne ont gagné 700 millions d'euros au premier semestre. Elles sont en excellente santé. On est en train de parler d'une filiale que nous partageons avec les Banques Populaires...

J'allais vous en parler, Natixis...

... qui s'appelle Natixis.

... qui, elle aussi, fait l'objet de soupçons. Est-ce qu'elle est solide ?

... Ah non, non, non, elle ne fait pas l'objet de soupçons.

De rumeurs ?

Non, non, non plus, non plus... J'espère que non... Non, non, elle est comme toutes les banques d'investissement mais elle ne fait pas que de la banque d'investissements. Evidemment, elle a subi les affres de la crise. Il n'y a aucun doute là-dessus. Personne ne conteste que l'activité de banques d'investissement de la filiale Natixis partagée avec les Banques Populaires et qui est cotée sur le marché, a subi la crise comme toutes les banques de la Terre, ni plus, ni moins.

Mais elle est solide ?

Plutôt moins que les banques...

Elle n'est pas en danger ?

Non, non , elle n'est pas en danger. On vient de faire une augmentation de Capital. Pour le coup, non seulement, c'est vrai, mais elle a été réalisée. Et elle a été souscrite au pire moment d'une crise qui elle-même est la pire des Crises depuis cent ans. Elle a été souscrite à 100% par le marché, c'était la semaine dernière. A cette époque, d'ailleurs, on nous disait que personne ne souscrirait parce que c'était impossible à faire ; et voyez que dans ces conditions, cette entreprise, elle a réussi à lever ces 3,7 milliards sur le marché.

Excusez-moi de revenir un peu en arrière, Nicolas Mérindol, mais votre société est l'objet d'un article dont vous dites qu'il est faux du début jusqu'à la fin ; et vous ne vous souciez pas de savoir comment la production d'un tel article a pu se produire ?

Quand je dis : je ne m'en soucie pas. Je veux dire par là que ce n'est pas à moi de mener une investigation et de vous dire ici de faire des élucubrations. Je dis que comme je l'ai indiqué : le groupe Caisse d'Epargne a décidé de prendre toutes les mesures pour tirer les conséquences de quelque chose qui est inexacte. Vous savez mieux que moi qu'en France, à partir du moment où une information a été donnée, la presse est extrêmement protégée. C'est très, très difficile de contre attaquer juridiquement sur une information qui a été donnée à un journaliste et qui ne fait que restituer ce qu'on lui a dit. C'est ainsi fait. Donc c'est de la responsabilité du journaliste de savoir s'il le dit ou pas malgré le fait que "Le Canard" avait interrogé la direction générale du groupe Caisse d'Epargne qui, lui, a démenti, je crois même qu'ils sont allés chercher l'information auprès des autorités qui ont dû démentir comme elles l'ont fait hier. L'article est quand même sorti. Donc, ils ont certainement un document puisqu'ils le disent. Mais moi je suis tout à fait prêt à commenter ce document et à montrer en quoi il n'a rien à voir avec la réalité d'aujourd'hui.

Vous avez certainement, Nicolas Mérindol, une très bonne connaissance de l'état des banques en Europe. Vous croyez qu'on doit redouter que dans quelques pays, des problèmes s'il n'y en a pas en France, se produisent ?

Je ne vais pas me rehausser au-dessus de ma condition. Je ne suis pas le porte-parole des banques européennes. Ce que je peux dire c'est que ma conviction, c'est que les banques françaises sont extrêmement solides, extrêmement solides parce que, pas seulement parce que les autorités de tutelle sont des autorités qui ont amené les banques à avoir beaucoup de fonds propres par rapport aux risques qu'elles prennent, mais aussi parce que structurellement au niveau de leur métier, ce sont d'abord des banques commerciales qui ont une activité avec de la clientèle française ou des entreprises françaises, des PME françaises ou des collectivités locales françaises. Je vais vous donner un exemple très simple : la totalité des dépôts des Caisses d'Epargne, la totalité des dépôts des clients des caisses d'Epargne sert à financer du Crédit à ces mêmes clients français en France. Donc, des clients... Monsieur... Madame... votre famille... pour sa maison, son crédit à la consommation, une entreprise, une PME ; et nous sommes également le premier prêteur aux collectivités locales avec Dexia.

Une polémique est en train de se nouer autour du parachute doré d'Axel Miller, dirigeant de Dexia : il toucherait près de 4 millions d'euros pour partir. Ca vous choque ces parachutes dorés ?

Ce n'est pas mon sujet. Je crois qu'il faut connaître plus précisément le contexte, ces accords, son contrat.

Vous avez un parachute doré ?

Non, je n'ai pas de parachute doré. Non, non, je n'ai pas un parachute doré, non, non !

Ca fait un peu de mal quand on apprend qu'une banque est en faillite et que le dirigeant va toucher des millions...

Mais le principe, vous le savez, non mais quand on est ... Le mot en lui-même est évidemment en soi critiquable. Un parachute doré ! Ca a une connotation négative.

Nicolas Mérindol, dirigeant des Caisses d'Epargne, était l'invité de RTL ce matin. Bonne journée.

Merci.

Auteur : Jean-Michel Aphatie

Nicolas Mérindol

Nicolas Mérindol / RTL.FR

Bouton crise

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