26 octobre 2008

Gouvernement économique de l'Europe ? Angela Merkel demande des explications à Nicolas Sarkozy


photo d'archives ! hélas ce temps des "mamours" intereuropéen" est révolu, et ce n'est certainement pas en l'abritant sous son parapluie qu' Angela exigera des explications de Nicolas mais plutôt en le menaçant avec le manche !




article de lucienne magalie pons


Devant le Parlement de Strasbourg, Nicolas Sarkozy avait appelé, à la lumière de la crise financière, à la création d'un "gouvernement économique clairement identifié" dans la zone euro, travaillant aux côtés de la Banque centrale européenne. D'après Monsieur Sarkozy, la BCE, seule institution fédérale de la zone euro à l'heure actuelle, "doit être indépendante", mais l'institut monétaire de Francfort, qui gère l'euro, "doit pouvoir discuter avec un gouvernement économique".

Cette idée avait été entendue avec réserve par les pays membres de l’UE, et le Président de la Commission européenne Monsieur José Manuel Barroso, lui-même pourtant souvent acquis aux propositions de Monsieur Sarkozy, a manifesté à cette occasion une retenue qu’il a exprimée comme suit "il ne faut pas créer l'illusion très dangereuse que [l'idée] serait de donner des instructions à la banque centrale".

Bien entendu, le débat lancé par le président Sarkozy, qui en fait son cheval de bataille ouvertement, depuis le Parlement européen, sur la gouvernance économique européenne a refait surface lors du sommet Europe-Asie qui s'est ouvert pour deux jours vendredi 24 octobre à Pékin.

Cette fois c’est Madame Angela Merkel, qui suit attentivement les envolées pléthoriques et très personnelles de notre Président sur la « réorganisation économique », qui a fait part de son agacement en faisant officiellement, jeudi, de Berlin par son porte-parole, Ulrich Wilhelm, qu'elle entendait "discuter" avec le chef de l'Etat français, en marge du sommet, de ses propositions, accueillies avec des sentiments mitigés outre-Rhin.

Pour Madame Merkel, "Le président naturel" de l'Eurogroupe au niveau des dirigeants est le premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker, président des ministres des finances de l'Eurogroupe, a rappelé jeudi le porte-parole de la Chancelière.

L’Allemagne, de tout temps méfiante à l'idée d’un gouvernement économique de la zone euro que Monsieur Sarkozy relance périodiquement, et depuis le sommet de Bruxelles passablement irritée par la nouvelle insistance de M. Sarkozy, critique maintenant ouvertement celui qui veut se présenter comme le "nouvel homme fort de l'Europe" - selon le journal Handelsblatt – et qui tente de ravir à l'Allemagne son leadership européen

Sans doute un échange d’explications aura lieu à Bruxelles le 7 Novembre au cours du sommet informel des 27 pays membres de l’UE convoqué par la France pour préparer le sommet du G20 qui se tiendra près de Washington sur l'assainissement du système financier mondial.

A moins qu’en présence de déclarations renouvelées sur le sujet de Monsieur Sarkozy n’envenime la discorde et que pour éteindre le feu une entrevue plus proche soit organisée en duo pour s’expliquer « cordialement » entre quatre yeux, avant ce sommet informel du 7 novembre, ce qui parait peu probable étant donné l’ agenda chargé de notre Président qui est atteint d’une sorte de frénésie de déplacements en toutes destinations pour discourir sur ses intentions, frénésie qui confine à une agitation chronique dont, par ailleurs, le président du groupe PS au Sénat, Monsieur Jean-Pierre Bel, a pu dire qu’elle «donne un sentiment d'agitation convulsive».

A Argonay (Haute-Savoie), jeudi, M. Sarkozy , Jeudi à Argonay (Haute-Savoie), a confirmé de nouveau que les pays de la zone euro devaient avancer vers une sorte de "gouvernement économique" qui s'inscrirait "tout naturellement" dans la réunion régulière des chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro, instance dont il ambitionnerait de prendre la présidence jusqu'à 2010.

Ndlr : connaissant ses préférences pour la promotion des systèmes économiques ultra libéraux inspirées des méthodes américaines, il est certain qu’en dépit de l’interventionnisme actuel de l’Etat Français qu’il professe actuellement pour sauver avant tout les banques et les spéculateurs affaiblis, Monsieur Nicolas Sarkozy au fond est connu en Europe pour ses préférences et la promotion des systèmes financiers ultra libéraux inspirés des méthodes américaines, ce qui n’est pas fait pour retenir l’adhésion à ses idées d’une grande majorité des 27 pays de l’UE.

Madame Merkel et d’autres dirigeants Européens entendent rester maîtres de leurs décisions en matière économique et financière pour les ajuster à leurs propres orientations politiques et rester libres de leur décisions, sans avoir à se « neutraliser » par l’intermédiaire d’un « Gouvernement économique européen » dont on peut penser qu’il s’alignerait derrière le système de l’Oncle Sam s’il était présidé par Monsieur Sarkozy ou un dirigeant politique de droite, ou derrière la Russie s’il était présidé par un dirigeant politique de gauche .

Manifestement en matière économique et politique chacun des 27 pays de l’UE entend garder subsidiairement sa marge de décisions et de manœuvre, pour preuve leur surdité et une fin de non recevoir, au dernier sommet de Bruxelles, face à une proposition de Monsieur Sarkozy qui proposait de créer une structure commune pour la relance économique européenne.

Toutefois d’après certains observateurs, Monsieur Sarkozy « pourrait » compter sur des soutiens parmi ceux qui voudraient voir l'Europe aller de l’avant dans la résolution de la crise Financière. A Strasbourg Le Parlement européen a voté, jeudi, une résolution jugeant que le sommet de l’Eurogroupe où a été élaboré le plan de sauvetage européen du système bancaire "appelle à un développement ultérieur", mais ceci ne veut pas dire que le Parlement Européen souhaite l’institution d’un Gouvernement économique Européen, alors que le Traité de Lisbonne est en rade, et même pour certains pays sans avoir à évoquer ce contentieux.

L'Elysée fait valoir que la présence de M. Sarkozy à la tête de l'Eurogroupe pendant les mois qui viennent serait une garantie contre les embardées possibles de la présidence tchèque de l'UE, au premier semestre 2009, en insistant sur les dossiers de la crise financière et des relations avec la Russie. La France , selon un conseiller de l'Elysée, serait un "interlocuteur de contact", prêt à agir en cas de "sabotage" par les dirigeants tchèques eurosceptiques en rappelant que le gouvernement de Prague a été le seul à contester le plan de sauvetage des banques de la mi-octobre.

Cette position de l’Elysée a provoqué une réaction outragée à Prague et Monsieur Alexandre Vondra, le Ministre Tchèque chargé des affaires européennes a protesté avec indignation dans un communiqué en ajustant son tir : "Personne ne peut annuler la présidence tchèque. On ne peut pas changer les règles officielles du jeu sans que tout le monde soit d'accord …. La proposition française équivaudrait, selon lui, à pratiquer un "pontage" en l'absence "d'infarctus".


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