Les médias occidentaux écrivent et émettent des fleuves sur la situation en Ukraine et en Crimée mais surtout pour nous bassiner sur les avertissements et les menaces grand-guignolesques d'Obama qu'il balance contre la Russie, relayées par ses alliés de l'UE, mais heureusement le monde ne se limite pas aux Etats Unis et à sa cour ubuesque de quelques pays de l'UE, le monde est grand bien au-delà des États Unis et des frontières de l' UE, et nous avons d'autres échos, en effet, j'ai la chance d'avoir des correspondants très informés qui recherchent et reçoivent des informations et des analyses pertinentes bien plus ouvertes sur le monde et son histoire que ce que nous pouvons lire et entendre dans le commun ordinaire et classique de nos médias hexagonaux qui se cantonnent dans la relation des cacas nerveux obsessionnels d'Obama et des coliques en cascade drastiques de sa cour de l'UE
C'est ainsi que je viens de recevoir aujourd'hui par mail personnel de l'un de mes correspondants qui a la gnérosité de me faire partager ses lectures, un article daté de ce jour consacré aux développements en Ukraine, publié sur le site Tlaxcala, avec autorisation de le diffuser sur mon site.
Je remercie chaleureusement mon correspondant et bien entendu je ne priverai pas mes lecteurs de cette lecture dans laquelle différents points de vue sont exposés et analysés.
Chacun de mes lecteurs forgera son opinion personnelle, en ce qui me concerne ces analyses enrichissent mes réflexions et c'est pour moi une confirmation de mes opinions.
L’Ukraine,
la Russie et le monde : Cinq questions à trois analystes
Tlaxcala a
posé cinq questions à trois auteurs - Dmitry Orlov, The Saker/El Saqr et Pepe Escobar - qui suivent de très près la situation en
Ukraine et autour de l’Ukraine. Voici leurs réponses. Tlaxcala ne partage pas
tous leurs points de vue, mais les trouve assez intéressants pour être
partagés.
1-
Pensez-vous que les USA (Obama) se servent de l’Ukraine pour se venger de leur
défaite en Syrie et neutraliser l’UE ? Quels seraient leurs objectifs
stratégiques ?
Dmitry Orlov :
L’objectif d’Obama était de fomenter un coup d’État pour remplacer le
gouvernement ukrainien par un régime fantoche. En cela, il a réussi. Mais je
doute que ses stratégies aillent au-delà.
Pepe Escobar : L’Ukraine est sans aucun doute victime de la stratégie détournée de l’administration Obama pour se venger de ne pas avoir été autorisée à bombarder la Syrie (elle en a en fait été sauvée, ainsi que des conséquences horribles qu’aurait entraîné une telle action, par Moscou). Les seules choses qui comptent pour Washington en Ukraine, dans cet ordre, sont : 1) y implanter des bases de l’OTAN. 2) le « Pipelineistan », à savoir que les grandes compagnies pétrolières US contrôlent les richesses pétrolières et gazières encore inexplorées. 3) que l’agro-business US s’empare des terres ukrainiennes fertiles. L’Union européenne n’a pas besoin de l’Ukraine et n’en veut pas, car pour sauver celle-ci de la faillite, elle aurait besoin de fonds qu’elle n’a pas (sans parler du fait qu’une telle opération enragerait plus encore des millions d’Européens déjà démunis).
El Saqr : La
crise actuelle a été entièrement créée par les USA et, dans une moindre mesure,
par l’Union européenne. Les USA sont enfermés dans une mentalité de type guerre
froide, illustrée par les deux citations suivantes. L’une d’Hillary Clinton
déclarant : « Il y a une tentative de re-soviétiser la région. (…)
Cette tendance ne va pas être appelée comme ça. Elle sera appelée ‘Union
douanière’, ‘Union eurasienne’ ou quelque chose comme ça (...) Mais ne faisons
aucune erreur à ce sujet. Nous savons quel en est l’objectif et nous essayons
de trouver des moyens efficaces pour la ralentir ou l’empêcher. » (source) ; la deuxième citation est de Zbigniew
Brzezinski[1]
: « ‘Sans l’Ukraine, la Russie cesse d’être un empire, tandis qu’avec
l’Ukraine – d'abord achetée et ensuite subjuguée– elle se transforme
automatiquement en empire...’ Selon lui, le nouvel ordre mondial sous
l’hégémonie des USA est créé contre la Russie et sur les fragments de la
Russie. L’Ukraine est l’avant-poste de l’Occident pour empêcher la
reconstitution de l’Union soviétique. » (source).
Ainsi les USA ne sont-ils pas en train d’essayer d’« obtenir » l’Ukraine pour l’intégrer dans l’OTAN ou à d’autres fins, mais ce qu’ils veulent, c’est priver la Russie de l’Ukraine dans l’espoir de l’empêcher de devenir un nouvel empire soviétique. Il s’agit donc purement d’un jeu à somme nulle – toute perte pour la Russie est, par définition, un gain pour les USA. Le fait que la Russie soit déjà une superpuissance capable d’arrêter les USA (comme l’a démontré la crise syrienne) ou le fait que la Russie n’ait pas l’intention de devenir une autre Union soviétique ou même toute autre sorte d’empire (les empires sont coûteux et les Russes n’ont pas le désir de devenir une autre URSS) ne fait aucune différence : la ploutocratie US croit cela et base ses actions sur cette croyance. En outre, les élites US ont été humiliées dans la crise syrienne et veulent maintenant montrer à la Russie et au reste du monde « qui est le patron ». Enfin, ajoutez à cela l’influence de certains lobbies ethniques très puissants qui partagent une haine commune pour la Russie (Juifs, Ukrainiens, Polonais) et vous obtiendrez une politique dont le seul but est de rendre les choses aussi mauvaises que possible pour la Russie. Rien de nouveau là-dedans.
Au cours de la guerre en Afghanistan, les USA ont fait le choix de soutenir complètement les pires terroristes wahhabites uniquement pour affaiblir l’URSS. Maintenant, les USA apportent leur soutien à des nationalistes néo-fascistes violents. La seule condition pour que n’importe quel groupe terroriste, si fanatique et malfaisant soit-il, puisse obtenir de l’argent de la CIA et de ses filiales, c’est de haïr la Russie. Les guerres en Croatie, en Bosnie et au Kosovo n’avaient pas d’autre but que de « faire la misère aux Russes ». Et si nous regardons de plus près au cœur de cette haine maniaque des élites usaméricaines à l’encontre de la Russie, nous constatons que très peu de choses ont changé en Occident depuis le Moyen-Age : les élites occidentales ont toujours détesté la Russie à cause de son orthodoxie et pour avoir refusé d’être conquise.
2) Quels sont selon vous les objectifs stratégiques de la Russie (de Poutine) et les moyens tactiques d’y parvenir ?
DO : Empêcher
plus d’empiétement de l’UE / OTAN ; garantir les droits des russophones dans ce
qui a été pendant des siècles un territoire russe ; maintenir la primauté du
droit international. Peut-être venger les actions de l’OTAN contre la Serbie au
Kosovo.
PE : L’objectif
stratégique numéro un est d’empêcher l’implantation de bases de l’OTAN en
Ukraine. Les services de renseignements russes ont déjoué un coup d’Etat en
Crimée qui aurait été une réplique du coup d’État à Kiev. Cela conduirait – à
long terme – les putschistes de Kiev à démanteler le traité russo-ukrainien à
Sébastopol, ouvrant ainsi la voie à l’OTAN. C’est ce qui a précipité l’envoi de
Spetsnaz en
Crimée. Poutine a pesé les avantages et les inconvénients. C’est un coup
d’échecs. Il pourrait perdre à l’Ouest, mais il gagne à l’intérieur (il est
plus populaire que jamais), il garde Sébastopol, et si la Crimée rejoint la
Russie, Gazprom pourra exploiter d’immenses gisements de pétrole et de gaz dans
la péninsule, à la place des grandes compagnies pétrolières US.
El Saqr : Pour la
Russie le but est simple : survivre en tant que nation, que pays et que
civilisation. En ce sens, ce n’est pas une « politique
de Poutine », mais une « politique russe » : mis à part les
quelques minuscules partis financés par la CIA et qui ne représentent pas plus
de 1 ou 2 % de la population russe, il existe un consensus parmi tous les
principaux mouvements politiques de Russie en faveur de la position russe
actuelle face à cette crise que les Russes considèrent comme une menace
existentielle. Lorsque l’OTAN a bombardé les Serbes en Croatie, en Bosnie et au
Kosovo, la Russie était gouvernée par une marionnette occidentale alcoolique,
Eltsine, et une clique d’oligarques majoritairement juifs appelée la « Semibankirchtchina
» (les sept banquiers) : la Russie était alors très semblable à l’Ukraine
d’aujourd’hui. Mais même à cette époque, la majorité du peuple russe savait
parfaitement que la dévastation des Balkans par les USA était un message
adressé à eux : « regardez ce que nous pouvons faire subir à vos alliés – et
vous êtes les prochains sur la liste ». Ce sentiment a été largement
renforcé par la guerre clandestine des USA contre la Syrie, la plupart des
Russes ayant compris qu’Assad tuait en Syrie exactement le même type de nervis
wahhabites malfaisants que Poutine avait dû écraser en Tchétchénie.
Beaucoup de Russes se sont alors exprimés ainsi : « nous devons remercier Assad de les tuer là-bas, cela nous permet de ne pas avoir à le faire ici » et « si nous laissons Assad se faire renverser, nous serons les prochains ». Ce qui se dit aujourd’hui en Russie, c’est qu'« il ne s’agit plus des Serbes ou des Syriens, cette fois c’est nous qui sommes directement menacés ». Ainsi, pour la grande majorité des Russes – y compris Poutine –, le principal objectif stratégique est simple : ne pas laisser la Russie devenir la prochaine Bosnie, le prochain Kosovo ou la prochaine Syrie. En d’autres termes, il s’agit de survie. Le deuxième objectif stratégique de la Russie est d’empêcher que toute l’Ukraine devienne un « Banderastan[2] » et de protéger la population russophone de la menace d’un asservissement par un régime ouvertement néo-fasciste et raciste.
Le troisième objectif stratégique de la Russie est de réaliser les deux premiers objectifs, si possible, sans déclencher une guerre avec les USA / l’OTAN. Remarquez bien que j’ai énuméré ces objectifs par ordre de priorité et que si les USA / l’OTAN menacent de déclencher une guerre totale, le Kremlin ne cèdera pas sur ses deux premiers objectifs stratégiques. Il ne faut pas faire d’erreurs d’analyse, la Russie est prête à entrer en guerre pour ces deux objectifs, Poutine ne bluffe pas.
Quant à la tactique choisie par la Russie, elle est assez sophistiquée. Selon un diction bien connu, « lorsque la Russie est menacée, elle ne se met pas en colère, elle se concentre. » C’est ce qui se passe aujourd’hui. L’essence de la tactique russe est la suivante : d’abord, protéger militairement la Crimée pour lui permettre de se séparer de l’actuel Banderastan et ainsi créer un précédent et un exemple : Alors que dans la moitié des régions actuellement contrôlées par les néo-fascistes, les salaires des fonctionnaires de l’Etat ne sont pas payés du tout, et alors que le régime révolutionnaire à Kiev a déjà indiqué qu’il envisageait de réduire tous ces salaires de 50%, en Crimée, tous les salaires et tous les services sociaux seront payés en totalité à tout le monde, même à ceux qui ont préféré démissionner plutôt que de reconnaître les autorités de Crimée. Les foules du Banderastan vont bientôt découvrir que diriger un pays est une tâche autrement plus ardue que de tabasser des flics non armés et d'entonner l’hymne national.
Ensuite, la Russie a menacé de recourir à la force militaire si les forces banderistes essayent de s’emparer du Sud (Odessa, Nikolaïev, Kherson) et de l’Est (Donetsk, Kharkov, Dniepropetrovsk, Lougansk) par la force. Cette menace permet à la fois de dissuader les Banderistes de déchaîner la violence, tout en donnant aux russophones une sorte de « filet de sécurité » pour leurs actions de protestation et de désobéissance civile. Troisièmement, le Kremlin sait que le Banderastan nouvellement créé est en faillite et que les USA et l’UE ne pourront jamais apporter ne serait-ce qu’une partie de l’argent nécessaire pour renflouer ses caisses. Non seulement la Russie a cessé d’envoyer de l’argent à l’Ukraine, mais Gazprom a déclaré que l’accord précédent conclu avec M. Ianoukovitch a été violé par le nouveau régime, de sorte que le prix du gaz pour l’Ukraine va maintenant augmenter fortement. Enfin, les régions les plus riches de l’Ukraine sont, précisément, l’Est et le Sud du pays qui essayent maintenant de ne pas payer d’impôts au régime illégal de Kiev. Et si les Banderistes parviennent à s’emparer de l’Est, alors l’ensemble de son industrie s’effondrera instantanément (car elle dépend entièrement de la Russie). Ainsi, le temps joue en faveur de la Russie et le nouveau Banderastan n’est tout simplement pas viable. Sans argent, sans énergie et sans la possibilité de gouverner par la terreur (du moins dans le Sud et l’Est), le nouveau régime va inévitablement s’effondrer. La Russie ne s’investira à nouveau dans l’État-croupion d’Ukraine qu’une fois que les néo-fascistes auront disparu et qu’un régime civilisé sera revenu au pouvoir à Kiev.
3) Croyez-vous que les « marionnettes » de
service (Allemagne – Arabie Saoudite) des USA tentent de devenir indépendantes
de leurs maîtres ? Merkel a-t-elle sa propre politique envers l’Ukraine et la
Russie ? Et l'Arabie saoudite en a-t-elle une vis-à-vis de la Syrie, de
l'Égypte et de l'Irak ?
DO : Je ne sais
pas à quel point l’Allemagne va jouer les marionnettes. Elle est déjà beaucoup
plus proche de la Russie qu’on ne l’imagine et elle est relativement déçue par
les USA. L’Arabie Saoudite voulait utiliser les forces US comme des mercenaires
en Syrie ; quand ils ont échoué, ils sont devenus très insatisfaits des
US-Américains eux aussi.
PE : Les marionnettes commencent à penser par elles-mêmes – mais cela requiert certaines aptitudes. L’Allemagne et la Russie – en termes d’énergie et d’investissements – ont déjà un partenariat stratégique ; interrogez n’importe quel capitaine important de l’industrie allemande. Berlin en a vraiment marre de Washington ; l’une des significations de l’exclamation de Vic[toria Nuland] « Ni*ue l’Union européenne » est que les USA voulaient un changement de régime immédiat, avec leur propre marionnette (« Iats[eniouk] ») en place – même aidée par les néo-nazis (Svoboda, le Secteur de droite) au lieu de le réaliser peut-être plus tard, avec la marionnette allemande inexpérimentée (Klitschko) en place.
La seule politique de la Maison des Saoud est leur propre survie – surtout maintenant, la succession d’Abdullah étant toujours ouverte. Cela, mélangé à de la paranoïa et à la haine wahhabite irrationnelle vis-à-vis des chiites, oriente leur « stratégie ». Ils ont acheté la junte de Sissi en Egypte, un petit prix à payer pour se débarrasser des Frères musulmans. Ils auraient adoré une sorte d’émirat en Syrie – et leurs plans ont été frustrés bien que Bandar Bush ait déployé l’artillerie lourde (pas étonnant qu’il ait été remplacé). Et en Irak, ils veulent également un changement de régime, parce qu’ils considèrent Maliki comme une marionnette iranienne. La Maison des Saoud est la principale source des tensions à travers tout le Moyen-Orient.
El Saqr : L’UE
traverse une profonde crise systémique dont elle n’a aucune possibilité de
sortir sans des changements drastiques que la bureaucratie de l’UE rejette
catégoriquement – elle refuse ne serait-ce que de les envisager. Pour l’UE,
l’Ukraine était l’opportunité d’acquérir un marché pour ses produits et
services et une chance d’essayer d'apparaître comme une entité qui compte
encore dans les affaires internationales. De toute évidence, l’UE a besoin de
l’Ukraine pour redorer son image et son ego fortement altérés, d’où les
promesses insipides et le flux constant de politiciens de l’UE vers la place
Maïdan. Et si cela implique de soutenir des néo-fascistes et des racistes qui
se revendiquent ouvertement comme tels, eh bien, tant pis ! Mais le problème de
l’UE est qu’elle n’a pas les moyens de ses politiques. Certes, Klitschko
est considéré par certains comme une marionnette allemande, mais ni lui, ni Tyagnibok
ni même Iatseniouk ou Timochenko
n’ont vraiment d’importance. Les gens qui comptent aujourd’hui en Ukraine sont
les membres du Secteur de droite de Dmitri Iarosh – les fous furieux, la
version ouest-ukrainienne des Talibans. Eux seuls comptent car ils détiennent
actuellement le monopole de la violence.
Certes, Timochenko a le soutien des oligarques et ceux-ci ont beaucoup d’argent, mais du moins à court terme, un fusil de chasse a plus de pouvoir qu’une valise pleine de dollars. Contrairement aux « leaders de l’opposition officielle », les nervis du Maïdan sont entièrement payés et contrôlés par les USA, d’où l’analyse brute mais exacte de Mme Nuland quant au rôle de l’UE dans la crise actuelle. Bien sûr, certains politiciens européens deviennent nerveux, parce qu’après tout, avoir un grand Banderastan au milieu de l’Europe est une chose très dangereuse, mais aucun politicien européen ne remettra jamais ouvertement en cause les USA au sujet de leurs politiques. Au sein de l’UE, les USA sont « les patrons », et tous les politiciens de l’UE le savent. Le fait est qu’il n’y a pas de « politique de l’UE ». L’UE est la pute des USA, et elle fera tout ce que l’Oncle Sam lui dit de faire. Bien sûr, les politiciens de l’UE peuvent faire des discours, ils ont encore quelque chose qui rappelle vaguement une opinion personnelle, mais quand les choses se gâtent, ils sont tous quantité négligeable, et ils le savent.
Certes, Timochenko a le soutien des oligarques et ceux-ci ont beaucoup d’argent, mais du moins à court terme, un fusil de chasse a plus de pouvoir qu’une valise pleine de dollars. Contrairement aux « leaders de l’opposition officielle », les nervis du Maïdan sont entièrement payés et contrôlés par les USA, d’où l’analyse brute mais exacte de Mme Nuland quant au rôle de l’UE dans la crise actuelle. Bien sûr, certains politiciens européens deviennent nerveux, parce qu’après tout, avoir un grand Banderastan au milieu de l’Europe est une chose très dangereuse, mais aucun politicien européen ne remettra jamais ouvertement en cause les USA au sujet de leurs politiques. Au sein de l’UE, les USA sont « les patrons », et tous les politiciens de l’UE le savent. Le fait est qu’il n’y a pas de « politique de l’UE ». L’UE est la pute des USA, et elle fera tout ce que l’Oncle Sam lui dit de faire. Bien sûr, les politiciens de l’UE peuvent faire des discours, ils ont encore quelque chose qui rappelle vaguement une opinion personnelle, mais quand les choses se gâtent, ils sont tous quantité négligeable, et ils le savent.
Igor Kolgarev, Russie
4) Revenons-en à l’Ukraine : Êtes- vous d’accord
avec l’analyse de Christopher Westdal selon laquelle L’Ukraine
devrait laisser la Crimée faire sécession. Mais Poutine ne devrait pas la
prendre ? Quels sont vos commentaires ?
DO : L’Ukraine
n’a pas le choix en la matière, et rejoindre la Russie ou non est l’affaire des
habitants de Crimée et des législateurs russes. L’avis de Poutine tournera
probablement autour de ce qui favorisera le plus sa popularité auprès des
Russes, et je suppose que dans cette perspective, absorber la Crimée serait la
meilleure issue.
PE : Pour
l'essentiel, c’est exact ; la Crimée est beaucoup plus utile (et moins chère) à
Poutine à l’intérieur de l’Ukraine – avec un très grand degré d’autonomie – que
ré-attachée à la Fédération de Russie. Il reste à voir comment le résultat du
référendum peut être utilisé/piloté par le Kremlin pour obtenir des «
concessions » de Kiev, en supposant que Moscou et Kiev recommencent à se parler
(ils le devront). Ce qui importe le plus à la Russie est le caractère sacré de
Sébastopol et la certitude qu’il n’y aura pas de bases de l’OTAN en Ukraine. Je
doute que Kiev puisse les rassurer sur ces deux points.
El Saqr : L’analyse
de Westdal est fondamentalement viciée parce qu’elle néglige deux faits
essentiels : premièrement, la Russie n’est pas une dictature et la Crimée est
une terre russe sacrée pour laquelle un grand nombre de Russes sont morts sur
une période de plusieurs centaines d’années. Si Poutine décidait de livrer la
Crimée aux Banderistes, il devrait faire face à une situation très délicate à
l’intérieur de la Russie avec une opinion publique indignée. La deuxième erreur
de Westdal est qu’il estime que la Russie a besoin d’un « hameçon » pour
contrôler plus ou moins l’Ukraine. Il n’y a plus d’« Ukraine », cette
expérience est terminée. Tout ce que nous avons maintenant est un Banderastan
dans le centre et l’Ouest de l’Ukraine, une région pour laquelle on se battra
d’une manière ou d’une autre à l’Est et au Sud, et une Crimée qui en est
séparée pour toujours. Quant au régime néo-fasciste actuellement en place à
Kiev, il n’est pas viable de toute façon, et la Russie a beaucoup d’autres
« hameçons » pour négocier avec tout futur État-croupion ukrainien
qui succédera à l’actuel Banderastan. Conclusion : si les habitants de Crimée
veulent se joindre à la Russie, Poutine n’a pas d’autre choix que de l’accepter.
5) En vous basant sur votre expérience, quels
conseils pourriez-vous donner à ceux qui luttent contre des régimes
despotiques pour qu'ils évitent de tomber dans le piège d’une révolution
colorée ?
DO : N’acceptez
pas d’aide des USA ou de l’UE. Faites de votre mieux pour discréditer le
travail des ONG occidentales et expulsez-les du pays dès que possible.
PE : Gardez un
œil très attentif sur les ONG apparentées à la NED et à Freedom House, et sur
la manière dont elles instrumentalisent toute dissidence à leurs propres fins
de changement de régime. Même chose pour les manœuvres du Département d’État, y
compris les ambassadeurs US suspects du type « agitateur ». Suivez la
trace de l’argent, suivez la trace de la propagande, découvrez qui se tient
derrière votre « soutien ».
El Saqr : N’acceptez
jamais de l’argent ou un quelconque soutien de l’empire. N’acceptez jamais dans
vos rangs quiconque est prêt à recevoir de l’argent ou du soutien de l’empire.
Et rappelez-vous toujours qu’un mauvais État et un mauvais régime politique
sont toujours préférables à l’absence d'État et de régime politique. Cela
signifie qu’il ne faut pas utiliser la violence pour renverser un régime que
vous détestez, même s’il vous oppresse. Premièrement, la violence engendre
toujours de la peur et plus de violence. Mais plus important encore, la
violence conduit souvent à l’effondrement non seulement du régime honni, mais
aussi de l’État lui-même. Et quand l’anarchie se déchaîne, ce sont toujours
les gangs les plus violents et les plus impitoyables qui accèdent au pouvoir.
Lorsque vous vous battez contre un régime oppressif haï, luttez contre son
idéologie, contre son autorité, ne lui montrez aucun respect, moquez-vous
ouvertement de lui, mais ne recourez pas à la violence et ne luttez jamais
contre vos propres compatriotes. Luttez contre les idées, pas contre les gens.
Vous pouvez gagner une guerre de libération nationale contre un occupant
étranger, mais vous ne pouvez pas gagner une guerre civile. Cherchez la
réconciliation, jamais la vengeance, montrez de la compassion pour
l’« autre » et n’ignorez jamais la voix de votre propre conscience.
Faites toujours la différence entre le bien et le mal, mais jamais entre « les
nôtres » et « les leurs » car tous les êtres humains sont également précieux
aux yeux de Dieu. Donnez votre allégeance à Dieu seul et « Ne vous
fiez pas aux grands de ce monde, ni aux enfants des hommes, en qui il n’y a pas
de sécurité. » (Psaume 145, LXX). Si vous maintenez votre cœur et
votre conscience pures, alors aucun empire ne fera de vous sa marionnette.
Notes
[1] Zbigniew
Kazimierz Brzeziński (né le 28 mars 1928 à Varsovie en Pologne) est un
politologue américain d’origine polonaise. Il a été conseiller à la sécurité
nationale du Président des USA Jimmy Carter, de 1977 à 1981. En tant que tel,
il a été un artisan majeur de la politique étrangère de Washington, soutenant
alors à la fois une politique plus agressive vis-à-vis de l’URSS, en rupture
avec la détente antérieure, qui mettrait l’accent à la fois sur le réarmement
des USA et l’utilisation des droits de l’homme contre Moscou. (wikipédia)
[2]
« Banderastan » est un néologisme composé du nom de
l'ultranationaliste ukrainien Stepan
Bandera (1909-1959) - considéré comme un héros national par
l'extrême-droite ukrainienne qui revendique son héritage - et du suffixe
« stan » qui dans les langues indo-européennes signifie « lieu,
pays, résidence ».
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