Avant de lire les 2 analyses de Jean-Marc Sylvestre , nous rappelons que le Pacte de responsabilité est remis en cause par les syndicats, qui le dénonce comme "une coquille vide" , un pacte de complaisance offert aux entreprises par François Hollande , sans aucune garanties de contreparties, notamment en terme d'emplois, nous avons le 17 mars rapporté leur journée nationale interprofessionnelle de manifestation et d'action qui a mobilisé des milliers de manifestants, et les réactions des personnalités syndicales.
Mais mais nous avons aussi d'autres échos importants qui condamnent sans appel le Pacte de responsabilité, selon les Agences de Notation, comme l'explique Jean -Marc Sylvestre dans son Edito publié le 20 Mars .." ...le pacte de responsabilité est planté", par ailleurs dans un autre Edito publié le 6 mars , Jean-Marc Sylvestre analysait la mise de la France sous surveillance par Bruxelles.
Ces questions sont très cruciales pour l'avenir de la France en recherche de croissance, accablé par le chômage, or qu'avons nous vu ces quelques semaines dernières ?, le Gouvernement, la magistrature, le barreau, et les médias qui leur sont dévoué , se lancer dans des polémiques lamentables, contradictoires, mensongères, insultantes, inquisitoires, au sujet des écoutes téléphoniques à double détente dont l'ancien Président de la République Nicolas Sarkozy et son Avocat étaient les sujets à abattre, notamment dans l'opinion publique, et nous avons vu aussi François Hollande et les ministres concernés se perdre de concert avec quelques dirigeants de l'UE et le Président des États-Unis dans des attaques insensées et irresponsables contre Vladimir Poutine au sujet de la situation en Ukraine.
Ainsi, tout ce qui préoccupe les français au premier chef est éludé et passé sous silence par nos dirigeants, plus grave encore ils ne tiennent pas compte des avertissements et des conseils des experts de l'Europe. L'exemple de la Grèce ne parait pas les impressionner, ils campent sur un Pacte de Responsabilité réfuté de toute part et sur leur lancée, ils nous conduisent têtes baissées dans le même désastre d'austérité que celui dont souffre la Grèce depuis d'année.
ooOoo
Ci-dessous nous vous proposons de lire les excellentes analyses de Jean-Marc Sylvestre sur le Pacte de Responsabilité et questions liées :
L'Édito de Jean-Marc Sylvestre
Publié le
20 mars 2014
Pour les agences de notation, le Pacte de responsabilité est
planté
François Hollande ne réussira pas à appliquer le Pacte de
responsabilité. C'est l’avis des agences de notation Moody’s et Standard and
Poor’s. C’est aussi l’avis des marchés et des milieux d’affaires
internationaux.
Les agences de notation Moody’s et Standard
and Poor’s pensent que François Hollande
n'arrivera pas à appliquer son Pacte de responsabilité.
Malgré les propos optimistes du ministre de l’Économie hier
dans le Figaro, les marchés et les chefs d’entreprise ne croient plus que François
Hollande peut encore lancer son Pacte de responsabilité. Ce pacte avait été
bien accueilli il y a deux mois. Il paraissait ambitieux et cohérent. Il
répondait à une nécessité : renforcer la compétitivité des entreprises en
réduisant les dépenses de l’État. C’était même un bon début pour envisager une
baisse des impôts. Un peu comme ce qui s’applique en Italie.
Seulement voilà, l’annonce date déjà de janvier, soit il y a
plus de deux mois. Et depuis deux mois, le gouvernement s’est enlisé dans des
débats de politique politicienne dont il ne ressort rien. Un débat violent avec
le Medef sur les contreparties qui n’a pas été réglées parce que les
entreprises ne peuvent pas s’engager sur des objectifs chiffrés. Donc, on a
fait un faux compromis où tout le monde a raconté des histoires en faisant
semblant de les croire.
Parallèlement, le gouvernement n’a fait aucun progrès sur les
économies de dépenses alors qu’on en attend pour 50 milliards. Louis Gallois
n’y est pour rien, mais le choc de compétitivité qu’il avait espéré est loin de
se produire. Le crédit d’impôt compétitivité emploi va être perçu par les
entreprises mais l’État n’a pas financé cet effort donc pas d’effets
macro-économique.
Pierre Moscovici n’arrête pas de faire son job, il rassure à
Bruxelles, il explique à Berlin et à Paris, il s’offre le Figaro pour garantir
aux décideurs que « nos économies de 50 milliards seront précises et détaillées
»… mais ne donne pas les détails en question.
Bref Bercy sait que le monde des affaires se décourage mais
n’a rien en magasin pour calmer cette inquiétude.
Après la mise sous surveillance de la France par Bruxelles –
ce qui est quand même une humiliation - la France reste le dernier pays de la
zone euro à ne pas avoir redressé la tête. Du coup les agences de notation qui
doivent remettre leurs notes de printemps n’ont aucune raison de réviser leur
diagnostic :
1. La
France a un problème grave de compétitivité pour ses entreprises. Rien n’a été
fait pour redresser cette compétitivité.
2. Le gouvernement ne fait aucun effort pour
redresser ses finances publiques et trouver les moyens de financer les baisses
de charges.
3. Plus grave, la situation politique et
sociale est telle qu'elle empêche les réformes. En bref, il n’y a pas de
majorité politique pour les faire passer.
Et c’est bien le problème.
Les marchés et les milieux d’affaires pensent que François
Hollande attend les élections municipales. Très certainement. Mais ils savent
aussi que le Président a toujours une bonne raison pour attendre et réagir.
Sauf qu’on arrive devant ce que les spécialistes appellent le mur de la dette.
Le moment où il sera difficile de financer les dépenses publiques .Tout le
monde est convaincu, que le président procèdera à un remaniement du
gouvernement. Et dans cette perspective, les marchés et les européens font
trois scénarios.
Premier scénario : Pour les marchés, l’idéal serait de
s’affranchir des courants politiques et faire gérer la situation difficile par
un gouvernement de personnalités de la société civile sur des objectifs clairs
et budgétés. Et sur une période assez courte. Les marchés ont beau secouer les
noms dans tous les sens, ils ont du mal à croire qu’un animal politique comme
François Hollande accepte ce type de solution.
Second scénario : Reconduire un gouvernement très politique
mais donner Bercy et tout ce qui touche à l’Économie, un patron et un seul
super technicien, avec carte blanche pour redresser la situation.
Troisième scénario. Ne rien changer, garder le Premier
ministre et les écologistes. Dans ce cas-là, le quinquennat est mort et la situation économique va tourner à la catastrophe. Ce n’est pas François
Hollande qui terminera son mandat, mais ce sont, le FMI, la Commission de
Bruxelles et la Banque centrale européenne qui assureront les échéances. Bref,
on reverra ressortir la troïka qui, après Athènes, Madrid et Rome, viendra à
Paris. Quelle perspective
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L'Édito de Jean-Marc Sylvestre
Publié le 6 mars 2014
La France une fois de plus humiliée à
Bruxelles
La Commission européenne vient de nouveau
de flanquer la France au fond de la classe de la zone euro, pour ses
performances économiques encore dégradées et surtout à cause de son manque
d’efforts pour se redresser. Mario Draghi ne pourra pas résoudre les problèmes
que la France elle-même ne veut pas reconnaître
.
.
En clair, la France se comporte comme le
plus mauvais des élèves. Elle multiplie les mauvaises notes, et en plus, elle ne travaille pas pour s’améliorer. Pire,
elle donne le sentiment de se moquer des avertissements. Et même d’accuser ses
petits camarades de ne pas l’aider… Quand ce n’est pas le président de la
Banque centrale européennes qu’elle critique et accuse de jouer contre nous
avec un euro trop fort.
Cette fois-ci, la Commission de Bruxelles
ne rigole plus et vient de placer la France sous surveillance. C’est
l’antichambre des sanctions. Pour
mauvaise conduite…
"Pour une raison très simple, disent
nos partenaires européens. Si la France ne se redresse pas, elle met en
péril non seulement son économie mais
celle de toute la zone euro. La France est potentiellement contagieuse."
Les avertissements sont clairs et précis.
Premièrement, les déficits publics et
sociaux ne baissent pas. Ils seront de 4% du PIB. C’est moins bien que ce
qu’avait espéré et promis le gouvernement. La Cour des comptes à Paris a
pourtant sonné l’alerte plusieurs fois en affirmant que l’effort de réduction
des déficits s’appuyait essentiellement sur les hausses d’impôts et que ça ne
pouvait pas marcher. Ça n’a pas marché.
Deuxièmement, les impôts ne sont pas
rentrés comme prévus en 2013. La hausse des taux de prélèvements a stérilisé
les contribuables. La croissance très faible a anéantie l’activité, et, par
conséquent, les rentrées fiscales. Il
manquerait aujourd’hui 13 milliards d’euros.
Troisièmement, le chômage ne baisse pas.
Fin 2013, il dépasse les 10,8%... Les experts pensent qu'il progressera encore
à 11% en 2014. La réaction aux efforts de redressement est très ambigüe. A
priori, si les entreprises françaises dégagent des gains de productivité, elles
consacreront ces gains à la restauration de leurs marges qui ont complètent
disparu, et non à l’emploi. Si l’emploi marchand ne s’améliore pas, c’est
l’emploi aidé qui augmentera donc les dépenses sociales.
Quatrièmement, le pacte de responsabilité
n’aura que peu d’effets à court terme sur l’emploi. Contreparties ou pas. Le
transfert de ressources au bénéfice des entreprises ne sera pas assez massif et
assez rapide. Si le CICE, le crédit d'impôt compétitivité et emploi, combiné à
la baisse des cotisations familiales, entraîne la création de 300.000 emplois,
il faudra s’estimer satisfait.
Cinquièmement, l’effet des 50 milliards
d’économie de dépenses publiques sera très amorti si l’État parvient à les
trouver ; ce qui n’est pas gagné. 50 milliards d’économies sur 2015, 2016, et
2017, c’est donc moins de 20 milliards par an. Mais cela implique de toucher
aux effectifs de la Fonction publique, ou alors aux rémunérations, ou alors aux
retraites, ou alors au périmètre de l’État. Bref, on touche au cœur du réacteur
de l’électorat de gauche en France. Pas facile pour un gouvernement de gauche de
se tirer ainsi une balle dans le pied.
Pour Bruxelles, qui reprend là l’analyse
très sévère de l’agence de notation Moody’s. La situation socio-politique
rendue nerveuse par le chômage empêche toute réforme libérale qui passerait par
un désengagement de l’état, pourtant nécessaire.
L’exécutif français, et notamment Pierre
Moscovici et Bernard Cazeneuve, ont réfuté la sévérité du diagnostic en
précisant que le gouvernement poursuivait "les efforts de redressement des
comptes publics jusqu’à la fin du quinquennat… Et les encouragements à l’offre productive."
Cet avertissement sévère de Bruxelles sera
évidemment examiné avec attention par le conseil de la Banque centrale
européenne, mais il entraîne la BCE sur des analyses contradictoires et
gênées :
Premier point, l’Europe
risque la déflation. Mario Draghi est très conscient de cette perspective. Il
le dit chaque premier jeudi du mois. Il serait donc prêt, si la situation se
détériorait, à dégainer l’arme monétaire et à distribuer des liquidités pour
permettre à certains États de se désendetter. Dans ce cas, la BCE prendrait le
chemin de la FED américaine. Cette décision conviendrait parfaitement à la
France qui considère qu’une de ses difficultés se cache dans le rapport de
change. Le problème, c’est que l’ensemble des autres pays de la zone euro ne le
réclame pas.
Second point, la banque
centrale restera donc extrêmement prudente sur injonction de l’ensemble des
pays de la zone euro. Pourquoi ? Tout simplement parce que le seul
avantage d’une dépréciation de l’euro serait de venir en aide aux canards
boiteux et à tous ceux qui ne veulent pas regarder en face la réalité des
réformes à engager. Pour quelle raison l’Europe du Nord, et même l’Espagne
et l’Italie, viendraient offrir à la France de payer un modèle franco-français
trop cher ? Pour quelle raison viendraient-ils exonérer Paris de faire
preuve d’un peu de courage politique ? Pour quelle raison
accepteraient-ils pour les autres ce qu’on leur a refusé ?
Un économiste de Bruxelles affirmait hier
que "si la France avait fait l’effort de redresser ses finances publiques
et d’assouplir son modèle économique, comme les allemands l’ont fait ou les
espagnols l’ont accepté, il n’y aurait plus de problème monétaire pour la
France, et surtout, moins de chômage."
En réclamant le bénéfice de l’exception,
la France perturbe l’ensemble de la zone euro, et, du coup, se marginalise.
Cela fait le jeu des extrémismes, mais ça ne sert guère nos performances
économiques et sociales.
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