20 mars 2014

Le Pacte de Responsabilité analysé par Jean-Marc Sylvestre en 2 éditos

Éditorial de lucienne magalie pons

Avant de lire les 2 analyses de Jean-Marc Sylvestre , nous  rappelons que le Pacte de responsabilité est remis en cause par les syndicats, qui le  dénonce  comme "une coquille vide" , un pacte de complaisance offert aux entreprises par François Hollande , sans aucune garanties de contreparties,  notamment en terme d'emplois,  nous avons le 17 mars rapporté leur journée nationale  interprofessionnelle de manifestation et d'action qui a  mobilisé des milliers de manifestants,  et les réactions des personnalités syndicales.

 

Mais mais nous avons aussi d'autres échos importants  qui condamnent sans appel  le Pacte de responsabilité, selon les Agences de Notation, comme l'explique Jean -Marc Sylvestre dans son Edito publié le 20 Mars .." ...le pacte de responsabilité est planté", par ailleurs  dans un autre Edito publié le 6 mars , Jean-Marc Sylvestre  analysait la mise de la France sous surveillance par Bruxelles.

Ces questions sont très  cruciales  pour l'avenir de la France en recherche de croissance, accablé par le chômage, or qu'avons nous vu ces quelques semaines dernières ?,  le Gouvernement, la magistrature, le barreau, et  les médias  qui  leur sont dévoué , se lancer dans des polémiques  lamentables, contradictoires, mensongères,  insultantes, inquisitoires, au sujet  des écoutes téléphoniques à double détente dont l'ancien Président de la République  Nicolas Sarkozy et son Avocat étaient les sujets à abattre, notamment  dans l'opinion publique, et  nous  avons vu  aussi  François Hollande et les ministres concernés se  perdre  de concert avec quelques dirigeants de l'UE  et le Président des États-Unis  dans des attaques  insensées  et irresponsables contre Vladimir Poutine au sujet de la situation en Ukraine.


Ainsi, tout ce qui préoccupe les français au premier chef est éludé et passé sous silence par nos dirigeants, plus grave encore ils   ne tiennent pas compte des avertissements  et des conseils  des experts de  l'Europe. L'exemple de la Grèce ne parait pas les impressionner, ils  campent sur un Pacte de Responsabilité réfuté de toute part et sur leur lancée,  ils nous conduisent têtes baissées  dans le même désastre d'austérité  que celui dont   souffre la Grèce  depuis d'année.


ooOoo 


Ci-dessous nous vous proposons de lire les excellentes  analyses de Jean-Marc Sylvestre  sur le Pacte de Responsabilité et questions liées  :

L'Édito de Jean-Marc Sylvestre

Publié le 20 mars 2014
Pour les agences de notation, le Pacte de responsabilité est planté

François Hollande ne réussira pas à appliquer le Pacte de responsabilité. C'est l’avis des agences de notation Moody’s et Standard and Poor’s. C’est aussi l’avis des marchés et des milieux d’affaires internationaux.

Les agences de notation Moody’s  et  Standard  and  Poor’s pensent que François Hollande n'arrivera pas à appliquer son Pacte de responsabilité.

Malgré les propos optimistes du ministre de l’Économie hier dans le Figaro, les marchés et les chefs d’entreprise ne croient plus que François Hollande peut encore lancer son Pacte de responsabilité. Ce pacte avait été bien accueilli il y a deux mois. Il paraissait ambitieux et cohérent. Il répondait à une nécessité : renforcer la compétitivité des entreprises en réduisant les dépenses de l’État. C’était même un bon début pour envisager une baisse des impôts. Un peu comme ce qui s’applique en Italie.

Seulement voilà, l’annonce date déjà de janvier, soit il y a plus de deux mois. Et depuis deux mois, le gouvernement s’est enlisé dans des débats de politique politicienne dont il ne ressort rien. Un débat violent avec le Medef sur les contreparties qui n’a pas été réglées parce que les entreprises ne peuvent pas s’engager sur des objectifs chiffrés. Donc, on a fait un faux compromis où tout le monde a raconté des histoires en faisant semblant de les croire.

Parallèlement, le gouvernement n’a fait aucun progrès sur les économies de dépenses alors qu’on en attend pour 50 milliards. Louis Gallois n’y est pour rien, mais le choc de compétitivité qu’il avait espéré est loin de se produire. Le crédit d’impôt compétitivité emploi va être perçu par les entreprises mais l’État n’a pas financé cet effort donc pas d’effets macro-économique.

Pierre Moscovici n’arrête pas de faire son job, il rassure à Bruxelles, il explique à Berlin et à Paris, il s’offre le Figaro pour garantir aux décideurs que « nos économies de 50 milliards seront précises et détaillées »… mais ne donne pas les détails en question.
Bref Bercy sait que le monde des affaires se décourage mais n’a rien en magasin pour calmer cette inquiétude.

Après la mise sous surveillance de la France par Bruxelles – ce qui est quand même une humiliation - la France reste le dernier pays de la zone euro à ne pas avoir redressé la tête. Du coup les agences de notation qui doivent remettre leurs notes de printemps n’ont aucune raison de réviser leur diagnostic :

    1.    La France a un problème grave de compétitivité pour ses entreprises. Rien n’a été fait pour redresser cette compétitivité.

    2.    Le gouvernement ne fait aucun effort pour redresser ses finances publiques et trouver les moyens de financer les baisses de charges.

    3.    Plus grave, la situation politique et sociale est telle qu'elle empêche les réformes. En bref, il n’y a pas de majorité politique pour les faire passer.  Et c’est bien le problème. 


Les marchés et les milieux d’affaires pensent que François Hollande attend les élections municipales. Très certainement. Mais ils savent aussi que le Président a toujours une bonne raison pour attendre et réagir. Sauf qu’on arrive devant ce que les spécialistes appellent le mur de la dette. Le moment où il sera difficile de financer les dépenses publiques .Tout le monde est convaincu, que le président procèdera à un remaniement du gouvernement. Et dans cette perspective, les marchés et les européens font trois scénarios.

Premier scénario : Pour les marchés, l’idéal serait de s’affranchir des courants politiques et faire gérer la situation difficile par un gouvernement de personnalités de la société civile sur des objectifs clairs et budgétés. Et sur une période assez courte. Les marchés ont beau secouer les noms dans tous les sens, ils ont du mal à croire qu’un animal politique comme François Hollande accepte ce type de solution.

Second scénario : Reconduire un gouvernement très politique mais donner Bercy et tout ce qui touche à l’Économie, un patron et un seul super technicien, avec carte blanche pour redresser la situation.

Troisième scénario. Ne rien changer, garder le Premier ministre et les écologistes. Dans ce cas-là, le quinquennat est mort  et la situation économique va tourner  à la catastrophe. Ce n’est pas François Hollande qui terminera son mandat, mais ce sont, le FMI, la Commission de Bruxelles et la Banque centrale européenne qui assureront les échéances. Bref, on reverra ressortir la troïka qui, après Athènes, Madrid et Rome, viendra à Paris. Quelle perspective 
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L'Édito de Jean-Marc Sylvestre
Publié le 6 mars 2014

La France une fois de plus humiliée à Bruxelles

La Commission européenne vient de nouveau de flanquer la France au fond de la classe de la zone euro, pour ses performances économiques encore dégradées et surtout à cause de son manque d’efforts pour se redresser. Mario Draghi ne pourra pas résoudre les problèmes que la France elle-même ne veut pas reconnaître
.

En clair, la France se comporte comme le plus mauvais des élèves. Elle multiplie les mauvaises notes, et en plus,  elle ne travaille pas pour s’améliorer. Pire, elle donne le sentiment de se moquer des avertissements. Et même d’accuser ses petits camarades de ne pas l’aider… Quand ce n’est pas le président de la Banque centrale européennes qu’elle critique et accuse de jouer contre nous avec un euro trop fort. 

Cette fois-ci, la Commission de Bruxelles ne rigole plus et vient de placer la France sous surveillance. C’est l’antichambre des sanctions.  Pour mauvaise conduite…

"Pour une raison très simple, disent nos partenaires européens. Si la France ne se redresse pas, elle met en péril  non seulement son économie mais celle de toute la zone euro. La France est potentiellement contagieuse."

Les avertissements sont clairs et précis.

Premièrement, les déficits publics et sociaux ne baissent pas. Ils seront de 4% du PIB. C’est moins bien que ce qu’avait espéré et promis le gouvernement. La Cour des comptes à Paris a pourtant sonné l’alerte plusieurs fois en affirmant que l’effort de réduction des déficits s’appuyait essentiellement sur les hausses d’impôts et que ça ne pouvait pas marcher. Ça n’a pas marché.

Deuxièmement, les impôts ne sont pas rentrés comme prévus en 2013. La hausse des taux de prélèvements a stérilisé les contribuables. La croissance très faible a anéantie l’activité, et, par conséquent, les rentrées fiscales. Il  manquerait aujourd’hui 13 milliards d’euros.

Troisièmement, le chômage ne baisse pas. Fin 2013, il dépasse les 10,8%... Les experts pensent qu'il progressera encore à 11% en 2014. La réaction aux efforts de redressement est très ambigüe. A priori, si les entreprises françaises dégagent des gains de productivité, elles consacreront ces gains à la restauration de leurs marges qui ont complètent disparu, et non à l’emploi. Si l’emploi marchand ne s’améliore pas, c’est l’emploi aidé qui augmentera donc les dépenses sociales.

Quatrièmement, le pacte de responsabilité n’aura que peu d’effets à court terme sur l’emploi. Contreparties ou pas. Le transfert de ressources au bénéfice des entreprises ne sera pas assez massif et assez rapide. Si le CICE, le crédit d'impôt compétitivité et emploi, combiné à la baisse des cotisations familiales, entraîne la création de 300.000 emplois, il faudra s’estimer satisfait.

Cinquièmement, l’effet des 50 milliards d’économie de dépenses publiques sera très amorti si l’État parvient à les trouver ; ce qui n’est pas gagné. 50 milliards d’économies sur 2015, 2016, et 2017, c’est donc moins de 20 milliards par an. Mais cela implique de toucher aux effectifs de la Fonction publique, ou alors aux rémunérations, ou alors aux retraites, ou alors au périmètre de l’État. Bref, on touche au cœur du réacteur de l’électorat de gauche en France. Pas facile pour un gouvernement de gauche de se tirer ainsi une balle dans le pied.

Pour Bruxelles, qui reprend là l’analyse très sévère de l’agence de notation Moody’s. La situation socio-politique rendue nerveuse par le chômage empêche toute réforme libérale qui passerait par un désengagement de l’état, pourtant nécessaire.

L’exécutif français, et notamment Pierre Moscovici et Bernard Cazeneuve, ont réfuté la sévérité du diagnostic en précisant que le gouvernement poursuivait "les efforts de redressement des comptes publics jusqu’à la fin du quinquennat… Et les encouragements à l’offre productive."

Cet avertissement sévère de Bruxelles sera évidemment examiné avec attention par le conseil de la Banque centrale européenne, mais il entraîne la BCE sur des analyses contradictoires et gênées :

Premier point, l’Europe risque la déflation. Mario Draghi est très conscient de cette perspective. Il le dit chaque premier jeudi du mois. Il serait donc prêt, si la situation se détériorait, à dégainer l’arme monétaire et à distribuer des liquidités pour permettre à certains États de se désendetter. Dans ce cas, la BCE prendrait le chemin de la FED américaine. Cette décision conviendrait parfaitement à la France qui considère qu’une de ses difficultés se cache dans le rapport de change. Le problème, c’est que l’ensemble des autres pays de la zone euro ne le réclame pas.

Second point, la banque centrale restera donc extrêmement prudente sur injonction de l’ensemble des pays de la zone euro. Pourquoi ? Tout simplement parce que le seul avantage d’une dépréciation de l’euro serait de venir en aide aux canards boiteux et à tous ceux qui ne veulent pas regarder en face la réalité des réformes à engager. Pour quelle raison l’Europe du Nord, et même l’Espagne et l’Italie, viendraient offrir à la France de payer un modèle franco-français trop cher ? Pour quelle raison viendraient-ils exonérer Paris de faire preuve d’un peu de courage  politique ? Pour quelle raison accepteraient-ils pour les autres ce qu’on leur a refusé ?

Un économiste de Bruxelles affirmait hier que "si la France avait fait l’effort de redresser ses finances publiques et d’assouplir son modèle économique, comme les allemands l’ont fait ou les espagnols l’ont accepté, il n’y aurait plus de problème monétaire pour la France, et surtout, moins de chômage."

En réclamant le bénéfice de l’exception, la France perturbe l’ensemble de la zone euro, et, du coup, se marginalise. Cela fait le jeu des extrémismes, mais ça ne sert guère nos performances économiques et sociales. 


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