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Bourdin 2012 : Pierre Moscovici par BFMTV
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Le 23 Avril, Pierre Moscovici était l’invité de Jean-Jacques Bourdin pour BFMTV-
Ci-dessous nous avons retranscris les questions de « JJB » et les réponses de PM », en effet le texte permet de revenir au moment les plus pertinents sans avoir à repasser une deuxième fois, la vidéo, ceci a l’avantage de gagner du temps mais surtout à voir dans leur exactitude les réponses de Pierre Moscovici « mot à mot », alors que dans les médias « droitiers » ses réponses sont très souvent tronquées ou écourtées.
Ci-dessous références de lecture :
PM : les réponses de Pierre Moscovici
JJB : les « questions » de Jean-Jacques Bourdin
JJB : Pierre Moscovici, Directeur de Campagne de François Hollande est avec nous, Bonjour
PM : Bonjour
JJG : Pierre Moscovici, dites-moi !, ce matin tout a changé, il va falloir que François Hollande assume ses positions de favori, comment va-t-il le faire ?
PM : Ecoutez-moi, c’est sur que beaucoup de choses ont changé, et qui méritent qu’on y revienne, parce que c’est la première fois dans l’histoire de la Vème République , la première fois ça n’était jamais arrivé, qu’un président sortant est devancé par un candidat socialiste, pour François Hollande c’est un score extrêmement élevé , c’est le score le plus élevé d’un score de la Vème République , à l’exemple e celui de François Mitterrand en 1981 qui a été à l’époque réélu ..
JJB : parce qu’il a bénéficié d’un vote dit « utile »..
PM : je voudrais bien qu’on arrête ce jeu, je crois je crois qu’il y a eu …pourquoi faut-il toujours chercher à abaisser un score d’un second tour ? .., Hollande qui a fait 28 ,6 % , c’est un score très élevé et qui concerne beaucoup de Français, qui sort de la force qu’ils avaient de la cohérence qu’il était quelqu’un qu’on ne bougerait pas facilement, qui avait un cap , qui avait une vision , qui n’avait pas fait de concessions et de faciliter pour le 1er tour , et je crois qu’aujourd’hui les Français commencent à regarder François Hollande comme leur prochain Président . Mais alors ce statut de favori comment l’aborder ? .., avec de l’optimisme, oui moi je pense qu’hier une première étape a été franchie, une première étape à mis en marche le changement qui a été choisi incontestablement. La gauche elle-même s’est reconstituée, elle est 10 points au-dessus de ce qu’on était en 2007, il y a là le socle d’une belle victoire. Non seulement là je vous rejoins, c’est qu’il faut absolument convaincre, convaincre et convaincre encore, et que la récente responsabilité de François Hollande est ..,
JJB : Mais comment va-t-il assumer ce statut de favori ? Comment ? ., parce que ..,
PM : parce que …
JJB : jusqu’à maintenant, jusqu’à maintenant, et Pierre Moscovici vous allez me répondre franchement, est-ce qu’il y a eu adhésion autour de François Hollande ?
PM : moi je ..,
JJB : quelle adhésion ? ..,
PM : oui je crois que c’est important ..,
JJB : il y a un doute, doute encore sur ce qu’il est, sur ses compétences, vous le savez bien … qui …
PM : là vous avez raison ( ndlr : ironise PM qui remet les pendules BMFTV à l’heure GMT ), il y a un désaveu massif pour Nicolas Sarkozy , c’est une dimension du vote qui est importante , sûr qu’on n’obtient pas 28,6 % des voix par hasard, les Français ne prêtent pas leur confiance facilement et s’ils l’on fait , c’est parce que ils ont vu que cet homme François Hollande qui est parti à 2 ans , alors qu’il était très isolé d’une campagne, lorsque qu’il a remporté des primaires devant les socialistes, et c’est jamais facile, parce que les socialistes c’est quand même un parti qui est compliqué, en suscitant l’adhésion de millions de gens …
JJB : mais vous n’y croyiez pas ? …,
PM : Mais je ..,
JJB : .., quand il a déclaré sa candidature, vous étiez un supporter de Dominique Strauss Khan ..,
PM : Franchement ..,
JJB : .., vous y croyiez ou pas ? ..,
PM : Je suis son Directeur de campagne, depuis 28 ans maintenant je le connais ..,
JJB : oui, oui ..,
PM : mais j’ai découvert des choses pendant cette campagne, moi il m’a impressionné, il m’a impressionné par sa ténacité, par sa distance, par le fait que justement qu’il était un homme extrêmement égal, et puis qu’il résistait aux facilités, c’est-à-dire qu’il a pris une position depuis déjà 1 an , qui est « la France est en crise , il faut apporter des solutions, il faut le faire avec responsabilité, il faut être crédible, il ne faut pas faire n’importe quoi faire des propos démagogiques .. », il n’a jamais cédé aux surenchères et en même temps il faut être profondément de gauche, et c’est ce que vous pouvez lui reconnaître, ce qu’il faut lui reconnaître c’est qu’il a démarré tôt et qu’il est resté toujours sur le même rythme et sur les mêmes propositions , puisque ce qu’il dit depuis le 22 Janvier au Bourget c’est la même chose. Franchement, moi il m’a impressionné, oui François Hollande, je le lui ais dit d’ailleurs, il m’a appris beaucoup de choses,. Et puis c’est un homme qui ne ménage qui ne ménage pas sa peine, il est extrêmement exigeant avec lui-même,, avec les autres, il travaille énormément parce qu’il est investi dans cette campagne ..,
JJB : vous avez ..,
PH : par une mission d’être le deuxième Président de la République, socialiste, d’être le prochain Président de la République, dans une situation de crise extrêmement grave pour notre pays, il est conscient, il est habité par ça ..,
JJB : bien…., Pierre Moscovici vous avez écouté Henri Guaino, il y a quelques instants sur BFMTV-RMC, que lui dites-vous .., lui dit .., euh.., grâce à Nicolas Sarkozy nous avons quand même traversé la crise d’une manière, euh.., euh.., sans trop de mal, que dites vous à Henri Guaino qui dit lui qu’il y a une différence, l’un a une stature internationale, l’autre ne l’a pas, que dites vous à Henri Guaino, que répondez-vous, vous, vous ?...
PM : je réponds d’abord qu’il n’est pas lucide sur ce qui s’est passé hier soir, parce que c’est quand même un désaveu, un désaveu massif au Président sortant, je le répète, qui est devancé par un candidat, ça n’était jamais arrivé, même Valery Giscard d’Estaing, - et Dieu sait qu’à l’époque il y avait la crise et des difficultés-, était devant François Mitterrand en 1981
C’est unique ! , et pourquoi-ça ? Parce que c’est qu’il y a un échec terrible, vous prenez l’économie Française, moi je veux bien qu’on nous dise qu’elle a mieux résisté que d’autres, mais je vois qu’on a un nombre de 1 000 000 de chômeurs en plus qu’en 2007, 600 milliards (d’euros ) de dette publique en plus par rapport à l’Allemagne, parce que c’est par rapport à elle qu’il faut se prononcer, nous avons un déficit de commerce extérieur « record » , alors qu’ils ont un excédent, notre compétitivité qui s’effondre, l’emploi industriel qui recule, enfin le quinquennat de Nicolas Sarkozy est un quinquennat d’échec et en plus c’est un quinquennat d’injustice.
Regardons les choses en face, ce que les Français ont dit hier, c’est nous ne voulons plus de celui qui a la fameuse stature internationale, elle a un nom, elle a un nom c’est l’Europe, eh bien moi sur l’Europe je dis moi que Nicolas Sarkozy fait fausse route, je dis moi qu’il faut réorienter la construction Européenne. Les Français ne veulent pas, et ils ont raison, de l’Europe de Sarkozy et Merkel qui réduit à l’austérité, quand on a que l’austérité, à la fois on a la récession et on ne réduit pas ses déficits, c’est qui se passerait si on continue, il faut changer ..,
JJB : mais .., mais ..,
PM C’est exactement le contraire, au fond, au fond
JJB : mais ..,
PM : Les Français hier ont marqué une première étape, une première étape du changement, un premier pas v ers le changement, confirmons ..,
JJB : mais cette France du « non » qui a voté hier ..,
PM : oui ..,
JJB : qui voté Jean-Luc Mélenchon, qui a voté Marine le Pen, Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen , elle fait plus que vous, que votre candidat, Pierre Moscovici ..,
PM : je ne mélange pas ça, je pense que ce sont des femmes et des hommes qui ont des convictions qui ne sont pas les mêmes …,
JJB : Est-ce que c’est un vote d’adhésion le vote du Front National aux idées de Marine Le Pen ..,
PM : Je pense qu’il y a de ça et aussi autre chose, il y a deux composantes si vous voulez, moi je suis élu d’une région où le Front National fait des scores très évidents, dans ma circonscription … que François Hollande hier soir avait 26 % et Nicolas Sarkozy 21 % c’est le pays Montbéliard, l’industrie automobile. Je sais qu’il y a une partie des gens qui ont des conditions de vie très difficiles qui sont à droite avec des valeurs que je réfute totalement, des tentations racistes, xénophobes qui sont aussi souvent elles des dirigeants du FN, et puis il y aussi des gens qui sont en colère sociale, qui n’en peuvent plus, et dont avec la délocalisation le travail n’a pu être protégé, dont l’emploi industriel a été perdu, qui se demandent s’ils vont encore produire des bagnoles, excusez moi de parler comme ça, à Sochaux dans 10 ans ou dans 15 ans.
JJB : mais quelle est la solution que François Hollande peut leur apporter ?
PM : eh bien, eh bien, moi je crois , parce que ça fait partout les enjeux de ce second tour, je veux tenter de les rassurer, non pas en leur disant voilà je pense comme vous sur un tel sujet ou bien d’un homme d’abandonner ses propres convictions, il ne le fera pas, mais s’agissant de l’industrie française, c’est nous qui allons proposer le redressement, l’industrie , avec une banque publique, avec des investissements là où Nicolas Sarkozy a accepté le déménagement du territoire parce que justement sa vison des choses ce n’est que du libéralismes , et puisque vous parler de la France du « non », moi je suis-je .. moi, j’ai toujours voté oui, mais aujourd’hui les Français se sont trouvés autour à la face d’un « non » et d’un « oui », non c’est le non à l’austérité, et le oui c’est ce qui va remettre de la croissance dans le moteur, parce que s’il n’y en pas, l’Europe va plutôt se trouver….
JJB : Pourquoi vous ne faites pas rêver, pourquoi vous .., euh, euh…, François Hollande, Pierre Moscovici ?
PM : encore une fois c’est un jugement de valeur intéressant..,
JJB : non ! non !, je vous pose la question parce que je l’entends, vous l’entendez vous aussi ..,
PM : Oui j’en suis certain ..,
JJB : oui, oui..,
PM : d’abord deux choses, encore une fois je pense que c’est un bien ou un plus, on l’avait dit facilement, mais je crois qu’il a touché quelques uns chez les Français, par sa simplicité, par sa proximité, et puis la deuxième chose, c’est que ce n’est pas quelqu’un , encore une fois, à jouer sur les peurs ou être dans la facilité.
JJB : Est-ce que vous croyez que Nicolas Sarkozy … est … est …,
PM : je pense que François Hollande est un homme qui est conscient de la gravité du moment de la crise et qui ne cherche pas, il vit un rêve Français, i ne cherche pas à vendre des illusions, il n’est pas un bonimenteur, puis ..,
JJB : Est-ce que vous croyez que Nicolas Sarkozy va opérer une forme de rapprochement, je ne parle même pas des hommes, du Front National, sincèrement ?
PM : j’ai noté qu’il l’avait déjà fait hier soir ..,
JJB : c’est-à-dire ?
PM : …, il a évoqué les thèmes du second tour, j’attends maintenant ce qu’il va dire. Une chose avec laquelle je suis en désaccord complet sur ce qu’à dit Nicolas Sarkozy, il a prononcé un mot qui me choque, il a dit « les patriotes » d’une façon , d’une manière (Vérifier) générale, mais le patriotisme n’est pas l’apanage de la droite, moi j’aime ma patrie, j’aime mon pays, il y a des patriotes à gauche, il y a des patriotes à droite, alors arrêtons de faire croire comme s’il y avait d’un côté la vrai France et de l’autre côté une autre France, nous ne sommes pas l’autre France, nous sommes la France qui veut la justice, nous sommes la France qui veut se redresser, nous sommes la France qui veut donner une France à la jeunesse ..,
JJB : vous êtes là pour les assister ?
PM : nous sommes la France pour l’Europe
JJB : vous êtes la France qui veut ouvrir les frontières, vous êtes la France qui veut .., Pierre Moscovici je l’entends, mais vous ..,
PM : oui mais bien sûr je l’entends, eh bien il nous reste justement cet entre deux tours pour convaincre, nous avons tout autant d’autorité que quiconque, pour l’immigration illégale, nous ne voulons d’une Europe qui serait une passoire, mais aussi la France c’est le pays des droits de l’homme, la France c’est d’accueillir sur son sol ceux qui y viennent en situation régulière, et puis nous avons besoin à la fois de cette ouverture au monde , elle est indispensable , et aussi de protéger notre propre pays.
JJB : Louis Alliot ce matin sur RMC dit je vote blanc.., euh.., au second tour de la Présidentielle, vous le prenez comment ?
PM : je le prends …
JJB : vice-président du Front National..,
PM : je le prends comme un désaveu de ce que j’ai entendu dire dès 20 heures (hier), dans la bouche comme quelqu’un Jean-François Copé qui disait « Voilà il y a un bloc de droite qui fait 48 %, eh bien non !
JJB : ça vous choque que .., (ndlr : JJB insiste en criant presque) Est6ce que ca vous choque que l’UMP mette dans le même pot commun l’UMP et le Front National ?
PM : Ce n’est pas que ça me choque ou pas, je constate simplement que ce n’est pas vrai, parce que quand Louis Alliot vice-président du Front National dit qu’il va voter blanc, il ne se laisse pas comme ça approprier par l’UMP ;
Vous savez là il y avait une dissymétrie fondamentale côté Nicolas Sarkozy qui est tout seul, qui est isolé, qui appelle à voter pour lui, et qu’il y d’un autre côté François Bayrou qui, on verra, va s’adresser aux candidats ..,
JJB : hier François Bayrou ..,
PM François Bayrou est un homme qu’il faut respecter dans sa liberté, il a dit qu’il allait s’adresser aux candidats, nous verrons ce qu’il dit parce que c’est important, en un temps, moi je constate qu’il a dit beaucoup de choses pendant ce quinquennat qui étaient très critiques sur l’éthique, sur l’Etat impartial, sur la morale , la république, sur , sur l’exemplarité de l’Etat, qui font qu’il est de Nicolas Sarkozy, mais ce sont ses électeurs qui vont choisir.
Je reviens quand même sur la dissymétrie que j’évoquais, d’un côté Nicolas Sarkozy isolé qui a fait le vide de son côté, de l’autre côté une gauche au niveau élevé, plus élevé qu’en 1988, , ca n’était jamais arrivé 44 %, et qui s’est rassemblée, et qui s’est rassemblée sans tractation, sans tractation, sans négociation, sans engouement, sans aucune forme comme ça de petits arrangements, c’est pas comme ça que ça s’est passé, et il faut voir ce soutien de Mélenchon, de Mélenchon et d’Eva Joly, il a été très digne, nous avons une force unie pour le chemin ..
JJB : bien .., euh, Nicolas Sarkozy propose 3 débats entre les deux tours, vous dites non, hein, auriez vous peur du débat Pierre Moscovici ?
PM : (ndlr : Pierre Moscovici sourit amusé)
PM : Cette affaire fait sourire je vais vous dire, d’abord il y a eu des débats, entre Nicolas Sarkozy et François Hollande, qui n’ont pas toujours été à l’avantage de Nicolas Sarkozy. François Hollande attend ce débat, il l’attends avec sérénité, Je pense que c’est une confrontation à laquelle il s’est préparé, il s’y est préparé, elle aura lieu,.
Pourquoi voudriez-vous tout à coup qu’en fonction des situations on change, parce que ça arrange Monsieur Sarkozy ? .., En 2007 est-ce que Monsieur Sarkozy avait trois débats avec Ségolène Royal qui lui avait demandé qu’il y en ait plusieurs, non, est-ce que entre Valéry Giscard d’ Estaing et François Mitterrand dans des élections qui étaient très tendues , très, il y a eu plusieurs débats, non plus !. Mais il a raison, il faudra qu’on parle de toutes ces questions suscitées, il faudra qu’on parle des questions économiques et sociales, il faudra qu’on parle des questions internationales, aussi de l’Etat exemplaire, de cette gouvernance, des institutions, nous le ferons. Voilà un grand débat, ce n’est pas parce que hier soir Monsieur Sarkozy a été désavoué par les Français qu’il faut changer les règles du jeu..,
JJB : Mais pourquoi ..,
PM : parce que c’est institutionnel, dans la Vème République, pas pour lui faire plaisir
JJB : mais pourquoi l’a-t-il fait parce que c’est une bête blessée, ou pourquoi ?
PM : je pense qu’il l’a fait pour faire parler de lui et pour justement laisser faire dire que nous aurions peur, non nous n’avons pas peur, mais nous respectons ..,
JJB : … (mot inaudible) ..,
PM : nous respectons ..,
JBB : une tactique, une tactique à vos Yeux ?
PM : je pense qu’il connaissait déjà notre réponse , elle avait été donnée, non il n’y a pas de raisons de bousculer les traditions de la République, que Sarkozy affronte seul le débat, c’est un grand débat qui opposera deux hommes, deux démarches, deux façons d’être, et moi j’ai confiance en François Hollande, parce que je suis persuadé que ce débat là il va l’emporter, parce que il est justement l’homme, justement, dont les Français ont maintenant besoin comme Président de la République.
JJB Bon , merci Pierre Moscovici d’être venu nous voir ce matin sur BFMTV-RMC, merci.
PM : Merci
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