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23 avril 2012

François Hollande - Meeting à Quimper - 23 Avril 2012 -

Éditorial de lucienne magalie pons


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Discours de François Hollande à Quimper le 23 avril 2012

Mes chers amis, après ce premier tour, je voulais que mon premier déplacement soit ici en Bretagne, pour vous exprimer ma gratitude. Car si je suis sorti en tête du scrutin pour le premier tour de l’élection présidentielle, j’ai fait les comptes et mêmes les calculs, c’est grâce à la Bretagne !

Et nous avons donc rempli le premier objectif. C’était d’arriver premiers, nous y sommes ! C’était aussi de faire le meilleur résultat pour un candidat socialiste depuis François Mitterrand en 1988. Nous avons même — j’espère qu’il ne m’entend pas… — fait mieux que lui en 1981 ! En 1981, il avait fait 26 %. Nous avons fait plus de 28,5 % ! En 1981 il était second. Nous sommes premiers ! Et en 1981, il avait gagné l’élection présidentielle. Alors, nous allons gagner l’élection présidentielle !

Quand j’ai découvert les résultats, j’étais dans ma bonne ville de Tulle et je regardais, comme vous, la télévision. Pour savoir, dans un scrutin, qui l’a emporté, c’est assez simple : vous regardez les visages. Ils ne trompent pas. Vous voyez ceux qui sont contents et qui ne le montrent pas — c’étaient les nôtres. Et vous voyez aussi ceux qui voudraient montrer leur tristesse et qui y arrivent — c’étaient les leurs !

Le candidat sortant arrive toujours à se convaincre lui-même — pas les autres, ça nous rassure, lui-même ! Et hier, il essayait de faire passer ce qui était un échec comme un succès. Il était content. Il est comme ça ! Il croit aussi que son quinquennat a été un succès. Plus de 73 % des Français ont pensé le contraire, mais lui, il continue à penser qu’il doit aller de l’avant ! L’autre jour, il évoquait sa campagne comme une vague. J’ai pensé à vous, les Bretons ! La vague, elle monte, elle monte ! Elle monte tellement haut qu’il va la prendre en pleine face !

Mais le vent qui nous pousse doit aussi nous à amener à une grande lucidité. C’est vrai que nous sommes sortis en tête. C’est exact que la Gauche est à son plus haut niveau depuis très longtemps, 44 %. Mais faites vos comptes : 44 % ça ne fait pas 50 % et des poussières. Or je rappelle qu’à une élection présidentielle, il faut faire la majorité. Donc, nous avons besoin de rassembler. Rassembler la Gauche, toute la Gauche. Et j’ai apprécié que les candidats, au soir du premier tour, Jean-Luc Mélenchon et Eva Joly, disent immédiatement, sans rechigner, sans bargouiner : « Nous voulons la victoire de la Gauche, nous voulons écarter le candidat sortant, nous ne voulons rien compliquer, et nous voulons surtout que la France puisse de nouveau espérer dans son avenir ».

Donc, le rassemblement de la Gauche, il est là, il est fait. Et il y a beaucoup d’électeurs qui ont pu se porter au premier tour sur des candidatures différentes de la mienne, et qui viendront sans aucune difficulté — même s’ils n’approuvent pas tout mon projet — me donner la force nécessaire pour être le prochain président.

Mais il convient d’aller chercher aussi d’autres électeurs qui ne savent plus très bien où ils en sont, tant le quinquennat qui vient de s’achever a chamboulé un certain nombre de certitudes, a créé tant de désillusions, tant de désespérance. Je pense notamment, ici même en Bretagne, à ces hommes et à ces femmes qui ne savent plus vers qui se tourner et sont allés vers les vents mauvais du vote extrême. Oui, nous pouvons les blâmer au sens où ils n’ont pas fait le choix qui correspond à ce qu’est l’histoire de notre pays, la fierté qui doit être la nôtre d’appartenir à une grande Nation. Et en même temps, nous devons les entendre, ce sont souvent des ouvriers qui ne savent plus de quoi demain va être fait, ce sont des retraités qui n’en peuvent plus, ce sont des agriculteurs qui craignent pour la survie même de leur exploitation, ce sont aussi des jeunes — oui, des jeunes — qui se disent : « Mais où est notre avenir ? ».

Alors moi, je dois parler à tous en disant aux jeunes, aux moins jeunes, à ceux qui sont les plus loin du travail, à ceux qui travaillent beaucoup et qui n’ont pas la récompense de leur effort. Je dois leur dire : « Vous êtes dans un grand pays, et nous allons nous relever tous ensemble, nous redresser ».

Nous n’avons pas besoin de nous diviser. J’entendais le candidat sortant disant qu’il était un patriote. Mais heureusement ! Il disait qu’il aimait la France. Mais c’est bien le moins quand on est président de la République ! Il n’y a pas deux France, l’une qui serait en doute sur elle-même, et l’autre qui serait en confiance par rapport à son avenir. Non, il n’y a que des Françaises et des Français à égalité de droits et de devoirs. Et moi, je ne fais pas la distinction selon les couleurs, selon les origines, selon les parcours, selon les régions, selon les situations. Nous aimons notre pays. Je l’entendais dire : « Je vais vous protéger ». Mais est-ce qu’il a protégé les Français par rapport au chômage ? Est-ce qu’il les a protégés par rapport au pouvoir d’achat, par rapport à la mondialisation libérale, par rapport à la finance ? Mais qui a-t-il protégé ? On les connaît, ce sont les privilégiés, ce sont les forces de l’argent !

Voilà pourquoi dans cette campagne, je dois parler à tous. Et j’en sais aussi beaucoup qui sont attachés à une conception élevée de la République, à l’impartialité de l’Etat qui consiste pour celui qui en est le responsable à ne pas placer ses propres amis partout, qui sont attachés aussi à l’exemplarité — c’est-à-dire que quand on est en haut, on doit montrer à ceux qui sont dans des situations plus difficiles que les sacrifices sont partagés, y compris pour les rémunérations, pour les protocoles, pour les déplacements.

Vous ne pouvez pas savoir la chance que j’ai d’être candidat. Je le plains, l’autre ! Moi je me déplace partout. Il y a quelques barrières, quelques protections, mais je peux aller vers vous — et c’est un grand bonheur ! Lui, ça paraît plus difficile. Il paraît qu’il y a des cordons de CRS. J’ai beaucoup de respect pour les CRS, ce sont des fonctionnaires qui font bien leur travail. Et moi, si je deviens le prochain président, je voudrais continuer à faire ce que je fais, aller à votre rencontre, vous parler directement, vous entendre. Parce que vous m’avez communiqué des messages sur l’emploi, sur la santé, sur l’école. Parce que vous voulez que les services publics, que ce que nous apportons de mieux à nos enfants ou aux personnes plus âgées — je pense à l’hôpital public -, oui, vous pensez vous aussi que ces équipements-là, que ces services publics sont une chance pour la République et pas une charge !

Alors, je dois m’adresser à ces électeurs qui ne sont ni de gauche ni de droite et qui se disent : « Quel sera l’intérêt du pays, entre celui qui sera encore là pour quelques jours — je les compte, lui aussi… — et celui qui peut, si vous en décidez, être le prochain président ? ». Il s’agit de parler non pas simplement de notre idéal, de nos parcours politiques ; il s’agit de parler de l’intérêt de la France. C’est ce qui va déterminer le choix de beaucoup, le destin de notre pays. Qu’est-ce que nous voulons, qu’est-ce que nous risquons ? C’est vrai que quand on change, il y a toujours un risque. Comme dit l’adage « on sait ce qu’on a et on ne sait pas ce qu’on pourrait avoir ». Mais là, on sait vraiment ce qu’on a ! Et donc le changement il doit venir, il arrive, vous l’entendez, il vient !

Treize jours avant le 6 mai. On me propose, c’était hier, trois débats. Avant le premier tour, c’était deux. Peut-être qu’après le second tour ce sera quatre… Ce sera trop tard ! Je me suis posé la question : mais pourquoi il veut autant de débats ? En 2007, quand il y avait deux candidats, lui et Ségolène Royal, il n’avait pas proposé trois débats ! Il n’y en avait eu qu’un. En 2002, hélas entre Jacques Chirac et déjà Le Pen — souvenez-vous de ce second tour terrible — il n’y avait pas eu de débat. En 1995, il y avait eu débat entre Jacques Chirac et Lionel Jospin. En 1988 un débat avait suffi, entre François Mitterrand et Jacques Chirac.Et en 1981, comme en 1974, un grand débat entre François Mitterrand et Valéry Giscard d’Estaing. A chaque fois, un grand débat qui mobilise des millions de téléspectateurs. Il aura lieu, ce débat ! Et nous le mènerons comme il convient, sur le bilan du candidat sortant, sur les projets respectifs. Le sien est bien connu, c’est le même que celui qu’il a mené depuis cinq ans et qui a échoué – en pire, même – avec la TVA en plus, avec la remise en cause de la durée légale du travail, avec l’atteinte de la protection sociale. On s’en expliquera. Il viendra me chercher sur d’autres thèmes – je les connais déjà, il a répété cela depuis tant de semaines. Il mettra en cause ma position pour réduire la part du nucléaire dans la production d’électricité. Je l’assume ! Il y aura une centrale qui fermera durant le prochain quinquennat, à Fessenheim. Lui a contesté ce choix. Il en a bien le droit. Il a même prétendu qu’il s’était rendu à Fukushima pour constater ce qu’il fallait penser de cette centrale : il n’y est jamais allé ! Il est comme ça, il s’invente même des voyages. Il parlera de l’immigration. Ma position est connue sur la régularisation des sans-papiers, au cas par cas mais dans la dignité. Il laissera penser que nous voulons tout accorder. C’est faux ! Aujourd’hui, il y a 30 000 régularisations chaque année. Il voudra réduire l’immigration légale de moitié – cette immigration légale qu’il a finalement acceptée pendant dix ans comme ministre de l’Intérieur puis comme président de la République. Il dira que nous voulons mettre l’économie par-dessus tête. Mais c’est déjà fait ! Il dira que nous avons l’intention de vider les caisses. Mais de quelles caisses parle-t-il ? Il n’y a plus rien dans la caisse ! Il nous dira que nous allons mettre en cause la croissance – elle n’y est plus ! –, le chômage – il a augmenté ! N’ayez peur de rien ! Ne craignez rien ! Le seul risque que le pays peut courir, c’est de le garder !

Et voilà qu’il en arrive à la dernière peur : « la spéculation arrive, les marchés sont en train de s’inquiéter ». Ce matin, c’est vrai, la bourse de Paris a perdu quelques points, inquiète non pas de notre résultat mais, hélas, de la montée du Front national. Parce que ce n'est pas bon signe pour un pays que d’avoir cette présence d’une extrême-droite. Ce n’est pas, d’ailleurs, propre à la France. C’est dans toute l’Europe que le populisme commence à gagner, ce qui m’amène à faire de l’élection présidentielle du 6 mai non pas simplement une élection nationale, mais une élection européenne. Tous les Européens nous regardent aujourd’hui. Beaucoup m’envoient des messages. Les progressistes, directement. Même les autres qui ne le sont pas et qui sont plutôt conservateurs nous attendent. Ils se disent : « Mais si la France réoriente la construction européenne, si elle remet la croissance, l’activité économique, le développement durable, les grandes infrastructures écologiques et environnementales, alors l’Europe se redressera et c’en sera fini de cette austérité que l’on impose partout et qui finit par désespérer les peuples et les conduire à voter pour l’extrême-droite ». Quand je vois le candidat sortant s’en prendre à l’Europe – parce qu’il s’en prend, en plus, à l’Europe ! – en laissant penser qu’il faut fermer les frontières, alors que c’est cette Europe-là qui nous permet de maîtriser et de contrôler l’immigration à certaines conditions, quand je l’entends dire qu’il faudrait mettre du protectionnisme alors qu’il a été le candidat du libre-échange, de la circulation sans limite des marchandises et même des produits financiers, alors oui, nous avons là un enjeu européen très important. Et je parle ici en Bretagne – et Jean-Yves pourrait le confirmer –, une région qui a toujours fait confiance à l’Europe et qui veut une Europe de progrès, de solidarité, une Europe sociale, une Europe économique, une Europe écologique ! Donc nous avons là un enjeu très important à relever ensemble.

Voilà, mes chers amis, l’ampleur de ce que nous sommes en train de bâtir ensemble : une victoire. Une victoire qui veut rassembler et non pas diviser. Je veillerai tout au long de ces treize jours qui nous séparent du 6 mai à mobiliser les Français autour d’une grande cause, une cause qui nous dépasse tous, qui est l’avenir de notre pays, son redressement dans la justice et aussi la réussite de la jeunesse. Je veux que la France donne toutes ses chances, toutes les conditions pour que la génération qui vient vive mieux que nous !

Il y aura un élan. Nous n’allons pas pratiquer l’ouverture, vous avez vu ce que c’est devenu. Ils sont même revenus – enfin, pas tous, on en a laissé qu’on ne voulait pas. Mais nous ne pratiquerons pas ainsi. Nous n’aurons pas besoin d’aller chercher de l’autre côté. Nous avons suffisamment de talents, et notamment ici en Bretagne, pour constituer des gouvernements. Mais en même temps, nous n’avons pas besoin de maudire celles et ceux qui n’auront pas voté pour nous. Ils seront les bienvenus, parce que nous avons besoin de tous. Et celui qui doit être le prochain président de la République doit être le président de tous les Français et pas seulement d’une partie d’entre eux. Il dit souvent : « François Hollande ne veut pas être vraiment le chef ». Mais si, si ! Il a mal compris. Le chef de l’Etat, oui ! Mais pas le chef du gouvernement, le chef de la majorité, le chef du parti – cela, c’était son temps. Et il va s’achever !

Le prochain président devra emmener le pays. Bien sûr, fixer la ligne d’horizon, donner sa vision, mobiliser le pays. Et en même temps, respecter les autres pouvoirs : le pouvoir des régions, des collectivités locales, des partenaires sociaux, des entreprises, des syndicats, parce que nous en avons besoin, nous avons besoin de négociations. Il faut respecter les grandes organisations, les organisations non gouvernementales, tous ceux qui font bouger le pays. Nous aurons besoin de tous les concours pour réussir. Parce que ce ne sera pas facile, après.

J’en entends beaucoup qui me disent, dans mes déambulations, au-delà des encouragements, des appuis – on me dit toujours la même chose, même encore aujourd’hui –, on me dit : « Courage ! Courage ! ». Je n’en manque pas. On me dit : « Tenez bon ! », parce que vous vous inquiétez, vous vous dites « l’autre est prêt à tout ». C’est possible. Vous me dites : « Il faut aller jusqu’au bout ! ». Mais on va y aller jusqu’au bout ! On va y aller – on y est presque – jusqu’au bout ! Et puis d’autres encore, et ils ont raison, « Ne nous décevez pas ». Parce qu’il ne faut rien promettre qu’on ne soit capable de tenir. Parce que nous devons réussir après. Parce que moi je ne veux pas, si je suis votre prochain président, être dans la situation de celui qui va bientôt sortir et dire « pardon, je n’ai pas fait comme il convenait ». Il est toujours en train de dire : « Ah, si j’avais commencé différemment… ». Possible qu’il aurait fait mieux – et encore, ce n’est pas sûr. Mais on sait comment cela va finir, parce que nous allons en décider ainsi, nous peuple français. Moi je veux, si je suis votre prochain président, pouvoir dans cinq ans vous dire « voilà, je vous avais promis que la jeunesse serait au cœur de mes priorités, elle l’a été. Je vous avais dit qu’aucune décision ne serait prise si elle n’est pas juste, eh bien aucune ne l’aura été. Je vous avais dit qu’on ferait la réforme fiscale, la réforme territoriale, la réforme bancaire, la réforme institutionnelle ». Nous ferons tout cela. Et je pourrai vous en rendre compte tous les six mois, parce que je viendrai devant le pays, devant les journalistes pour lesquels j’ai grand respect, rendre compte de ce que j’aurai engagé pour le pays. Et le gouvernement le fera aussi devant le Parlement. Voilà le sens de ce que je veux faire avec vous.

Vous êtes venus nombreux, dans des conditions qui n’étaient pas faciles. Nous avons vaincu toutes les intempéries possibles, alors rien ne nous arrêtera maintenant ! En venant en Bretagne, je voulais prendre le bon air, respirer une bonne fois, avoir le souffle nécessaire. Merci, merci à tous de m’avoir permis de prononcer mes premiers mots après le résultat de dimanche. Eh bien je souhaite que vous soyez encore plus nombreux le 6 mai, ici même sur cette place. Bernard me représentera. Je souhaite qu’il y ait une grande fête, que nous puissions nous dire « voilà, nous avons bien travaillé pour le pays, nous sommes heureux en ce jour parce qu’il y a un nouveau temps, une nouvelle espérance, un nouveau président et que nous avons maintenant à redresser le pays dans la justice ».

Merci de votre confiance, merci de votre soutien ! Allez sereinement, tranquillement, fermement vers la victoire !

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