07 avril 2012

Francois Hollande à CREIL le 6 Avril 2012 - discours intégral -

Éditorial de lucienne magalie pons

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Le discours de Creil dans son intégralité

Quel accueil ! Mon cher Jean-Claude, à un moment, j’ai pensé ne jamais arriver à la mairie tant il y en avait qui voulaient m’embrasser, me serrer, me donner des encouragements ! Je me suis posé la question : est-ce que ça valait bien la peine de faire ce rassemblement ? Oui ! D’abord pour saluer tous les élus qui sont à mes côtés, président de conseil général, président de conseil régional, parlementaires, députés-sénateurs, mais surtout vous ! Vous sans lesquels nous ne sommes rien et grâce auxquels nous serons tout demain !

J’ai compris en faisant ces quelques mètres qui séparaient la gare de la mairie, que vous étiez nombreux à vouloir le changement. Vous me le disiez avec vos mots, pas toujours agréables pour le candidat sortant, mais tellement favorables à la candidature que je porte. Mais il ne suffit pas de mettre quelqu’un dehors, il faut mettre quelqu’un dedans ! Il ne convient pas simplement d’exprimer un rejet, un refus, voire un licenciement comme le disait Jean-Claude, il faut faire une embauche, et pour cinq ans ! Et il ne faut pas se tromper, il n’y a pas de période d’essai !

Et donc, dès le premier tour — parce que, pas la peine d’aller convoquer une nouvelle réunion — vous devez faire votre choix, tout de suite, dimanche 22 avril. Vous devez le faire pour vous, habitants de Creil, de l’Oise, qui avez tant souffert depuis cinq ans, de suppressions d’emplois, de fermetures d’entreprises. Et je n’oublie pas les agriculteurs qui ont éprouvé aussi un grand nombre de difficultés. Mais je pense aussi, et surtout, à tous ceux qui, citoyens de ce département, ont vu la dégradation au quotidien de leurs conditions de vie, conditions de transport, avec une montée des violences et de l’insécurité, conditions d’accueil des élèves à l’école, à l’école publique, avec ces suppressions de postes, ces RASED mis en cause, ces filières qui viennent accompagner les élèves les plus en difficulté, qui ont été saccagées par une politique aveugle.

Oui, je pense aussi — et cela m’a été dit tout au long de ces mètres que j’ai pu faire avec vous, tant vous avez été nombreux à m’interpeller — à ces personnels soignants des hôpitaux qui se dévouent pour la solidarité à l’égard des plus affectés par la maladie ou par l’épreuve, et qui voient, là encore, leurs conditions de travail mises en cause. Je pense aussi à ces agents des services publics qui s’interrogent sur leur avenir. Je pense à tous ces retraités qui, lorsqu’ils entendent que leur pouvoir d’achat aurait augmenté, se posent la question de savoir si ceux qui dirigent savent bien ce qui se passe. Et voilà qu’on leur promet de verser la pension dès le premier du mois. Mais ça ne changera pas son montant !

Nous devons changer de président, changer d’avenir, changer de politique pour une cause qui nous dépasse tous et qui nous élève, chacune et chacun d’entre nous, celle que je porte depuis le début de cette campagne : la jeunesse de France qui espère, qui attend, qui veut sa place, qui veut sa reconnaissance, qui veut ses droits, qui veut retrouver confiance dans l’avenir à travers une formation de qualité et, surtout, la perspective d’un emploi. Parce qu’aujourd’hui, 4 millions de nos concitoyens sont frappés par ce mal qui ne vient pas de nulle part, qui vient d’une politique, qui vient d’un système, qui vient d’un laisser-aller. Quatre millions de nos concitoyens, un million de plus qu’en 2007. Dois-je rappeler les engagements qui avaient été pris, où le chômage devait baisser jusqu’à 5 % de la population active ? Et voilà qu’il est à 10 % !

Je pense à ces jeunes, mais je pense aussi aux seniors écartés de l’entreprise trop tôt pour pouvoir partir à la retraite et qui sont obligé d’attendre deux ans de plus, jusqu’à 62 ans, alors que ces personnes ont leurs droits. Eh bien, je vous l’annonce ici comme je l’ai fait à chaque occasion : dès le lendemain — je dis bien dès le lendemain — de notre victoire sera publié un décret qui permettra à celles et ceux qui ont commencé tôt à travailler, qui ont leurs annuités, de partir à 60 ans, parce qu’ils l’auront mérité !

Vous voulez le changement ? Vous le voulez vite ? Vous le voulez fort ? Alors, il faut nous accompagner tout au long de ces derniers jours. Je sens l’enthousiasme monter d’un cran ! Je sens la ferveur nous porter ! Mais il ne suffira pas d’être simplement celles et ceux qui sont rassemblés ici, il faut être bien plus nombreux ! Vous savez ce qu’ils espèrent, les autres, de l’autre côté ? Ils espèrent que vous ne veniez pas voter dimanche. Ils espèrent l’abstention. Ils espèrent la désespérance, le découragement, la résignation. Eh bien, vous devez vaincre d’abord la résignation, le découragement, le fatalisme. Et vous devez vous adresser à toutes celles et tous ceux qui se posent la question de l’utilité du vote. Vous devez leur dire : « Mais c’est pour vous, pour votre destin, pour votre avenir, que nous sommes candidat à l’élection présidentielle ! ».

Je sais qu’ici, il y a ceux qu’on appelle les « volontaires du changement ». Ils sont là, ils font du porte à porte, tous les jours, tous les soirs — et même la nuit, j’en suis sûr, ils viennent réveiller un certain nombre d’assoupis pour leur dire : « N’oubliez pas, c’est le 22, c’est dimanche ! ». Pas dimanche prochain, c’est Pâques, mais l’autre dimanche et l’autre après ! Le 22, votez bien ! Et pour ceux qui ont des troubles de mémoire — ça peut arriver —, le 22 c’est après le 21. Et le 21, qu’est-ce qui s’était passé il y a dix ans ? Il y en avait qui avaient oublié de voter. Et qu’est-ce qui s’est produit ? Il avait fallu voter pour la Droite contre l’extrême-Droite. Eh bien là, le 22, vous n’allez pas vous tromper. Et le 6 mai, ce sera bien la Gauche, toute la Gauche, la Gauche rassemblée, la Gauche unie contre la Droite !

Parce que la Droite trouve toujours dans les circonstances les plus difficiles, lorsque son pouvoir est en cause, la façon de se réunir, de gré ou de force. J’ai le sentiment que ça a été plutôt de force que de gré cette fois-ci, parce que le champion qu’ils ont choisi — enfin, c’était il y a cinq ans — n’est pas facile à vivre, même pour ses propres amis… Mais c’est ainsi, la Droite ne se trompe pas quand il s’agit de ses propres intérêts. Et quand elle l’oublie, les forces de l’argent le lui rappellent.

Parce que dans cette campagne, les forces nous le rappellent, le Medef a choisi son candidat. Le patronat a décidé, lui, de s’engager. J’entendais les compliments que lui adressait Madame Parisot, au candidat de Droite. Elle n’avait pas de mots assez élogieux pour parler de son bilan. Je la comprends ! Les plus favorisés ont été bien servis. Les plus grandes entreprises ont été bien dotées. Et j’entendais le candidat sortant ce matin, sur une radio, dire qu’il n’avait pas baissé les impôts des riches, puisqu’il avait augmenté les impôts de tout le monde… Mais il y a eu une exception : tout le monde a payé les impôts, sauf les plus favorisés, sauf ceux qui ont été protégés par un bouclier fiscal et qui ont eu, en plus, la baisse de l’impôt sur la fortune !

Alors, cette Droite qui fait son unité dans les circonstances que l’on connaît, quand elle a trop peur de perdre ce qui est pour elle l’essentiel — le pouvoir —, elle espère quoi, cette Droite ? Que la Gauche va se séparer ? Là encore, que de compliments fait-on au candidat du Front de Gauche, y compris de la part du candidat de Droite ! Il trouve qu’il a du talent — c’est vrai ! —, qu’il parle bien, qu’il a de bonnes propositions. L’autre jour, j’ai même pensé que le candidat Sarkozy allait voter pour le candidat du Font de Gauche ! Il n’est pas allé jusque-là… Parce que, quel est leur espoir, que la Gauche se divise ? Eh bien non, elle ne se divisera pas ! Elle se rassemblera, dès le premier tour et ensuite au second tour.
Après, ils essayeront de faire peur en disant : « La Gauche va faire pression, le candidat socialiste ne pourra pas faire ce qu’il dit ». Eh bien si, nous ferons non seulement ce que nous avons dit, mais ce que les Français veulent, c’est-à-dire le changement, la victoire ! Nous ne forcerons personne. Chacun viendra, parce que je sais que parmi tous ces électeurs qui au premier tour peuvent se disperser et qui choisiront une candidature à Gauche ou écologiste, je sais que ces citoyens veulent créer le mouvement avec nous, travailler avec nous, relever le pays avec nous, parce que nous en avons le devoir, parce que c’est notre responsabilité !

Voilà, Mesdames et Messieurs, chers amis, ce que je n’avais pas prévu de vous dire, parce qu’on ne m’avait pas prévenu que vous alliez venir si nombreux et que je m’adresserais à vous. Mais c’est un bonheur, c’est un plaisir, c’est une joie d’être comme cela rassemblés, d’être porté par vous, investi par vous !

J’ai le devoir de vous conduire à la victoire, c’est ma mission, c’est ma tâche, c’est mon obligation. Et vous, vous avez la responsabilité, maintenant, de me conduire, de m’accompagner vers la victoire !
Et comme je le dis à chaque réunion que je fais, devant des foules différentes mais semblables — différentes parce que de toutes les régions de France, différentes parce que de toutes les couleurs de France, différentes parce que de toute la diversité de France — j’entends toujours au milieu des amis qui m’accompagnent ces mêmes phrases, et je réponds de la même façon. On me dit : « Tenez bon ! ». Je m’accroche, je tiendrai ! On me dit : « Courage ! ». J’en ai plein, vous m’en donnez ! On me dit : « Allez jusqu’au bout ! ». J’irai jusqu’au bout, jusqu’à la victoire !

Mais la victoire, elle n’est pas faite. Rien n’est acquis, rien n’est conquis, rien n’est fait, tout encore est possible. Alors, je vous demande — et c’est l’appel de Creil que je veux lancer —, je vous demande de créer le même mouvement, la même aspiration, la même ampleur, la même ferveur que celle que les plus anciens ont connue et que Jean-Claude a rappelée. Oui, nous devons donner un successeur à François Mitterrand. Et je souhaite que le 6 mai, ici même, vous soyez une foule innombrable, jusqu’à la gare, pour annoncer aux voyageurs qui ne le sauront peut-être pas encore que nous avons gagné l’élection présidentielle !

Merci, merci à tous ! Au 22 et au 6 mai ! Bon voyage !

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