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11 avril 2012

François Hollande en Meeting à Besançon le Mardi 10 Avril 2012 - ( J-12)

Éditorial de lucienne magalie pons


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Discours de François Hollande à Besançon, par francoishollande

Ndlr : pour économiser de la place sur notre page,  nous avons retranscrit ci-dessous le discours de François Hollande en très petits caractères , pour la commodité de lecture il convient de le  copier/coller et d'ajuster les caractères en taille "14'

Discours de François Hollande à Besançon le 10 avril 2012

Mes chers amis, j’avais plusieurs raisons de venir à Besançon ce soir. D’abord pour vous entendre. Ensuite pour rendre hommage à cette ville chargée d’histoire, de l’histoire du mouvement ouvrier, de l’histoire de la Gauche, de l’histoire du socialisme, puisqu’il y a eu tant de références qui restent gravées dans la mémoire de cette ville, des hommes qui ont donné leur vie, et puis des combats qui sont restés ici gravés, mais partout en France, marqués. Je pense au combat des Lip. J’avais 19 ans à l’époque et partout on achetait – eh oui, déjà ! – et partout on achetait une Lip. Et donc c’était notre façon d’être solidaires avec un homme qui aussi est resté dans ma mémoire, comme Charles Piaget, qui fut effectivement un combattant. Je pense aujourd’hui au combat des Peugeot qui doivent savoir, ici, que nous serons à leurs côtés demain, aux responsabilités du pays. J’avais plusieurs raisons pour rendre hommage aussi au développement durable, la priorité qu’a donnée Jean-Louis Fousseret à l’action de sa municipalité. J’avais aussi la volonté de rendre hommage à la présidente de la région parce que c’est important d’avoir aussi des femmes à la tête d’une collectivité, Marie-Guy. Je voulais dire aussi toute ma gratitude à Pierre Moscovici qui m’accompagne dans cette campagne et qui fait un travail, chaque jour, pour coordonner l’action et pour impulser mes propres proclamations ou déclarations. Et puis je voulais aussi être avec Jean-Pierre Chevènement parce que je veux le rassemblement de la Gauche. Je veux le rassemblement des Républicains. Je veux dépasser ce qui nous a séparés. Alors merci vous tous d’être là ; merci de prendre patience. C’est long. Merci de me soutenir dans ces derniers moments et ces derniers jours de la campagne, qui vont être décisifs.

Moi, je suis parti candidat à l’élection présidentielle il y a déjà un an. Je ne m’en lasse pas mais en même temps il faudra que ça se termine. Et j’ai fixé moi-même les dates : le 6 mai, pour la victoire !
Depuis tous ces mois, à travers de nombreux déplacements, j’ai ressenti tant d’attentes, tant d’espérances, tant de volonté. J’ai mesuré aussi les colères, les impatiences, les inquiétudes. Et donc, mon devoir c’est de les traduire en actes de gouvernement. Ce qui est demandé autour de ma candidature, c’est de gagner l’élection présidentielle, c’est de faire en sorte que nous puissions non seulement être présents au plus haut au premier tour, mais gagner, gagner l’élection présidentielle. J’ai saisi aussi les blessures, les déchirures, les ruptures. Eh bien je devrai demain, président de la République, réconcilier les Français, les réunir autour d’une grande cause, les rassembler autour d’une grande ambition, d’une grande espérance : la réussite de la génération qui vient, de la jeunesse de France à laquelle je veux tout consacrer dans le prochain mandat !

J’ai pu aller partout, me déplacer dans tous les endroits du territoire. Aucun ne m’a été empêché. Quel bonheur, je peux vous le confier, de pouvoir circuler sans CRS, sans barrières, sans protections, dans tous les quartiers, dans toutes les villes sans rien avoir à craindre, sauf quelques interpellations, mais c’est la vie démocratique. Et si demain je suis, grâce à vous, le prochain président de la République, je veux garder cette liberté, cette proximité, cette capacité à pouvoir parler à mes compatriotes sans entraves, sans limites, sans protocole.

Depuis des mois, j’ai adopté une démarche de cohérence et de vérité. J’ai présenté mon projet – c’était à la fin du mois de janvier : 60 engagements pour le redressement, pour la justice, pour l’avenir de la jeunesse, pour le rassemblement autour des valeurs de la République. Ces propositions je les ai précisées, évaluées, chiffrées, diffusées, grâce à vous. Et je n’ai pas attendu les derniers jours de la campagne pour en inventer de nouvelles, comme pour impressionner, comme pour dire : « Ah, cela, les autres n’y avaient pas pensé, je vais être le premier ». Mais ce n’est pas le premier qui sort une proposition qui va gagner ! C’est le premier qui va donner la confiance de pouvoir respecter la proposition et la promesse.

J’ai fixé aussi le calendrier du changement. Il n’y aura pas de temps à perdre au lendemain de notre victoire, si elle vient. Nous aurons à décider vite. D’abord, dans les premiers jours, une République exemplaire – cela nous changera ! Un chef de l’Etat qui ne sera pas chef de tout, pas chef de la majorité – c’est le Premier ministre –, pas chef du parti – c’est le responsable qu’ont choisi les militants –, pas le chef d’une caste, d’un clan ou d’une équipe et pas davantage d’une famille. Je serai le chef de l’Etat, responsable de ce que je ferai et sans avoir besoin d’un statut pour être protégé.

Je composerai un gouvernement paritaire avec autant de femmes que d’hommes. Chaque membre de l’équipe gouvernementale devra respecter une charte éthique, ne devra pas cumuler un autre mandat que celui de servir le pays.

Et sans attendre le renouvellement de l’Assemblée nationale, je prendrai des premières mesures pour protéger le pouvoir d’achat des Français et d’abord l’augmentation de l’allocation de rentrée scolaire, un système de caution solidaire pour les jeunes, pour qu’ils puissent enfin accéder au logement. Et je prendrai par décret une disposition qui permettra à celles et ceux qui ont commencé tôt leur vie professionnelle, à 18 ans, et qui ont toutes leurs annuités, de pouvoir partir à la retraite à 60 ans.

Ensuite, dès l’été et avec un Parlement renouvelé, j’engagerai les réformes fiscales, bancaires indispensables et la réforme territoriale pour donner un nouvel acte de la décentralisation. A l’automne – et nous ne serons pas fatigués ! – nous engagerons là encore la grande réforme de l’école parce que ça doit être la priorité, le préalable à tout effort productif. Nous mobiliserons toutes nos forces pour le redressement de notre industrie. Et puis nous réviserons nos institutions autant que nécessaire pour les moderniser et les démocratiser. Nous engagerons de grandes négociations avec les partenaires sociaux parce que je respecte les partenaires sociaux, aussi bien les syndicats que les organisations professionnelles. J’associerai les élus, tous les élus, et au-delà même de la Gauche, tous ceux qui dans leurs collectivités veulent concourir au bien public, pour participer à la transition énergétique, écologique, pour aller plus loin sur les services publics de la petite enfance, pour faire en sorte que nous ayons de meilleurs transports. Bref, il y aura une mobilisation nationale pour le redressement du pays.
Je suis conscient de toutes les attentes. Mais j’ai un devoir : ne pas décevoir, ne rien promettre que je ne serai capable de tenir. Et ce sera toujours ma ligne de conduite dans cette campagne et au lendemain des élections. Ici, à Besançon, je suis venu vous dire cette chose simple : je suis prêt. Prêt à gagner l’élection présidentielle. Prêt à présider la France. Prêt à transformer notre pays. Prêt à changer concrètement la vie de nos concitoyens. Eh bien, vous, au-delà de cette salle, soyez prêts à faire dès le 22 avril le choix du changement !

Depuis tant de mois que je suis en campagne, tant d’enquêtes d’opinion nous indiquent que nous aurions – parait-il – la faveur des pronostics. Moi, je suis prudent. Je les connais ces enquêtes qui disent toujours une prévision mais qui n’indiquent pas un vote. Parce qu’entre une intention un moment exprimée dans un sondage, et le suffrage universel, il y a tout ce qui fait la démocratie. Rien n’est fait. Rien n’est acquis. Rien n’est conquis. C’est vous, peuple français, qui allez décider de votre avenir. J’ai toujours maîtrisé les emballements – il y en a toujours dans les équipes – ceux qui s’imaginent déjà et qui ne sont rien, rien d’autre que des militants qui doivent d’abord être conscients que c’est la victoire qui autorisera toutes les ambitions, pour servir le pays et rien que pour servir le pays.

J’ai prévenu aussi que la campagne serait rude, la bataille âpre, la confrontation brutale. Pensez donc, la Droite aime tellement le pouvoir ! Et vous l’imaginez le lâcher comme ça, par lassitude ? Ce n’est pas son genre, et encore mois le comportement et le caractère de celui qui aujourd’hui est au sommet de l’Etat, pour un temps qui va bientôt s’achever. Pour la Droite, le pouvoir c’est sa chose. C’est sa propriété, c’est son domaine, son enclos, elle a mis des barrières. Et la Gauche ne pourrait y accéder que par effraction, par inadvertance, par surprise. Une fois ça va, c’était François Mitterrand. La République aurait donné. Maintenant c’est terminé. Passez votre chemin. C’est pour toujours à la Droite, le pouvoir. Et vous laisseriez faire ? Eh bien non. C’est le peuple français qui va décider de savoir qui de la Droite ou de la Gauche, qui des candidats présents au premier tour, va être le prochain responsable du pouvoir. Eh bien, n’ayez aucune crainte. Ne vous laissez pas intimider. J’en connais qui se disent « ils vont nous préparer quelque chose ». C’est possible. « Ils ont tous les moyens » - c’est sûr. Mais ils ne peuvent pas disposer du suffrage. Ce sont les électrices, les électeurs, qui sont les seuls maîtres, les seuls propriétaires de la Nation, les détenteurs de la légitimité.

Alors dans l’adversité, la Droite s’est regroupée derrière son champion. Ah cela n’a pas dû être facile, parce qu’ils le connaissent bien ! Et il ne fait pas l’unanimité. Mais que voulez-vous, le péril est trop grand. La Gauche est là, à la porte, elle frappe. Ils ne veulent pas la laisser entrer, mais nous sommes là ! Je vous entends. Alors, la Droite fait bloc autour du candidat sortant. Moi, cela me touche tant de sollicitude, tant de solidarité. Ils sont là, derrière lui. Et même les leaders conservateurs ont été convoqués. Au niveau européen, chacun a donné son onction, presque extrême-onction.

C’est la Sainte-Alliance, la fédération des conservateurs. Ah lui, il s’en défend ! Maintenant il veut être – que voulez-vous c’est ainsi – il veut être le candidat du peuple, allez savoir pourquoi. Alors, conscient de son échec, et aussi de son impopularité – il doit lire les mêmes enquêtes que nous –, de son retard également, il mobilise son camp. Il cherche même un renfort du côté de l’électorat de l’extrême droite. Et prend l’immigration comme cible et la peur comme levier. Et il ne ménage pas sa peine. Et il prend avec la vérité une liberté sans limites, au point qu’à ce niveau-là, ce n’est plus de la liberté, c’est de la licence.

Faute de pouvoir de nouveau tout promettre, il prétend maintenant protéger. Il serait le président protecteur. Mais protecteur de qui ? Des ouvriers dont les emplois sont menacés ? Mais il a laissé disparaître, durant son quinquennat, 400 000 emplois industriels ! Des agriculteurs, victimes de la désorganisation des marchés ? Mais une exploitation agricole disparaît toutes les deux heures dans notre pays ! Des retraités ? Mais leur pouvoir d’achat a fondu ! Ah j’en conviens, il a fait un geste – c’était d’ailleurs prévu par la loi sur les retraites, il l’avait oublié : maintenant, les pensions seront payées le premier du mois. Cela ne les augmentera pas, mais l’intention est louable. Protecteur vous dis-je : des jeunes victimes de la crise ? Mais le taux de chômage des jeunes de moins de 25 ans atteint 25 %. Protecteur des fonctionnaires ? Ils ont tout à craindre. Des agents hospitaliers ? Ils font un travail terrible. Des précaires ? Ils souffrent de la pauvreté. Et des familles ? Elles perdent chaque mois un peu plus de pouvoir d’achat.

Non, les seuls que le candidat sortant aura protégés durant ces cinq dernières années, ce sont les puissants ; ce sont les rentiers ; ce sont les fortunés. Je lisais une déclaration qui venait à l’appui de ma démonstration. La présidente du Medef déclarait que Nicolas Sarkozy, je la cite avait accompli un « boulot » — c’est son mot –, « un boulot extraordinaire en intensité, en quantité ». Eh bien voilà le candidat du peuple bien accompagné ! Eh bien moi je vous propose qu’il arrête ce boulot-là.

Le candidat sortant voudrait continuer au prétexte qu’il a maintenant appris, qu’il a compris, qu’il a changé. Je l’entends proclamer que l’échec serait une forme de justification à poursuivre. Il sait maintenant ce qu’il ne faut plus faire, les erreurs à ne plus commettre, les fautes à ne pas reproduire, les promesses à ne pas tenir. Il sait tout. Eh bien nous en savons assez, pour ce qui nous concerne, pour décider aujourd’hui de changer de président.

Dimanche, il annonçait dans un entretien à un journal qu’il sentait « monter la vague ». Moi aussi ! Je la sens monter la vague, la vague de l’indignation, la vague de l’exaspération, la vague de la colère, celle du peuple qui n’en peut plus ! Et cette vague, elle monte depuis cinq ans, d’année en année. Nous l’avons vue progresser de scrutin en scrutin : municipales de 2008, régionales de 2010, cantonales de 2011. Et elle s’est transformée au fil des mois, non pas pour une vague de rejet, mais pour une vague d’espérance. La vague d’une Nation qui se relève, d’un peuple qui se redresse, d’un sursaut qui s’opère. Eh bien c’est cette vague-là qui submergera l’arrogance, la suffisance, l’outrance. Mais patience, encore. Il reste quelques semaines, douze jours pour convaincre ; douze jours pour nous mobiliser, douze jours pour être le plus haut possible – je dis bien le plus haut possible – au premier tour, le 22 avril. Et encore un peu plus de quinze jours, après le 22 avril, pour vaincre, le 6 mai. C’est cette vague-là, c’est la vague du changement qui arrive. Et si vous en décidez, rien ne pourra l’arrêter !

Mais il m’est rapporté que le candidat sortant tient un certain nombre de propos dans des réunions auxquelles je ne peux parvenir, vous non plus… Il répète un certain nombre de demi-vérités qui deviennent de vrais mensonges et qui laissent penser que nous sommes nous-mêmes coupables de tous les errements. La seule générosité du candidat sortant est à notre égard. Il ne manque jamais de nous délivrer tous les sarcasmes, les caricatures et les polémiques. Je lisais ses dernières déclarations. Il prétend d’abord que la victoire de la Gauche ferait, dans cette hypothèse qui est la nôtre, que notre pays deviendrait la Grèce ou l’Espagne. Ce propos a quand même choqué du côté de nos amis espagnols, qui se sont alarmés d’être ainsi affublés d’un bonnet d’âne. Le premier ministre conservateur a fait valoir que quand même, son pays ne pouvait pas servir de mauvais exemple. Surtout venant — et là, je parle à sa place — d’un président sortant détenteur d’un triple record. La dette publique de notre pays n’a jamais été aussi élevée dans son histoire. La sécurité sociale a enregistré un déficit cumulé de 135 milliards d’euros depuis cinq ans. Et le déficit de notre commerce extérieur atteint 75 milliards d’euros. Triple record, qui a d’ailleurs justifié la perte du triple A ! Et voilà que celui qui en est responsable viendrait nous donner des leçons de gestion sur les finances publiques, sur l’économie, sur la compétitivité ? Mais non, nous n’accepterons aucune leçon d’un président qui a un bilan aussi lourd !
Je ne laisserai rien passer. Je ne laisserai pas faire cette accumulation de contre-vérités. Voilà qu’il annonce que mon élection — il commence à y songer ! — conduirait à davantage d’impôts pour les Français. Là encore, quel paradoxe ! Plus d’impôts, prétend le candidat sortant, mais c’est impossible ! Même si je le voulais — ce n’est pas mon cas — je ne le pourrais pas ! Il a créé 41 impôts depuis cinq ans, 41 taxes ! Reconnaissons, quel sens de l’invention, de la créativité, de l’imagination… Les prélèvements obligatoires ont augmenté de 2 points par rapport à la richesse nationale — il avait prévu une baisse de 4 points. Et il termine son quinquennat avec l’annonce, hélas validée par une loi, qu’il y aurait une augmentation de la TVA de 19,6 % à 21,2 %. Et il viendrait nous dire que nous serions responsables d’un matraquage fiscal ? Il a eu lieu ! Il a eu lieu pendant cinq ans. J’ajoute que 200 000 foyers fiscaux parmi le plus modestes vont se retrouver redevables de l’impôt sur le revenu, parce que le barème de cet impôt n’a pas été indexé sur l’inflation. Avec comme résultat cette injustice situation inédite, dans laquelle tous les impôts auront augmenté sur tous les Français sauf sur une seule catégorie, les plus fortunés, les rentiers, qui ont été épargnés de toute contribution !

Alors, je réponds avec gravité et sérieux. Nous, nous ferons la réforme fiscale avec un seul objectif : la justice. La justice, ce sera d’imposer de la même façon les revenus du capital et ceux du travail. Ce sera de revenir sur les cadeaux fiscaux accordés aux plus favorisés depuis cinq ans. Ce sera de plafonner les niches fiscales. Ce sera de faire que chaque Français contribuera à l’effort national de redressement à mesure de ses capacités. Et ceux qui veulent s’attribuer des revenus de plus d’un million d’euros par an dans notre pays en auront parfaitement le droit, et leurs dirigeants pourront parfaitement leur accorder ce type de rémunération indécente. La seule différence, c’est qu’au-delà d’un million d’euros, un taux supérieur d’imposition d’impôt de 75 % sera appliqué à ces revenus !

Et voilà que nous serions accusés, aussi, de pénaliser les familles parce que nous supprimerions le quotient familial. Une fable de plus ! J’ai simplement indiqué que nous baisserions le plafond pour l’avantage que procure le quotient familial de 2 300 euros à 2 000 euros. Ce qui améliorera la progressivité de l’impôt, et qui évitera que des familles qui ont plus de six ou sept Smic puissent avoir un avantage fiscal supérieur à 2 000 euros, 2 300 euros, alors que beaucoup de familles qui ne sont pas imposables à l’impôt sur le revenu n’ont aucun avantage lié au quotient familial. Avec les montants que nous récupérerons justement sur le plafonnement du quotient familial, nous augmenterons l’allocation de rentrée scolaire sur toutes les familles. C’est ça, la différence !

Mais je n’avais pas tout entendu ! Voilà que parce que je veux faire la transition énergétique, parce que je veux, à l’horizon 2025, réduire progressivement la part du nucléaire dans la production de l’électricité, voilà que parce que j’annonce qu’il n’y aura qu’une seule centrale nucléaire qui fermera dans le prochain quinquennat — une et une seule à Fessenheim -, voilà que j’entends le candidat sortant dire que lui, il défend l’indépendance nationale, la souveraineté nationale, le tout nucléaire — il en a le droit. Et pour étayer sa démonstration, il dit que c’est sans doute la plus vieille des centrales, qu’elle est peut-être sur une zone sismique, la centrale de Fessenheim, mais qu’elle n’est pas près de la mer et donc qu’il n’y a pas de risque de tsunami. L’argument est fort, je le reconnais ! La géographie est implacable ! Fessenheim n’est pas au bord de la mer, j’en conviens ! Mais je n’avais pas, là encore, tout entendu. Voilà qu’il nous donne son expérience. Il nous dit qu’il est allé à Fukushima pour constater le tsunami et ses effets. J’ai vérifié : il n’est jamais allé à Fukushima. C’est donc la première fois dans l’histoire de la République qu’un candidat sortant relate un voyage qu’il n’a jamais fait. Nicolas Sarkozy aura donc été un précurseur en tout, même en voyages qu’il n’aura jamais accomplis !

Mais je veux être complet. Je l’entendais dire et répéter que je voulais une régularisation massive de tous les sans-papiers. Alors que depuis que je suis entré en campagne et que j’ai présenté mes propositions, je n’ai parlé que de régularisation au cas par cas et sur des critères objectifs, parce que je refuse l’arbitraire. Oui, je suis pour une politique ferme. Et en même temps, je me refuse — et je me refuserai toujours — à instrumentaliser le débat, à designer les immigrés à la vindicte, à les présenter comme les responsables de tous nos maux. Je dénonce cet abaissement de la France qui consiste à flatter les mauvais sentiments en espérant en trouver une récompense politique. C’est une démarche inconséquente, surtout de la part du candidat sortant puisque, je le rappelle, sous son autorité — si l’on peut dire — 200 000 nouveaux immigrés sont arrivés chaque année légalement dans notre pays, et 30 000 ont été régularisés. Et donc, refuser de regarder cette évidence, ne pas assumer ce qui a été fait depuis cinq ans et laisser penser que d’autres, en l’occurrence moi-même, pourraient avoir une politique irresponsable en matière d’immigration, c’est caricaturer à la fois les faits et en même temps faire peur et désigner les immigrés comme la seule cible sur laquelle les Français pourraient se retrouver.

Et sur la laïcité, qu’ai-je entendu ! Martine Aubry a même été désignée comme la maire communautariste de Lille par le candidat sortant. C’est vous dire jusqu’où il peut aller ! Lui qui s’était rendu à un congrès d’une organisation où il s’était exprimé comme ministre de l’Intérieur devant une salle où d’un côté il y avait les hommes et de l’autre les femmes ! Lui qui avait considéré que le curé et le pasteur avaient une autorité supérieure à celle de l’instituteur ! Jamais je ne laisserai le candidat sortant, sur la laïcité, faire la moindre leçon à qui que ce soit. La laïcité n’est pas une valeur qui doit diviser les Français. La laïcité doit nous rassembler, parce que la laïcité permet de garantir à chacune et à chacun la liberté de conscience, de conviction, de croyance, et en même temps permettre le vivre ensemble.
Je voulais devant vous, ici à Besançon — je ne le fais pas aussi souvent — faire justice de toutes ces outrances, de toutes ces confusions, de toutes ces polémiques. Je les entends ; je ne les accepte pas. Et pour autant, je ne tomberai pas dans le piège grossier qui m’est tendu, me jeter dans une mêlée confuse, me tirer par la manche dans un pugilat obscur. Parce que le débat pour l’élection présidentielle mérite mieux que ces caricatures, que ces invectives, que ces dénigrements, que ces polémiques !
L’enjeu, c’est la France dans l’élection présidentielle, le redressement de notre pays, de sa production, de son industrie, de ses entreprises. C’est la raison pour laquelle j’ai annoncé la création d’une banque publique d’investissement, une mobilisation de l’épargne pour l’industrie, une fiscalité différente selon la taille des entreprises, plus basse pour les PME et plus élevée pour les grandes. J’ai aussi dit que chaque fois que le bénéfice était réinvesti, il devait être moins taxé que le bénéfice qui est distribué aux actionnaires. Et nous aurons à réfléchir à mieux appréhender les bénéfices des entreprises sur l’ensemble des marchés mondiaux.

Oui, nous avons à redresser nos finances, nos finances publiques, mais également à maîtriser la finance. Parce que je ne veux pas que ce soient les marchés qui décident à notre place. C’est pourquoi nous ferons la réforme bancaire. Nous séparerons les activités spéculatives des activités de dépôt et de crédit. En même temps, j’ai le devoir d’appeler au redressement de nos finances publiques parce que la dette, si elle s’accumule, est un transfert que nous adressons à nos enfants, un legs que nous laissons aux générations futures. Je m’y refuse ! Nous devons assumer nos dépenses d’aujourd’hui pour ne pas transmettre nos charges, pour demain, à celles et ceux qui auront à poursuivre la tâche qui est la nôtre au nom de notre pays.

Nous aurons à redresser la morale publique — et il y aura à faire ! Rendre la justice indépendante, assurer l’impartialité de l’Etat, nommer les hauts fonctionnaires sur le strict plan de leurs compétences et de leur loyauté non pas à l’égard du pouvoir politique mais à l’égard de l’Etat lui-même. Toutes les nominations dans les instances de régulation seront faites à une majorité des deux tiers au Parlement, ce qui veut dire que l’opposition sera directement associée aux décisions que nous prendrons.

L’enjeu c’est l’avenir, aussi, de la République, de ces valeurs qui nous unissent, de cette promesse que nous avons faite à toutes les générations qui se sont succédé de vivre mieux que la nôtre. Eh bien oui, de nouveau, c’est le rêve français qu’il faudra poursuivre et amplifier !

Je veux que la jeunesse de France sache bien que notre premier devoir, c’est de lui assurer non seulement sa place mais son avenir, et de faire en sorte qu’au bout de cinq ans, au terme du quinquennat — si vous décidez que je serai le prochain président de la République -, les jeunes vivront mieux qu’aujourd’hui.

L’enjeu, c’est la justice ! L’âme de la France, c’est l’égalité ! L’égalité fiscale, l’égalité devant l’impôt, l’égalité devant les charges publiques, devant les contributions. Oui, il y a un effort à faire, et il sera demandé à ceux qui ont le plus. J’en connais qui s’effarouchent : « Nous allons partir, nous allons nous exiler ! ». Et comment font les Smicards, ils s’exilent, eux, quand ils ne sont pas augmentés ? Non, ils restent ici, ils servent leur pays, ils sont patriotes.

Je fais appel au patriotisme, parce que c’est la plus belle idée que nous puissions promouvoir dans la République. Patriotisme des chefs d’entreprise. Il y en a beaucoup qui s’engagent y compris sur leur patrimoine personnel pour créer de l’emploi, pour investir, pour exporter. Oui, je salue ces chefs d’entreprise, ils sont nombreux dans notre pays et méritent toute la considération de l’Etat. Oui, je salue le patriotisme également des salariés qui s’engagent, qui se démultiplient pour améliorer la performance de leur outil de travail et qui espèrent que la récompense sera non seulement leur propre salaire, mais le développement de l’emploi. Oui, je salue le patriotisme aussi de ces agriculteurs qui font un travail dur et parfois sans le revenu correspondant, mais contribuent à notre souveraineté alimentaire. Oui, je salue le patriotisme de ces agents hospitaliers qui se dévouent pour assurer le meilleur accès aux soins à tous les Français. Oui, je salue aussi le patriotisme des fonctionnaires qui assurent le service public. Le patriotisme vaut pour chacune et chacun. Et plus haut on est dans l’exercice de la responsabilité, dans une entreprise, dans un Etat, plus exemplaire encore on doit être dans ses rémunérations et dans son comportement. Voilà ce patriotisme qui doit nous unir.

L’enjeu c’est la justice fiscale, c’est la justice sociale, c’est l’accès aux soins pour tous lorsqu’il y a tant de dépassements d’honoraires, lorsque l’hôpital public a été, par une loi, confondu avec une entreprise. Nous devons mettre bon ordre à ces dérèglements, à ces injustices, à ces inégalités. Nous encadrerons les dépassements d’honoraires. Nous lutterons contre les déserts médicaux. Et nous ferons que l’hôpital public redevienne un service public !
Je mesure aussi les attentes de nombreuses personnes handicapées qui exigent non pas l’assistance, non pas l’aumône, non pas la générosité, non pas la compassion, mais tout simplement la reconnaissance de leur différence et l’honneur d’être acceptées comme des citoyens, avec des droits et avec des devoirs. Nous devons lutter contre toutes les discriminations, toutes les inégalités. Et l’une des premières décisions que nous aurons à prendre, ce ne sera pas de faire de nouvelles lois, ce sera de les appliquer, et notamment pour l’égalité salariale femmes-hommes. Parce que nous ne pouvons pas accepter que pour les mêmes emplois, pour les mêmes diplômes, pour les mêmes fonctions, il y ait des écarts qui demeurent.

La justice, c’est aussi la justice entre les territoires. Je reviens d’un long périple dans les quartiers de nos villes. On y trouve plein de talents, plein d’initiatives, plein de vie et plein d’envie de réussir. Et puis, on y trouve aussi cette accumulation de difficultés, ces promesses trahies, ces services publics qui ne sont pas là, l’école qui n’a pas été renforcée, les inégalités qui se sont creusées avec le risque d’une rupture qui puisse se faire dans le pacte républicain.

Mon devoir, ma responsabilité, ce ne sera pas d’annoncer un nouveau plan pour les quartiers, ce sera de mettre tous les moyens des politiques publiques au service de l’égalité, dans le cadre d’un grand ministère de l’égalité des territoires, aussi bien pour les zones urbaines que pour les zones rurales, pour que chacun se sente pleinement citoyen de France !

L’enjeu c’est l’avenir, c’est-à-dire les générations futures, c’est-à-dire le rêve français, c’est-à-dire la jeunesse de France. Ma première priorité sur le plan budgétaire, ce sera l’éducation, l’Education nationale. Nous mettrons les moyens pour l’école publique — 60 000 postes — non pas pour servir je ne sais quelle revendication, mais pour être attentifs à lutter contre l’échec scolaire. Je ne peux pas accepter que 150 000 jeunes sortent de notre école sans qualification, sans formation. Je ne peux pas accepter que les RASED aient été sacrifiés par une politique à courte vue. Je ne peux pas admettre qu’au début du collège déjà, les déterminismes et les fatalités aient fait que certains jeunes seraient condamnés à certains métiers — quand ce n’est pas au chômage. Eh bien non, nous devrons donner une chance, une seconde chance, une troisième chance pour qu’aucun jeune de France, aucun enfant de la République, ne puisse être laissé de côté, abandonné, oublié, écarté !

Ce n’est pas simplement un devoir moral, c’est une exigence économique. Notre atout est d’avoir une démographie dynamique, une vitalité, une jeunesse qui est la plus nombreuse d’Europe. Oui, c’est cela qui doit nous permettre de nous redresser plus vite que d’autres, parce que nous avons le renouvellement des générations. C’est dans cet esprit que j’ai avancé l’idée du contrat de génération qui permettra à l’employeur qui gardera un senior le temps qu’il puisse partir à la retraite dans de bonnes conditions, et qui embauchera un jeune avec un contrat à durée indéterminée, de ne plus payer de cotisation sociale sur ces deux emplois.

L’avenir, c’est aussi l’écologie. Ce n’est pas un sujet secondaire. Ce n’est pas un enjeu qui serait effacé par la crise. Ce n’est pas simplement à l’aune des candidatures à l’élection présidentielle que nous mesurons la priorité écologique. C’est une question dont dépendent toutes les autres dans une planète dont la survie et la pérennité ne sont pas garanties. Aucune politique n’a de sens, de portée ni de durée si elle n’intègre pas la dimension environnementale et écologique. Je suis socialiste et je me sens écologiste parce que je sais que nos pays ne sont pas seuls au monde, que notre génération n’est pas la dernière de toutes, et que l’humanité n’est pas la seule espèce vivante sur la planète. Nous avons une biodiversité à respecter pour notre propre intérêt vital.

Je ne crois donc pas, contrairement au candidat sortant qui avait eu cette formule — une de plus — que « l’environnement, ça commence à bien faire ». Non, nous commencerons plutôt à bien faire la politique pour l’environnement ! Là aussi, le changement est attendu. Il suppose du courage. Nous avons à réaliser une transition énergétique, écologique, à nous rendre moins dépendants du pétrole et des énergies fossiles, à faire monter les énergies renouvelables, à être capables de fixer des objectifs et des étapes, à assurer la diversification de nos sources d’énergie autour de trois principes. La sûreté pour que la sécurité soit garantie. L’indépendance, parce que notre Nation a besoin de faire monter un certain nombre d’énergies que nous produirons ici. Et l’emploi, parce que c’est une dimension importante dans la transition énergétique.

Une politique industrielle sera mise en œuvre pour les énergies renouvelables, avec la création d’un fonds de capital développement pour toutes les entreprises qui s’engageront dans cette filière. C’en sera fini des politiques contradictoires telles que nous les avons connues depuis cinq ans, où tout part d’un Grenelle pour l’environnement et tout se défait à la fin, où les énergies renouvellement qui avaient été encouragées fiscalement, où l’énergie solaire, photovoltaïque, avait été particulièrement encouragée par des prix de rachat, mais où tout cela a été démonté, démantelé, désorganisé. Nous avons perdu trop de temps et trop d’emplois !

Je veux en même temps un grand plan pour l’efficacité énergétique, c’est-à-dire pour les économies d’énergie. Nous mettrons aux normes un million de logements par an. L’innovation thermique sera une grande priorité. Nous réduirons la consommation de carburants. Nous favoriserons le véhicule propre et ce sera un puissant stimulant pour les grandes entreprises françaises de l’automobile – Peugeot, Renault – qui ont pris de l’avance là-dessus. Nous ferons en sorte que le fret ferroviaire et le développement des transports doux soient encouragés.

C’est à la fois un enjeu planétaire, un enjeu environnemental, un enjeu de cadre de vie. C’est aussi un enjeu de justice sociale. L’air et l’eau sont des biens publics ! Ils appartiennent à tous. L’énergie, d’une certaine façon, aussi. Et quand un bien commun a un prix, celui-ci doit être régulé par la puissance publique. Et c’est pourquoi j’ai proposé une nouvelle tarification progressive qui garantira l’accès de tous les consommateurs aux usages indispensables de l’électricité, du gaz et de l’eau ! Pour que soit assuré et garanti un forfait de base. Je sais aussi les écarts dans le prix de l’eau, qui sont très importants et qui créent de nouvelles injustices territoriales et sociales. Nous mettrons en place un mécanisme de solidarité et de péréquation, car il n’y a pas d’équité sans l’accès à l’eau. C’est une dimension fondamentale de justice et je n’entends pas y renoncer.

Je proposerai aussi à nos partenaires européens un nouveau temps pour de nouveaux projets et notamment une Communauté européenne de l’énergie, parce que nous mettrons ensemble nos recherches communes sur les énergies propres. Nous monterons ensemble en gamme sur les énergies renouvelables. Nous développerons ensemble des véhicules propres. Voilà un grand programme européen qui peut permettre et la croissance et l’amélioration de notre cadre de vie ! Et nous devrons mettre en place, aussi, une taxe carbone à l’échelle européenne pour décourager un certain nombre de comportements et de productions.

Je veux relancer l’Europe. Et je le dis ici à Besançon, « vieille ville espagnole » comme le disait Victor Hugo. Voyez que tout est lié : même quand on s’en prend à l’Espagne, vous êtes concernés ! Je veux relancer l’Europe, parce que si elle est en crise, l’idée européenne est vivante, elle ! Qui peut croire que nous pourrons faire face, seuls contre tous, repliés sur nous-mêmes, aux enjeux des cinq, dix, vingt prochaines années ? Il n’est pas temps d’être moins européens : il est temps d’être enfin européens. Mais en changeant l’orientation de l’Europe, parce que l’Europe telle qu’elle va aujourd’hui a oublié de protéger les citoyens et de se protéger elle-même. D’où cette récession qui menace, ce chômage qui s’accentue, cette désindustrialisation qui s’accélère. Les Droites européennes ont pris une grave responsabilité : c’est non seulement d’accepter l’austérité, mais c’est de la promouvoir, de la pérenniser, de l’organiser. Et donc je veux vous le dire ici : nous ouvrirons un nouveau chemin dès le mois de juin 2012 ! Et je renégocierai autant qu’il sera possible le traité budgétaire, parce que je n’accepte pas l’austérité, parce que je respecte les disciplines, je veux réduire les dettes, mais je ne veux pas que l’Europe renonce à la croissance, à la prospérité, à l’ambition !

Nous devrons vaincre un certain nombre de réticences. Je les connais, les réticences des conservateurs. Mais en même temps, ils sont conservateurs mais ils sont lucides. Si la récession s’installe, si la croissance s’effondre, comment pourrait-il être possible de réduire les déficits et de maîtriser la dette ? Déjà certains pays en sont arrivés à cette prise de conscience. Et je sais que certains, même à la tête de leur pays, tout conservateurs qu’ils sont, se disent « mais si seulement, en France, cela pouvait changer ». Bien sûr, les progressistes partagent notre ambition. Soyez conscients que cette élection qui arrive, l’élection présidentielle française, n’est pas simplement une ambition pour le destin de la France. C’est déjà beaucoup. Mais vous n’êtes pas n’importe quel peuple. Vous n’êtes pas n’importe quel pays. Vous êtes la Nation française ! Celle qui inspire, celle qui mobilise, celle qui donne parfois la direction et qui à chaque fois qu’elle prend elle-même la volonté de changer, mobilise autour d’elle tant de peuples et tant d’aspirations ! C’est une élection européenne qui va se décider là, le 6 mai !

Mes chers amis, une élection déterminante pour notre pays, une élection sans doute décisive pour l’Europe, une élection attendue partout dans le monde. Nous sommes observés, scrutés, regardés, parfois avec espérance, parfois avec inquiétude. On se dit : « Mais qui pourrait succéder à Nicolas Sarkozy ? ». Nous le savons, nous ! Nous avons des informations. Vous me connaissez. (Oui !) Vous savez qui je suis. (Oui !) Vous savez quelles sont ma cohérence, ma constance, ma démarche. (Oui !) Vous savez comment je respecte les uns, les autres, comment je veux rassembler le pays, comment je veux changer la direction de l’Etat en le rendant enfin exemplaire. Vous savez que je veux donner un nouveau souffle démocratique. Vous savez tout cela ! (Oui !) Eh bien d’abord, convainquez les Français ! Nous devons faire en sorte que ce moment si décisif, ce moment qui approche, cette attente qui est là soit une espérance. Pas simplement une vindicte, pas simplement une vengeance, pas simplement un rejet. Ce serait trop simple – et, en même temps, trop dangereux. Je ne suis pas candidat contre le candidat sortant. Je suis candidat pour la France, pour le changement, pour l’espérance.

Nous sommes à douze jours – douze jours ! – du premier tour. Il y a dix candidats. Je ne me prétends pas être un candidat supérieur aux autres. (Si !) Non, je respecte le moment que nous vivons. Il y a dix candidats et je ne me mets pas déjà au second tour. J’entendais le candidat sortant qui, lui, me proposait déjà des débats pour le second tour. Mais est-il sûr, lui, d’y arriver ? Les Français ont-ils voté ? Et moi-même, en quoi devrais-je m’autoproclamer ? C’est vous qui allez faire la décision ! C’est vous qui allez décider de me porter le plus haut possible au premier tour ! C’est vous qui allez permettre qu’il y ait un débat au second tour, le seul qui vaille : le débat entre la Gauche et la Droite, le débat entre le changement et la continuité, le débat entre l’espérance et la peur. Alors à ce moment-là, mais seulement à ce moment-là, le choix sera non seulement entre deux styles – j’en conviens, ils sont différents et chacun pourra faire son choix de l’un ou de l’autre –, pas simplement entre deux personnalités – même si chacun pourra évaluer les caractères, je me fais confiance et je suis prêt à assumer la comparaison y compris pour la constance, y compris pour la capacité de décider. On l’avait dit « bling bling ». C’était possible. Il est surtout « zigzag » ! Il n’a pas de direction, pas de cap ! Il fait à la fin de son mandat le contraire de ce qu’il avait annoncé au début. Je voyais qu’il me reprochait d’avoir annoncé les premières décisions que je prendrai et pas le reste. Mais s’il nous avait annoncé le reste, lui, quand il avait été candidat élu, les Français auraient peut-être réfléchi ! Non, le choix n’est pas simplement entre deux projets, même si j’ai présenté le mien et que l’autre c’est le bilan en pire. Le choix est entre deux conceptions de la République, entre deux visions de la France, entre deux modèles de la société. Moi, je crois à la volonté politique. Je crois à la sincérité des engagements. Je crois en la démocratie qui sera toujours plus forte que les marchés. Je crois aux valeurs de la République face à la valeur de l’argent. Et c’est là-dessus que se portera le débat au lendemain du premier tour. Mais tout va dépendre du premier tour !

Moi, je sais ce qui nous menace : à la fois le découragement d’un certain nombre de nos concitoyens, le fatalisme, la résignation, le scepticisme qui peuvent conduire – on le sait bien ! – à l’abstention, c’est-à-dire une forme de rupture avec le pacte civique. L’idée qu’il n’y aurait rien à attendre, que la politique serait devenue impuissante, qu’il n’y aurait pas de changement possible, que le monde est trop dur, que l’Europe est trop faible, que la France est trop incapable d’assurer maintenant son destin. Je me refuse, moi, à cette idée que la France aurait terminé son message historique. Je crois en tout le contraire ! Je pense que la France peut encore marcher en avant pour assurer son destin. Alors ne laissez personne douter de nos intentions, personne renvoyer dos-à-dos Gauche et Droite, personne se dispenser de ce droit de vote qui est essentiel dans une démocratie ! J’en connais qui participent à toutes les manifestations, qui vont faire la grève autant qu’il sera nécessaire et qui doutent, à un moment, de la nécessité de voter. Eh bien moi je leur dis : la meilleure manifestation, la meilleure grève, la meilleure mobilisation, c’est le droit de vote, le jour où il est attendu !

Et puis l’autre menace, c’est l’affaiblissement de l’enjeu, la perte des repères, l’insouciance, la volatilité des opinions, qui nous font perdre l’essentiel. L’essentiel c’est quoi ? C’est d’exprimer une colère ? Oui, elle est nécessaire. Une frustration ? Elle est légitime. Une impatience ? Je la comprends. Mais l’essentiel, c’est de gagner l’élection présidentielle ! C’est mon devoir ! C’est ma mission ! C’est ma tâche ! Oui, gagner ! Gagner ! Gagner pour nous, pour nos idées, pour nos convictions bien sûr, pour la Gauche, mais surtout gagner pour la jeunesse, pour la France, pour préparer l’avenir, pour la République, ce qui doit nous élever, nous dépasser, nous rendre plus grands que nous sommes. Parce que nous avons une mission : c’est de faire que la Gauche rencontre la France pour changer son avenir !
Je suis le candidat du changement, celui qui veut agir, celui qui accepte la responsabilité du pouvoir, qui la revendique. Parfois, certains d’entre vous me disent : « Mais qu’est-ce qu’il faudrait pour gagner, est-ce que ça ne va pas être trop dur, est-ce que nous n’allons pas être de nouveaux vaincus par les forces de l’agent ? ». Mais si nous renoncions à cette grande ambition qui est de transformer notre pays, mais nous ne serions plus la Gauche ! Nous ne serions plus fidèles à notre histoire. L’histoire, cela a été des hommes et des femmes qui se sont mis en lutte non pas simplement pour protester, non pas simplement pour résister, non pas simplement pour empêcher, mais pour gouverner, pour diriger, pour réformer, pour transformer. Nous sommes les héritiers de cette histoire-là ! De la belle République, de celle qui s’est levée en 1848, qui s’est levée après la Commune de Paris, qui s’est levée pour faire la République, qui s’est levée avec le Front populaire, qui s’est levée avec la Résistance, qui s’est relevée à la Libération ! Oui, nous sommes les héritiers de cette histoire. Pas nous seuls : la France est elle-même rassemblée autour de cette belle espérance. Mais nous, nous la Gauche, nous sommes conscients d’où nous venons.

Et je veux que 2012 soit une étape aussi belle, aussi forte que celle de 1936, que celle de 1945, que celle de 1981, que celle de 1988, que celle de 1997 ! Oui, vous devez vous inscrire dans ce mouvement, parce que l’histoire ne s’est pas arrêtée. Parce que les Français attendent encore beaucoup de nous. Parce qu’ils se disent que oui, une fois encore, c’est la Gauche qui va ouvrir de nouveaux chemins, permettre de nouvelles conquêtes, arracher de nouvelles libertés et donner de la fierté. Je veux que nous soyons fiers de notre victoire ! Pas pour nous-mêmes, mais pour la mission que nous recevrons du peuple français.

Je suis candidat à l’élection présidentielle pour l’alternance. Je suis candidat pour l’espérance. Je suis le candidat pour la victoire. Je dois gagner grâce à vous et réussir ensuite !

Dans douze jours, c’est le choix de la victoire que vous devez faire ! Dans douze jours, je ne vous demande qu’un seul vote : le vote de la victoire. Parce que c’est là qu’il va se prononcer. C’est là qu’il va s’affirmer. C’est le dimanche du premier tour, lorsqu’on verra la capacité qui aura été la nôtre de mobiliser le plus d’électeurs que vous verrez les visages : les visages de la confiance de notre côté, les visages de dépit de l’autre. Ne vous privez pas de ce moment-là parce que vous en aurez d’autres ! Parce que nous n’en aurons pas terminé ! Parce que ce mouvement ne s’arrêtera pas !
Parce que si le 22 avril nous sommes forts, le 6 mai nous serons victorieux pour la République et pour la France !



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