Günter Grass prix Nobel Allemand interdit de territoire en Israël - Revue de presse Européenne

Éditorial de lucienne magalie pons

Source : 



Revue de presse européenne du 10/04/2012
À LA UNE

Grass indésirable en Israël
Le ministre israélien de l'Intérieur, Eli Yishaï, a prononcé dimanche une interdiction de territoire en Israël pour le prix Nobel allemand Günter Grass. Il a justifié cette décision par le poème critique de l'Etat hébreu que l'écrivain a publié mercredi. Si certains analystes déplorent l'ampleur prise par la dispute, d'autres voient dans cette décision un acte symbolique d'indignation.

Die Presse - Autriche
Un débat qui n'apporte rien
La réaction du gouvernement israélien au poème de Günter Grass constitue un surenchérissement stupide et inutile, estime le quotidien libéral-conservateur Die Presse : "Interdire l'entrée sur le territoire israélien est un acte symbolique d'indignation avec lequel le ministre de l'Intérieur Eli Yishaï, membre du parti orthodoxe Shas et connu pour ne pas faire dans la dentelle, entend engranger des gains faciles dans la compétition intra-israélienne visant à obtenir le collier d'or du chien le plus méchant. Il accepte pour cela de faire honneur à Grass, l'agresseur verbal, en lui infligeant une sanction exagérée. Le gouvernement israélien aurait été mieux avisé de rester indifférent à la logorrhée lyrique de l'auteur décalé du Tambour et de laisser la responsabilité de l'ostracisme aux éditorialistes allemands. Mais demander autant de réserve à la troupe gonflée de testostérone qui gouverne Israël n'est manifestement pas envisageable. … Grass aurait dû réfléchir davantage avant de pondre stupidement ce qui devait soi-disant être dit si urgemment. Où est la touche arrêt ? Le débat relatif au poème n'apporte rien." (10.04.2012)

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Lidové noviny - République tchèque
L'injustice d'Israël envers Grass
L'escalade dans la dispute autour du poème de Günter Grass, qui vient d'aboutir à une interdiction de territoire pour l'écrivain, est regrettable, estime le quotidien conservateur Lidové noviny : "Dans l'œuvre volumineuse de Grass, on ne trouve pas un seul passage susceptible d'être qualifié d'antisémite. Bien au contraire, il a traité de manière artistique dans ses ouvrages de la culpabilité allemande. … Sa déclaration, dont la pertinence peut être mise en doute mais qu'une société ouverte doit pouvoir supporter, l'a rendu persona non grata en Israël. Des voix s'expriment sur l'antisémitisme et sur Grass lui-même alors qu'il est fort probable qu'elles entendent parler de lui pour la première fois. Des individus qui n'ont très probablement jamais tenu ses livres dans les mains car ils ne les ont jamais intéressés. Günter Grass n'est pas juste envers Israël, mais les Israéliens sont encore plus injustes envers lui." (10.04.2012)

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Die Welt - Allemagne
La réaction exagérée d'Israël
L'interdiction de territoire décrétée contre Günter Grass est une réaction inappropriée à la critique anti-israélienne formulée par le prix Nobel, estime le quotidien conservateur Die Welt : "Le Premier ministre Benyamin Nétanyahou aurait par exemple pu citer un proverbe ... : 'La bave du crapaud n'atteind pas la blanche colombe'. … Si Nétanyahou avait ensuite déclaré vouloir désormais se consacrer aux choses importantes - comme le péril iranien, occulté seulement par des ignares politiques comme Grass - il aurait alors abandonné la question aux intellectuels israéliens, et son comportement aurait été considéré comme un exemple de la démocratie israélienne dans son pays comme dans le nôtre. … Il faut prendre au sérieux le caractère fruste de l'actuel gouvernement israélien, révélé une nouvelle fois par l'attitude maladroite du ministre israélien de l'Intérieur. … Compte tenu justement de la menace iranienne, on souhaiterait le retour d'un Yitzhak Rabin, un Moshe Dayan ou un Abba Eban. Il n'y en a aucun de leur acabit, malheureusement." (10.04.2012)

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El País - Espagne
La liberté d'opinion bafouée
En interdisant l'entrée sur son territoire à l'écrivain allemand Günter Grass, Israël enfreint la liberté d'opinion, condamne le quotidien de centre-gauche El País : "Comme tout Etat souverain, Israël a le droit de décider qui peut entrer ou non dans le pays. Dans ce cas, [le ministre de l'Intérieur] Yishaï justifie toutefois cette interdiction en avançant un argument difficilement acceptable. … A la fin de son mandat, l'ancien Premier ministre Olmert a reconnu qu'Israël disposait d'un arsenal nucléaire, bien que le pays ne fasse pas partie des signataires du traité de non-prolifération. L'Iran a adopté le traité et garantit pour sa part que son programme nucléaire respecte les règles en vigueur. Le refus de se soumettre au contrôle des inspecteurs soulève toutefois des doutes justifiés laissant penser qu'il construit bien des armes atomiques qui déstabiliseraient toute la région. Israël veut empêcher que l'Iran élabore un arsenal nucléaire tout en souhaitant conserver le sien. On peut et on doit discuter de tout cela et avoir la possibilité d'exprimer son opinion. Interdire la libre expression des opinions est une erreur." (10.04.2012)

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