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05 juillet 2010

Deux secrétaires d'Etat sacrifiés comme dindons de la farce dominicale

Éditorial de lucienne magalie pons

Hier dimanche après-midi , alors que les médias ne s’attendaient pas à voir éclater un orage politique d’une telle soudaineté et violence, la présidence de la République et Matignon « démissionnaient » Alain Joyandet, secrétaire d'État à la Coopération , et Christian Blanc, chargé du développement de la région capitale.

Extrait du communiqué tombé dans la fin d’après midi de dimanche :

"Les secrétaires d'État Alain Joyandet et Christian Blanc ont présenté leur démission du gouvernement", peut-on y lire. "Le Président de la République et le Premier ministre ont accepté ces démissions."

Leurs fonctions seront respectivement exercées par le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner et le ministre chargé de l'Espace rural Michel Mercier. »

…………… »

D’après les médias, on apprend parait-il d’une source Élyséenne, que la décision a été prise dimanche par Nicolas Sarkozy et son Premier ministre François Fillon afin de "sanctionner des comportements jugés inadmissibles".

Je me demande pourquoi le Président de la République et le Premier Ministre n’ont pas attendu octobre pour prendre leur décision, y avait-il une telle urgence à sacrifier leur repos dominical, quel péril imminent menaçe le fonctionnement du Gouvernement pour faire ainsi sauter deux de ses fidèles têtes sans attendre !

Monsieur Nicolas Sarkozy avait précédemment déclaré devant les députés de la majorité présidentielle qu’il remettait à l’automne un remaniement ministériel, légitimement les médias étaient en droit de relâcher un peu les baskets des ministres et secrétaires d’état empêtrés depuis plusieurs semaines dans des polémiques empoisonnées. Eh bien non ! Subitement hier en fin de soirée ils ont du reprendre leur devoir d’information à la vitesse grand « V » !

Imaginez deux secrétaires d’État démissionnés ! Un double coup de guillotine, un sacrifice sanglant, un vrai coup de théâtre, un scoop sensationnel ! les médias soudain remis en accélération se devaient de recueillir à chaud les réactions des personnalités médiatiques et politiques, surtout de celles dont les déclarations et analyses sont généralement les plus prisées, soit par leur pertinence ou au contraire par leur défaut de crédibilité , ce qui ne manque pas de corser les polémiques.

Avant de rapporter deux seules réactions pour limiter mon texte , rappelons que ces derniers temps des députés de la majorité s’étaient risqués à penser que le Ministre Eric Woerth, conducteur de la réforme des retraites, ( auquel Nicolas Sarkozy ne cesse de renouveler avec force sa confiance), était indisposé ou « pâtissait » du maintien au gouvernement de « certains » de ses collègues emportés dans ce que l’on peut appeler un ouragan destructeur en raison de leurs comportements dispendieux.

Ces messieurs députés de la majorité ne croyaient pas si bien penser et surtout ne s’imaginait pas qu’ils donneraient quelques jours plus tard leurs arguments en pâture à l’opposition !

En effet, comme réaction à chaud pertinente l’opposition dénonce que la démission de Christian Blanc et d'Alain Joyandet peut être vue comme un moyen d'alléger la pression sur le ministre du Travail :

"Soit la démission des deux ministres est une tentative de l'Élysée de jeter du lest, c'est tardif et pose plus fortement la question d'Eric Woerth, soit ces démissions sont 'spontanées' et c'est l'image d'un délitement qui appelle à un changement de gouvernement", a déclaré dans un communiqué le député socialiste de Paris, Jean-Christophe Cambadélis

Il est vrai que cette hypothèse parait plausible, le ministre du Travail est en situation délicate dans certains médias, non des moindres, qui relatent certains soupçons de conflit d'intérêts dans son traitement du dossier fiscal de l'héritière de l’Oréal (Aff. Bettencourt) lorsqu'il était chargé du Budget, jusqu'en mars dernier.

Le député Vert Noël Mamère, sur i>Télé, a opiné lui aussi : «il s'agit d'un pare-feu pour protéger Eric Woerth".

Dans le registre des déclarations auxquelles un défaut de crédibilité peut être reproché, nous pouvons noter la réaction de Dominique Paillé, porte-parole adjoint de l'UMP, lequel - sans doute pour banaliser ou neutraliser ce véritable drame politique qui s’est joué hier au sein du Gouvernement - a déclaré en langue de bois « ces démissions ne sont qu'un épisode mineur » …. "Ce type d'épreuve, c'est toujours difficile à supporter mais ça n'empêchera pas le gouvernement de continuer à œuvrer (...) pour appliquer le programme pour lequel le président Sarkozy a été élu", a-t-il dit sur i>Télé.

Pour Messieurs Alain Joyandet et Christian Blanc entendre de la bouche d’un porte parole adjoint de l’UMP, que leurs démissions « ne sont qu’un épisode mineur » n’est pas flatteur, mais pour l’opposition et l’opinion publique, Monsieur Dominique Paillé a beau dire, c’est un incident politique majeur qui marque bien la fragilité d’un Gouvernement tout entier occupé à défendre tel ou tel ministre mis sur la sellette des polémiques, ou encore à se défendre dans son ensemble, et qui en urgence a du décider de sacrifier la tête de deux secrétaires d’état, sans attendre le remaniement ministériel prévu pour la fin de l’automne.

A mon sens ce sacrifice gouvernemental n’est pas une bonne méthode, les réactions vont se multiplier et prendre encore plus d’ampleur, certains verront dans ce geste comme un aveu de fragilité et de faiblesse, un impératif de se resserrer en noyau « dur et pur » en commençant par sanctionner sans pitié ces deux fidèles secrétaires d’état, qui viennent de se faire traiter comme les premiers dindons de la farce gouvernementale.

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