Une leçon de moralité médiatique de Jacques ATTALI
Il arrive que certains observateurs de notoriété indiscutable ont l’honnêteté de
se placer hors des polémiques vulgaires, pour analyser et commenter avec la pertinence de leur intelligence , les aspects sociaux, économiques,
et industriels de certaines affaires en pointe d'actualité, comme par exemple l’accord ArcelorMittal, sans se permettre de
porter des jugements tranchés contre ses acteurs.
C’est ce que l’un d’entre eux, Jacques Attali, président de PlaNet Finance, ancien
Conseiller de François Miterrand, s’est intelligemment acquitté de faire hier soir à
19 heures, dans l’émission de Ruth El
Krief de BFMTV (avant l’émission de 20
h de France 2 ), en évitant les pièges
d’une polémique personnalisée que
lui tendaient Ruth El Kief en revenant constamment dans ses questions sur
Jean-Marc Ayrault, Alain Montebourg François Hollande et les syndicats ..
Ci-dessous nous vous donnons un très court extrait tiré de cette émission, par lequel vous
pourrez constater à quel point Ruth El Krief est contaminée par le virus de la
polémique, et bifurque souvent pour y revenir à tout propos, et comment
habilement Jacques Attali a évité d’y
tomber en ramenant
son interlocutrice des fausses affirmations, des symboles et des « peut-être » à la réalité :
RE : …. C’est tout à fait faux de la part des
médias de mettre l’accent et de faire des titres sur ces histoires-là
RE ; non, non ,
nous, nous, nous , mais non, , nous on donne aussi la parole à toutes sortes de
regards , et on suit aussi ce qui fait réagir les Français .,. parce que que les Français sont aussi inquiets .., et
vous savez bien qu’en politique il y a des symboles…
JA : il y a des symboles …
RE : et s’il y
a des symboles,
JA : non, il peut y avoir des symboles..
RE : peut-être que là-dessus la gauche a la
responsabilité de dire la vérité comme vous dites, elle ne le fait pas
JA : Je le fais à l’instant, je pense que c’est très urgent de le faire, le discours du Premier Ministre
était empreint d’une vérité totale quand
il a dit sque la nationalisation dans ce
cas-là était indéfendable et j’ajoute …
RE : Donc, Jean-Marc Ayrault est le seul à dire la vérité
dans cette affaire ?
JA : Jean-Marc Ayrault dans cette affaire dit la
vérité, je ne dis pas que c’est le seul, il dit la vérité
RE : Contrairement à Arnaud Montebourg ? , puisque
vous avez souligné …
JA : Alain Montebourg a fait une proposition que je
trouve tout à fait loufoque, il l’a
peut-être fait de bonne foi,
sûrement fait de bonne foi, mais elle est loufoque..
RE : et François
Hollande l’a laissé faire
JA : alors.., les ministres s’expriment, le Président
de la République
ne peut pas être derrière chaque micro de chaque ministre qu’il emploie.
RE : enfin vous connaissez François Hollande, lui c’est
le Président, il intervient et suit tout ce qui se passe, il regarde.
.
.
JA : il faut une doctrine, et la doctrine elle est que la nationalisation au cas par cas, sans
loi cadre, parait une folie, donc voilà je le dis et le Premier ministre a bien
fait de le dire .
RE : et ce soir lorsque les syndicats vont sortir de ce
rendez-vous..,
JA : c’est un monde de fou, il y 50 000 chômeurs
de plus par mois, ça veut dire qu’à l’heure où nous parlons, dans la journée où ces gens viennent plaider
d’un dossier qui n’existe pas puisqu’ils ne sont pas menacés de chômage , dans
cette journée il y a eu au moins 1500
personnes de plus qui ont été mis
au chômage et qui auraient dû faire les titres de votre Journal, qu’est-ce qu’on va faire
pour les gens licenciés un par un, deux par deux, dix par dix, dans des
PME, qu’est-ce qu’on va faire pour les
4 800 000 de personnes qui aujourd’hui désespèrent et en silence cherchent un emploi, c’est
d’eux dont il faut s’occuper, c’est de ceux ceux-là qu’il faut faire les titres
, et faire les titres aussi sur les
Entreprises qui réussissent et qui
créent des emplois, il y a une Entreprise Française qui vient d’être déclarée comme une des dix
entreprises les plus importantes révolutionnaire du 21me siècle , avez-vous si
je puis me permettre ..,
RE : bien sûr,
bien sûr,
JA :Avez-vous invité son Fondateur qui se trouve être un
Français du Sénégal, en plus, Sénégalais
devenu Français, numéro un dans la robotique pour la neurochirurgie, excusez –moi du peu, ça
mérite qu’on les aide ces gens- là , et pas des gens ni menacés et de perdre leurs revenus, et qui
évidemment savent parfaitement que les hauts fourneaux ne réouvriront pas ,
et que ça sert à rien , faut passer à l’avenir.
RE : alors qu’est-ce qu’il fait Arnaud Montebourg quand
il dit ça .. ? et qu’est-ce qu’il dit François Hollande quand il laisse faire, (quand) il fait aussi de la politique le
Président qui inquiète parce que le pacte de compétitivité ça coince un peu à
gauche , il donne des signaux à la gauche et la gauche de la gauche, il fait de
la politique politicienne ?
JA : Oh là je pense que vous chercher une
rationalisation habile qui est possible, mais qui je crois n’existe pas. Je crois
que Arnaud Montebourg lui lui, fait de
la politique en ..
RE : Il instrumentalise cette affaire ? ..
JA : oui ..
RE : à des fins personnelles ..
JA : disons ..
RE : Une carrière politique à des fins personnelles ?
JA : disons que comme tout ministre il essaye d’avoir un rôle
, mais dans une économie mondialisée , ou on est la Corée du Nord, et on fait
comme il dit, on ferme les frontières et
l’on a jamais que ce que l’on
.(.ndlr : j’ai cru entendre
« produit »), ou alors on joue
les règles du jeu comme elles sont, c’est-àdire on construit une Europe
fédérale puissante qui peut réagir à ça, et on se donne des instruments réels
d’actions pour créer des emplois nouveaux , et non pour défendre des emplois
morts depuis longtemps, alors quand on dit ça , on est soi de bonne foi et
incompétent ou on est pas de bonne foi, je vous laisse choisir.
RE : Alors Arnaud Montebourg il devrait plutôt aller
vers la création des nouveaux emplois ?
JA ; Bien sûr
RE dans des nouveaux secteurs ?
JA : Bien sûr, Bien sûr
RE : et du coup François Hollande devrait quand même être plus clair, là-dessus
est-ce que, .., est-ce qu’il est assez
clair ?
JA : A ma connaissance il n’a pas pris parti pour la
nationalisation ad hoc à aucun moment, dans aucun discours, Arnaud Montebourg a
cité François Hollande au « 14ème degré », donc je fais
confiance à François Hollande, pas à qui que ce soit quand il rapporte les
propos d’un tiers, ce n’est pas bien d’ailleurs quand un ministre a eu un
entretien privé avec le Président de la République,
de prétendre rapporter ses propos, c’est pas bien, ça ne se fait pas , je trouve que ce n’est pas
bien, sauf si on est couvert par le Président
en question, qui vous dit « oui tu as le droit de dire ça ».
RE : vous avez beaucoup écrit sur les conversations du Président.. » …., Verbatim » …
JA : oui j’ai beaucoup écrit , mais ces textes ont été
revus la plume à la main par François
Miterrand , qui l’a reconnu lui-même , il a dit dans des interviewes , avoir eu
la plume à la main, il y a même des images filmées de ces relectures, donc je
ne suis pas dans ce cas-là.
Fin de l’extrait …
Au cours de cette émission bien sûr Jacques Attali a pu développer plus largement son analyse et son avis pertinent
sur le fond de l’affaire ArcelorMittal et autres actualités , mais
nous tenions à mettre en évidence
l’échange ci-dessus parce qu’il met
bien le focus sur le malaise médiatique des polémiques interminables qui se prolongent dans les médias comme la chevelure d’Eléonore sur certains
sujets , en passant à la trappe l’essentiel sur des sujets d’actualités plus importants qui mériteraient de faire la UNE des médias.
Mais étant donné la
qualité de l’invité nous publions ci-dessous en vidéo
l’émission complète :
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