04 décembre 2012

Arche de Zöé : Procès en correctionnel ouvert le 3 décembre 2012

Éditorial de lucienne magalie pons




L’affaire de l’Arche de Zoé qui avait fait la « UNE » de tous les médias  avec un parfum de scandale politique ,  en 2007 lors du  quinquennat de Nicolas Sarkozy   revient à la surface,  avec  l’ouverture le Lundi 2 décembre du  procès en correctionnel  de l'association l'Arche de Zoé qui avait tenté de faire venir en France 103 enfants présentés comme orphelins du Darfour, alors qu’il étaient du Tchad .

Rappelons que  25 octobre 2007, les membres de l'association avaient été arrêtés à l'aéroport d'Abéché alors qu'ils faisaient embarquer, couverts  de faux bandages, des enfants qu'ils comptaient ramener en France en les présentant comme des orphelins alors qu’ils s’agissaient d’enfants  Tchadiens, qui pour la majorité  d’entre eux avaient des parents.

Des familles au nombre de  358  s’apprêtaient à les accueillir et s’étaient engagées à les faire suivre médicalement en France ;

Tout ce montage très compliqué dans lequel étaient intervenus  s’est donc effondré  quand le 27 Octobre 2007,  elles ont attendu vainement l’arrivée des enfants à l’aéroport de 


Ce  Procès    s'est ouvert  lundi  3 décembre, en l’absence d’Eric Breteau, Fondateur et Président de cette association à l’époque des faits,  et de  sa compagne Emilie Lelouch.


En dépit de demandes réitérées des parties civiles, le Tribunal Correctionnel de Paris n'a pas souhaité délivrer de mandats d'arrêt pour faire venir en France Eric Breteau et Emilie Lelouch qui ont refait leur vie , et sont actuellement installés en Afrique du Sud où ils tiennent des chambres d’Hôtel.

Très pris par leurs affaires sans doute ont fait savoir la semaine dernière qu’ils ne seraient ni présents, ni représentés.

Ils donnent l’impression d’avoir tourné définitivement cette page « noire » de leur tentative aventureuse de l’année 2007 sous un montage frauduleux et rocambolesque 103 orphelins présentés  mensongèrement comme des orphelins du Darfour, on peut se demander comment le Tribunal a pu croire un  seul instant qu’ils se présenterait au procès !..


"J'étais persuadée qu'il (Eric Breteau, ndlr) viendrait, ne serait-ce pour s'expliquer. C'est inadmissible", a  constaté  la présidente Marie-Françoise Guidolin  qui suppose que  "son orgueil l'a peut-être empêché de venir ici et être confronté face à son échec", en considérant toutefois  que  le dossier était "amplement fourni" pour les juger en leur absence.

Quoiqu’il en soit le Procès se déroulera en présence des  membres de l’Association  impliqués dans cette affaire qui a défrayé la chronique en 2007, et  qui peut se résumer comme une ignoble exploitation scandaleuse de l’humanitaire, 


Les accusés sont poursuivis pour "escroquerie" , "exercice illégal de l'activité d'intermédiaire à l'adoption" et "aide à l'entrée et au séjour irrégulier de mineurs étrangers" en France.


Pour mémoire

 Historique  résumé de l’Affaire  « Arche de Zöé »:


Créée à l'origine pour venir en aide aux enfants victimes du tsunami de décembre 2004 en Asie, notamment dans la région de Banda Aceh en Indonésie, elle étend ses activités au Soudan et au Tchad en 2007, au travers de l'« Opération Darfour », également désignée comme opération « Children Rescue » au Tchad.


En 2005 et 2006, l'association travaillait  sur la réhabilitation des zones sinistrées en Indonésie, conséquence du tsunami de décembre 2004 dans la région. L'association met en place quatre camps de réfugiés à l'ouest de Banda Aceh. L'opération « Books for Children » visait  à donner à plus de 100 000 enfants de la région la possibilité « d'accéder à des lieux de culture, d'enrichissement intellectuel et d'épanouissement6 »
.
 En 2007  l’association étend   ses activités au Soudan et au Tchad  au travers de l'« Opération Darfour », également désignée comme  « Children Rescue »au Tchad, en effet , l'association se fait enregistrer sous le nom de "Children Rescue" à Abéché, dans l'est du Tchad. Officiellement, elle est censée gérer un centre de soins pour les enfants victimes du conflit au Darfour.  Elle prétend à l’époque avoir l'agrément du Haut Commissariat pour les réfugiés de l'ONU et des autorités tchadiennes ..


Les acteurs :

 En 2007 l’association  est présidée par Éric Breteau, pompier volontaire à Argenteuil et par ailleurs ancien président de la Fédération française de 4x4.



Deux associations connexes regroupant les familles qui souhaitaient accueillir des enfants avaient déjà  été  créées  précédemment :  Le Collectif des familles pour les orphelins du Darfour (COFOD) en France le 17 juillet 2004,   Kiro et Louna — COFOD en Belgique le 14 septembre 2005.


L'« Opération Darfour 2007 »  avait pour objectif de collecter des dons en vue d’organiser l'évacuation d'enfants de moins de 5 ans orphelins (jusqu'à 10 000)7 afin de leur faire obtenir un statut de demandeur d'asile via des familles d'accueil, voire de permettre par la suite à ces familles d'accueil de procéder à une adoption simple ou plénière des enfants recueillis à la condition nécessaire que l'asile ait été accordé, puis que l'administrateur ad hoc qui représente l'enfant ait fait une demande de naturalisation, que celle-ci ait été acceptée, ce qui permettrait la demande d'agrément et l'attribution éventuelle par les services de l'aide sociale à l'enfance, les   « dons »  demandés  par  l'association étaient en moyenne de 1 490 € par famille d’accueil.

Le 25 octobre 2007 plusieurs bénévoles et responsables de l'association qui accompagnaient un premier  groupe de 103 enfants sur le point de quitter le Tchad, sont arrêtés par les autorités de police  du pays de même que les membres d'équipage de l'avion affrété  auprès d'une société espagnole. Ils sont soupçonnés par les autorités locales de se livrer à un enlèvement d'enfants. Le président tchadien, Idriss Déby, affirme que les enfants concernés ne sont pas orphelins et qu'ils ont pu être « enlevés » pour alimenter « des réseaux pédophiles » ou encore « un réseau de trafic d'organes »


6 personnes liées à L'Arche de Zoé, dont le président de l'association Éric Breteau et sa compagne Émilie Lelouch, le président du COFOD Philippe Van Winckelberg, le vice-président du COFOD Alain Peligat, la vice-présidente du COFOD et journaliste Marie Agnès Peleran, - ainsi que deux autres journalistes qui les accompagnaient, sept Espagnols et deux Tchadiens, sont mis en détention à Abéché ;

(Marie Agnès Peleran, journaliste à  « France 3 Méditerranée » et vice-présidente du COFOD, avait pris un congé sans solde pour participer à l'opération. Les deux autres journalistes couvraient l'opération humanitaire pour les médias : Marc Garmirian, reporter de l'Agence CAPA et Jean-Daniel Guillou du collectif photo Synchro-X.)



Le 26 octobre 2007, Rama Yade,  la secrétaire d'Etat aux droits de l'homme de la République française,  juge l'opération "illégale et irresponsable". Elle assure que les autorités françaises ont "tout fait" pour empêcher les responsables de l'opération de réaliser leur projet

Le 26 octobre 2007 : dans le cadre d’une information judiciaire  pour « exercice  illicite de l'activité d'intermédiaire en adoption de mineurs ou de placement en vue d'une adoption éventuelle de la part des familles d'accueil et après avoir suivi le processus administratif en vigueur conformément à la loi », la Justice française effectue une perquisition  au siège de l'association qui est également la résidence parisienne du président de l'Agence d'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur,Jean-François Dhainaut, ainsi qu'au domicile d'Eric Breteau.


Le 28 octobre 2007  le Président de la République française, Nicolas Sarkozy,  dénonce une opération "illégale" et "inacceptable".


Au moins une partie des parents des enfants concernés affirment au Tchad qu’ils  ont été trompés par l’Association  sur la vraie nature du projet , pour certains ils  avaient cru,  selon ce que l’Association leur avait promis,  d’envoyer leurs enfants en France pour des vacances ou encore d’être accueilli  par des familles françaises qui s’étaient engagées à les faire soigner ;

 Les membres de l'association l'Arche de Zoé sont par ailleurs  accusés  par des organisations humanitaires telle que l’UNICEF  d'avoir su qu'il ne s'agissait pas d'orphelins Des organisations humanitaires telles que l'UNICEF ont dénoncé la démarche de l'Arche de Zoé.


Au fil des jours cette affaire dans la quelle des noms de personnalité notoire sont  de plus en plus cités,  redouble d’échos dans les médias , elle devient une affaire politique et donne lieu à des polémiques , des déclarations, des affirmations des démentis , comme nous avons le  « chic »  de le faire en France  à tout propos, mais cette fois il s’agit d’une affaire très grave  et chacun a le souci d’extraire  au jour le jour,  des masses d’informations qui sont publiées en boucle,  le fil conducteur  du scandale  qui prend des allures d’affaire politique et d’Etat.

 Le 30 octobre 2007, les neuf Français sont inculpés d'enlèvement de mineurs et d'escroquerie, tandis que les sept Espagnols sont inculpés de complicité d'enlèvement

D'après une enquête menée conjointement par l'Unicef, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés et le Comité international de la Croix-Rouge, 85 % des enfants que transportait L'Arche de Zoé ne sont pas orphelins (75 % ont leurs deux parents, 10 % en ont un) et les trois quarts sont tchadiens (des ethnies Masalit et Zaghawa)19.

Jacques Wilmart, pilote d'avion belge ayant transporté entre la frontière tchado-soudanaise et Abéché une partie des 103 enfants, est inculpé et écroué le 31 octobre 2007

Le 3 novembre 2007, Nicolas Sarkozy se rend au Tchad pour récupérer et ramener en France  via  l’Espagne, avec son avion présidentiel,  les trois journalistes français et les quatre hôtesses espagnoles que   la justice tchadienne libèrent tous  le même jour ; Avant de repartir Nicolas Sarkozy et le Président Tchadien Déby donnent un bref point de presse commun, puis  l’avion présidentiel décolle  pour Madrid  pour  déposer les Hôtesses espagnoles, et  après une brève conférence de presse conjointe entre Nicolas Sarkozy et José Luis Rodríguez Zapatero,   l'avion présidentiel français   décolle  pour atterrira  à  l'aéroport militaire de Villacoublay 

Le 9 novembre 2007, les trois Espagnols et le pilote belge qui étaient inculpés de complicité avec L'Arche de Zoé sont remis en liberté

Le procès tchadien  a débuté le 21 décembre 2007 devant la Cour criminelle de N'Djamena.

Les six ressortissants français sont accusés de « tentative d'enlèvement » sur 103 enfants prétendus orphelins. D'après le code pénal tchadien, Éric Breteau (37 ans), Émilie Lelouch (31 ans), Alain Péligat (56 ans), Philippe Van Winkelberg (48 ans), Dominique Aubry (50 ans) et Nadia Merimi (31 ans) encourent de 5 à 20 ans de prison accompagnés de travaux forcés.

Le réquisitoire du procureur général a plaidé pour une peine de 7 à 11 ans de travaux forcés tandis que les avocats des accusés ont plaidé l'acquittement.

Le verdict rendu par la cour de justice le 26 décembre 2007 à 18h30 condamne les six membres de l'association à huit ans de prison assortis de travaux forcés et à une condamnation pécuniaire de 4,12 milliards de francs CFA soit environ 6,5 millions d'euros (40 millions de francs CFA par enfant), à payer aux familles solidairement avec deux autres condamnés dans cette affaire.
Retour en France

 Retour en France ;Le 28 décembre 2007, à 21h10, ils sont rapatriés en France, à l'aéroport du Bourget, afin qu'ils puissent purger leur peine conformément aux conventions existant entre le Tchad et la France pour l'extradition des ressortissants condamnés de ces deux pays.

Ils sont placés dans la prison de Fresnes,  au centre médical de la prison, les six membres de l'arche de Zoé étant affaiblis par une grève de la faim qu'ils ont entreprise au Tchad.

Lors de l'audience du 28 janvier 2008, le tribunal correctionnel de Créteil a déterminé 8 années de prison ferme comme peine équivalente aux huit ans de travaux forcés auxquels ils ont été condamnés au Tchad23. Suite à cette transposition de la peine en droit français, une demande de grâce a été déposée par les avocats auprès des autorités tchadiennes.

  La Grâce présidentielle Tchadienne - Le 31 mars 2008, le président du Tchad Idriss Déby Itno signe un décret leur accordant la grâce présidentielle. Dans la soirée, les six membres de l'Arche de Zoé sont tous libérés.  La question des 4,12 milliards de francs CFA (6,3 millions d'euros) que les condamnés doivent toujours verser "solidairement" aux familles des 103 enfants reste posée. Cette question « n'est pas concernée par la grâce », a insisté le gouvernement tchadien.


Quatre d'entre eux (Eric Breteau, Emilie Lelouch, Philippe van Winkelberg, et Alain Péligat) restent visés par une instruction menée par le parquet de Paris pour "exercice illégal de l'activité d'intermédiaire en vue d'adoption", "aide au séjour irrégulier de mineurs étrangers en France" et "escroquerie".

Le 12 avril 2009, deux otages sont menacés de mort par un groupe armé qui se fait appeler  "les Aigles de libération d'Afrique",  si la France ne rejuge pas l'Arche de Zoé. L'une des deux otages est un travailleur humanitaire français28, l'autre une  québécoise.

Finalement le 30 avril, les deux otages sont libérés.


En Octobre 2010, l’'association, son président Éric Breteau et cinq de ses membres (Emilie Lelouch, Philippe van Winkelberg, Alain Péligat, Dominique Aubry et Nadia Merimi), sont renvoyés en correctionnelle en octobre 2010. Les deux juges d'instruction ont estimé que les trois premiers pourraient être accusés d'« escroquerie au préjudice de 358 familles accueillantes et de bénévoles », d'aide à l'entrée et au séjour irrégulier de mineurs étrangers en France et d'exercice illégal de l'activité d'intermédiaire en vue d'adoption, chefs passibles de dix ans de prison et de 750 000 euros d'amende. Les juges ont en revanche conclu à un non-lieu vis-à-vis de Nadia Merimi et Dominique Aubry.

En octobre 2011 a lieu à Digne un procès intenté par l'État Tchadien contre le docteur Philippe Van Winkelberg auquel il réclame des dommages et intérêts de 6,3 M€. Le Tchad est débouté à l'issue du procès

 En décembre 2012, alors que les membres de l'association devaient comparaître en correctionnelle, ils font savoir à la justice qu'ils n'avaient « pas envie de s'expliquer ».


Faisant suite aux vives critiques des ONG, les agissements  de L’Association l’Arche de Zöé et de ses dirigeants ont été  vivement  condamnés unanimement en France. Noël Mamère  dénonce  un « néocolonialisme compassionnel ». Rama Yade, juge cet acte   « illégal et irresponsable ». , l’africaniste Bernard Lugan dénonce une « logique universaliste complètement coupée des réalités africaines »,  il explique que  du point de vue africain « l'image que l’affaire de l’Arche de Zoé a donnée en Afrique – même si elle est fausse – est qu’il s’agit d’un rapt massif : des Blancs sont venus en Afrique pour acheter des enfants, tels des esclavagistes ».

S’en sont suivies pendant le déroulement  des procédures et des instances  judiciaires  de l’affaire de l’Arche de Zöe , au Tchad et en France , de nombreuses déclarations, réactions , accusations émanant tant de personnalités que des médias,  sont venues alimenter des polémiques , en premier lieu les réactions tchadiennes et africaines  sur les procédures ,  notamment la dénonciation de l'ingérence française dans la justice tchadienne, elle  aussi critiquée pour ses nombreuses carences, comme celle d'avoir passé sous silence le rôle du ministère français des affaires étrangères, l'intervention du président Nicolas Sarkozy est  aussi critiquée  notamment  par le député tchadien Yorongar rival du Président Déby, dans une   lettre ouverte au président français, il reprend les accusations concernant l'implication de François Sarkozy, le frère cadet du président, dans l'affaire.

Paris Biotech Santé une association créée entre diverses université et centres de recherche visant à développer des applications de la recherche médicales est mise en cause pour des liens qui existeraient entre l’Arche de Zöé et Paris Biotech Santé , notamment par les médias en presse et en ligne  , le Nouvel Observateur , Le Réseau Voltaire, Cawa , Afrik, etc…

 Ces mises en cause sont alimentées depuis que Le 26 octobre 2007, la justice française a effectué une perquisition au siège de l'association L'Arche de Zoé, qui est également la résidence parisienne de Jean-François Dhainaut ,  président de l'Agence d'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur,   père de Stéphanie Dhainaut-Lefebvre, trésorière puis secrétaire générale de l'Arche de Zoé , et directrice adjointe de Paris Biotech Santé..

.Par ailleurs, François Sarkozy, frère du président français Nicolas Sarkozy et médecin, est membre du comité d'évaluation de Paris Biotech Santé, ce qui expliquerait pour ces médias l'intervention du chef de l'État français dans cette affaire.

Dans un premier temps, l'association Paris Biotech Santé a démenti tout lien avec l'Arche de Zoé autre que la double fonction de Stéphanie Lefebvre, mais par la suite   une lettre d'intention a été rendu publique faisant état d'un financement direct de Paris Biotech à L'Arche de Zoé, depuis l'opération tsunami en Asie du Sud ouest



L'arche de Zoé : procès d'un naufrage humanitaire

LaDépêche.fr
 - ‎Il y a 36 minutes ‎




Ils devaient ramener en France des orphelins du Darfour. Ils ont failli embarquer une centaine d'enfants tchadiens, la plupart pris à leurs parents. Le procès de cette bavure humanitaire s'ouvre aujourd'hui à Paris, sans les deux principaux responsables.

 

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