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24 décembre 2015

Le maintien de la déchéance de la nationalité fait autant de bruit que le retrait dont il était question avant le Conseil des Ministres

Éditorial de lucienne magalie pons



 Avant le Conseil des Ministres, alors que les spéculations allaient bon train  dans les médias qui barbotaient dans  des vagues de rumeurs,  certaines mêmes provenant de l’entourage présidentiel , d’autres de l’entourage du premier ministres, d’autres  encore de certains cadres du PS ,  et de plus tenant compte des  affirmations  de Mardi matin 21 décembre  de Madame Taubira, garde des sceaux,  sur une chaîne algérienne, tout le monde était persuadé que la déchéance de nationalité serait retirée du projet de loi constitutionnelle de protection de la Nation.

La droite commençait  à se mobiliser pour protester contre  cette reculade,  officialisée  par Madame Taubira depuis l’Etranger,    en rappelant que le Président de la République avait fait cette proposition  en annonçant un  projet de loi  lors du congrès réuni à Versailles le 16 novembre 2015, deux jours après les attentats ayant frappé la France et tué 130 personnes , aux yeux de la droite le Président de la République manquait à sa parole,  et la droite en conséquence  menaçait de ne pas voter la loi quand elle arriverait au Parlement.

 Les médias brassaient  toutes ces rumeurs,  rapportaient les pressions et les arguments  de la gauche socialiste   qui souhaitait le retrait de cette mesure, commentaient les débuts de polémiques lancé par la droite ,  en ajoutant parfois  que selon un sondage assez récent 94 % des français étaient pour cette mesure.

Or contre toute attente  on apprenait  Mercredi  23,    après le Conseil des Ministres du 23 décembre , que le Président de la République  avait décidé de maintenir cette mesure dans le projet de loi !

Ne tombons pas dans les nouvelles rumeurs qui ont pris la suite, à savoir si  Madame Taubira est désavouée  par le Président de la République  et le Premier Ministre, si elle doit démissionner ou non, si le Président de la République a été mis au pied du mur et a pris cette décision pour affirmer son autorité  face à Madame Taubira ou face  aux « frondeurs » de la majorité socialistes et quelques autres , ..si il a craint effectivement que le projet de loi « allégé » du retrait de cette mesure  soit rejeté plus tard devant le  Parlement, où si simplement la nuit lui a porté conseil, tout ça ce sont des parlottes qui  alimentent  les débats dans les partis,  les salles de rédaction, les émissions du genre « les Grandes Gueules,  ou « Les informés » etc… , ça n’a aucun intérêt,  c’est fait pour distraire la galerie de questions plus graves..  et même d’éviter de s’interroger sur la véritable portée  de la déchéance de nationalité..

Ces médias du reste ne se posent pas la question  de savoir si tout n’était pas mis en scène d’avance pour permettre au chef de l’Etat d'affirmer son autorité,  de montrer que c’est lui qui au final tranche et décide pour prouver qu’il autorité sur toute la basse-cour rose,  exécutive et parlementaire..

Examinons plutôt   ce projet de loi, pour mesurer  dans quelles conditions  et dans quel cas les mesures  et  dispositions de déchéance de nationalité  qu’il prévoit en son article 2  seront applicables,   ou si tout bonnement ces mesures resteront symboliques , comme le prétendaient encore des personnalités qui souhaitaient  et plaidaient pour leur retrait avant le Conseil des Ministres.

Avant de poursuivre il faut souligner que la Constitution en ce qui concerne ce genre de mesures,   qui consisteraient à déchoir de la nationalité française et par conséquent de tous  leurs  droits attachés à la nationalité,  les auteurs de crimes graves contre l’Etat  ou  coupables d'  actes de terrorisme , ne peuvent  en aucun cas se qualifier de « symboliques  » , mais  selon la façon dont l’article 2 est rédigé,  peut-être en effet que c’est la portée de ces mesures qui pourrait  se révéler dans certains cas  symbolique,   si par exemple toutes   les conditions et les modalités d’applications édictées   ne sont pas présentes dans tel ou tel cas ,   pour  que l’on puisse déchoir  le ou les  auteurs  de crimes graves contre l’Etat ou  coupables d’actes de terrorisme.

Dans le compte rendu du Conseil des ministres du 23 décembre  nous notons qu’il est écrit : «   l’article 2 du projet de loi  permettra la déchéance de nationalité pour les binationaux nés Français. Cette mesure vise à sanctionner les auteurs des seuls crimes les plus graves, à l’exception de tout délit.  Les règles qui leur seront applicables sont ainsi rapprochées de celles actuellement en vigueur pour les binationaux devenus Français. A la suite de la révision constitutionnelle, une loi ordinaire sera nécessaire pour fixer les modalités d’application de ces dispositions, notamment la liste des crimes pouvant conduire, en cas de condamnation, à la déchéance de nationalité.

Donc en lisant bien on voit déjà que le champ d’application de l’article 2 est  assez restrictif :

_ 1/ sont visés les auteurs des seuls crimes les plus graves, à l’exception de tout délit

 _ 2/ une loi ordinaire sera nécessaire pour fixer les modalités d’applications de ces  dispositions, notamment la liste des crimes pouvant conduire, en cas de condamnation, à la déchéance de nationalité …

D’après les deux points précédents ont peut s’interroger  sur « les seuls  crimes les plus graves, à l’exception de tout délit  », certes on  nous dit qu’un loi définira, « la liste des crimes », mais comment seront listés les crimes les plus graves, selon quels critères se définira la gravité ? .

 Imaginez qu'un crime tout à fait inédit ne soit pas listé ?  … dans ce dernier cas le criminel échapperait  à la déchéance de nationalité  et à ce moment là oui évidemment on pourrait dire que ces mesures et dispositions sont  symboliques..

Autre chose une foi la loi ordinaire faisant paraître la liste des crimes les plus graves mise en application, les criminels qui auront l’intention de commettre un crime contre l ’Etat pourront la consulter  avant de commettre leur forfait et  seront donc en mesure de calculer leur attentat d’une façon  tout à fait inédite et imprévue par le texte.

Voilà  les premières  difficultés  dont l’éventualité pourront  se produire quand tout le mécanisme juridique sera en place, mais dans l’immédiat il y  une difficulté tout à fait présente et latente,  c’est que le temps que le projet de loi soit présenté et voté, s’il  se passe un attentat terroriste  d’ici là ,  ces mesures ne pourront s'appliquer.

Par ailleurs une nouvelle information circule, qui est encore peut-être une rumeur,   selon laquelle le Président de la République songerait à soumettre  cette question de déchéance de nationalité par référendum.

Si c'était  vrai, ça ferait encore durer le suspens, je n'ose ironiser en disant "le plaisir". 

Par moment, entre les déclarations   politiques, les rumeurs, les non-dits , les trop-dits, les intentions, les reculs, les avancées et tout le tintouin,  et les médias qui  brassent tout ça dans une cacophonie insupportable, on a l’impression pour une question aussi importante et grave, d’assister à une farce improvisée ou chacun comme dans une auberge espagnole ( par métaphore) apporte sa tirade.


 Revue de presse " a minima "




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