1 - Aux origines
du messianisme américain
Tenter de
peser le destin politique de la France et de l'Europe, c'est chercher la
balance à peser le cerveau du monde, et cette pesée passe par
l'approfondissement de la connaissance de l'humain. L'heure de
radiographier un humanisme mondial devenu une coquille vide dans nos écoles
a sonné pour les héritiers de la Renaissance dont nous sommes les paresseux
survivants; et ce serait déposer une coquille vide sur les plateaux de
cette balance de renoncer au courage de l'esprit critique; car notre
anthropologie superficielle s'est chapeautée de messianisme il y a trois millénaires
seulement pour se scinder aussitôt entre deux sotériologies clairement
séparées, l'hébraïque et la chrétienne. C'est cela que seule une
anthropologie des mythes sacrés permettra d'éclairer quelque peu.
La semaine
dernière, j'ai commencé de raconter non point ce qui se passe en ce moment
dans les coulisses du journal Le Monde - un film en cours de
tournage sur le sujet sortira dans les salles dites obscures en septembre,
mais seulement sur le modèle d'un récit amusé des querelles d'acteurs en
représentation sur les planches du théâtre qu'on appelle l'actualité Pour
ma modeste part, j'ai tenté de visiter les coulisses de la géopolitique à
la lumière des relations nouvelles et tempétueuses que le sionisme
contraint désormais deux acteurs vieillis sous le harnais à entretenir
derrière les décors, à savoir les propriétaires des journaux et les
rédactions. Car il faut se résigner à le constater: le sionisme est un
personnage réel, et ce personnage a débarqué en chair et en os dans
l'histoire contemporaine sous les habits nouveaux dont le XXIe siècle a
commencé de le vêtir.
2 - Un messianisme national
Grandeur et
servitude militaires, écrivait
un peseur du messianisme guerrier, Alfred de Vigny. Sonder la grandeur et
la servitude de la vocation messianique du journalisme est une nécessité
dès lors que le destin du monde se réduirait à des bulles de savon si nous
jouions les Tacite et les Thucydide avec le bâillon d'un interdit tyrannique
sur la bouche, celui de nous poser clairement la question de savoir si le
messianisme inné de la presse tombera dans le burlesque parce que le statut
des phalanges intellectuelles des nations se trouvera scindé entre Israël
et le monde.
C'est pourquoi,
le 23 mai, j'ai tenté de poser la question de la mission d'une diaspora
dichotomisée entre deux patries. Mais pour comprendre la bipolarité qui
compénètre l'intelligentsia mondiale, il faut s'interroger sur la scission
qui divise la notion même de messianisme entre la localisation
sioniste du message identitaire d'un peuple et son universalisation
américaine et pseudo démocratique. Car la démocratie d'outre-Atlantique a
universalisé une sotériologie patriotique: le drapeau de la Liberté
mondiale s'est hissé sur la hampe d'une religion nationalisée, et c'est à
ce titre que le christianisme de Calvin est devenu américain sur notre
astéroïde.
On ne
saurait donc soumettre le sionisme planétarisé à une psychanalyse
anthropologique de ses composantes cérébrales si l'on ne radiographiait pas
la théologie de la politique, donc le messianisme et le prophétisme de
l'Amérique en tant qu'empire en expansion territoriale et religieuse
confondues et si l'on n'en comparait pas les paramètres avec l'eschatologie
d'Israël, dont le sionisme divinise seulement quelques arpents de la Judée,
de la Galilée et de la Samarie.
3 - Deux messianismes et deux cochers
Au terme de
la treizième et de la plus orageuse des "négociations" qui se
sont déroulées entre Israël et John Kerry - orageuse, parce qu'elle portait
sur le "conflit" diplomatique censé banalisable et baptisé
d'"israélo-palestinien" par la presse internationale - il s'en
est fallu de peu que la question fût posée pour la première fois de la
véritable nature de ce débat - mais la politologie mondiale n'est pas
sortie du Moyen-Age. Et pourtant, une réflexion énigmatique - aux yeux
d'une anthropologie dont l'observation de l'animal auto-sacralisé ferait
enfin l'objet - a été entendue de la bouche de de M. Naftali Bennett, le
plus messianisé, précisément, des ministres du gouvernement de M. Benjamin
Netanyahou. Que signifient les violents reproches adressés par ce
théologien de droite au Ministre américain des affaires étrangères pour sa
lecture messianique des évènements, puisque, comme il est dit plus haut, la
politologie moderne ne dispose encore d'aucune science de l'animal
transcendantal qui permettrait aux négociateurs de connaître le terrain
psychogénétique de la théopolitique sur lequel les deux parties se situent
sans en comprendre les arcanes?
Comment
expliquer qu'Israël se dise en mesure de faire grief à son interlocuteur
américain de s'égarer dans une sotériologie délirante, un mythe en folie,
une eschatologie rédemptrice , une épopée du salut et de la grâce
abusivement universalisés, alors que, de son côté, Washington accuse Israël
de se raconter une histoire biblique prise à la lettre, de s'égarer
sottement dans un fantastique vétéro-testamentaire, de changer l'histoire
en un théâtre du surnaturel? Pour que deux finalismes cosmologiques aussi
salvifiques l'un que l'autre ignorent leur propre complexion au point de se
lancer à la tête des accusations d'hérésie sans rémission, alors qu'ils
participent viscéralement d'une même rédemption formalisée, voilà qui nous
invite à nous demander ce qui rend incompatibles deux débarquements du récit
d'une délivrance mythique de l'humanité. Car les deux torrents de ce
messianisme s'épaulent l'un l'autre et courent côte à côte depuis quatre
cents lustres.
4 - La bête masquée par le sacré
La
démocratie mondiale - et l'américaine avant toute autre - porte le sceptre
et l'auréole sinon mêlés, du moins parallèles, d'une révélation unique et
terminale, celle du mythe de la Liberté. Il s'agit d'un évangile,
donc d'un instrument de croisade, donc d'une annonciation, donc d'une arme
de guerre; mais, de son côté, le monothéisme hébreu se contente de sacraliser
une parcelle du globe terrestre. Ce coup de projecteur de l'absolu change
un peuple microscopique en une phalange glorieuse d'élus prédestinés à se
trouver sauvés à titre collectif sous la foudre et la houlette d'un Jupiter
férocement sélectionneur. Comment se fait-il que deux explosions
eschatologiques dont le crâne dédoublé des évadés de la zoologie se veut le
théologien laissent la bête damnée et la bête sauvée ignorer leur nature
respective et comment se fait-il que la parenté qui relie étroitement entre
elles les nombreuses sotériologies dont cet animal se fait un théâtre,
échappe à sa connaissance et se dérobe même à l'attention de ses
simianthropologues?
Pour tenter
de comprendre un prodige cérébral aussi diversifié selon les époques et les
lieux, il faut remonter aux origines de l'espèce surréelle. Le bimane aux
neurones à jamais séparés du monde visible n'a commencé que fort tard -
avec les monothéismes seulement - à armer ses domiciles aériens des
poignards et des glaives de ses victoires et de ses défaites sur les champs
de bataille. Quand les Romains conquéraient l'Angleterre ou la Germanie,
ils ne prétendaient pas apporter la Liberté, mais, tout au contraire, une
servitude méritée aux yeux des dieux vaincus - et les victoires des légions
scellaient leurs triomphes du sceau incontesté de la légitimation de leurs
exploits.
C'est le
monothéisme hébreu, puis chrétien qui, les premiers, ont dédoublé les
lauriers récoltés par des carnages de tout l'éclat du divin; et cette tiare
prestigieuse était déjà celle d'une Liberté sacralisée chez Saint Jean et
Saint Paul. Naturellement, la raison du plus fort n'en est pas moins
demeurée la meilleure en tous lieux; mais depuis lors, l'humanité s'avance
d'un siècle à l'autre sous les chasubles de sa sainteté. A toutes les
époques, des ailes de séraphins poussent dans le dos des colosses de
l'histoire; mais la taille de ces plumages s'est proportionnée à la
musculature des géants divinisés par leurs ailerons. Il faut donc comparer
entre eux les masques d'anges qu'arborent les diverses religions, puis les
mettre en regard de la stature terrestre des bêtes tout subitement
célestifiées.
Telle est
la balance d'une anthropologie dont les plateaux pèseront les ailes du
messianisme d'Israël, d'un côté et celles de la démocratie mondiale
américanisée de l'autre; car les deux eschatologies ne dessinent leur
effigie sanctifiée et n'arborent l'écusson de leur Liberté théologisée qu'à
l'école de l'étendue des territoires qu'elles occupent sur notre astéroïde.
5 - Le sang de l'Histoire
C'est dire
que, sitôt devenues les solitaires du cosmos, ni la divinité des Hébreux,
ni celle des chrétiens n'ont ambitionné de mettre tout de suite et
définitivement la main sur des territoires d'une superficie illimitée.
Voyez la dispute entre les "saints de Jérusalem" - les disciples
de Jésus demeurés sédentaires d'un côté et, de l'autre, l'universalisme
voyageur et le prosélytisme impénitent de Saint Jean et de saint Paul.
Cette dispute a tout de suite porté sur la question cruciale de savoir s'il
était légitime que le mythe du salut se trouvât exporté à foison et répandu
avec ardeur parmi les "gentils", c'est-à-dire les nations, les
"gentes" ou bien si la manne de la grâce divine fécondée à
nouveaux frais par la Croix, devait demeurer enclose entre les seules
murailles du "peuple élu". Israël conserverait-il le monopole de
la délivrance de l'humanité? La question de l'expansion territoriale du
messianisme n'est donc qu'un corollaire de sa théologie avare ou
gaspilleuse de la grâce.
On sait que
l'expansionnisme généreux de la théologie chrétienne du "salut" a
aussitôt triomphé de sa provincialisation parcimonieuse et que la foi
demeurée municipale d'Israël s'est retranchée et même barricadée dans
l'enceinte de Jérusalem. Les "saints de Jérusalem" recevaient les
fonds que Saint Paul récoltait en abondance parmi les gentils et qu'il
envoyait méticuleusement aux grippe-sous du ciel de la ville sainte. Du
coup, le monde entier s'est divisé entre deux types d'alliances du ciel des
anges avec les guerriers d'ici-bas. La potence s'est révélée un symbole
plus parlante de l'histoire meurtrière de l'humanité que les Ecritures réputées
dictées à Moise sur le Sinaï.
Aussi les
croisés ont-ils pu porter une double armure, celle de l'éternité de Dieu et
celle de la précarité des Etats; et les conquistadors ont converti les
Incas en brebis dociles d'un gibet scindé entre l'universalité de la vérité
céleste et les gloires passagères de la terre. Mais comment le saint
génocidaire du Déluge, puis le tortionnaire insatiable des trépassés sous
la terre apportait-ils la délivrance aux sauvages? Par l'estrapade et la
noyade ?
Cette
question n'a pas tardé à fissurer la cuirasse du Dieu de Justice; et l'on a
vu les armées de la piété se ruer sur l'Occident jusqu'à Poitiers, tandis
que le reste de l'univers s'est partagé entre les dévotions de
Constantinople et celles de Rome. Puis l'Europe s'est scindée entre les
protestants d'un côté, qui refusaient tout net de boire à pleines rasades
le sang frais et de dévorer la chair crue de leur prophète et, de l'autre,
les mangeurs de cette viande et les buveurs de l'hémoglobine de leur ciel.
Dans les deux
mythologies, la question anthropologique posée dans l'inconscient guerrier
de tous les messianismes était celle du statut du sang mi-réel, mi-surréel
de l'histoire de l'humanité. Du coup, le messianisme du propulseur céleste
des neurones de la bête conquérante a partagé le torrent de ses grâces
entre l'Amérique de Calvin et l'Italie du saint Pontife romain; et seul
Israël est demeuré l'arme au pied dans l'enceinte de son Jahvé
inexpugnable, mais privé des aliments salvifiques du sang et de la mort.
6 - Les deux messianismes
Du coup, on
comprend mieux l'intérêt politique décisif, aux yeux des Etats-Unis
d'aujourd'hui, de traquer un Jahvé entêté à se camper sur ses terres et à
opposer son messianisme d'assiégé résolument debout sur ses deux jambes au
salut dissolvant qu'éclaireront les pâles bougies des idéalités mondiales.
Avec l'Amérique, le salut s'est armé jusqu'aux dents du millepattes de la
démocratie, mais au risque de se noyer dans des abstractions faussement
salvifiques et cuirassées de concepts stériisés par leur sacralisation
verbale. La toge du dieu Liberté sera immaculée, mais tentaculaire,
vaporisée mais griffue, effilochée, mais dentue.
C'est
pourquoi le messianisme sédentarisé dans sa niche de M. Naphtali Bennett
accusait le messianisme internationalisé de M. Kerry du péché paulinien et
johannique de tomber dans le tentaculaire d'une toile d'araignée du sacré,
parce qu'Israël n'est pas planétarisé pour un sou par son Jahvé déguisé en
père de famille. Quel effarement de voir le géniteur vieillissant d'Israël
s'universaliser sur le tard et armer de pied en cap une masse d'indigènes
en Palestine! Un Dieu bien retranché sur son champ de bataille demeure à
l'abri tant des sortilèges ravageurs de l'ubiquité salut que des exploits
sanglants des magiciens délocalisés et surtout de la tentation des dieux
sénescents de se survivre dans une progéniture hors de saison.
Mais
comment la Maison Blanche ne conjurerait-elle pas le danger que le dieu des
Hébreux fait courir à ses fortins? Si Jahvé s'obstine à ne camper que dans
les pénates de ses élus et s'il remplace les dieux lares des Romains par un
Jupiter indélogeable de son mont Sinaï, cette épine dans le pied de
Washington lui interdit de faire régner ses vapeurs de Brest au Caucase, de
faire entendre les foudres du salut démocratique mondialisé et de répandre
les torrents de la grâce que le dieu Liberté déverse sur toute la terre
habitée. Comment dorer le sceptre de l'abstrait et sertir la déesse
Majorité des diamants d'un vocabulaire messianisé si ce têtu de Jahvé vous
nargue à demeurer l'arme au pied dans sa casemate?
7 - La cécité démocratique
Trois
exemples seulement.
Les
Etats-Unis d'Amérique comptent trois cent cinquante millions de
consommateurs, l'Europe sept cent quarante millions. Tout le monde comprend
que si les premiers demandent aux seconds de conclure un traité de libre
échange de leurs marchandises, les seconds se trouveront submergés de
produits fabriqués à la chaîne, tandis que l'autre camp n'absorbera jamais
que la moitié de ce commerce.
Qu'est-ce
qui empêche les classes dirigeantes du Vieux Monde de s'apercevoir qu'il
s'agit d'un grotesque attrape-nigauds? Croyez-vous que si le mythe de la
Liberté ne mettait pas un bandeau sur les yeux de cet immense réservoir de
dupes, un si titanesque subterfuge ne demeurerait pas bien visible? Mais
si, de surcroît, cinq cents garnisons et places-fortes consolident le
bandeau, comment le bon sens ferait-il encore tenir grands ouverts les yeux
des vassaux? En revanche, si quelques phalanges de la lucidité publique
devaient monter sur les remparts, où les recrutera-t-on, sinon dans les
rédactions? Débâillonner ces dernières est donc la seule mesure de salut
public qui répondrait à la situation; et, dans ce cas, un accord entre
elles leur permettrait, le même jour et dans toute la presse, d'imposer la
royauté d'une raison politique tellement élémentaire qu'elle aurait crevé
les yeux de tout le monde à Rome à l'heure des guerres puniques - car, en
ce temps-là, les dieux du langage n'obscurcissaient pas encore la vue des
fidèles, mais au contraire, leur écarquillaient les yeux davantage.
Second
exemple: la vassalité rend muet. On n'ouvre plus la bouche de crainte
d'évoquer les vrais sujets. Mais ceux-ci s'infiltrent sous les carapaces du
silence. On vient d'élire des députés de l'Union européenne au Parlement de
Strasbourg sans que personne n'ait demandé aux électeurs: "Que
faisons-nous des bases américaines dont la seule présence sur nos terres
paralyse nos négociations avec la Russie et la Chine? Que faisons-nous face
aux nations émergeantes qui nous appellent à épouser le destin de la
planète de demain?" Mais l'interdiction de formuler ces questions les
pare de tout l'éclat de leur absence: quand on se demande seulement qui
nommera le Président de la Commission de Bruxelles, tout le monde se dit
que le suffrage universel n'est pas un oracle omniscient et qui ouvrirait
soudainement, spontanément et à lui seul les yeux des nations
vassalisées?"
Troisième
exemple. Dans les sociétés primitives, si le sorcier en chef échoue trop
longtemps à faire tomber la pluie, on le remplace par un autre - mais on ne
va pas changer de météorologie. De même , quand Copernic découvre la ronde
des planètes autour du soleil, l'Europe essaiera, deux siècles durant,
d'adapter l'astronomie de Ptolémée à cette découverte. De même, quand
l'Amérique dépense des milliards de dollars à détacher l'Ukraine de la
Russie, l'Europe ne changera pas davantage d'échiquier mental que l'Eglise
du XVIe siècle - elle se dressera en aveugle contre
l'"expansionniste" désigné par le dieu de la démocratie mondiale.
Mais
comment l'aveuglement politique des peuples asservis fonctionne-t-il sur le
terrain de la vérification expérimentale, donc de l'histoire vécue? On
observera le déplacement du regard de la bête vers un autre échiquier, un
glissement subreptice du globe oculaire des vassaux en direction du paysage
mental biaisé par le mythe que leur maître substitue astucieusement à leur
champ de vision naturel. Le maître d'au-delà des mers sait fort bien qu'on
n'entre dans l'Union européenne qu'après un examen de passage relativement
sévère, on pèse avec soin la prospérité économique du candidat et ses
chances de s'enrichir sainement. Si la Grèce n'était pas parvenue à
falsifier ses comptes avec l'aide de la banque américaine Goldman Sachs,
elle n'aurait pas été admise dans l'enceinte du Vieux Monde.
Ces pesées
importent peu à l'empire, puisqu'il n'autorise aucun Etat à entrer dans
l'Union européenne sans l'avoir privé au préalable de sa souveraineté réelle
- il le colloque toujours et à titre préjudiciel sous le commandement
militaire exclusif du général américain dont le quartier général se trouve
installé depuis un demi-siècle à Mons en Belgique. Non seulement l'OTAN
place les armées nationales européennes sous un commandement étranger, mais
la Maison Blanche hisse le pavillon de complaisance de la démocratie
mondiale pour lancer le continent de Copernic sur des champs de bataille
extérieurs.
Afin de
masquer un subterfuge stratégique greffé sur la vie onirique de la bête, un
homme de paille, toujours soigneusement choisi dans un pays minuscule et
dûment chapeauté du titre retentissant de " Secrétaire général "
sert d'alibi à la religion de la Liberté universelle. C'est ainsi que M.
Rasmussen a tout de suite bondi des coulisses du mythe pour rappeler que le
placement de l'Ukraine sous le joug de l'OTAN était le but véritable de
l'opération.
C'est de
cette stratégie de la vassalisation parareligieuse des cerveaux que M.
Vladimir Poutine a fait échouer le génie de la contrefaçon intellectuelle.
Et maintenant, le souverain d'outre-Atlantique peine à charger les épaules
de la Russie du sac à dos de son propre expansionnisme militaire.
Comment
comprendriez-vous la géopolitique sans une simianthropologie qui seule vous
éclairera sur l'animalité spécifique du cerveau humain?
8 - Le discours de la Maison Blanche
L'Amérique
se dit: "Si Israël persévérait à se présenter en geôlier du messianisme
de platebande de Jahvé, la sotériologie sioniste de ce laboureur de la
Judée sapera les fondements de notre eschatologie mondiale, et il n'y aura
plus de rédemption américaine à l'échelle de la planète du verbifique. Il y
va de la définition même du monothéisme chrétien et israélien. Certes, la
démocratie a fait basculer le verbe divin dans une animalité
conceptualisée, donc vaporisée, certes, cette religion s'est universalisée
à l'école de la Révolution ubiquiste de 1789; mais le danger est grand, pour
les idéalités de la démocratie mondiale de se changer en ciboires, en
encensoirs et en brûle-parfums sur les autels fumants du salvifique
moderne. Il faut encager le messianisme de village d'Israël, sinon ce
prophétisme de terroir menacera l'empire fumigène de notre démocratie,
celle des guerriers d'une Liberté que nous vaporisons à notre profit depuis
1945."
On voit que
la simianthropologie étudie les alliances du sang avec le sacré et que
cette science s'articule étroitement avec la géopolitique que les évadés de
la zoologie illustrent sur leurs champs de bataille. Le messianisme
américain est un Titan blessé au flanc par la Crimée. Comment, se dit la
Maison Blanche, maintiendrai-je l'Europe sous mon joug si Moscou, désormais
étroitement associé à Pékin, conduit le Vieux Monde à ses retrouvailles
avec sa souveraineté antérieure à 1939? Dans ce contexte, si M. Barack
Obama et le Département d'Etat échouaient à armer de nouveau le continent
de Copernic des feux du messianisme démocratique américain, on verrait
tomber en quenouille, sur les cinq continents, le sceptre de la
sotériologie et de la rédemption que brandit cet empire.
9 - Le messianisme de la raison
De deux
lutteurs, le plus faible ne saurait apporter aide et secours au plus fort.
Il faut donc que la puissance s'abaisse à demander la protection de ses
vassaux. Alors seulement ceux-ci auront des chances de renaître et de
prendre la place de leur maître. Mais jamais, face à sa valetaille,
l'empire américain ne se comportera en quémandeur. Du coup comment
persévèrerait-il à brandir son sceptre de bois sec? C'est de cela que
témoigne la guerre entre les propriétaires du Monde et la
rédaction: ce n'est pas à s'agenouiller devant la Maison Blanche, mais en
convertissant le sionisme français à retrouver, à sa manière, le
nationalisme éternel d'Israël que la France fera passer la communauté juive
dans son camp.
Le meilleur
exemple de ce renversement d'alliance n'est autre qu'Israël lui-même. On
sait que, bien avant le renoncement officiel de l'Europe à ses sottises
pseudo-pénalisantes à l'égard de la Russie, Israël a eu l'audace de refuser
de s'associer aux sanctions retentissantes, mais stériles, du Dieu
"Démocratie". Pourquoi cela, sinon parce qu'il s'agit désormais
d'une guerre à fronts renversés. Les Incas refoulés dans l'enceinte de
leurs temples ne faisaient plus le poids face à la sotériologie du
messianisme armé de l'époque. Cinq siècles plus tard, on voit le
messianisme universalisé de la démocratie mondiale battre de l'aile et
dessécher le mythe du salut par l'avènement planétaire du dieu Liberté.
Le glaive et l'armure des guerriers du monothéisme américain ont cessé de
briller - puisse Israël aider son hôte gaulois à rallier l'Europe au
messianisme étincelant de la raison.
le 31 mai 2014
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