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01 février 2011

Rantanplan : un article de Philippe Bilger

SOURCE : ALTERMONDE-SANS-FRONTIÈRES


lundi 31 janvier 2011




Philippe Bilger

Rantanplan

Par Philippe Bilger
Vous croyez qu’on n’a pas de temps à perdre en vaines querelles, qu’il y a eu la Tunisie puis maintenant l’Égypte, que la crise est mondiale et que la France n’est pas au mieux ? Vous vous trompez. L’essentiel est que Christian Jacob, président du groupe parlementaire UMP, a été traité de Rantanplan (jdd.fr, nouvelobs.com).

Vous croyez que la justice et son indépendance, la police et ses enquêtes, l’Etat de droit en général appellent une attention démocratique de tous les instants ? Vous faites erreur. L’important est qu’on reproche au Premier ministre d’avoir traité Christian Jacob de Rantanplan.

Vous croyez que le chômage qui ne baisse pas, l’état calamiteux de nos finances publiques devraient mobiliser prioritairement le monde politique ? Vous vous égarez. L’urgent est de vérifier si le démenti du Premier ministre sur Rantanplan est fondé ou non quand Christian Jacob, paraît-il, s’est plaint auprès de lui.

Vous croyez qu’à quelque quinze mois de l’échéance présidentielle les citoyens sont en droit d’attendre de leurs gouvernants et du parti dominant des perspectives, une vision, moins une agitation législative, une obsession de la réforme pour la réforme qu’une réflexion forte pour l’avenir, une volonté de redonner un sens, de recréer un destin collectif ? Vous êtes vraiment futiles. Le capital est d’entendre Jean-François Copé, à son tour, déplorer que le Premier ministre se soit laissé aller à Rantanplan sur Christian Jacob.

Il y a tous les drames sociaux, les misères et les tragédies au quotidien, le désespoir de beaucoup qui ont du mal à joindre "les deux bouts" et supportent de plus en plus mal leur infortune quand l’argent crève l’écran de notre République, quand ostensiblement la France qui possède et abuse oublie l’autre et que le pays se retrouve cassé en deux. Vous croyez qu’il y a là de quoi se révolter ? Vous avez du temps à perdre. Le fondamental est de déterminer qui a pu traiter Christian Jacob de Rantanplan et si le coupable de cette faute gravissime ne serait pas en réalité un collaborateur de Jean-François Copé (Paris Match).

J’admets forcer le trait mais il n’empêche que Rantanplan, depuis une quinzaine de jours, agite et occupe. Quelle énergie est dépensée pour ce ridicule incident ! Je me demande si ceux qui ont participé à cette joute se rendent bien compte du désintérêt absolu du peuple à l’égard de ces péripéties pichrocholines. Plus sérieusement, quand le président de la République s’est emparé du crime de Pornic, il a affirmé que lutter contre la récidive était le seul moyen de faire pièce au Front National (Le Figaro). On peut en discuter. En 2007, on l’a asséché. En 2011, ne lui redonne-t-on pas vigueur en venant sur son territoire, fût-ce pour le dénoncer ? Ce qui est sûr en revanche, c’est que Rantanplan est une catastrophe sur ce plan.

Les digressions dérisoires et grotesques que la République s’octroie comme pour se divertir font le lit d’une frange de plus en plus importante de la communauté nationale qui, méprisant les partis, moquant la politique et les "politiciens", est ouverte à toutes les dissidences pourvu qu’elles ne soient pas gangrenées par la légalité républicaine. Rantanplan, c’est la bêtise d’un univers qui ne sait plus où donner de la tête, un monde qui s’occupe de très peu ici parce qu’il est impuissant par ailleurs.

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