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05 février 2011

Egypte Vendredi 4 Février : La journée du Départ

Éditorial de lucienne magalie pons


Toute la journée, du  vendredi 4 février 2011, des centaines de milliers de personnes ont manifesté dans les rues du pays pour réclamer une nouvelle fois le départ du président Moubarak et la formation d’un gouvernement de transition.


Vendredi 4 Février 2011 : « Jour du départ » en Egypte

Au total,  près d'un million d'Égyptiens sont descendus dans les rues  du pays, notamment au Caire et  dans plusieurs villes de province : Alexandrie (nord), Menoufiya (nord), Mansoura (delta du Nil), Mahalla (delta du Nil), Louxor (sud), Suez (est) et Assiout (centre).


Un important dispositif de sécurité avait été mis en place au Caire

Au Caire des  dizaines de milliers de personnes étaient réunies pour la prière hebdomadaire sur la place Tahrir, dès la fin de la prière, les fidèles ont commencé à scander «Irhal, Irhal» (Dégage!, Dégage!), à l'adresse du président Hosni Moubarak.

Pour rejoindre le centre du Caire, les manifestants ont du  traverser un cordon de l'armée qui avait  été déployée pour éviter que des éléments perturbateurs ne s'immiscent dans la manifestation.

Des  manifestants effectuaient aussi eux-mêmes des contrôles d'identité pour empêcher que des policiers en civil ne pénètrent sur l'esplanade, la carte d'identité égyptienne mentionnant la profession des citoyens.

Contrairement à ce qui s’était passé mercredi et jeudi, les manifestations dans la journée  se sont déroulées dans le calme au Caire

Mais vendredi soir place Tahrir  alors que des milliers de manifestants anti gouvernementaux  étaient  rassemblées pour y passer une nouvelle nuit en bravant le couvre-feu, la situation  s'est  soudain  tendue, lorsque des coups de feu nourris ont été entendus dans la nuit sur la place, semant la panique, au sein de la foule

D’après différents médias,  des  affrontements ont éclaté sur une place voisine de la place Tahir.


D’après les médias, des  partisans pro-Moubarak qui tentaient  d'approcher la Place Tahrir ont été stoppé   par des militaires à 250m du lieu de la manifestation. Les combats auraient  été soutenus mais courts,   les  militaires ont pris le dessus rapidement.

A la nuit  tombée,  la foule (évaluée à 100.000 personnes)  restait  présente en masse, dans le  silence, mais toujours dans la   résolution affirmée   qu'ils ne quitteront pas la place tant qu'ils n'auront pas obtenu la démission d'Hosni Moubarak.


 Le premier Ministre Égyptien a  assuré  que les manifestants occupant la place Tahrir ne seraient  pas délogés par la force.

Toutefois, la télévision nationale égyptienne, a accueilli dans ses studios un des organisateurs de la contestation, appelant les manifestants à poursuivre le mouvement. Cet appel a été relayé en direct place Tahir.



A Alexandrie  des dizaines de milliers d'Égyptiens  dont des Frères musulmans parmi eux, se  sont réunis dans le centre de la ville pour prier devant la mosquée Qaëd Ibrahim , autour d'eux, des chrétiens et des personnes ne participant pas à la prière du vendredi ont formé une chaîne humaine pour les protéger, tous ces Égyptiens  avec pour slogan : «A bas Moubarak, à bas le régime», ils   ont ensuite  manifesté notamment  en bord de mer  pour demander le départ de Moubarak


Les mouvements  anti Moubarak ne désarment pas, leurs revendications restent les mêmes, ils demandent le  départ du président Hosni Moubarak, la dissolution du Parlement et la  mise en place d'un gouvernement de transition.

Les réactions :

Dans cette même journée du Vendredi  4 Février  la pression internationale n'est  pas retombée.

Notamment, le Présidents des États-Unis Barack Obama a  appelé le chef d'État Égyptien  à écouter les revendications des manifestants. Monsieur  Moubarak "doit prêter attention à ce que réclament les gens et prendre une décision ordonnée, constructive et sérieuse", a déclaré Barack  Obama en assurant que "des discussions" s'étaient engagées sur la transition politique.

La Maison Blanche a condamné  vendredi soir  l'appel lancé par l'Iran en faveur d'une révolution islamique en Égypte, estimant que Téhéran n'était pas en droit de faire des commentaires aussi "étonnants" après avoir étouffé une révolte populaire en 2009.


En effet  en début de matinée Ali Khameini,  considéré comme « le guide suprême  d’Iran »,  après avoir  accusé dans un discours sur les révoltes de la Tunisie et de l’Égypte ,  le président égyptien Hosni Moubarak d'être «le valet des sionistes et des États-Unis», a estimé un peu plus tard  depuis la prière du vendredi à  l’Université  de Téhéran que :  «   Les révoltes en Tunisie et en Égypte constituent un «signe du réveil islamique» dans le monde » …..


Pour leur part les dirigeants des 27 pays de l'Union européenne ont demandé  que la transition démocratique commence "maintenant". Ils ont évoqué  à demi-mot de revoir leur aide économique à l'Égypte si les violations des libertés publiques se poursuivaient.  Réunis en sommet, ils ont appelé à une transition immédiate en Égypte.

Un peu plus tôt,  David Cameron,  le premier ministre britannique avait déclaré  dans un message plus « ferme » :   “Si nous voyons aujourd’hui dans les rues du Caire de la violence orchestrée par l’État ou un recours à des voyous pour brutaliser les manifestants, alors le régime égyptien perdra le reste de crédibilité et de soutien dont il dispose de la part de la communauté internationale, y compris la Grande-Bretagne”

Madame Angela Merkel a affirmé que « … L'Égypte doit garantir des manifestations «libres et pacifiques».


Dans la soirée, après le Sommet Européen, Le Président Français  Nicolas Sarkozy en conférence de presse à Bruxelles,  a  appelé à respecter les aspirations démocratiques des Égyptiens tout en mettant en garde contre la tentation d'ingérence dans les affaires du pays, depuis Bruxelles où il participe à un sommet européen. «Il faut résister à la tentation, qu'on peut comprendre, d'une ingérence», a-t-il plaidé, en soulignant le risque de soutenir nommément un candidat pour succéder à Moubarak qui apparaîtrait alors comme le candidat de l'étranger. Le président français considère  que «si les intimidations et les violences à l'endroit de manifestants pacifistes et de journalistes devaient perdurer, nous ne pourrions pas l'accepter».



 Les Vingt-sept  au Sommet se sont efforcés   d’apparaître unis et cohérents dans leur déclarations  et  .Catherine Alsthom, Chef de  la diplomatie européenne, lors du sommet européen de Bruxelles,  a précisé la position des Vingt-sept sur l’Égypte au micro d’Euronews.


Mais son message a été brouillé notamment par Silvio Berlusconi qui ne rate jamais de se singulariser,  alors que les dirigeants au  sommet Européen  en majorité  ont souhaité  que les autorités égyptiennes répondent aux aspirations du peuple par des réformes et non par la répression,   Silvio Berlusconi   a plaidé lui  pour une transition sans rupture avec le Président Moubarak….  “Il peut y avoir en Égypte une transition vers un système plus démocratique sans rupture avec un président comme Moubarak, que l’Occident, États-Unis en tête, a toujours considéré comme un homme sage et un point de référence précis pour tout le Proche-Orient”, a déclaré le chef du gouvernement italien.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon qui se trouvait vendredi  à Berlin, a  réaffirmé  lors d’une conférence conjointe avec le ministre allemand de s Affaires étrangères Guido Westerwelle  :   ….. "Je souhaite sincèrement que la manifestation d'aujourd'hui ne donne pas lieu à la violence. Nous avons vu trop de violence et de sang" ….  "Il est temps d'entamer un processus de transition pacifique et ordonnée menant à des élections libres et honnêtes" «  …. Le processus de transition doit démarrer "aussitôt que possible" en ajoutant que "le plus tôt sera le mieux".

De son côté, le ministre allemand des Affaires étrangères a insisté sur la nécessité d'une diplomatie "fine" et prudente de la part des Occidentaux en invitant  le gouvernement égyptien à entamer aussi vite que possible un dialogue "sur tous les sujets et sans condition" avec l'opposition. "Nous avons besoin et nous soutenons un changement démocratique en Égypte, et pas n'importe quand, mais maintenant, c'est le moment, et il doit commencer par un dialogue pacifique", a déclaré Guido Westerwelle. Toutefois, "il faut procéder avec précaution" …….. "Aussitôt que l'impression se propagera en Égypte que ce mouvement de libération est dirigé par l'Occident, nous atteindrons exactement le contraire de ce que l'on cherche, à savoir davantage de démocratie."

Ban Ki-moon devait gagner ensuite Munich (sud) pour participer ce week-end à la 47e Conférence sur la sécurité, où l'Égypte occupera une place centrale. Hillary  Clinton, la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton et son homologue russe Sergueï Lavrov feront également le voyage de Munich. Ils se réuniront samedi avec Ban Ki-moon et avec la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton pour une session du "Quartette pour le Proche-Orient" afin d'examiner aussi  comment relancer les négociations israélo-palestiniennes


Rappelons que tout récemment,  Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères  a fait connaître l’opinion de la Russie dans un message modéré en expliquant notamment que la solution viendra des politiques égyptiens, du peuple égyptien :

“Ce que nous voulons, c’est une Égypte qui soit prospère, stable et démocratique. Comment y parvenir ?…. la solution viendra des politiques égyptiens, du peuple égyptien. Nous ne considérons pas qu’il soit opportun de donner des instructions ou des ultimatums de l‘étranger. j’insiste : les forces politiques à l’intérieur de l’Égypte doivent parvenir à un accord elles-mêmes”.

Note : la position de Ben Ki-moon et du Ministre allemand  des Affaires Etrangères  penche pour une solution rapide  de la Crise Égyptienne  alors que la position Russe rejette tout ultimatum, espérons qu’ils  arriveront à s’entendre.

  (Quelques jours auparavant Medvedev  avait critiqué  les déclarations du Secrétaire Général de l’ONU comme une ingérence dans la politique de l’Égypte)

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Autres informations :

 Barack Obama  a confirmé  que « des discussions» se sont engagées sur la transition politique en Égypte et dénonce la violence à l'encontre des manifestants et des journalistes. Mais il précise que «l'avenir de l'Égypte sera décidé par son peuple». Le président américain se dit encouragé par la retenue observée vendredi au Caire


D’après le Times, Les États-Unis discuterait avec des responsables égyptiens des modalités d'un départ immédiat d'Hosni Moubarak et du transfert du pouvoir à un gouvernement de transition dirigé par le vice-président, Toujours se lon le Times,  des responsables américains et égyptiens réfléchissent à un scénario dans lequel Omar Souleimane, soutenu par les militaires, engagerait immédiatement un processus de réforme constitutionnelle…..l'idée serait de former un gouvernement de transition auquel seraient invités à participer des groupes d'opposition, dont les Frères musulmans, afin d'enclencher un processus qui mènerait à des élections libres et équitables en septembre. L'issue de ces discussions dépendrait d'un certain nombre de facteurs, notamment la tournure que prennent les manifestations et la dynamique au sein du gouvernement au Caire.

 D’autres médias rapportent que Le Sénat américain a adopté  à l'unanimité une résolution exhortant le président égyptien à former un gouvernement intérimaire, sans toutefois réclamer sa démission. La résolution l'exhorte à «mettre en branle dès maintenant une transition ordonnée et pacifique vers un système politique démocratique» en transférant les pouvoirs à un gouvernement intérimaire et en faisant «les réformes nécessaires à la tenue cette année d'élections libres, justes et crédibles aux yeux du monde».

Enfin il est rappelé que Hosni Moubarak  a déclaré  à la chaîne de télévision américaine ABC qu'il souhaiterait démissionner, mais ne le peut pas car il redoute que le «chaos» ne s'installe. Il déclare également qu'il n'entend pas quitter le pays et qu'il souhaite mourir en terre égyptienne : «Je ne m'inquiète pas de ce que les gens disent sur mon compte. A l'heure qu'il est, je me préoccupe de mon pays, je me préoccupe de l'Égypte».

Note : on peut voir à la lecture de ces informations que les États-Unis s’impliquent plus avant que l’UE  dans un processus qui souhaitons-le devrait aboutir à  éviter le chaos que prédit  Hosni Moubarak qui n’oublie qu’une chose en évoquant « le chaos »,   c’est que nul n’est indispensable  ni prophète en son Pays.

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Mais  force est de constater que le Président Moubarak reste sur sa position, la Journée du Départ » et les déclarations des personnalités de l’UE aussi que celles des Etats-Unis ne semble pas le déterminer à quitter le pouvoir dans l’immédiat              

Les médias rapportent que  plusieurs scénarios de sortie de crise sont envisagés.

 A Washington  l’administration Obama a proposé aux autorités égyptiennes un départ immédiat de Hosni Moubarak et l’installation d’un gouvernement transitoire, soutenu par l’armée, chargé d’organiser des élections présidentielles libres et équitables, selon des sources américaines. Dans l’un des scénarios, le gouvernement transitoire serait confié au vice-président, Omar Souleimane, récemment nommé par Hosni Moubarak.

Au Caire, le Prix Nobel de la paix Mohamed el-Baradei, opposant au régime,  a proposé  son propre scénario de sortie de crise: il propose  un gouvernement transitoire dirigé par un conseil présidentiel composé de deux ou trois figures, dont un représentant de l’armée, qui resterait au pouvoir pendant environ un an, sur la base d’une Constitution temporaire. Pendant cette période, une Constitution permanente serait rédigée et ensuite seulement serait organisée l’élection présidentielle, actuellement prévue en septembre.

 Le premier ministre, Ahmad Chafic, quant à lui  a  exclu que Moubarak transfère son pouvoir au vice-président, Omar Souleimane, dans une interview à la chaîne Al-Arabiya. …..«Il n’y a pas de raison que le président se désiste, sa présence est une sorte de gage de stabilité» pour le pays, a-t-il affirmé.

Le président américain, Barack Obama, a estimé hier que son homologue égyptien devait «prêter attention à ce que réclament les gens et prendre une décision ordonnée, constructive et sérieuse». «Je pense que le président Moubarak se soucie de son pays. Il est fier, mais c’est aussi un patriote», a ajouté Obama, suggérant, mais ne demandant pas clairement le départ du président égyptien.

Dans les capitales étrangères des manifestations de soutien à la contestation Égyptienne  soit à la faveur de leurs propres revendications vis-vis de leur pouvoir,  soit par solidarité,  pour  soutenir purement et simplement le peuple tunisien opposé au régime ou encore  en demandant le départ de Hosni Moubarak :

-  En Jordanie, un millier de personnes ont manifesté Amman à l'appel de l'opposition islamiste en exigeant des réformes dans le royaume et en exprimant leur appui à la contestation égyptienne, a estimé la police.

- En Turquie, un millier de protestataires se sont massés après la prière musulmane du vendredi devant une mosquée d'Istanbul en solidarité avec la révolte du peuple égyptien, selon l'Agence France Presse (AFP).

- En Malaisie, la police a utilisé des canons à eau pour disperser une manifestation de plusieurs centaines de personnes contre le président égyptien qui avait lieu devant l'ambassade des États-Unis à Kuala Lumpur.

- En Afrique du Sud, 250 personnes se sont regroupées dans le calme devant l'ambassade d'Égypte à Pretoria pour demander le départ d'Hosni Moubarak.




Revue de presse :



» MINUTE PAR MINUTE – Suivez en direct la journée de manifestations en Égypte

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