En déplacement officiel et privé, Monsieur Sarkozy a déclaré à Meaux hier matin, dans un discours, en parlant du cas d’un sans abri qui refuse « la chambre » qu’on lui propose :
« Cette personne-là, on lui donne à manger un bon repas chaud, on lui propose de la soigner, on lui permet de prendre une douche, on lui montre la chambre qu'on lui propose. Si elle n'en veut pas, elle s'en va, elle reprend la rue. C'est le respect de la dignité de la personne, c'est le respect de la liberté.
D'après Emmaüs, en un an, 265 sans-abri sont décédés dans la rue.
Que faut-il penser de la déclaration de Monsieur Sarkozy ?
Le plus souvent la « chambre » se résume en « un lit » dans un dortoir ou une chambre collective. C’est pourquoi j’utiliserai le mot « lit » dans mes réflexions ci-dessous.
Il est vrai que quand on estime qu'il suffit de donner un bon repas chaud », de proposer un soin, de permettre de prendre une douche et de montrer la « chambre » pour régler le problème d'un sans abri on se dédouane très vite.
Une chambre ! Un lit ? Le 115 et les foyers sont submergés journellement de demandes qu'il ne peut satisfaire
Un lit ? Certaines promiscuités dans des chambres collectives sont effectivement refusées par des sans abris, tout le monde en connait les raisons, et prétendre que si un sans abri refuse un lit il peut repartir (dans la nature, sur le trottoir ou dans un abri de fortune fait de carton ou de ou de morceaux de bâches...) en respect du principe que chaque individu est libre de disposer de sa personne, c'est faire un raccourci qui ne règle pas le problème.
Une soupe chaude ? ... à condition de pouvoir se déplacer pour rejoindre un point de service ou un camion distributeur, ce n'est pas le cas de tous les sans abris
Une douche ? .... oui pour remettre ensuite du linge sale en attendant de pouvoir le laver? Où? , quand ? Comment? Je sais que des associations offrent dans les grandes villes "une laverie gratuite" et aussi des vêtements gratuits à tel jour, telle heure, là encore et à condition d'être informé, il faut avoir les moyens de s'y rendre, enfin quand on parle d'un lit, d'une douche, d'un repas chaud on vise une personne, il y a des familles dans la rue. Un lit ne suffit pas.
Un lit ? Certaines promiscuités dans des chambres collectives sont effectivement refusées par des sans abris, tout le monde en connait les raisons, et prétendre que si un sans abri refuse un il peut repartir (dans la nature, sur le trottoir ou dans un abri de fortune fait de carton ou de ou de morceaux de bâches...) en respect du principe que « C'est le respect de la dignité de la personne, c'est le respect de la liberté », c’est vraiment faire preuve d’irresponsabilité et l’on peut penser qu’il s’agissait de temporiser les propos de Madame Boutin qui avait suscité une levée de boucliers en proposant d’héberger d’office les Sdf lorsque la température descendait à 6° , bien plus que de stigmatiser et de justifier le laxisme et l’indifférence de L’Etat en la matière , depuis des décennies.
Madame Boutin, en effet, proposait de d’héberger d’office les sans abris lorsque la température descendait à 6°, et ça ne réglait pas non plus la question, d'abord parce que le trottoir ou le banc même à plus de 6° est tout autant inacceptable pour y laisser dormir une personne , ensuite parce qu'un Sdf itinérant de trottoirs en trottoirs, de banc en banc, livré à lui même et abandonné à sa misère physique et affective, à son dénuement, depuis des mois et des années, aurait besoin impérativement et préalablement d'un suivi personnalisé par des services sociaux et sanitaires pour le préparer psychologiquement à accepter des secours que ce soit à 6° ou à plus. La météorologie n’à rien avoir dans l’affaire.
Il ne suffit pas d'avoir en région parisienne 6 morts de froid ou de maladie ou de désespoir en une semaine pour se mettre en branle, montrer à la tribune, faire des déclarations d'intentions, et de se déchirer en polémiques politiciennes contradictoires, en attendant que tout se termine en queue de quenouilles pour passer à masquer une autre "cata" sociale.
Il faut à longueur d'année assumer un suivi préventif.
On ne peut régler collectivement la question Sdf, chacun a eu un parcours différent et les solutions doivent être adaptées à chaque cas, à chaque famille.
Le repli sur soi et le refus des sans abris provient de leur isolement social, ils ont perdu confiance en eux e en la société qui s’accommodent avec laxisme de leur marginalisation. L’Etat, les municipalités doivent s'occuper d'eux autrement qu'en leur assurant épisodiquement au hasard des maraudes, une soupe chaude, une douche, un lit pour les relâcher au matin ensuite dans la nature face à leur misère.
Un être humain a besoin autour de lui d'un environnement humain, ses besoins, même dans la pire condition physique et mentale restent les mêmes intellectuellement, socialement et affectivement que ceux de tous les êtres humains.
Les secours ne peuvent se réduire à leur proposer en cas de crise à plus ou à 6°, au hasard des maraudes une douche, un lit, une soupe, un soin, quelques paroles de compassion, il faut les suivre socialement, individuellement, à longueur d'année, en plus et autrement que par l'intervention épisodique des associations privées, qui font ce qu'elles peuvent mais qui ne disposent pas des moyens politiques et financiers et de l'autorité légale nécessaire pour régler l'ensemble des questions .
Il faut que l'état, les municipalités, les collectivités territoriales, leurs organismes sociaux et sanitaires, se responsabilisent comme c'est leur devoir, et établissent un plan social coordonné pour progressivement identifier, resocialiser, soigner, rendre confiance, et ce n'est pas en laissant repartir les sans abris le matin d'un foyer d'hébergement, seuls dans la rue face à leur misère, que l'État, les municipalités et les services sociaux peuvent se dédouaner par un tour de passe passe oratoire à connotation philosophique et juridique telle que l’affirmation : « C'est le respect de la dignité de la personne, c'est le respect de la liberté. »
Je soutiens que s’abriter derrière des principes pour éluder le problème est fallacieux, est-ce respecter la dignité humaine que de laisser mourir des Sdf sans soin dans des forêts, sur un banc, sur un trottoir ? Ils sont parait-il visités régulièrement, est-ce que leurs visiteurs sociaux ne pouvaient les faire transporter à l'hôpital ou bien par respect de la dignité de la personne et de la liberté ils ont préféré les laisser mourir sans soins ? Ou bien dit-on qu'ils ont été visités pour calmer l'opinion publique alors qu'ils ne l'auraient pas été ?
Cette situation n'est pas tolérable, les Pouvoirs doivent impérativement trouver des solutions et ne plus s'abriter sur des considérations philosophiques et juridiques inconcevables en la matière pour justifier l'abandon et la misère des Sdf livrés à eux mêmes.
Dans un monde où l'on glose d'économie durable, d'énergie durable, de politique durable, du tout et du rien durable, on ne doit pas justifier la "condition de Sdf durable", au prétexte de respect que l'on doit à la personne de disposer d'elle même. On se rend coupable en ne portant pas assistance à une personne en danger ou qui se met elle même en danger; il y a d'autre moyens que de proposer d'héberger d'office à 6° , il faut un suivi "durable" à longueur d'années et ne pas se contenter de sortir de sa torpeur quand on se retrouve avec 6 morts sur les bras en une semaine.
C'est trop facile !
1 commentaire:
D'accord avec vous. Il faudrait peut-être s'y mettre à plusieurs pour réfléchir à d'autres solutions alternatives, puisque ce qui existe déjà ne suffit pas encore.
Merci à vous de vous exprimer. C'est une manière de faire avancer les choses !
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