Hier 8 mars 2016 lors de 1ère séance à l’Assemblée
Nationale, après la discussion et le votre solennel du du
projet de loi renforçant la lutte contre le crime organisé, le terrorisme et
leur financement, et améliorant l’efficacité et les garanties de la procédure
pénale (nos 3473, 3515, 3510), la suite de l’ordre du jour appelait la
discussion, après engagement de la procédure accélérée, de la proposition de
loi de MM. Bruno Le Roux et Patrick Bloche et plusieurs de leurs collègues
visant à renforcer « la liberté, l’indépendance et le pluralisme des
médias (nos 3465, 3542). »
Nous avons relevé l’
intervention particulièrement brillante à la tribune du député Maître Gilbert
Collard , qui a exposé un excellent réquisitoire
déontologique, sur l’indépendance de la
presse par rapport au politique ..
Ci-dessous nous reproduisons son intervention
extraite du compte rendu de la séance :
·
Copié collé :
" M. le président. La
parole est à M. Gilbert Collard.
M. Gilbert Collard.
Monsieur le président, madame la ministre, permettez-moi tout d’abord
de m’incliner respectueusement devant la mémoire de notre collègue décédée.
Qui d’entre nous ne dirait pas : « Vive l’indépendance, la liberté et le pluralisme de la presse ! » ?
Mme Buffet a raison de nous rappeler l’Histoire et de nous faire souvenir qu’en des temps monstrueux, des hommes reclus dans les catacombes de l’écriture essayaient de dire la vérité sur des feuilles souvent ensanglantées, alors que L’Humanité était vendue grâce à l’intervention des autorités d’occupation.
Mais, aujourd’hui, c’est de votre loi qu’il s’agit. Elle est intéressante à bien des égards, et présente des avancées, mais elle me paraît tout de même étrange, en raison d’une seule formulation qu’il faut interpréter d’une manière quasi psychanalytique.
L’article 1er interdit d’exercer des pressions pour inciter un journaliste à signer un article contraire à son intime conviction.
Qui d’entre nous ne dirait pas : « Vive l’indépendance, la liberté et le pluralisme de la presse ! » ?
Mme Buffet a raison de nous rappeler l’Histoire et de nous faire souvenir qu’en des temps monstrueux, des hommes reclus dans les catacombes de l’écriture essayaient de dire la vérité sur des feuilles souvent ensanglantées, alors que L’Humanité était vendue grâce à l’intervention des autorités d’occupation.
Mais, aujourd’hui, c’est de votre loi qu’il s’agit. Elle est intéressante à bien des égards, et présente des avancées, mais elle me paraît tout de même étrange, en raison d’une seule formulation qu’il faut interpréter d’une manière quasi psychanalytique.
L’article 1er interdit d’exercer des pressions pour inciter un journaliste à signer un article contraire à son intime conviction.
M. Yves Durand.
Professionnelle.
M. Gilbert Collard. Je l’ai
lu avec le regard du juriste, parce que je préfère être juriste que politique –
je me sens mieux, plus libre, beaucoup plus libre.
M. Yves Durand.
Personne ne vous oblige à être politique !
Plusieurs députés du groupe SRC. Démissionnez !
M. Gilbert Collard. Je ne
pourrais pas me passer de vous ! Comment faire ? Je dois faire preuve
d’intelligence ! Vous quitter ? Non !
M. Pascal Terrasse. C’est
une question de réciprocité, monsieur Collard. Vous n’êtes pas en train de
plaider !
M. le président. Nous
écoutons notre collègue !
M. Gilbert Collard. Ils
peuvent brailler tant qu’ils veulent, monsieur le président, cela ne me
dérange pas.
Votre référence à la notion d’intime conviction est tout de même étonnante. Un
orateur l’a dit tout à l’heure : elle s’applique aux jurés de cour
d’assises. Cette phrase dit tout de votre texte.
Si vous aviez vraiment voulu l’indépendance de la presse, vous auriez
dit : « il est interdit d’inciter un journaliste à écrire un article
contraire à la sincérité et à la vérité des informations recueillies. »
En fait, vous voulez pouvoir permettre l’expression d’une idéologie dominante.
De quelle intime conviction s’agit-il ? De celle d’un homme de gauche,
d’un homme de droite, d’un homme d’extrême gauche, d’un homme d’extrême
droite ? C’est quoi, l’intime conviction d’un journaliste ? Ce qui
compte, c’est la vérité des faits…
Mme Sylvie Tolmont.
Qu’est-ce qu’un fait ?
M. Gilbert Collard. ...et
la vérité que l’on peut exposer à partir de ces faits ! Les commentaires
sont libres, les faits sont sacrés ! Et vous ne supportez aucune
contradiction ! Cela en dit long sur votre idée de la liberté
d’expression ! En vérité, que voulez-vous ? Exercer une domination
idéologique ! Tout le texte en témoigne, comme lorsque vous donnez des
pouvoirs au CSA ! Tant que vous y êtes, pourquoi ne créez-vous pas un
conseil supérieur, un Conseil de l’ordre des journalistes ? Reprenez les
textes de Mussolini ! Ils vous iraient à merveille, car c’est lui qui a
créé le premier conseil de l’Ordre des journalistes !
Vous voulez tout simplement faire en sorte que l’intime conviction c’est-à-dire
la conviction politique du journaliste – l’emporte, ce qui est désastreux pour
la liberté de la presse.
Lorsque l’on poursuit la lecture de ce texte, on se rend compte que le moyen
essentiel d’organiser vraiment la liberté, l’indépendance et le pluralisme de
la presse eût été de vous intéresser à l’argent public, à l’argent privé, à la
concentration du capital. Il eût fallu exiger des patrons de presse qu’ils
soient soumis à la loi sur la transparence, comme nous ! Il faudrait que
l’on connaisse leur patrimoine, d’où vient l’argent, qui les enrichit ! De
la même manière, il faudrait connaître le montant des deniers publics déversés
vers des médias privés via les contrats d’images, d’annonces,
de publicités !
Il ne faut pas que, directement ou indirectement, un secrétaire d’État, un
ministre, soient propriétaires d’un journal. Voilà ce qui aurait conféré
indépendance, pluralisme et liberté à la presse !
Enfin, pour conclure : ne décorez plus les journalistes ! Ne les
décorez plus ! Laissez-les libres ! Décorez-les lorsqu’ils n’exercent
plus ! Ce serait bien, très bien ! Si je peux me permettre : que
le Président de la République lui-même veille à ne pas les décorer, car cela
les humilie un peu. Non, certes, parce que c’est le Président de la République
– au contraire, c’est un honneur – mais parce que lorsqu’on est journaliste, on
ne doit dire merci à personne ! Cela, comme le disait Albert Londres, c’est
la grandeur du journaliste !
(fin de l'intervention)
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Si vous souhaitez voir son intervention en vidéo nous vous invitons à cliquez sur le lien ci-dessous qui vous conduira directement sur la vidéo de la 1ère séance, pour accedez ensuite à son intervention i suffirat de cliquer sur son nom qui figure dans la listes des intervenants qui se présentera :
8MARS20161ère séance : Questions au Gouvernement ; Lutte contre le crime organisé, le terrorisme et leur financement (vote solen...
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