Information :
Le Jeudi
19 mars 2016, l’Académie de Géopolitique de Paris tenait un Colloque sur le thème
« Où va l’Arabie Saoudite ?
Pour
répondre à cette question, que se posent notamment de
nombreux observateurs intéressés
d’une part , par le rôle que
joue l’Arabie Saoudite sur la scène
politique Arabe, régionale et internationale avec les pays
islamiques, d'autre par par les mutations de la
société saoudienne , mais aussi par
les implications et les alliances de l’Occident
dans les conflits politiques et meurtriers
qui secouent les pays du Proche et du Moyen-Orient, l’Académie Géopolitique de Paris avait réuni
des intervenants spécialistes ou
savants dans différentes disciplines , experts , chercheurs , historiens , militaire, journalistes , et avocat, tous expérimentés dans
l’étude, la connaissance et l'histoire des questions politiques, islamologues et religieuses , notamment musulmane et de ses différentes ramifications régionales et
internationale.
Ces
différentes personnalités se sont exprimées
librement, tout à tour, en toute objectivité , dans une
approche multidisciplinaire , le plus
souvent convergente mais avec parfois des nuances différentes selon leur interprétation, mais toujours avec le souci d’éclairer
un auditoire très attentif sur
l’évolution et les perspectives de
l'avenir du royaume d'Arabie saoudite
et ses acteurs , pays situé
dans cette région du monde
instable et en pleine évolution , au milieu d’une situation désastreuse qui touche le
Moyen et le Proche-Orient, ce qui a généré une escalade des tensions entre les
puissances régionales soutenues par les superpuissances étrangères, susceptible
toutefois de changer par le retour de
l’Iran sur la scène internationale et régionale , retour consacré
depuis peu par la signature d’un accord
sur le nucléaire iranien , retour
que l’on peut considérer comme un signe
d’apaisement dans les relations irano-américaines, ce qui change la donne pour l’Arabie Saoudite ennemi de longue date de l’Iran.
A l'écoute des différents intervenants (voir ci-dessous le rapport
complet de ce colloque de l’Académie Géopolitique ) nous voyons
que l’Arabie Saoudite, se dit aujourd’hui menacée et encerclée par des menaces à ses frontières par l'Irak et l'Iran, tout en poursuivant dans la région
une politique agressive, interventionniste et meurtrière au Yémen , illégale
par rapport au Droit international, et qu'elle est de plus engagée plus ou moins visiblement dans une guerre par
procuration contre la Syrie, et enfin qu’ elle
s’oriente maintenant avec ses alliés Américain et Turc dans une politique
agressive contre le Liban dont elle cherche à affaiblir la capacité militaire du
Hezbollah libanais en entretenant une
politique de déstabilisation du
Liban, en lui reprochant sa trop grande complaisance avec l’Iran sur
fond du conflit entre sunnites et chiites .
Je me
trouvais dans l’auditoire, je me
suis instruite en écoutant toutes les interventions, qui représentent des heures de
travail de grandes qualités.
Nous avons eu aussi des pauses-débat
au cours desquelles des questions
ont été posées qui ont reçues des réponses données en toute objectivité par les intervenants.
ooOoo
Document de source du site de l’Académie
de Géopolitique de Paris :
Copié/collé :
Note :
sous chaque sous titre et sous-titre vous trouverez le lien actif qui vous conduira aux vidéos correspondant à l’allocution, aux
interventions et aux débats
Poursuivant son travail d’analyse des
grandes questions géopolitiques du monde d’aujourd’hui, l’Académie de
géopolitique de Paris a organisé son colloque international le
10 mars 2016 à l’Assemblée nationale :
« Où va l’Arabie saoudite? »
Fidèle à sa vocation d’animer librement
des débats aux thématiques inédites et originales, l’Académie de Géopolitique
de Paris a choisi de faire bénéficier son auditoire des travaux des meilleurs
spécialistes sur la position de l’Arabie Saoudite au milieu de drastiques
changements dans une région instable et en pleine évolutions et au milieu
d’une situation désastreuse qui touche le Moyen et Proche-Orient, avec surtout
une escalade des tensions entre les puissances régionalessoutenues par les
superpuissances étrangères.
L’Arabie Saoudite s’engage
aujourd’hui dans une guerre atroce et mène une politique beaucoup plus
interventionniste qui se manifeste par une intervention militaire meurtrière et
illégale du point de vue du droit international au Yémen et un engagement de
plus en plus visible dans la guerre par procuration menée en Syrie.
Se trouvant aujourd'hui dans l’œil du
cyclone, le royaume se considère comme encerclé par des menaces aussi
importantes les unes que les autres à ses frontières, le Yémen, l'Irak et la
montée en puissance de l'Iran, notamment après l’apaisement dans les relations
irano américaines depuis peu, consacrée par la signature d'un accord sur
le nucléaire iranien, annonçant le grand retour de Téhéran sur la scène
régionale et internationale, après avoir mis fin à des années d'ostracisme,
touchant la république islamique.
Dans une politique de fuite en avant,
épaulé par son allié turque et américain, le royaume mène une politique
régionale agressive et belliqueuse. Au Liban le régime saoudien
cherche à affaiblir la capacité militaire du Hezbollah libanais en
entretenant une politique de déstabilisation de ce pays victime
expiatoire des conflits qui secouent cette région si explosive, chemin faisant
le Liban est brutalement pris en otage par l’Arabie saoudite, qui lui
reproche sa trop grande complaisance avec l’Iran sur fond du conflit entre
sunnites et chiites Le royaume saoudien est par conséquent une parfaite
illustration de l'imbrication du politique et du religieux et que les conflits
surgissant dans la région sont essentiellement voire exclusivement d'essence
confessionnelle.
Et en prenant en considération les
plusieurs importantes rôles que joue l’Arabie Saoudite sur la scène
politique Arabe, régionale et internationale, notamment avec les pays
islamiques, il s'agit de comprendre les mutations que vit la société
saoudienne d'une part, l’évolution géostratégique dans la région dont les
perspectives ainsi que les acteurs de l'avenir du royaume d'Arabie saoudite
d'autre part à travers un questionnement géostratégique régional et
international et sous une approche multidisciplinaire. De nombreuses
thématiques liées à cette question sensible ont également été couvertes par les
analyses pertinentes des nombreux spécialistes, universitaires, personnalités,
militaires, diplomates, journalistes, etc. qui ont participé à nos travaux.
Allocution
de Jacques Myard, Député de la Nation, Président du Cercle Nation et
République.
Merci vous tous de venir pour un sujet assez
important à l’Assemblée nationale, lieu de débat, mais lieu de débat comme
vous le savez, même si parfois le débat est fort, intense, mais toujours un
lieu de débat courtois mais si on s’incline fortement dans le Plein
’hommes, c’est-à-dire dans l’assemblée Première, ça n’empêche pas ensuite
d’aller à la buvette, qui est encore plus importante que l’hémicycle, pour
pouvoir parler entre adversaires politiques.
N’oublions pas, au-delà des problèmes de
culture, au-delà des problèmes des enjeux politiques, que nous vivons
aujourd’hui dans ce que nous appelons à juste titre un village planétaire. Nous
sommes, vous le savez, confrontés, à ce que j’appelle la tyrannie de
l’immédiateté, et que, nous politiques, nous avons un objectif, c’est justement
de pouvoir analyser, sans sur-réagir, à des éléments qui peuvent survenir
partout sur la planète, sans être entraînés par l’immédiateté et aggraver des
problèmes qui parfois peuvent être véritablement secondaires.
Si je vous dis ça en propos préliminaire, c’est
que le sujet d’aujourd’hui sur un pays que nous connaissons tous est loin
d’être … je dirais … neutre en termes de passion. Il est tout à fait légitime
que sur l’Arabie saoudite on puisse avoir … je dirais … des approches
passionnées, mais il n’en demeure pas moins que nous devons faire l’effort
d’analyser de la manière la plus objective possible, avec lucidité, les
enjeux de cette zone.
Alors regardons les choses en face, c’est un pays que
je connais un peu puisque j’y ait été encore récemment, au moment où Madame
Merkel a fait l’annonce qu’elle allait prendre 100.000 réfugiés, ce qui
immédiatement a eu un impact sur tout le Proche Orient, c’est un pays
l’Arabie Saoudite qui est légendaire, grâce à Lawrence d’Arabie, grâce à
tout ce qui s’est passé à la chute de l’empire ottoman, qui fait quand même la
bagatelle de quatre fois la France, plus de 2 millions de kilomètres carrés,
c’est un pays de 30 millions d’habitants avec 10 millions, je dis bien, 10
millions de travailleurs étrangers, c’est un pays riche, c’est un pays qui a
sans doute les réserves pétrolières les plus importantes même si on a toujours
aujourd’hui de nouvelles découvertes, et donc c’est un pays qui est convoité et
qui est cotisé, mais il convient effectivement de regarder les défis auxquels
il doit faire face.
Les défis sont nombreux. On peut, bien évidemment,
pour faciliter l’analyse, voir les défis sur le plan interne, ou les enjeux sur
le plan interne, et aussi essayer d’analyser la politique étrangère.
Alors, soyons très clairs. Vous connaissez la Charte
des Nations Unies sur l’égalité souveraine des Etats, chaque Etat a le
droit de choisir le régime qu’il souhaite. Et jusqu’à nouvel ordre … parce que
c’est une critique que je fais par à un certain nombre d’Etats … nous ne sommes
pas là pour choisir les gouvernants de ces pays-là. Le fameux gouvernement change cher
à monsieur Bush m’est complètement étranger et aboutir à des catastrophes. Donc
je ne suis pas là pour … nous ne sommes pas là bien sûr pour dire qu’il faut
changer ce qui se passe dans tel ou tel pays, encore a fortiori,
bien sûr en Arabie saoudite. Mais il n’en demeure pas moins que nous pouvons,
et que nous devons poser des questions qui peuvent se poser telles que nous les
concevons nous, à l’Arabie saoudite.
Il est indéniable aujourd’hui qu’il y a une question
qui se pose sur la gouvernance. Non pas sur le régime, non pas sur le fait que
ce pays soit gouverné par les Saoud depuis plus d’un siècle, mais
c’est vrai, et ça a paru dans toute la presse, on sait que dans cette famille
royale qui fait 2.300 membres, il y a concurrence…. Je vous rassure, il n’y pas
qu’en Arabie Saoudite, hein. Si j’en crois le débat qui va s’engager en France
sur les primaires, rassurez-vous ça, ne va pas être facile non plus. Bref.
Donc on sait que le successeur désigné, Ben Naïf, est confronté à un autre
membre de la famille royale, Ben Salman, l’un et l’autre ayant des
responsabilités gouvernementales différentes, l’un à l’Intérieur, l’autre à la
Défense. On sait aussi, et malheureusement, cela devient un lot commun à
beaucoup d’Etats dans la zone, qu’il y a des activités terroristes importantes,
et qu’il existe sur le territoire saoudien vraisemblablement des unités
dormantes des mouvements terroristes divers et variés. Il y a des enjeux
économiques, pour en avoir échangé récemment avec des diplomates saoudiens, on
sait que la question des dix millions de travailleurs étrangers a nécessité
aussi de prévoir – ce qui peut arriver un jour avec le pétrole, etcétéra,
c’est-à-dire la formation professionnelle d’un certain nombre de saoudiens
qu’ils puissent petit à petit remplacer les travailleurs étrangers. Le
gouvernement saoudien je le sais se pose la question. Et puis il y a des
évolutions qu’on constate, puisque – vous le savez – nombre des étudiants et de
la jeunesse saoudienne a une très solide formation, a étudié souvent d’ailleurs
à l’étranger, c’est le cas des femmes qui – comme partout – semble prendre la
prééminence sur toutes les sociétés masculines.
Bien sûr attention, si j’en juge par exemple par
l’Iran que je connais un peu, 60% des étudiants dans les universités iraniennes
sont des femmes, et donc on voit bien que cette évolution elle n’est
pas propre d’ailleurs à l’Iran, elle se répète également à l’Arabie
saoudite, et qu’elle va poser tôt ou tard, et il n’est pas – je dirais –
insolent de se poser la question sur le statut de la femme en Arabie
saoudite, d’ailleurs je crois qu’à la tribune il y a une personne qui va
traiter le sujet tel que je la connais.
Et puis il y a des questions qu’on peut se poser sur
le plan externe, car il est vrai que l’Arabie saoudite a toujours eu la volonté
– à juste titre, d’avoir un rôle important au Proche et au moyen orients, c’est
vrai que pendant longtemps ce rôle était dévolu essentiellement à l’Egypte, qui
a rencontré un certain nombre de difficultés, qui a des difficultés économiques
et que l’Iran était mise dans la situation que nous connaissons d’une sorte non
pas de ghetto mais était hors jeu dans la zone, et qu’elle est
revenue, et qu’elle revient d’autant plus l’Iran avec les accords nucléaires.
Moi je suis assez lucide sur ce plan, du moins j’espère le devenir ou le
rester, et je ne saurais oublier que le gouvernement saoudien avait mis en
garde les Etats-Unis sur leur intervention en Iraq. Et que si monsieur Bush
avait écouté un peu plus les saoudien, peut-être on n’aurait pas le cas
ambiant qui règne aujourd’hui tant en Iraq qu’ailleurs. Donc je remercie la
lucidité du gouvernement saoudien à l’époque … il n’était pas le seul, Jacques
Chirac l’avait également, mais, vous savez monsieur Bush avait dit qu’il avait
reçu un ordre de Dieu pour intervenir en Iraq, … j’en suis toujours aussi
stupéfait venant d’un pays où la raison l’emporte sur les thèses des millénaristes,
même si elles existent un peu partout.
Donc c’est vrai qu’aujourd’hui on voit que l’Arabie
saoudite joue un rôle au Yémen sur lequel c’est vrai aussi que ce pays est
critiqué, que le Yémen est en situation extrêmement difficile, que le pays est
pratiquement détruit, que la guerre civile bat son plein, qu’il y a bien sûr
une influence de l’Arabie saoudite en Syrie, qu’elle a des liens avec la
Turquie, toujours dans ce conflit qui n’en finit pas sur la Syrie, et puis on
peut s’interroger bien évidemment sur les relations avec l’Iran. On sait ce qui
s’est passé dernièrement : est-ce que ces relations sont irrémédiablement
compromises ? Vous savez, en Orient, et vous le savez mieux que moi
Messieurs, rien n’est jamais définitif, et je le souhaite … rien n’est jamais
définitif parce qu’on sait très bien que les choses peuvent évoluer, qu’il peut
y avoir des revirements, et que l’intérêt à mon sens, mais c’est une
vue peut-être occidentale même si je n’aime pas ce terme, vue
française on va dire, il n’est impossible que les deux pays peuvent s’entendre,
car il y a des défis de développement importants pour justement stabiliser la
zone.
Non, Monsieur le président Ali Rastbeen, je ne
peux que vous féliciter d’avoir choisi
ce thème, je ne sais pas si vous allez
pouvoir tout traiter, je ne sais pas même si vous allez pouvoir épuiser le
sujet, mais je vous encourage à le traiter avec objectivité, lucidité, sans
passion, car je pense que c’est un sujet qui va nous accaparer et auquel nous
allons devoir répondre pendant quelques années encore, alors Bon Courage, je
reprendrai ce que un jour Elisabeth I avait dit à Sir Francis Drake, elle lui
avait dit : « Salut au Chercheur d’aventure ! » Et dans
l’Orient hyper-compliqué, il faut avoir du courage, vous en avez. Merci.
Le colloque a été organisé sous forme de
deux tables rondes :
Première table ronde :Modérateur, Ali Rastbeen, Président
de l'Académie de Géopolitique de Paris.
« L’Iran et ses voisins du Golfe Persique
»
La situation de crise au Moyen-Orient, en
particulier en Iraq, en Syrie en Lybie et au Yémen ainsi que le blocage des
élections présidentielles libanaises depuis mai 2014 et le grand retour
de l'Iran au sein de la communauté internationale, sont des évolutions qui nous
incitent à nous interroger sur la nature des relations entre l’Iran et ses
voisins du Golfe Persique.
Le Proche et Moyen-Orient sont entrés dans
une phase de mutations et de recomposition profonde, qu’il serait superficiel
et dangereux de réduire à un conflit entre sunnites et chiites.
L’animosité entre l’Arabie saoudite et
l’Iran se traduit notamment en Syrie, au Yémen et en Irak, ces deux puissances
s’accusent mutuellement en cherchant à élargir leur influence.
Une question se pose: la détérioration des relations entre
l’Iran et les pays arabes est-elle le résultat de l’émergence de l’Iran comme
puissance régionale ou puise-t-elle sa source ailleurs ?
Pour répondre à cette question, il faut
tout d’abord se demander à quel point les pays arabes agissent-ils de manière
indépendante ? Ensuite, il faut aussi se demander si leurs actions sont
destinées à préserver leurs propres intérêts nationaux ou sont plutôt dictées
par d’autres motifs.
Enfin, une dernière question, comment doit
réagir l’Iran pour répondre à ses propres intérêts nationaux dans un monde
caractérisé par des rivalités et par l’instabilité ?
La détérioration des relations entre le
monde arabe et l’Iran est en grande partie due à la position géopolitique et
géostratégique du Golfe Persique. Car le pays qui dominerait la région du Golfe
Persique, aurait la possibilité et la capacité d’influencer le monde.
La question de la sécurité et de la paix durable
dans la région du Golfe Persique et dans les Etats arabes, devient alors
abordable.
Une autre considération est la diversité
des acteurs, alors qu’il est clair qu’un vide au pouvoir permet à d’autres
acteurs de s’imposer.
Ce phénomène n’est pas nouveau. Par le
passé, les rivalités entre la Grande-Bretagne, l’Union soviétique et les
États-Unis faisaient rage dans le Golfe Persique et lorsque la Grande-Bretagne
instaura sa domination, les autres puissances se retirèrent.
Lorsqu’en 1968, le gouvernement
britannique a évacué ses forces du Golfe Persique, de la mer d’Oman, de l’océan
Indien et de la mer Rouge, une situation de vide a succédé et a conduit à
l’apparition d’autres acteurs qui voulaient remplacer la Grande-Bretagne, ce
qui a favorisé des rivalités de pouvoir . Pendant cette époque, l’Union
soviétique et les États-Unis se présentaient comme acteurs puissants et
déterminants au niveau international, tandis qu’au niveau régional l’Iran,
l’Arabie saoudite et l’Irak assumaient leurs rôles, aussi bien directement
qu’indirectement.
Dans le nouveau statut quo qui s’est
établi à cette époque, l’Iran et l’Arabie saoudite, alliés de l’Occident, ont
fait face à l’Irak qui a été soutenu par l’Union soviétique. Cette rivalité
s’est poursuivie jusqu’en 1975 jusqu’à ce que l’Iran devienne la première
puissance régionale.
La révolution islamique en Iran a provoqué
un nouveau vide dans la région, auquel sont venus s’ajouter d’autres
événements : la guerre Iran-Irak, la bataille des tankers fut le prétexte
pour la pénétration et la présence des forces étrangères dans la région afin
d’y assurer la sécurité d’approvisionnement. L’occupation du Koweït par l’Irak
et le changement de position des autres pays de la région à l’égard de l’Iran
furent d’autres éléments qui peuvent nous aider à comprendre les raisons de la
détérioration des relations entre l’Iran et le monde arabe.
L’Iran se trouve au centre de la plupart
des évolutions survenues dans la région : le départ des forces
britanniques en 1968, le traité de 1975 et le rôle joué par l’Iran au niveau
régional et extrarégional, et ainsi de suite. Par ailleurs, l’occupation de
l’Afghanistan par l’Union soviétique et la formation des Moudjahédines afghans
sont d’autres événements clés qui continuent à préoccuper le monde.
Encore d’autres facteurs sont en cause de
cette détérioration : l’occupation de l’ambassade des États-Unis,
l’agression du régime baasiste irakien contre l’Iran, la présence des forces
étrangères dans la région, l’acceptation de la résolution 598, l’agression de
l’Irak contre le Koweït, la libération du Koweït par les forces de coalition
jusqu’à la désintégration de l’Union soviétique en 1991 et la disparition du
système bipolaire dans le monde.
Dans une étape avancée, la région été
bouleversée par les événements du 11 septembre, l’attaque des forces de
coalition sous l’égide des États-Unis contre l’Afghanistan , la chute des
talibans, et l’apparition d’une nouvelle coalition mondiale contre le
terrorisme, enfin, les soulèvements populaires arabes et l’émergence
récente de l’extrémisme religieux .
Dans ces conditions-là, reprenons
la question : est-ce que l’Iran peut établir des relations
stables avec ses voisins arabes ? Il existe plusieurs dimensions à
notre question :
-La première considère que compte tenu de
la dépendance des pays arabes, à l’exception de quelques-uns, à l’égard des
États-Unis et de l’Occident, on ne pouvait espérer une amélioration des
relations, tant que l’Iran ne réussissait pas à normaliser ses relations avec
l’occident.
- La deuxième considère que l’Iran ne peut
développer ses relations avec les Etats arabes sauf, si elle deviendra
une réelle et grande puissance régionale dans les domaines politique, militaire
et économique. Ce qui conduira les pays arabes, à améliorer de bon gré
leurs relations avec l’Iran.
une troisième affirme que compte
tenu de la permanence des tensions entre l’Iran et les pays arabes,
l’établissement d’une relation stable devienne irréalisable.
enfin, la dernière position, qui
semble plus acceptable réside dans le fait que, compte tenu du
grand retour de l'Iran au sein de la communauté internationale, les
pays arabes, par le biais de la détente et de la confiance, peuvent fonder de
solides relations dans le respect mutuel, l’assurance des intérêts communs,
l’entraide et la coopération, transformant les rivalités en amitié et
concurrence positive.
***
Monsieur Rastbeen a ensuite donné la
parole à
Monsieur Troudi Mohamed,
Monsieur Troudi Mohamed,
Chercheur en relations internationales et
stratégiques, associé à l'Académie de Géopolitique de Paris, pour parler de
" la politique de l’Arabie Saoudite au Moyen-Orient "
" la politique de l’Arabie Saoudite au Moyen-Orient "
Mr. Troudi dit que depuis
le remaniement dynastique en Arabie saoudite début 2015, le royaume
saoudien mène une politique ouvertement plus interventionniste,
elle se manifeste par une attitude très hostile envers l'Iran, par une
intervention militaire meurtrière et illégale du point de vue du droit
international au Yémen et un engagement de plus en plus visible dans la guerre
par procuration menée en Syrie.
Le royaume se considère comme encerclé par
des menaces aussi importantes les unes que les autres à ses frontières, le
Yémen, l'Irak et la montée en puissance de l'Iran, notamment après l’apaisement
dans les relations irano américaines depuis peu, consacrée par la
signature d'un accord sur le nucléaire iranien, annonçant le grand retour de
Téhéran sur la scène régionale et internationale, après avoir mis fin à
des années d'ostracisme, touchant la république islamique.
Dans une politique de fuite en avant, épaulé
par son allié turque et américain, le royaume mène une politique régionale
agressive et belliqueuse. Au Liban le régime saoudien cherche à
affaiblir la capacité militaire du Hezbollah libanais en entretenant une
politique de déstabilisation de ce pays victime expiatoire des conflits qui
secouent cette région si explosive, chemin faisant le Liban
est brutalement pris en otage par l’Arabie saoudite, qui lui reproche sa
trop grande complaisance avec l’Iran sur fond du conflit entre sunnites et
chiites Le royaume saoudien est par conséquent une parfaite illustration de
l'imbrication du politique et du religieux et que les conflits surgissant dans
la région sont essentiellement voire exclusivement d'essence confessionnelle.
On retrouve cette même : volonté
d'intervenir dans les affaires intérieures des États de la région, c'est le cas
en Irak, les saoudiens cherchent à lutter autant que faire se peut contre
l'influence iranienne dans ce pays depuis l'intervention américaine en Irak,
intervention qui constitue depuis source de détérioration de ses
relations avec son alliée stratégique les États Unis.
Depuis l’arrivée de la nouvelle
administration saoudienne conduite par le roi Salman, on assiste à l'adoption
d'une politique étrangère proactive , amenant la Turquie (qui a ses propres
calculs) à rejoindre l'alliance sunnite avec l'imbrication de différents
objectifs à la fois du royaume saoudien, de la Turquie et de l’Égypte, ce qui
laisse supposer qu'on s'achemine vers un rapprochement de type gagnant turco
saoudien. Les saoudiens ont peut-être simplement compris ou supposent qu'ils ne
peuvent plus résoudre les nombreux problèmes de la région les concernant
directement par des moyens traditionnels, mais via des alliances.
En ce
qui est du Qatar, vue de loin, les deux pays ont davantage de points communs
que de divergences, à voir de près ce ne sont que des cliché car non seulement
les différences existent, mais ce sont parfois de profondes divergences qui
opposent ces deux royaumes, depuis que le petit émirat du Qatar a
décidé d'exister sur l’échiquier régional et par conséquent de rivaliser avec
le deuxième plus grand pays arabe sunnite après l'Algérie à savoir
l'Arabie saoudite.
En décidant de passer d'un statu de
pétrolochimie insignifiante à celui d'un acteur important sur la scène
régionale et internationale, le Qatar défie l'hégémonie de l'Arabie
saoudite qui surveille de près son désormais rival et non moins allié du
Conseil de Coopération du Golfe ou CCG.
***
Le deuxième intervenant Mme Safaa AL-HAMAYDEH AL-SATARI, Organisatrice des Pèlerins
Musulmans de France sur « Les enjeux et paramètres de
l’organisation de pèlerinages en Arabie saoudite »
Le contexte international du tourisme
religieux, dans une époque où les individus cherchent un sens à accorder à leur
existence, la question française des voyagistes du Hadj. Sujet
épineux, presque tabou en raison du fait que le fait religieux
« islam » suscite une défiance et une absence de commande politique,
il n’en demeure pas moins qu’il revêt un substrat économique particulièrement
puissant au regard des chiffres en constante croissance.
Parmi les sites touristiques religieux les
plus reconnus, on observe notamment la Mecque, Rome, Jérusalem et Lourdes.
La Mecque est l’une des plus grandes
destinations de tourisme religieux. En 2012, elle a attiré 12 millions de
pèlerins musulmans, représentant des dépenses touristiques de 16,5 milliards de
dollars.
La Mecque et Médine sont les deux villes
saintes de l’islam. En 2013, 6,9 millions de touristes ont visité l’Arabie
Saoudite pour des raisons religieuses, soit près de 41 % de l’ensemble des
touristes du pays.
Pour l’Arabie Saoudite, le tourisme
religieux représente la deuxième plus importante source de revenus derrière le
pétrole, selon Géopolis.
Le Hadj
Cinquième pilier de l’islam, le Hadj rassemble
chaque année de 5 à 6 millions de pèlerins. Il faut y ajouter un nombre
équivalent de visiteurs dans le cadre du « petit pèlerinage », l’Omra,
qui peut être réalisé à n’importe quel moment de l’année. Considéré
comme l’étape finale dans la vie spirituelle du musulman, le Hajj confère
à La Mecque et, par extension, à l’Arabie Saoudite et à son souverain, un
prestige et un statut uniques. Le titre officiel du roi est celui de «
Serviteur des deux Lieux saints » (La Mecque et Médine, où est situé le tombeau
de Mohamed).
L'industrie touristique est d'autant plus
importante pour la prospérité du Royaume qu'elle est actuellement le deuxième
secteur économique du pays en termes d'emploi pour ses habitants, faisant
travailler près d'un millions de Saoudiens au total. Selon le président de la
Saudi Commission for Tourism and Antiquities, le Prince Sultan Bin Salman, le
secteur devrait devenir le premier employeur national au cours des prochaines
années
Débat
:
***
Mme
Satari a ensuite donné la parole à
Mr. Karim IFRAK, Islamologue, historien des Textes et de la vie de la pensée dans les mondes musulmans. C.N.R.S, Paris,
Mr. Karim IFRAK, Islamologue, historien des Textes et de la vie de la pensée dans les mondes musulmans. C.N.R.S, Paris,
Qui a
traité le sujet du :
"Wahhabisme et ses ramifications régionales et internationales.
"Wahhabisme et ses ramifications régionales et internationales.
Mr. Ifrak a dit : La disparition du Califat en 1924, la
reconquête du pouvoir avec le soutien de « l’Ordre des Frères » en
1927, l'exploitation des gisements pétrolifères en 1938, permirent au royaume
d'Arabie saoudite de s’imposer sur l’échiquier régional puis mondial grâce au
pacte « pétrole contre protection » conclu en 1945. Mais la conquête du
pouvoir, dans un contexte arabo-musulman, ne peut se pérenniser, sans une
légitimité et un rayonnement religieux. Une légitimité que va se forger le
royaume d'Arabie saoudite en s’appuyant sur l’idéologie wahhabite, celle-là
même qui a soutenu la genèse du royaume, deux siècles auparavant.
Portée par le rayonnement de la monarchie
dans la région, cette nouvelle idéologie musulmane toute saoudienne, ne
manquera pas de se propager au sein des pays voisins, lentement mais
inexorablement. Soutenue par un apport financier de plusieurs milliards de
dollars, elle s’attela à contaminer, le plus possible, le reste du monde musulman
et pas seulement. Une ambition qui passera d’une orientation locale à une
orientation régionale, avant de muter vers un plan international, le tout par
une simple advertance.
Dans son combat à mort contre le
communisme, particulièrement, celui soutenu par Gamal Abd Nasser, au nom du
panarabisme, le royaume d'Arabie saoudite, aidé de certains pays amis, se
tourna vers « La Société des Frères Musulmans », fondée par Hassan
al-Banna. Le choc avec la mécanique nassérienne, soutenue par le bloc communiste,
fut brutal, anéantissant, dans son raz de marée, une bonne partie de la
« Confrérie ». Complice des actions fréristes contre l’Égypte
Nassérienne, l’Arabie saoudite, accueilli, en contrepartie, des milliers de «
Frères » venus d’Égypte, mais également de Syrie et de Palestine. Aussitôt
installés, les « Frères » se remirent au travail en faisant ce qu’ils savent
faire le mieux : répandre leur idéologie islamiste qui appel à la
renaissance du califat. Craignant le pire, les Al-Saoud décidèrent de réinvestir
le terrain, en propageant, avec force, leur idéologie maison : le
« salafisme wahhabite ». Grâce à l’apport des pétrodollars et en se
reposant sur des infrastructures telles que les universités islamiques, la
Ligue Islamique Mondiale et autres O.N.G à partir des années 60, les Al-Saoud
disputèrent, à l’aide de cette nouvelle arme, chaque mètre carré conquis ou à
conquérir par la « Confrérie ». Toutefois, l’idéologie wahhabite
originelle, loin de savoir que le combat sera à la mesure des enjeux, allait
faire face à trois opposants « maison » qui manqua la faire
déraciner. Le wahhabisme de la « Jamaâ al-salafia al-mohtasiba »,
le wahhabisme « sourourite » et enfin le wahhabisme
« sahawite ».
Quelle est donc cette arme idéologique qui
n’a pas fini de noyauter une grande partie du monde musulman, mais également
d’Europe et d’Afrique ? Quels sont les mécanismes qui ont permis sa propagation
et les moyens humains et financiers investis par le royaume pour la développer
et la pérenniser ? Mais surtout, victime de son propre succès, comment
procède le royaume, aujourd’hui, à contrer ses effets indésirables et à
soigner, autant que faire se peut, son image de marque ô combien ternie.
***
La quatrième intervenante , Mme Patricia
LALONDE, Chercheuse associée, IPSE a parlé
"des droits humains en Arabie saoudite."
D’après Mme LALONDE traiter des droits de l’homme en Arabie
Saoudite nécessite de s’étendre sur la doctrine de l’Etat saoudien : le
wahhabisme. La raison d’être de l’Etat Saoudien est d’appliquer les lois de
l’Islam et la volonté de Dieu. Le pays est dirigé par une monarchie
absolue où le pouvoir est concentré dans les mains du souverain et du cercle
familial.
Les partis politiques et les syndicats
sont interdits ; Toute autre religion est bannie et dès le plus jeune âge,
les Saoudiens apprennent que le chiisme est une religion de mécréant : En
2014, selon Human Right Watch, le roi Abdallah a introduit un certain nombre de
lois considérant comme terroristes les athées. La récente décapitation du Cheik
Nimr Barq El Nimr, opposant chiite pacifique en est l’illustration. Ou encore
l’exemple du bloggeur Raif Badawi, emprisonné depuis 2012, et est contraint de
recevoir régulièrement des centainesde coups de fouets en attendant une
éventuelle décapitation ou même la crucifixion. Ou encore le cas d’Abdallah Al
Zaher, adolescent torturé en prison et dont le verdict de condamnation à
mort doit être confirmé en 2016 ; Il risque la pendaison ou la
décapitation…
Les inégalités entre les sexes restent
très importantes : Malgré une nette volonté réformiste de Mohamad ben
Abdelazziz- al-Saoud, les femmes saoudiennes restent des «
dépendantes », recluses de la société. Elles sont par la suite
confrontées à un fort taux de chômage…Les femmes représentent 60% de l’ensemble
des diplômé[e]s, mais moins de 15% ont accès au marché du travail. Les
femmes doivent avoir un tuteur masculin (Mahram) : Elles ne
peuvent sortir seules sans être accompagnées d’un tuteur
masculin. Elles doivent recevoir l’autorisation de leur tuteur pour se marier,
voyager, s’inscrire à l ‘école, ou à l’université et accéder aux services
de santé. La polygamie des hommes est permise. La ségrégation des sexes est de
rigueur dans les espaces publics et les femmes ne peuvent sortir qu’entièrement
recouvertes de l’Abaya, tunique noire ne découvrant que les yeux.
Les milices de la Commission pour la
prévention du vice et la promotion de la vertu ( Muttawain) surveillent dans
chaque quartier la bonne application de ces règles.
Par ailleurs, l’Arabie Saoudite a
récemment obtenu la présidence du conseil consultatif de la commission des
Droits de l’Homme des Nations Unis !!
Pour conclure, il est à craindre que cette
stratégie d’ouverture ne s’arrête depuis que le Prince Mouqrine, réformateur et
réformiste a été écarté du pouvoir au profit de Mohamad ben Salman :
rappelons que les Salman font partie[s] de la tribu des
« Soudayris » plus proches des thèses fondamentalistes des
wahhabites Mohamad ben Salman (MBS) n’a pour le moment pas brillé par sa
volonté d’ouvrir le royaume aux réformes, obsédé par une frénésie de guerres
contre les chiites, la première en Syrie contre le pouvoir de Bachar al Assad
et la seconde, plussilencieuse, au Yémen contre les Houtis, guerre qui se
déroule dans le silence où les pires atrocités sont permises.
***
Deuxième table ronde,
Modérateur, Mr.
Alain Corvez, Conseiller en stratégie internationale
Le
cinquième intervenant, Mr. Hall GARDNER directeur du
département politique comparée internationale à l'Université américaine de
Paris a traité le sujet
" Des relations entre l’Arabie Saoudite et les USA"
" Des relations entre l’Arabie Saoudite et les USA"
Mr.
Gardner a noté que les relations USA-Arabie Saoudite peuvent être
qualifiées par l’abus et la manipulation mutuelle mais accompagnée de méfiance
réciproque. Le discours s’interroge si ces relations ont commencé à se
détériorer suite aux attentats du 11 septembre 2001 et en raison de
l’approchement irano-américain.
Ajoutons à cela, la différence entre l’approche américaine et l’approche
saoudienne en ce qui concerne la guerre mondiale contre le terrorisme. La politique
Saoudienne qui poursuit son soutien aux factions socio-politique wahhabites
dans le Grand Moyen-Orient ne convient plus aux Etats-Unis.
La nouvelle guerre des prix et les rivalités qui en résulte de la concurrence
du pétrole de schiste américain dans le marché pétrolier couplé avec l’absence
de vraies réformes et la violence permanente des droits de l’homme mène
certainement a une possibilité d’instabilité socio-économique et politique au
sein du Royaume lui-même.
***
Le
sixième orateur, Honoré LE LEUCH, Expert et Conseiller Pétrolier
International a traité le sujet de «La géopolitique
pétrolière saoudienne»
Pour Mr. Le Leuch, La chute actuelle du prix du pétrole ainsi
que la grave situation géopolitique au Moyen-Orient font à nouveau beaucoup parler
de la place essentielle de l’Arabie saoudite sur le marché mondial des
hydrocarbures et de son rôle majeur historique au sein de l’OPEP.
L’objet
de la présentation est d’abord d’expliquer les raisons principales ayant
conduit à cette forte baisse du prix du pétrole de 70% en 18 mois depuis l’été
2014, puis d’essayer de mieux comprendre la politique et la stratégie
pétrolière adoptée par l’Arabie saoudite. Cette compréhension permettra
d’imaginer les conséquences probables sur les marchés de l’énergie, à court
terme et à moyen terme, ainsi que les conséquences directes pour l’Arabie
saoudite, notamment financières et géopolitiques.
En
particulier, il sera montré pourquoi la crise pétrolière de 2014-2016 est
différente des autres chutes brutales du prix du pétrole qui ont eu lieu au
moins une fois durant chacune des décennies précédentes, à savoir celle de
1985-1988, celle de 1998-1989, puis celle de 2009-2010. A chacune de ces crises
antérieures, due à une offre supérieure à la demande de pétrole, les pays de
l’OPEP avaient décidé de réduire leur production globale pour mettre fin à la
crise, et notamment l’Arabie saoudite, premier pays exportateur mondial
agissant en tant que « swing producer » préférentiel.
Pour la
crise actuelle, l’Arabie saoudite a décidé de privilégier sa « part de
marché » en gardant son niveau de production, ceci pour pousser entre
autres les producteurs concurrents à coût élevé à réduire pour des
raisons financières leur production et leurs investissements, d’abord ceux
alloués aux activités des pétroles non conventionnels dont la part dans l’offre
mondiale a fortement progressé en cinq ans, surtout aux Etats-Unis et au
Canada. L’effet du ralentissement des investissements devrait être de favoriser
à moyen terme une nouvelle hausse du prix du pétrole et d’entrer dans un
nouveau cycle de prix.
Les
ressources financières accumulées par l’Arabie saoudite ces dernières années
lui permettront-elles de maintenir cette stratégie audacieuse jusqu’au nouveau
cycle du prix du pétrole ? Nous donnerons des éléments de réponse au cours
de la présentation.
***
Troisième débat
Le
septième intervenant, Général Elias FARHAT, Général des
armées libanaises a traité :
" Les relations entre l’Arabie saoudite et Israël"
" Les relations entre l’Arabie saoudite et Israël"
Pour Mr. Farhat, Le royaume d'Arabie saoudite joue
plusieurs rôles importants sur la scène politique Arabe, régionale et
internationale, notamment avec les pays islamiques. L’Israël est conscient que
s’il réussit à établir des relations normales avec l'Arabie Saoudite, il verra
s’ouvrir devant lui les portes du monde arabe et musulman.
Récemment,
des informations ont circulé relatant des contacts officiels et des rencontres
publiques, entreL'Arabie Saoudite et l’Israël dont les faits sont rapportés par
les mass media. Considérées par les uns comme un début d’ouverture entre les
deux pays ennemis, qui prélude à des contacts officiels, ces rencontres sont
interprétées par d’autres, comme un contact sans lendemain, parce qu’elles
n’aboutiront jamais à développer des relations de rapprochement politique entre
les deux états. D’autres encore, considèrent que les rencontres
israélo-saoudiennes nécessitent beaucoup d’efforts et une longue marche vers la
normalisation des relations entre ces deux pays.
Pendant
son assistance au Forum économique mondial à Davos, le Premier ministre
israélien Benjamin Netanyahu a déclaré à CNN : "Dans ces derniers
temps, il y a eu un changement radical dans les relations étrangères d’Israël,
et entre l’Israël et ses voisins arabes. L’Arabie Saoudite, comme d’autres
états, nombreux dans le monde arabe, considère l’Israël comme un allié et non
pas comme une menace".
La plus
importante de ces réunions est la rencontre en Israël, entre Yair Lapid qui
a œuvré pour l’initiative de paix en tant que chef du parti future, et le
prince Turki al-Faisal, ancien chef des renseignements, ancien
ambassadeur à Washington et à Londres, fils du défunt roi Faisal
bin AbdulAziz, et frère du ministre des Affaires étrangères Saud al-Faisal.
Les
rencontres entre chercheurs appartenant à des centres de recherche divers dans
les deux pays. La plus importante de ces rencontres a réuni le chercheur et ancien
militaire saoudien Anwar Al Ochqui, et Dori Gold,
conseiller auprès du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
L’Arabie
saoudite ne fait pas partie des pays arabes qui avaient ouvert sur leurs
territoires des bureaux de représentation israéliens ; elle n'a non plus
annoncé des réunions officielles avec Israël.
L'Arabie saoudite, Israël et le dossier iranien
Un
croisement des positions saoudiennes et israéliennes sur la question du
programme nucléaire de l'Iran, et à propos de l'ingérence de l'Iran dans la
région arabe. L’Arabie saoudite considère que l'Iran représente un danger aussi
bien pour elle que pour d’autres pays arabes. Elle accuse l'Iran de s'immiscer
dans les affaires intérieures des pays de la région, et de soutenir les chiites
et la foule populaire en Irak, mais aussi le régime en place, en Syrie,
Hezbollah au Liban, et les Houthis au Yémen. Quant à l’Israël, il a toujours
considéré que l'arme nucléaire iranienne constitue une menace pour son entité
et pour sa sécurité nationale. L’Israël a œuvré activement auprès des
États-Unis et du groupe 5 + 1 afin d'arrêter les négociations avec l'Iran, et de
recourir à l'option militaire.
L’Israël
et l’Arabie Saoudite se partagent les mêmes anxiétés et les mêmes soucis vis à
vis de l’Iran. Mais aussi, les deux parties savent que leur coopération sur ce
dossier ne pourra pas réaliser leurs buts respectifs.
Concernant la crise syrienne, A plusieurs reprises l’armée israélienne
est intervenue en bombardant des cibles jugées par lui des sites militaires
appartenant à Hezbollah. Du coté saoudien, le royaume a publiquement
exprimé son soutien à l'opposition syrienne, tout en réclamant le départ du
président al-Assad. Il a également reçu dans sa capitale l'opposition syrienne,
et n’a jamais caché qu’il la soutient en matière de financement et
d’armement.
Dans la crise yéménite, l'Arabie saoudite a lancé une guerre surprise
sur le Yémen pour frapper les Houthis, et les soumettre. Elle visait par cela
contrecarrer l’influence iranienne
sur son voisin yéménite. Pour l’Israël, géographiquement distant du champ de
bataille, le plus important dans cette guerre, est de préserver la libre
navigation à Bab al-Mandeb ; cette préoccupation israélienne est partagée
par d’autres pays de la mer Rouge, à savoir L’Arabie Saoudite et l’Égypte.
Aussi, les Etats-Unis cherchent à protéger la libre navigation maritime des
dangers qui menacent le commerce mondial.
Quels horizons pour les relations
israélo-saoudiennes ?
L’Arabie Saoudite, n’attache à l’Israël
aucune importance pour améliorer ses relations avec les États-Unis. Elle n’a
non plus aucun besoin d’Israël pour consolider sa position internationale, les
relations américano-saoudiennes étant bien solides, comme nous l'avons
mentionné. C’est plutôt l’Israël qui a souvent besoin de l’Arabie Saoudite pour
l’aider à sortir de son isolement au niveau des pays arabes, et des pays
musulmans. Il est difficile pour le leadership du Royaume de mener la
normalisation avec Israël, car l'établissement religieux allié avec
l'établissement politique, ne peut pas permettre une telle action. Toute
décision de normaliser les relations avec l’Israël provoque la colère des
clercs saoudiens, et produit des réactions violentes. N’oublions pas que le
wahhabisme puritain incarné par l’organisation des "Frères
de celui qui obéit à Dieu" a
rejeté la décision que le Roi Abdul Aziz avait prise, pour arrêter l'expansion
en Irak et en Syrie. Ils avaient mené contre lui une guerre qui s’est soldée
par leur défaite, dans la bataille de sabilah en 1928.
En brève conclusion, on peut dire que le
Royaume n’a pas intérêt à développer ses contacts avec Israël, car c’est
inutile, et provoque le puritanisme wahhabite diffèrent de l'establishment
wahhabite qui participe actuellement au gouvernement. En plus, l’Israël voit
dans la relation avec l’Arabie une introduction obligatoire dans le règlement
de la cause palestinienne, et selon des conditions Israéliennes.
***
Le huitième intervenant, Mr. Fayçal
Jalloul, écrivain et journaliste libanais, sur /
"Les enjeux des relations entre l’Arabie saoudite, la Syrie et le Yémen"
"Les enjeux des relations entre l’Arabie saoudite, la Syrie et le Yémen"
Mr. Jalloul dit : Il y a un an, l’Arabie Saoudite a formé
une alliance militaire pour se lancer dans une guerre sans merci contre le
Yémen. Justifiée au nom du soi-disant maintien de la « légitimité
yéménite » démocratique, la poursuite de cette guerre est conditionnée par
le retour au pouvoir à Sanaa du président Abed Rabbo Mansour Hadi et de son
gouvernement dit « légal ». Les Saoudiens prétendent agir au nom des
principes inscrits dans l’Accord du Golfe unanimement soutenu sur le plan
international, y compris par la Russie.
En Syrie, l'Arabie Saoudite mène presque
la même politique. Elle finance, forme et envoie des combattants dans ce pays
et prend en charge un certain nombre de mouvements d'opposition armés afin de
changer le régime syrien et de mettre en place un régime démocratique. Dans un
cas comme dans l’autre, les guerres menées par l’Arabie saoudite soulèvent
toujours la même question : pourquoi un régime monarchique se bat-il pour
la démocratie partout ailleurs mais jamais chez lui ? En réalité, les raisons
de l’engagement militaire de l’Arabie saoudite dans ces pays sont avant tout de
nature géopolitique, historique et communautaire.
On peut en effet expliquer la guerre de
l'Arabie saoudite contre le Yémen et la Syrie par la conflictualité
traditionnelle entre républiques et monarchies. Cette dualité de régime est un
héritage du colonialisme : les Français ont construits les régimes
républicains, les Britanniques les Etats monarchiques, et l’antagonisme entre
ces deux systèmes a perduré jusqu’à nos jours. La fin de la Guerre froide a
rendu possible une guerre de l’Arabie saoudite lancée contre ces deux pays,
désormais dépourvu de la protection de l’Union soviétique, jusqu’alors garante
du maintien de l’équilibre régional et interarabe. Les Etats-Unis, après
l’échec de la guerre en Afghanistan et en Irak, annoncèrent leur intention de
quitter le Moyen-Orient. Ce tournant majeur dans la stratégie américaine s’est
accompagné du déclenchement des Printemps arabes et a offert à l’Arabie
saoudite une occasion rêvée pour en finir avec ses rivaux yéménite et
syrien.
L’Arabie Saoudite espère gagner la guerre
au Yémen et en Syrie pour pouvoir remodeler tout l’espace régional, signer la
paix avec Israël aux conditions de l’Etat juif et mettre ainsi fin à
l’influence iranienne dans la région, en grande partie alimentée par la colère
anti-israélienne. Au Yémen, le régime saoudien espère aussi assurer
l'exportation du pétrole à l'étranger sous un régime sûr et fédéral, et mettre
la main sur le détroit de Bâb el Mandeb. Il entend également protéger sa rive
de la Mer rouge et, peut-être, annexer la région stratégique du Hadramaout. Il
n’en reste pas moins que la guerre menée par les Saoudiens dans ces deux pays
se déroule très mal et qu’en cas d’échec, le prix à payer sera très cher, et
ira peut-être jusqu’à la perte du trône de leur Royaume.
***
Le neuvième
orateur, Elie HATEM, Avocat, professeur à la FALCO (Faculté
Libre de droit, d’économie et de gestion de Paris) a traité " le
sujet des rapports géostratégiques entre l’Arabie saoudite et
le Liban"
Mr. Hatem déclare que les rapports entre l'Arabie saoudite et le
Liban illustrent ces ambiguïtés et subtilités auxquelles s'ajoutent les
intrigues des interventions occidentales, notamment américaines, dans cette
région du monde. C'est à partir de la déstabilisation du Liban, en 1975, que
l'Arabie saoudite a entrepris des rapports avec lui. A l'issue des sommets de
la Ligue arabe, de Ryad et du Caire, cette dernière décida la création d'une
force d'intervention militaire composée essentiellement de soldats syriens avec
d'autres contingents : saoudien, émirati, soudanais et libyen. Néanmoins,
le rôle politique et militaire de l'Arabie saoudite était restreint. En 1979,
alors que le mandat de cette force était prolongé, les troupes saoudiennes ont
quitté le Liban, ainsi que les trois autres contingents émirati, soudanais et
libyen. Seul le contingent syrien composa alors la Force de dissuasion arabe
dont les financement était supporté par les Emirats et l'Arabie saoudite :
80 millions de dollars par mois. Le rôle de l'Arabie saoudite était alors
édicté par la Ligue des pays arabes et concentré sur des efforts pacificateurs
du pays du Cèdre. Riyad se contentait d'envoyer des aides aux populations
civiles (aussi bien libanaise que palestinienne) ainsi que des émissaires pour
calmer les tensions.
Progressivement, le Royaume saoudien lié,
aux Etats – Unis par le Pacte de Quincy, s'est vu attribué un rôle plus
important au Liban.
L'Arabie saoudite s'est vue confiée ce
rôle de pacification du Liban. Ces dispositions des « Accords de
Taëf », obtenus sous l'impulsion de Riyad, ont donné à l'Arabie saoudite
un rôle actif dans ses relations avec le Liban. Ce rôle s'est renforcé par
l'attribution du poste de Premier ministre, en 1992, à Rafiq Hariri, de
confession sunnite, qui avait fait fortune au Royaume saoudien et en a obtenu
la nationalité. Il avait renoncé à celle de son pays d'origine, le Liban, ce
qui est obligatoire en cas d'acquisition de la nationalité saoudienne : le
droit saoudien n'admet pas la double nationalité. Loin encore d'un scénario
d'un conflit sunnite-chiite dans la région, l'Arabie saoudite soutenait Rafiq
Hariri, inféodé alors à la Syrie et en bons termes avec le Hezbollah. Cela ne
peut s'analyser et s'expliquer que par le fait qu'il était nécessaire, à
l'époque, en permettant au Hezbollah de garder son organisation militaire,de
laisser une mèche de conflit allumée à la fois entre le Liban, la Syrie et
Israël mais aussi de préparer les germes d'un conflit ultérieur entre les
sunnites et les chiites que les Etats-Unis prévoyaient depuis 1979 à grande
échelle au Moyen - Orient.
Le 14 février 2005, un attentat – suicide
d'une très grande ampleur visa Rafiq Hariri qui fut tué sur le champ avec le
cortège qui accompagnait son véhicule blindé. Le conflit l'opposant au
Président de la République, Emile Lahoud, proche de Damas, a tourné les regards
vers la Syrie aussitôt accusée de ce meurtre. Un Tribunal international et
exceptionnel fut alors créé pour déterminer les responsables de cette
opération.
Dès cet attentat, les relations entre
l'Arabie et la Syrie ont connu une rupture. En mars 2005, le Président de la
République syrienne, Bachar El Assad, a été convoqué par le roi Abdallah. Ce
dernier lui demanda le retrait de ses troupes du territoire libanais, en
application de la résolution 1559 de l'ONU, mais aussi de cesser l'aide de son
pays au Hezbollah ainsi qu'au Hamas palestinien.
Les rapports entre le Liban et l'Arabie
saoudite s’inscrivirent dans cet état d'esprit d'un conflit irano-saoudien par Etats
ou groupes militaires et politiques interposés
Les troupes syriennes quittèrent alors le
Liban définitivement.
L'Arabie saoudite soutient alors la
« coalition du 14 mars », dirigée par le fils de Rafiq Hariri, Saad
(né à Ryiad), qui a été nommé Premier ministre en 2009. La tension a augmenté
entre les deux nouveaux courants libanais. Après avoir proféré des accusations
à l'encontre de la Syrie relativement à l'assassinat de Rafiq Hariri, le
Hezbollah est pointé du doigt. Cela s'analyse par une volonté de créer de
nouvelles tensions au Liban entre les deux communautés sunnite et chiite.
En 2006, en prétextant d'attaques contre
son territoire par le Hezbollah, Israël est intervenu militairement au Liban.
Il s'est attaqué aussi bien aux régions où se situent les positions du
Hezbollah qu'aux autres régions libanaises, détruisant toute l'infrastructure
du pays qui s'est reconstruit progressivement depuis 1990. L'objectif de cette
opération était également de créer une véritable dissension entre les Libanais,
en imputant au Hezbollah (qui représente désormais la communauté chiite) la
responsabilité du désastre subi par le pays, en raison de ses provocations de
l'Etat hébreu. Mais cette tentative s'est vouée à l'échec et n'a pas conduit à
un affrontement franc entre chiites et sunnites.
Dépourvue de milice, la communauté sunnite
s'est néanmoins vue constituer une organisation militaire issue du
« Mouvement du Futur » dirigé par Saad Hariri : Fath Al Islam.
Ce groupe a reçu de la part de Saoudiens des aides financières en vue
d'octroyer des armes à ses membres mais aussi une formation religieuse
dispensée par des imams salafistes, à l'instar du Front Al Nosra. Des heurts
sporadiques ont alors éclaté aussi bien dans la capitale que dans le nord du
pays, aux alentours de la ville de Tripoli. Les relations entre le Hezbollah et
ses alliés avec la Syrie se sont alors renforcés. Le Hezbollah envoyait des
troupes pour aider l'armée syrienne dans sa lutte contre le terrorisme mais
aussi pour protéger les communautés chrétiennes victimes, en premier plan, des
attaques terroristes.
Dans ce contexte et compte tenu de cette
situation, les discours véhéments entre les protagonistes se sont élevés,
notamment entre le Hezbollah, les membres de « la coalition du 8
mars » et l'Arabie saoudite. Ce qui a conduit cette dernière à décider de
suspendre son programme d'aide à l'armée libanaise d'environ 4 milliards de
dollars et à menacer les banques libanaises à retirer ses dépôts, ainsi que
ceux des autres pays du Golfe placés sous son autorité. Riyad ainsi que
d'autres capitales des pays du Golfe ont demandé à leurs ressortissants de
quitter le pays du Cèdre. Des centaines de milliers de libanais, qui
travaillent aussi bien en Arabie saoudite que dans les autres pays de cette
région, risquent d'être expulsés en cas d'aggravation de cette crise. En vue
d'équilibrer cette situation, l'Iran vient de proposer au gouvernement libanais
de pallier cette situation, en lui procurant une aide destinée à son armée.
***
Michel RAIMBAUD
Conclusion par Son Excellence Michel
RAIMBAUD, ancien ambassadeur de France.
***
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire