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11 juin 2010

La générosité sous pression de Madame Boutin ouvre une brèche qui fera couler beaucoup d'encre

article de lucienne magalie pons

Madame Christine Boutin, ex-ministre du Logement, s'était retrouvée tout à coup dans l’actualité satirique après la révélation mardi soir par le Canard Enchaîné de son salaire pour la mission sur les "conséquences sociales de la mondialisation » dont l’avait investi l'Élysée en décembre 2009.


Faut-il rappeler que Madame Christine Boutin, Présidente du Parti Chrétien-Démocrate (PCD), avait été évincée du gouvernement en juin 2009, depuis lors tout en restant alliée à l'UMP, elle montrait parfois critique pour l'exécutif, comme lors du débat sur l'identité nationale.


Du coup, la mission qui lui a été accordé a également alimenté des commentaires sur son attitude vis-à-vis de la majorité, certains mauvais esprit insinuant le doute en se demandant si cette mission rémunérée n'était pas le prix de son renoncement à se présenter à la présidentielle de 2012.


Madame Christine Boutin, qui comme bien d’autres candidats potentiels, laisse planer le doute sur la question, s'est déclarée "profondément blessée" par une telle analyse.


"Je vous le dis très clairement. Il est tout à fait possible que je me présente en 2012 à la présidentielle", a-t-elle prévenu.


Après avoir défendu mercredi l'ancienne ministre du Logement, par la voix de Luc Chatel, qui soulignait qu'"à tout travail correspond une rémunération", le gouvernement a changé subitement de cap jeudi matin.


Le ministre du Travail, Eric Woerth, auprès de qui est rattachée la mission de Mme Boutin, a annoncé dans la matinée qu'il allait demander à cette dernière de renoncer "au cumul entre sa pension de retraite et la rémunération" pour sa mission, une manière habile pour un ministre empêché d’une décision qu’il ne pouvait prendre en l’absence de textes légaux.


Finalement Jeudi , après deux jours d'une polémique qui se faisait acide dans un concert cacophonique d’économie budgétaire émanant de personnalités politiques diverses, chacun y allant de son chapitre « moralisateur » plus ou moins agressif selon sa paroisse , Mme Boutin face à la polémique et sous la pression du Gouvernement, pour couper court à tout, a annoncé sur JT de France 2 qu'elle avait "entendu les Français qui ont de petits salaires" passant ainsi négligemment l’éponge sur les aboiement des politiques ses faux confrères.

Nous ne savons pas comment les Français qui ont de petits salaires se sont fait entendre par Madame Boutin, mais quoi qu’il en soit elle a déclaré avec une délicatesse qui l’honore : "J'ai donc décidé de mener cette mission de façon gracieuse en renonçant à mes 9.500 euros", a-t-elle annoncé.


Sur le plateau de France 2, Mme Boutin a estimé aussi que l'affaire posait "une question fondamentale, qui est celle de savoir dans un État de droit où la loi est respectée, s'il faut plier sous le poids de la tourmente médiatique".


L'ancienne ministre a rappelé que le cumul de ses revenus (9.500 euros pour sa mission, 6.000 euros de retraite parlementaire, 2.000 euros d'indemnités de conseillère générale) était "légal" et a prévenu incidemment : «Je suis en train de créer une jurisprudence avec cette décision. Il y a beaucoup de gens qui sont dans cette situation et qui vont aujourd'hui ou demain être confrontés au même problème".


Un véritable coup de pied lancé « gracieusement », avec une remarquable adresse stratégique, dans la fourmilière de l’écurie politique des Chefs de missions cumulards de diverses retraites, pensions, indemnités et avantages divers qui effectivement vont peut-être devoir s’aligner avec ou sans pression sur ce bel exemple d’altruisme.


Le Gouvernement ne pouvait rester insensible à cette ruade bien appliquée



Quelques minutes après l'interview un communiqué de Matignon a indiqué que le Premier ministre "se félicitait de la décision de Christine Boutin de renoncer à toute rémunération pour la mission qu'elle effectue sur la dimension sociale de la mondialisation" , en poursuivant : "Le Premier ministre a demandé au secrétaire général du gouvernement de veiller, sans délai, à ce que les rémunérations éventuellement octroyées à des personnalités chargées d'une mission par toute administration de l'État soient cadrées selon une doctrine uniforme afin d'éviter toute ambiguïté".


Toujours d’après ce texte "Cette doctrine fixera des références, notamment sur leur niveau, les éventuels cumuls, et bien sûr prendra en compte la nature et les exigences de chaque mission".


La lecture de ce communiqué fait ressortir une position assez fluctuante qui laisse place à quelques remarques, en premier lieu il est question d’ « une doctrine uniforme afin d’éviter toute ambiguïté »…, mais en second lieu il est question d’une doctrine qui « fixera des références, notamment sur leur niveau, les éventuels cumuls, et bien sûr prendra en compte la nature et les exigences de chaque mission".


Autant dire que le cumul sera non pas interdit mais modulé au bon plaisir du Prince ordonnateur.


Deux poids et deux mesures : Ce n’est pas juste ! Gageons que les personnalités politiques avides de cumuls et d’avantages divers ne se presseront plus au portillon pour risquer de travailler à l’œil, alors qu’un slogan bien connu « travailler plus pour gagner plus » vient d’être mis en péril par la générosité « sous pression » de Madame Christine Boutin.


2 commentaires:

Ch. a dit…

En l'état, on peut dire qu'il serait plus facile à un chameau de passer par le chas d'une aiguille qu'à Christine Boutin d'entrer au Royaume des Cieux.

Anonyme a dit…

Merci Christian de visiter le blog et comme d'habitude j'apprécie votre humour incisif !

lucienne pons