Que de changements depuis la guerre de Suez de
1956! En ce temps-là, la foudre
atomique marxiste de Moscou et la foudre atomique capitaliste de Washington
menaçaient ensemble Paris et Londres de les changer en deux Hiroshima de
plus s'ils tentaient d'arracher sa proie au Colonel Nasser qui avait
nationalisé le canal.
Et maintenant, les forces aériennes russes
approuvent la flotte de guerre anglaise et française engagées au secours de
Paris, que l'islam primitif ressuscité voudrait changer en mouton égorgé à
la gloire d'Allah. En ce temps Washington passait pour le libérateur de
tous les peuples de la terre placés sous le joug du colonialisme. En ce
temps-là, toutes les nations de la terre, et d'abord la communauté juive
mondiale, s'étaient précipités à Washington, le nouvel épicentre de la
planète des songes et du sang.
Et maintenant l'Europe essaie de glisser hors de
l'étau de l'OTAN, et maintenant, la France groupe autour d'elle un embryon
d'Europe militaire, et cela à l'école même du traité pourtant vassalisateur
de Lisbonne. Toute puissance naît d'un victimat ressuscitatif.
Les frêles épaules de M. Hollande
supporteront-elles le poids des responsabilités qui l'attendent?
Reviendra-t-il de Washington en guide à l'échine brisée ou en serviteur
d'une France vassalisée? Les jours qui viennent nous le diront, mais je
doute que les circonstances suffisent à changer la stature du chef de
l'Etat.
Car le 13 novembre, toute la classe politique
française, toute la presse et tous les médias ont assisté dans la
stupéfaction la plus sincère au débarquement en plein Paris des mêmes
guerriers d'Allah dont Charles Martel avait brisé l'élan à Poitiers en 732.
Si l'intelligentsia de la démocratie mondiale devait persévérer à se tenir
à l'écart de toute connaissance scientifique, donc anthropologique, des
cosmologies mythiques, la laïcité acéphale des modernes demeurerait aussi
éloignée de la connaissance du genre humain que l'Eglise du XVIe siècle
face à Copernic et à Galilée.
A la suite de l'analyse ci-dessous du personnage
imaginaire le plus puissant de la géopolitique, je publierai, le 27
novembre, une lettre philosophique aux grands chirurgiens d'avant-guerre
qui aideront la philosophie moderne à retrouver sa vocation médicale
originelle.
Puis, le 4 décembre, j'étudierai la signification
anthropologique de la notion d'handicapé appliquée aux hommes politiques
contemporains. De toute façon, les historiens-anthropologues prendront acte
de ce que le 13 novembre 2015 aura enterré à jamais l'inscription qui
ornait les cadrans solaires et qui disait: "Omnia creasti, nec
minore regis providentia": "Ta prévoyance a créé toutes choses et
c'est avec la même prévoyance que tu diriges l'univers".
La nouvelle expansion planétaire de l'islam n'a
pas pris rendez-vous avec une seconde bataille de Poitiers, mais avec un
approfondissement vertigineux de la connaissance psychobiologique d'une
espèce scindée entre le réel et le songe et qui exorcise le silence et la
nuit de l'immensité à se donner pour supports de gigantesques personnages
imaginaires avec lesquels elle entretient des relations oniriques suivies
et structurées en orthodoxies.
Entre temps, la laïcité prometteuse de 1905 a
manqué son rendez-vous avec les sciences humaines et s'est rendue
aphasique; mais l'heure a sonné pour les démocraties acéphales de se
demander ce qu'il en est, dans l'abîme, du seul animal qui se cherche une
boussole dans l'infini.
Le 29 octobre, je diffusais à titre présumé
posthume les trois résumés des 6, 13 et 20 novembre de mes analyses
rédigées d'avance. Je diffuse à nouveau ce résumé.
Rappel du 29 octobre
Le 20 novembre, je traiterai de la réforme
européenne de nos Sorbonne, qui sont retournées au Moyen-Age. Comment ce
Continent s'est-il enferré dans une scolastique aussi pseudo rationaliste
que la précédente? Car la science historique et la politologie du XXIe
siècle en appellent au même combat contre les Bridoye et les Trissotin
qu'au XVIe siècle.
Mais pour comprendre comment la vassalisation de
l'Europe de l'abstrait et de la France des pseudos philosophes de
l'histoire en sont venues à pratiquer le culte du sceptre et du mythe
américains de la Liberté, il faut tenter de sortir du Moyen-Age d'aujourd'hui,
ce qui exige un rapide exposé des fondements d'une anthropologie originelle
du sacré. Celle-ci dépose les trois dieux uniques sur l'établi et les
observe dans leurs exercices en laboratoire.
1 - Un " Master of Divinity " en
Amérique
L'Université
américaine a ouvert ses portes à un Master of Divinity censé compatible
avec la pensée rationnelle et l'esprit logique du monde moderne. Cette
appellation d'une réalité mi-scientifique, mi-culturelle, peut se traduire
par "maîtrise es divin", mais elle se révèle pratiquement
réservée au Dieu protestant et américain. Les limites imposées à l'exercice
de cette discipline par les Réformes conjuguées de Luther et de Calvin
répondent à l'étroitesse de l'enceinte dans laquelle les Universités
démocratiques du monde entier enferment l'objet de leur prétendue "recherche"
sur un sacré "objectivé". Car elles contrôlent avec
prudence le degré de profondeur auquel l'anthropologie scientifique se
trouve autorisée à descendre.
Depuis leur
origine, les Sorbonne ne sont pas explicatrices de leurs cloisonnements
épistémologiques, les Sorbonne ne sont pas approfondissantes du type de
raison dont elles usent et de leur espèce de savoir, les Sorbonne se
contentent de communiquer l'événementiel le plus aisément mémorisable, les
Sorbonne lient leur enseignement à la problématique censée placer d'avance
la question posée dans le cadre de la tradition pédagogique. Il n'y a pas
de motif que le Dieu enseigné aujourd'hui dans les Universités américaines
se veuille moins surveillé et moins scolarisé que celui des Bridoison ou
des Bridoye de Rabelais: le sujet est trop sérieux pour y compromettre
l'autorité peu aventureuse du monde universitaire.
Le Master of Divinity échappe si
peu à la règle qui régit le savoir des amphithéâtres qu'il vient seulement,
et sous la plume d'un Français (Jean-François Colosimo, Dieu est américain: De la théodémocratie
aux Etats-Unis, Fayard 2006) de retrouver du moins
l'enseignement de Tocqueville, qui démontrait, il y a près d'un siècle et
demi, que le Dieu américain est nationaliste jusqu'à la moelle et que sa
fonction patriotique est de témoigner sans cesse sa protection constante et
particulière aux seuls Etats-Unis
.
Aussi, le
Zeus de l'endroit passe-t-il son temps à dispenser ses bénédictions à la
Maison Blanche où il a siégé jusqu'en 2001. On se vient de la foi la
Ministre des affaires étrangères du Président Clinton et qui a publié, en
collaboration avec un journaliste, ses mémoires sous le titre Dieu, l'Amérique et le monde.
(Madeleine Albright avec Bill Woodward, préface de Hubert Védrine,
avant-propos de William J. Clinton ; traduit de l'américain par Monique
Briend-Walker, éditions Salvator, 2008. Titre original: The Mighty and the Almighty : reflections on America, God and world
affairs)
Par
l'expression Mighty et Almighty, Mme Albright reprend à
son compte l'antithèse théologique classique entre la puissance humaine et
l'omnipotence divine, mais elle s'y prend à l'américaine en situant la
puissance divine, Almighty,
comme une sorte de continuation naturelle de la puissance américaine sur la
terre. Mais ni les trois monothéismes, ni la théologie américaine ne
connaissent de réflexion sur le surnaturel en tant que tel: le spirituel
n'est que le transphysique, l'au-delà du monde matériel. Aussi tous les
temples d'obédience chrétienne sont-ils propices à servir une divinité
territorialisée, farouchement sélective et qui s'est choisi, pour le seul
bénéfice d'une universalité précautionneusement localisée, le peuple élu le
plus approprié à l'exercice de son apostolat.
Car, depuis
1945, l'histoire de notre astéroïde s'est américanisée au point que le
globe terrestre a changé les cartes et l'échiquier de Dieu dans les
Universités du monde entier. Du coup, l'Europe cogitante, donc exercée à
une pratique multiséculaire du Dieu originel, découvre soudainement que la
pauvreté de sa connaissance scientifique du mammifère détoisonné interdit
purement et simplement à ses historiens et à ses politologues de comprendre
goutte aux guerres de religion du XVIe siècle et aux remous consécutifs à
la Révocation de l'Edit de Nantes en 1685.
2 - Le cratère ouvert par le verbe comprendre
Comment nos
historiographes et nos mémorialistes les plus chevronnés, comment nos
géopoliticiens les plus conscients des conséquences de la récente extension
de leur discipline aux cinq continents se passeraient-ils plus longtemps de
tenter de comprendre pour quelles raisons anthropologiques la France du
XVIe siècle s'est déchirée à mort entre, d'un côté, les catholiques et les
protestants, de l'autre. Les premiers proclamaient seul "vrai et
réel" un sacrifice comportant, primo, la consommation
de la chair crue d'une victime humaine censée étendue sur l'autel et secundo,
la potion salvifique de son hémoglobine. Les seconds donnaient leur tête à
couper et se montraient prêts à se faire massacrer pour soutenir mordicus
que la chair "réelle" de Jésus-Christ n'était exposée qu'à
titre symbolique sur tous les offertoires et les propitiatoires de la
chrétienté.
Mais
l'enseignement universitaire a tellement peur de porter le sens du verbe comprendre à la profondeur
anthropologique requise par l'examen de l'objet de son observation qu'il
rétrécit le champ d'investigation de l'enseignement simiohumain supérieur
et le réduit à la connaissance des évènements culturels ou cultuels qui se
sont échelonnés d'un siècle au suivant: il faut donc que l'étudiant promu
au rang de "docteur du ciel des chrétiens" réduise son
attention à saisir du regard un échiquier rabougri, afin qu'il figure le
plus glorieusement possible au palmarès de l'excellence doctrinale et
universitaires confondues. De même si le professeur de littérature
s'avisait, le malheureux, d'expliquer à ses étudiants de quoi il est
réellement question dans les abysses des Aventures de don Quichotte ou de
celles de Gulliver, on lui reprocherait de substituer un enseignement de la
philosophie à celui de la littérature.
Qu'est-ce
qu'enseigner la littérature si ce type de connaissance ne fait rien
connaître et comprendre ni des cheminements secrets de la création
littéraire ou poétique, ni des sentiers cachés qui font, du mammifère
détoisonné une bête schizoïde et dont la moitié de la cervelle le fait
vivre dans des mondes fabuleux et fantastiques - ceux dont de multiples
théologies sont censées tracer les contours doctrinaux? Mais pourquoi
tenter de comprendre le XVIe siècle un peu mieux que la loi de 1905, qui ne
pensait qu'à libérer l'espace public du spectacle des dévotions?
3 - Petite histoire anthropologique du sacré
Les peuples
primitifs étaient obsédés et traqués par leurs dieux. Il y avait des autels
non seulement dans les temples, mais encore dans les rues et dans les
maisons; dans les maisons, ils se trouvaient dans la cour, où on sacrifiait
aux dieux de la famille (penates); de même encore dans l'atrium on
sacrifiait aux dieux protecteurs de la maison (lares), sur un petit
foyer (focus); donc par métonymie, arae focique
signifie les autels des temples et les foyers consacrés aux lares et
aux penates dans l'atrium, c'est-à-dire dans les
sanctuaires des temples et des maisons.
Si le sacré
tardif de l'époque reposait quasi exclusivement sur les sacrifices
d'animaux, c'est que l'âge des sacrifices d'êtres humains aux puissances
célestes se trouvait, du moins globalement, d'ores et déjà dépassé dans le
monde entier. Certes, César raconte que les Gaulois immolaient leurs
congénères à leurs dieux quand les circonstances exigeaient qu'on leur
donnât des offrandes de grand prix, certes, tous les historiens romains
cachent aux lecteurs de leur temps que les sacrifices humains battaient
secrètement leur plein du temps des guerres puniques, certes, les habitants
de Tyr étaient revenus aux sacrifices humains parce que , pensaient-ils,
seuls la chair et le sang des hommes étaient de nature à apaiser la
voracité des dieux et leur soif de sang pour vaincre Alexandre qui
assiégeait leur ville, certes, nous avons tous lu le Salammbô de Flaubert.
Mais les
sacrifices de bœufs ou d'animaux domestiques suffisaient depuis longtemps à
nourrir les Célestes immergés dans le train-train des jours. Il n'était
plus question de leur présenter des Iphigénie de village à tout bout de
champ pour effacer broutilles et peccadilles. C'est pourquoi la révolution
anthropologique originelle tentée par le Jésus des chrétiens n'était plus
de déraciner des sacrifices humains déjà largement en perdition et
pratiquement abandonnés dans tout le monde antique, mais d'extirper le
principe même selon lequel les dieux seraient avides de la chair des
poulets et des bœufs et qu'ils se montreraient assoiffés de leur sang et
insatiables de leur chair. La véritable révolution du Galiléen est
culturelle: ma chair, dit-il, est le pain de votre communion de tous les
jours, avec mon esprit mon sang est le vin du ciel. Je vous demande de le
boire, non point comme un aliment qui désaltèrerait un souverain du cosmos,
mais seulement en souvenir de mon passage parmi vous.
Il est
saisissant que le sens des paroles du Galiléen aient si mal sonné aux oreilles
du monde de l'époque et que son Eglise se soit aussitôt attaquée à la tâche
d'abolir une révolution cultuelle aussi immense que celle qui ferait dire à
Mozart : " Mon vrai corps n'est autre que mon œuvre musicale. Si vous
vivez en communion avec mon corps musical, qui est un pain spirituel, ce
sera ma véritable substance qui sera votre nourriture."
Mais
l'Eglise catholique est aussitôt retournée au "vrai et réel
sacrifice" dont se réclame l'orthodoxie et qui se calquait sur
l'immolation sacerdotale des bœufs et des poulets: on dévorerait la
"chair" de la victime à belles dents et l'on aspergeait l'autel
du sang de la bête immolée, parce qu'on n'imaginait pas de plus haute
délectation, pour une divinité cléricalisée par ses devins, que de mâcher
avec gourmandise une chair de premier choix et d'en boire le sang à pleines
rasades.
On voit que
si la pensée laïque approfondissait la connaissance anthropologique et
historique des mythes sacrés et, avant tout le sens profond des sacrifices,
qui constituent le pivot politique de la foi religieuse en tous temps et en
tous lieux, elle retrouverait sa vocation originelle de figurer le fer de
lance d'une épistémologie du genre humain et de son histoire dans le miroir
de la raison
4 - Un pilote fabuleux du cosmos
Certes, le
crucifié était de son temps: à l'instar de Muhammad, son lointain
successeur, il croyait qu'il avait un papa dans les nues - mais il
n'imaginait pas encore que ses fidèles élèveraient également sa maman dans
la stratosphère. Mais si le souffle religieux qui inspirait l'immolé du
Golgotha ne s'était pas élevé au symbolique avec deux millénaires d'avance,
sa modernité ne serait pas à venir. Car le retour du monde contemporain à
la croyance en l'existence d'un pilote fabuleux du cosmos se focalise sur
un monothéisme qui n'a précisément pas aboli la substitution d'un animal
domestique aux sacrifices humains des origines. L'islam se trouve dans la
situation bancale de perpétuer la croyance barbare selon laquelle Dieu
aurait besoin de l'égorgement d'une victime de l'autel et de se rassasier
d'une chair et d'un sang au rabais, celui d'un mouton à la place de celui
d'Isaac, d'Iphigénie ou de son "fils", Jésus.
Si l'on
examine à la loupe le sens de la vraie révolution christique, celle
d'éradiquer les sacrifices d'animaux de substitution après les sacrifices
humains le plus coûteux, la modernité du Galiléen est encore largement pour
demain, puisqu'il se révèle le premier découvreur du pain et du vin propres
à l' "esprit". Du coup, on comprend mieux le traumatisme
psychique qui l'a frappé de plein fouet à découvrir que le géniteur,
l'administrateur, le gestionnaire et le pilote du cosmos se rangeait du
côté du sacrifice humain et qu'on lui demandait de jouer le rôle d'une
Iphigénie des chrétiens.
En 1499,
Erasme tentait d'expliquer à Luther le "dégoût" et la
"terreur" du Christ à l'heure de son sacrifice, alors que
l'Eglise et les théologiens de l'époque s'indignaient de sa panique de
femmelette. Alors que la seule perpétration de son sacrifice sauvait tout
le genre humain, il aurait dû courir à la mort avec des "bondissements
de joie" comme saint André. Mais qu'est-ce que le courage spirituel?
Erasme n'y voit que la finesse d'esprit de Nicias face au baroudeur Lachès
décrit par Platon.
Aujourd'hui
encore, les musulmans reculent, horrifiés à l'idée qu'on pourrait les
priver de l'immolation effective, et de leur propre main, d'un mouton
bêlant et qu'Allah se contenterait d'une chair crue qui lui serait fournie
par des bouchers et des charcutiers, tellement le sacrifice d'un mouton
innocent à Allah souffre de l'ambiguïté anthropologique d'un sacrifice qui
ne sait plus sur quel pied danser: si la bête est égorgée et saignée par un
professionnel de la viande à consommer, ils se sentent frustrés de tout ce
que leur foi présente de tangible à leur imagination; mais, dans le même
temps, leurs imams leur enseignent que le mouton occis chaque année
présente une valeur strictement symbolique et que la véritable religion
substantifie exclusivement des symboles saturants.
5 - Pour une laïcité réflexive
Ici encore,
si une laïcité demeurée réflexive fécondait une science historique et une
géopolitique pensantes, elle redeviendrait le Titan cérébral dont elle
aurait dû assumer la vocation pédagogique à la fin du XIXe siècle et au
début du XXe. Car l'heure avait sonné pour elle de récolter les fruits de
la mission du siècle des Lumières, qui avait commencé de substituer l'âge
de la raison à l'âge du sacré le plus originel, celui de l'assassinat de
l'homme ou de la bête sur les autels.
Si la
laïcité avait persévéré sur le chemin tracé par les Encyclopédistes, Benoît
XVI n'aurait pu, en 2006, dans une homélie prononcée à la Chapelle Sixtine,
expliquer au peuple romain que non seulement Jésus était venu en personne
accueillir Jean Paul II sur le seuil du paradis, mais que, par une faveur
exceptionnelle sa maman l'avait accompagné dans sa démarche.
Encore une
fois, si la laïcité était demeurée pensante, l'infantilisation des
chrétiens n'aurait pu les conduire à la même stupidité qui faisait dire à
Bérenger au XIe siècle que la transsubtantiation du pain du boulanger en
chair de la victime saignante sur l'autel du sacrifice faisait, des
chrétiens du monde entier un "troupeau de sots".
Mais la
République et la démocratie auront-elles le courage de reprendre la guerre
à l'ignorance et à la sottise?
6 - Dieu débarque à nouveau dans la politique
Quoi qu'il
en soit, c'est sous nos yeux ahuris que le monde moderne retourne en toute
hâte se placer sous la conduite sévère de Jahvé, d'Allah ou du Dieu
crucifié sur l'autel du sang et de la mort - qu'on appelle l'Histoire. Il
nous faudra bien tenter de décrypter la substance qu'on appelle le sacré,
s'il est d'ores et déjà devenu impossible de raconter l'histoire de la
Syrie, faute que la science historique actuelle perce les secrets de
l'évolution parallèle du Dieu de la Genèse et de sa créature.
L'heure a
sonné où la notion d'évolution appliquée à l'encéphale d'Adam se place au cœur
d'une recherche anthropologique de l'intelligibilité des étapes qui ont
planté les jalons d'un devenir proprement cérébral des évadés partiels de
la zoologie. Car, à l'origine, le Dieu unique se révèle un monstre
tellement armé de ses foudres et de ses instruments de torture qu'il
illustre à merveille combien seul un roi des châtiments les plus cruels et
d'un effroi sans pareil pouvait conduire ses fidèles jusqu'à la bataille de
Poitiers en 732.
Cependant,
il arrive que l'humanité dispose de circonstances suffisamment favorables
qui lui permettent de civiliser quelque peu son chef des barbares du ciel,
et cela au point de lui faire promulguer des lois de plus en plus
miséricordieuses à l'égard des faiblesses d'une bête devenue
embryonnairement cogitante. Le pape François vient de rappeler que l'Eglise
n'est pas appelée à distribuer des châtiments aux pécheurs, mais à
témoigner de l'existence d'un Dieu compréhensif et compatissant.
Mais sitôt
que l'histoire retrouve ses ouragans le Dieu originel retrouve du service;
et l'on voit des cohortes de prétendus historiens et des régiments de
politologues réputés plus chevronnés que ceux de la veille, s'arracher les
cheveux de désespoir au spectacle d'une espèce dont la sauvagerie
originelle s'est seulement armée de mondes oniriques précipitamment
intellectualisés. Comment la bête schizoïde passe-t-elle le plus
sincèrement du monde, d'un Zeus des fureurs au Zeus au Zeus d'un Jean de la
Croix?
Nous sommes
loin des cinq volumes de l'histoire de Port-Royal de Sainte-Beuve, dont le
regard sur l'histoire de la bête en proie au fantastique le plus
dévastateur demeurait bien en deçà de ce que Tocqueville savait déjà. Son
regard ne pénétrait, certes, pas encore jusqu'aux entrailles d'un Adam
évolutif mais , entre les lignes, il savait du moins que, dans toutes les
têtes, Dieu est principalement un personnage historique. Si son historicité
ne reposait pas exclusivement sur son statut de dirigeant politique dans
les imaginations des fidèles, il ne serait précisément pas "historique"
au sens simiohumain du terme. Nous venons de découvrir les origines de
l'animalité spécifique de l'homme de Naledi et de ses ciels en Afrique du
Sud.
Car enfin,
si Dieu n'existe évidemment que dans la cervelle du simianthrope, raison de
plus de l'observer la loupe à l'œil et de le comprendre dans son gîte à
lui. Il faut un microscope capable d'enregistrer son évolution de la
chrysalide au papillon.
Décidément,
la planète universitaire est au rouet, et cela bien davantage, la
malheureuse, qu'à la fin du Moyen-âge; car elle se trouve contrainte de
changer d'échiquier et de paramètres de la connaissance du genre
simiohumain afin de tenter de répondre aux besoins urgents de la science
historique des modernes et des exigences de la lecture en profondeur des
plus grands chefs- d'œuvre de la littérature mondiale. Sinon, comment
rendre intelligible ce que "Dieu" raconte encore à l'école d'une
scolastique aussi retardée que celle du Moyen-âge?
Si le
savoir historique des anciens docteurs de Sorbonne tombe dans le ridicule
d'une pseudo science des peuples et des nations, et si les Sorbonne de
demain ne pourront plus gesticuler dans le descriptif au petit pied,
qu'adviendra-t-il de la récente prise de conscience de cette catastrophe ou
de cette aubaine? Cette situation a déjà provoqué une alliance entre
l'Université Marie et Pierre Curie, d'un côté et l'antique Sorbonne de
l'autre, dont j'évoquais les chances récemment.
Car si la
Sorbonne entend doter d'une rallonge dans la psychologie la sociologie
demeurée vide de ce temps, comment approfondir la psychologie elle-même
s'il lui est interdit d'avance d'observer l'évolution mentale des mythes
cérébraux et d'abord du personnage central de l'histoire onirique de
l'humanité qu'on appelle Jahvé à Jérusalem, Allah à la Mecque et le
Crucifié dans le monde chrétien?
Et voici
que la question centrale de la géopolitique contemporaine, à savoir la
vassalisation inévitable de l'Europe dont j'analyse le fondement depuis des
mois sur ce site, se retrouve dans la bouche de M. Poutine! Qu'est-ce donc
que la vassalisation politique? Les secrets en seraient-ils cachés dans le
sacré? Ce n'est pas ma faute si la politique et la religion sont les
mamelles de l'animalité sui generis de l'humanité.
Le 20
novembre 2015
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