Monsieur le Député,
1 - L'Europe héritière du génie grec
Votre
vocation de Président du Cercle Nation et République vous appelle à
tenter d'armer d'un droit international rationnel la civilisation
construite sur les ambitions de la pensée logique. Qu'en est-il d'une
raison à la hauteur de sa mission et qui porterait le sceau des relations
que les Etats souverains, donc engagés sur le chemin de l'esprit
critique devraient entretenir avec le génie européen. Il s'agit de
retrouver l'appel du continent qui inventa le premier gouvernail universel
des encéphales - la dialectique.
Le droit
international d'une démocratie eschatologisée par le calvinisme américain
et dont le monde anglo-saxon a progressivement substitué le messianisme
biblique aux dispositions réalistes du traité de Westphalie de 1648 répond
à un autre type d'intelligence et à d'autres formes du savoir qu'à ceux nés
il y a vingt-cinq siècles de l'entendement rigoureux des logiciens grecs.
Une politique étrangère cohérente, donc syllogistique, ne saurait se
montrer apostolique, évangélisante et rédemptrice - elle exige de se
trouver gouvernée d'une main de fer par une méthodologie, c'est-à-dire -
l'étymologie nous le rappelle - sur une route, odos, tracée par la droiture
d'une argumentation implacable. Le génie grec a porté l'irréfutable à
l'inexorable et rendu les démonstrations tellement invincibles qu'il a
fallu changer d'espace et de temps pour terrasser leurs raisonnements.
2 - Le naufrage du droit romain
M. le
Député du cerveau syllogistique de la France, ne vous laissez pas arrêter
par les brumes, broutilles et brouillards dont les vapeurs montent des
délires cérébraux de l'humanité. Une politique internationale ne saurait se
révéler l'ennemie des verdicts sans faille et sans appel de la lucidité.
Quand M. Régis Debray rassemble quelques agrégés de grammaire aiguisés sur
la meule de la pensée logicienne de la France, il entend débattre avec eux
de l'illégalité stupéfiante du blocus de Gaza, mais quand il choisit pour
théâtre l'enceinte de l'Ecole normale supérieure de la rue d'Ulm, la
directrice de ce haut lieu de l'enseignement des Lettres françaises et des
mathématiques d'avant-garde, une franco-israélienne campée sur les lopins
d'un Etat mythique, s'y oppose catégoriquement, mais nullement au nom du
droit international officiellement logicisé d'aujourd'hui, mais seulement
au nom des révélations sacrées de l'Ancien Testament et de l'Etat
eschatologique d'Israël. Il lui suffit, pour cela, d'appeler au secours de
sa cosmologie un conseiller d'Etat franco-israélien, lui aussi, qui rendra
sur l'heure la décision de justice au scalpel qu'attend la fantasmagorie
confondante de la "Terre Promise". Aussi la France du droit laïc
se voit-elle étroitement ficelée aux verdicts d'un tribunal tout local et
dont la jurisprudence se veut résolument ennemie des apanages de la rigueur
axiomatique; et notre malheureuse nation se verra purement et simplement
retirer les prérogatives d'un débat cartésien.
Quand un
humoriste franco-africain obtient l'autorisation légale de faire rire son
public, et cela au nom de la justice universaliste d'une France délivrée
des querelles de sorciers, M. Valls, dont l'épouse écoute les magiciens de
là-bas, obtient d'une France clouée sur le lit de Procuste d'une
"Révélation", qu'un autre membre franco-israélien du Conseil
d'Etat, prononce en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, l'oracle
sommital censé engager toute la science juridique née du droit romain.
Quand le
Président directeur général d'Orange entend mettre un terme aux relations
immorales que son entreprise entretient aux côtés du dieu Jahvé avec les
marchands d'armes présents sur les lieux, M. Netanyahou se contente de
téléphoner sa colère au Président de la Ve République, lequel claironne
sans attendre que la France laïque et en tant qu'Etat-nation, soutient en
toute souveraineté la prospérité des affaires d'Israël sur le territoire
d'un Etat religieux - et M. Richard se voit contraint, le pauvre, de
présenter en coupable les regrets appuyés de son éthique à l'éthique peu
recommandable du dompteur biblique innocent.
3 - Le droit international et ses fumigènes
Dans quel
temple de la vérité un droit international européen fragilisé par un mythe
religieux a-t-il caché le bâton de pèlerin de la raison occidentale?
Comment définir le concept d'objectivité si vous le soustrayez
d'avance aux regards de l'instance judiciaire qu'on appelle la pensée? Les
outils de la raison se seraient-ils rouillés? Quand M. Sarkozy prend le
risque de nommer, en la personne de M. Védrine, ancien ministre des
affaires étrangères de la gauche post-mitterrandienne, un Ministre des
affaires étrangères incroyant, le Conseil représentatif des institutions
juives de France se rue à l'assaut de l'Elysée et l'hérétique se voit
sèchement éconduit par l'Etat laïc - on dit "remercié" - afin que
son successeur, M. Kouchner, un franco-israélien ardent, puisse se rendre à
bride abattue sur les lieux afin d'y légitimer l'annexion, maison par
maison, de Jérusalem Est à l'Etat que Jahvé appelle à voler, le mors aux
dents, d'une victoire biblique à celle du lendemain.
Quand M.
Fabius vient occuper le chaînon suivant dans la succession ininterrompue
des citoyens franco-israéliens chargés de légitimer sans frein la France
israélienne sur le champ de course d'une histoire mythologique du monde, il
enflamme des laïcs déboussolés du Quai d'Orsay d'un zèle confessionnel
ardent; et la France qu'on croyait, appelée, du moins depuis le siècle des
Lumières, à s'exercer à la logique d'Aristote consolidera l' hégémonie
"révélée" d'un peuple "sacré" - séparé, dit le
latin sacer. Longtemps la France diabolisera l'Iran au nom du Dieu
de Calvin et de Jahvé réconciliés - ce qui donnera à Berlin et à Londres
une grande avance sur le marché de l'industrie et du commerce à l'heure de
la levée des sanctions économiques contre le pays des Lettres
persanes. Mais comment se fait-il que la France théologisée en
sous-main s'oppose à la livraison rationnelle des Mistral à la Russie? Il
est vrai que le Ministre de la défense qui réfutait la théologie
diplomatique de M. Fabius, mais il a dû se rétracter pur hérésie trois
jours seulement plus tard.
Tout semble
si bien verrouillé par les soins d'un Jahvé vissé à ses arçons qu'on se
demande quel coin la raison nationale et républicaine dont vous défendez
les bastions enfoncera dans l'alliance indissoluble de la nation française
avec la massue de Goliath. Car, depuis la guerre du canal de Suez en 1956,
Israël a scellé un pacte mondial avec Washington; et ce pacte, qu'on
appelle transatlantique, est devenu, depuis plus de soixante ans,
l'axe géant d'une politique planétaire censée assermentée côte à côte par
les Etats-Unis et par l'Europe. Quelle justice internationale nouvelle et
ennemie des vicissitudes de Jahvé en Palestine allez-vous opposer au
monstre sanglant du droit biblique en "Terre Promise"?
Qu'allez-vous faire de la moitié de l'oiseau de proie qui flotte dans le
ciel des idéalités de la République, tandis que l'autre moitié guide les
laboureurs hémiplégiques du Grand Israël?
4 - Les apanages de la pensée cartésienne
Souvenez-vous,
M. le Député de la nation bicéphale et de la République
schizoïde que vous voudriez remettre sur les sentiers des nations et des
Républiques cérébralement unifiées, souvenez-vous, dis-je, qu'en 1956,
Moscou et Washington s'entendaient comme cul et chemise pour menacer Paris
et Londres d'une volatilisation atomique aussi foudroyante que
vertueusement démocratique et que, depuis lors, Israël est devenu le bras
droit du Grand Croisé de la Liberté du monde. Certes, me direz-vous, c'est
désespérément et depuis deux décennies, que les Présidents successifs des
Etats-Unis consacrent leur second mandat à tenter de couronner Israël de la
tiare du Bien; mais vous savez que, dans la guerre titanesque entre un Bien
et un Mal proclamés révélés, donc illusoires par définition,
le malheureux Sisyphe de la Justice sue sang et eau; car il ne déposera
jamais sa pierre au sommet du Mont Sinaï. De quel droit international
allez-vous cimenter les apanages si la raison cartésienne n'est pas
manichéenne pour un centime?
Dès lors
que le Ministère des affaires étrangères de la nation française aligne à la
queue leu leu ses biblistes sur la scène internationale, dès lors, dis-je,
que ces apôtres obéissent à la mission cultuelle qui guide la politique
étrangère des prophètes du Grand Israël, comment, M. le Député de la Gaule
et des Gaulois, imposerez-vous aux descendants de Vercingétorix une
diplomatie fondée sur les prérogatives universelles de la raison politique
des Gaulois pourtant convertis au droit romain et à la logique des Grecs
depuis Jules César?
5 - M. Paul Craig Roberts
Mais si
vous apprenez, en outre, qu'à l'occasion de la rencontre de Delphes
consacrée à la "crise" entre l'Europe et la Russie, M. Paul Craig
Roberts a prononcé, le 20 juin 2015, une conférence retentissante, dans
laquelle il a déclaré savoir, de la bouche même de l'ancien Directeur
adjoint de la Défense des Etats-Unis, que la Maison Blanche achète les
gouvernements du monde entier contre espèces sonnantes et trébuchantes,
afin qu'ils trahissent leur pays au profit exclusif, donc pour la seule
défense des intérêts de l'empire américain, vous ferez-vous l'écho de cette
information? "Nous donnons des sacs remplis d'argent à leurs
hommes politiques", avoue sans ambages le haut informateur de
M. Paul Craig Roberts.
Savez-vous,
M. le Député, qui est M. Paul Craig Roberts et à quels titres il a pris la
parole à Delphes ? Savez-vous qu'il est rédacteur en chef adjoint au Wall
Street Journal, Maitre de conférence à l'Université de Stanford, Président
du William E. Simon en économie politique et du Centre d'études
stratégiques et internationales de l'Université de Georgetown à Washington,
D.C. Titulaire d'un doctorat de l'Université de Virginie, diplômé de l'Institut
de technologie de Géorgie, de l'Université de Californie (Berkeley) et de
l'Université d'Oxford, où il a été membre du Merton College? (Voir note ) Ecouterez-vous un témoin de ce
calibre? L'aiderez-vous à soulever la chape de plomb d'une presse mondiale
placée, depuis des décennies, sous la tutelle d'un vichysme international
orchestré par Washington?
Nous savons
que votre réflexion d'éducateur de la République et de la nation se forgent
sur l'enclume des syllogismes, nous savons que vous voudriez remettre la
France de la raison sur ses rails. Mais ferez-vous bénéficier notre nation
du trésor pédagogique accumulé par le peuple biblique si, dans le même
temps, les faits vous contraignent, hélas, à retirer la conduite du pays
sur le théâtre du monde extérieur à des patriotes scindés et souvent
cruellement crucifiés sur la croix de leurs allégeances nationales
dangereusement dédoublées ou violemment ennemies les unes des autres? Par
chance, Israël est le seul peuple au monde qui ne cesse d'admonester son
Dieu biphasée et de le rappeler rudement à ses devoirs de logicien et de
dialecticien. (Dieu et son juif, François Fejtö, Grasset,
1960)
Commençons
par observer les arcanes anthropologiques, donc psychogénétiques, de
l'illégitimité viscérale qui s'attache à la diplomatie d'un Etat censé être
demeuré démocratique, mais seulement de nom et dont la schizoïdie cérébrale
le dédoublerait sur le malheureux modèle du messianisme biblique. La
dichotomie qui ronge les neurone de la plupart des boîtes osseuses
vétéro-testamentaires dont notre espèce demeure affligée permet à nos
encéphales de fomenter à grands frais des révoltes ou des révolutions
réputées populaires au sein ou à la périphérie de tous les Etats du monde,
et cela quand bien même nous proclamons, tous les peuples souverains sur
leurs arpents, mais seulement du bout des lèvres, ?
Que dit, la
bouche en cœur, le droit international de nos Etats devenus bicéphales,
donc porteurs du sceau de l'Ancien Testament? Ne nous croyons-nous pas
autorisés - et gentiment s'il vous plaît - à provoquer à un coût que nous
estimons, si j'ai bonne mémoire, à six milliards de dollars, la dissolution
pure et simple de la zone d'influence que nos adversaires exercent depuis
des siècles sur leurs voisins proches ou lointains? Une Démocratie
construite sur le déclic de rebellions téléguidées de ce genre enfante un
droit international à double face. L'une abrite la foudre de nos idéalités
angélisées, l'autre fait passer le socle de notre charrue sur le champ que
notre ciel a labouré d'avance. Comment cet oiseau de proie sert-il de
séraphin et de spadassin associés à nos Etats armés de deux têtes?
Vous savez
que le droit international messianisé donc bicéphalisé à l'américaine, fait
silence sur les preuves, même les plus irréfutables concernant les arcanes
anthropologiques des acteurs réels des démocraties européennes, savez-vous
que celles-ci sont téléguidées par les idéalités les mieux assises sur les
coussins du monde, celles de la Maison Blanche?
Nul
n'ignore que Mme Ashton, alors Ministre fantomale de la politique étrangère
d'une Europe biphasée par les Etats-Unis, a soigneusement caché dans sa
manche des renseignements précis, décisifs et connus de tout le monde
depuis octobre 2014, mais jugés intempestifs. Vous savez également qu'un
Ministre balte des affaires étrangères lui avait candidement communiqué par
téléphone des documents incontestables, mais mal venus, concernant
l'ingérence messianique de Washington en Ukraine; vous savez donc que tout
le scénario de la place Maidan a ensuite été rendu public par les services
secrets de la Russie, qui en ont informé le monde entier. Quel silence peu
naïf que celui d'une presse dite "démocratique" et complice de ce
secret de polichinelle! Décidément, le droit international volontairement
aveuglé par le messianisme biphasé d'aujourd'hui cache mal les feintes
d'une diplomatie dont la schizoïdie s'étale en public et s'affiche dans la
rue.
7 - Une diplomatie placée sous la cloche de l'abstrait
Du coup,
quand M. Fabius se rend pour quarante huit heures à Tel Aviv afin d'y
résoudre à la hâte , et toutes affaires cessants, des obstacles et des
difficultés que M. Kerry n'a même pas osé - en treize voyages et au cours
de plus de cent heures d'affrontements verbaux feutrés - même pas osé,
dis-je, placer sur l'échiquier bifide du monde d'aujourd'hui, vous vous
dites qu'il s'agit seulement d'une vaine galopade et pantalonnade
diplomatique de la France et que nos Talleyrand courent à bride abattue
dans un vide diplomatique sidéral. En vérité, notre Quai d'Orsay travaille
pour la galerie; car il a pris, sur nos sciences humaines d'avant-garde, un
retard comparable à celui de l'Eglise du XVIe siècle sur l'astronomie de
Copernic.
En
revanche, un Quai d'Orsay qui se rallierait à la sagesse du traité de
Westphalie de 1648 et qui entrerait dans la postérité anthropologique de
Platon, de Darwin et de Freud, introduirait le coin d'une arme diplomatique
nouvelle dans l'univers clos de la diplomatie schizoïde d'aujourd'hui. Que
feraient les doges de Venise à l'âge des écoutes téléphoniques et des
services secrets? Sitôt que l'on substitue aveuglément, diraient-ils,
l'enfermement d'une géopolitique rédemptrice, messianisée et biphasée sur
le modèle biblique à la politique ouverte et rationnelle qu'appellent les
nations logiciennes de l'Europe du XXIe siècle, on perd toutes ses chances
à la fois de rebâtir l'hégémonie proprement cérébrale qu'exerçait le
Continent de la raison dialectique du siècle des Lumières et de retrouver
le sceptre universel d'une écoute politique méthodique.
Mais
l'anthropologie d'avant-garde que j'ai évoquée dresse l'oreille dans les
coulisses de ce théâtre contrefait. Que dit-elle d'une politique
mythologisée par des abstractions réputées salvifiques? Elle proclame
qu'une diplomatie de ce genre ne dispose pas d'une connaissance réelle de
l'histoire du monde qu'elle prétend labourer dans les airs et sur la terre
et qu'elle gesticule dans le néant où l'entraîne un vocabulaire
pseudo-universalisé par ses concepts messianisés.
8 - La France du destin de la pensée rationnelle
M. le
représentant de la France réelle, parieriez-vous un seul liard que,
soixante-dix ans après la fin de la seconde guerre mondiale, l'occupation
séraphique de l'Europe entière par des troupes américaines réparties entre
cinq cents forteresses se présenterait sous les traits multi millénaires
d'une conquête politique et militaire corporelle, c'est-à-dire construite
sur le modèle multimillénaire des successeurs et des héritiers des plus
illustres héros de la guerre du feu de Rosny aîné, Naoh, Nam et Gaw?
Croyez-vous
vraiment, M. le Député de la France des logiciens, que le miracle censé
décorporé du traité de Lisbonne aurait pu se trouver institutionnalisé et
dûment inscrit dans la constitution des Républiques charnelles si les
légions de l'étranger incrustées en chair et en os sur nos hectares ne
jouissaient pas d'un statut psychique d'une grande nouveauté biogénétique -
et pourtant d'une grande ancienneté, parce que la tradition historique et
biblique confondues n'ignore pas le mode d'omniprésence politique
qu'exercent les armées baptisées de bénédictionnelles, d'évangélisantes et
de catéchisantes? Tout cela ne remonte pas aux Croisades, mais aux
victoires réputées apostoliques de Constantin sur la mécréance des païens.
Mais
comment se fait-il que le mythe de la Liberté démocratique enfante sans
relâche des régiments de prophètes à l'écoute de la délivrance désormais
républicaine et démocratique du monde? Savez-vous que la religion
idéo-apostolique est le nouvel opium de l'orthodoxie des peuples et que,
sous le manteau d'un sacré inédit en apparence, une occupation militaire
pure et simple cessera miraculeusement de s'appeler une occupation
militaire pour se baptiser tout soudainement une mission et un autel - ceux
du salut d'une humanité dont la coupe vestimentaire passera pour sans rivale?
Que pensez-vous d'une diplomatie théologisée en sous-main? Que pensez-vous
des légions de fantassins de la grâce démocratique?
9 - Les origines mythologiques de la démocratie mondiale
Car enfin,
si les troupes d'occupation américaines sont là depuis soixante-dix ans,
c'est au nom des valeurs de la République et de la Démocratie de là-bas. Si
vous ne précisez pas en quoi notre République et notre Démocratie à nous
refusent les aromates de ce type d'apostolat angélique et si nous disons
que ces parfums conduisent nos peuples et nos nations à leur vassalisation,
dites-nous quel droit international nous opposerons à l'évangélisme botté
de l'Amérique.
Car aussi
longtemps que la classe dirigeante européenne ne disposera d'aucune
connaissance psychobiologique des ressorts qui téléguident la machinerie
entière des trois théologies monothéistes actuellement en usage, vous ne découvrirez
pas non plus les secrets inconsciemment et viscéralement théologiques qui
président au quadrillage parareligieux de l'Europe asservie tellement la
Démocratie mondialisée à l'américaine et la Liberté laïcisée demeurent
toutes deux d'origine et de nature.
Observez,
d'une part, la tenue langagière du demi millier de bases militaires
américaines armées jusqu'aux dents sur nos terres et, d'autre part, les
crocs de leur ciel de conquérants. Observez ensuite les rouages et les
ressorts du mythe d'une Liberté évangélisée, mais au bec d'aigle et aux
griffes prédatrices. Regardez tout cela avec les lunettes d'une
anthropologie abyssale, mais également en zoologue post-darwinien du mythe
de la Liberté. Quel drapeau, quel masque, quel catéchisme aux ailes de vautour
Dieu et la Démocratie se partagent sur nos terres!
C'est donc
une guerre proprement cérébrale, mais tombée en panne d'inspiration
rationnelle depuis la parution de L'Evolution des espèces en
1859 et de la Vie de Jésus de Renan en 1861, c'est donc une
guerre pour la conquête d'une connaissance psychobiologique, donc cruelle,
de l'encéphale de notre espèce qu'il appartient à votre phalange de
députés-pilotes de rallumer en héritiers, certes, mais surtout en
fécondateurs et en semeurs de la Renaissance intellectuelle partielle, donc
avortée des XVe et XVIe siècles. Seule une intelligence prospective et
pionnière - celle dont le siècle des Lumières a semé les premières graines
- nous donnera un droit international rationnel et qui répondra au défi anthropologique
que le mythe de la Liberté nous lance depuis Périclès.
Mais quel
privilège, n'est-il pas vrai, d'appartenir à une classe dirigeante
responsable de l'avenir de la pensée mondiale. Jamais encore une élite
politique ne s'était trouvée en charge d'œuvrer aux progrès de la
connaissance du tragique simiohumain ! Les ultimes secrets cérébraux de la
bête parlante attendent leurs prospecteurs. Mais pour cela, M. le Député,
il faut du moins avoir appris que si les religions schizoïdes ont
nécessairement une histoire schizoïde, la raison semi-humaine ahane sur le
même chemin et qu'elle sue sang et eau sous nos yeux.
10 - Le scannage anthropologique du sacré
A Bologne,
à Pise, à Florence, à Naples, comment se fait-il que le peuple italien ne
ressent plus l'occupation perpétuelle - et censée se trouver légitimée par
des Constitutions pourtant nulles et non avenues, puisqu' imposées sous la
botte d'un étranger devenu tout puissant dans le pays - que le peuple
italien, dis-je, ne se peigne nullement sous les traits de sa servitude, et
cela malgré la présence pourtant toute corporelle et sur tout le territoire
national d'une soldatesque censée apostolique par nature et par définition.
Il s'agit, semble-t-il, d'une sorte d'assistance para cultuelle, para
bénédictionnelle et para salvatrice, tellement une Démocratie
auto-messianisée à l'école de la sacralisation du concept même de Démocratie
se révèle déterritorialisante et évangélisante le plus rationnellement du
monde.
L'apostolat
démocratique se révèle viscéralement convertisseur. Ses idéalités
meurtrières sont réputées non seulement supra nationales, donc nuageuses,
mais super-validantes, et cela précisément en raison du séraphisme
politique dont son lexique vaporeux s'est empreint à titre viscéral. Les
Républiques schizoïdes sont des fruits liturgiques du mythe de la Liberté.
Celui-ci se trouve à la fois dichotomisé et aromatisé par son vocabulaire
pseudo ascensionnel. Les vocalises séraphiques du mythe de la Liberté ont
assourdi le peuple italien - il n'entend plus les semelles sonores et
venues d'ailleurs qui se baladent sur ses terres.
Mais alors,
qu'en est-il, M. le Député, du statut réel d'une nation livrée par son Etat
aux mirages et aux masques d'une République mondialisée par des lunettes
fumées - celles d'une Démocratie auto-sacralisée par son langage? Qu'en
est-il, M. le Député, du cauteleux habilement apprêté par le ciel d'une
Liberté mythique et réputée civilisatrice? Si la classe dirigeante de la
France élévatoire se met au service de la surréalité trompeuse qui inspire
son langage célestifié, si elle se rend l'otage d'une politique de
l'illusoire messianisé et si cette fausse élite ignore tout des secrets
anthropologiques de la postérité d'un calvinisme devenu pseudo rédempteur à
l'échelle mondiale, alors l'Amérique en illustrera l'épopée aux dépens de
la civilisation européenne.
Dites à vos
disciples que le rationalisme étriqué dans lequel la laïcité de 1905 est
tombée ne saurait enfanter une République ambitieuse d'éclairer de ses
torches un réalisme visionnaire, un réalisme dont le regard descendrait
dans les tréfonds des idéalités langagières de la politique et plongerait
dans la psychobiologie d'un universel contrefait. Les abstractions
délirantes de la démocratie idéale ne sont ni pain de vie de la raison, ni le
vin spirituel de l'intelligence politique.
11 - La postérité de Darwin et de Freud
Apprenons à
lire le livre d'heures de l'expansionnisme américain, tant verbal que
territorial, apprenons que la classe dirigeante actuelle de la France
pseudo rationnelle se trouve au pied du mur; apprenons que si le monde
n'enfantait pas une classe d'intellectuels appelée à peser l'animalité
spécifique des auréoles lexicale d'Adam, l'humanité pensante n'entrera pas
dans la postérité - encore en gestation - de Darwin et de Freud. Comment l'Europe
prendra-t-elle le tournant le plus décisif, celui de la Renaissance
proprement cérébrale qui l'attend? Comment la civilisation
résurrectionnelle découvrira-t-elle que l'animal grammaticalisé s'est
inconfortablement logé entre ciel et terre et que l'idéalisation effrénée
de son langage ne lui a pas fait quitter le règne animal - la parole
vaporisée à l'école du concept a seulement métamorphosé la vêture sonore de
la bête originelle d'une mise à l'écoute du dictionnaire pseudo
ascensionnel qui sert désormais de masque flatteur à la démocratie
mondiale.
Mais pour
qu'une classe dirigeante conquière un vrai recul intellectuel à l'égard du
mutisme des masses et se distancie des verdicts aveugles du suffrage
universel, il lui faut apprendre à observer de l'extérieur les apories
psychobiologiques qui rendent nécessairement ingouvernables les fuyards
ahuris de la zoologie - celle dont Darwin et Freud croyaient avoir capturé
des spécimens apparemment achevés.
Ce sera
l'objet de ma modeste épistole terminale de la semaine prochaine.
De 1975 à 1978, M. Roberts a travaillé au Congrès
et que c'est durant cette période qu'il a rédigé la loi Kemp-Roth - une loi
de réduction fiscale. Savez-vous qu'au début des années 1980, il est
sous-secrétaire du Trésor dans l'administration Reagan, et s'y est fait
connaître comme l'un des pères fondateurs de la Reaganomics, notamment par
sa contribution à la réforme du "Tax Act" de 1981. Le ministre
français de l'économie et des finances, Édouard Balladur lui a décerné la
Légion d'honneur en mars 1987. M. Roberts est membre du Cato Institute et
de l'Hoover Institution et que, dans les années 1980-90, il a enseigné
l'économie politique au Center for Strategic and International Studies. Il
a été rédacteur et chroniqueur de divers journaux, notamment The Wall
Street Journal et BusinessWeek, et qu'il est l'auteur de huit ouvrages,
portant notamment sur le marxisme ou le libéralisme. Il s'est opposé
résolument a la politique menée par le Président George W. Bush.
Le 10 juillet 2015
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