François Hollande a fait un très beau discours le 1er Mai à NEVERS :
Monsieur le Maire,
Mesdames Messieurs les élus ici présents,
Mesdames Messieurs,
Chers amis,
J’avais bien des raisons de venir ici à Nevers, aujourd’hui 1er mai. D’abord la Nièvre, terre de victoires pour la Gauche, qui m’accueille une nouvelle fois. Je dis « une nouvelle fois » parce que j’y suis venu à tant de reprises… Et la dernière est restée dans ma mémoire, c’était le 10 mai 2011, c’est-à-dire trente ans après la victoire de François Mitterrand. Nous étions rassemblés à Château-Chinon, vous étiez sans doute présents. J’y avais fait le discours au nom des socialistes. Et je vous avais dit : « rendez-vous en 2012 ». J’y suis au rendez-vous, vous y êtes ! Et nous avons le même devoir que celui que s’était donné François Mitterrand il y a plus de 31 ans : de nouveau faire prévaloir l’alternance et au-delà d’elle le rassemblement des Français sur une grande cause, la République.
Oui, nous sommes conscients, ici plus qu’ailleurs, de ce devoir impérieux de réunir les Français et non pas de les diviser. Je laisse ça au candidat sortant qui veut toujours séparer les uns des autres, qui imagine qu’il y a deux France qui se font face et qui devraient s’affronter jusqu’au bout. Eh bien non ! Nous allons laisser les Français voter, c’est dimanche, vous n’avez rien oublié ! Et une fois qu’ils auront voté dans le sens que nous espérons, que nous voulons, que nous désirons, nous nous rassemblerons parce qu’il conviendra de se mettre au travail pour la France.
Je viens ici, un 1er mai à Nevers, pour rendre hommage à la grande figure qu’était Pierre Bérégovoy. Je salue ici sa famille, ses collaborateurs, ses amis, les élus de Nevers, tous ceux qui l’ont accompagné dans ce parcours qui fut le sien. D’abord, il fut un syndicaliste. Je veux rendre hommage à tous les syndicalistes de France, à celles et ceux qui, humblement, modestement, défendent les travailleurs, ont le plus beau des mandats : souvent éviter aux plus faibles le licenciement, donner de la dignité à ces travailleuses et ces travailleurs qui, rivés à leurs machines, demandent à être défendus, protégés. Oui, la fête du travail c’est la fête du syndicalisme, et je ne peux pas accepter, ici en France, qu’il puisse y avoir une bataille le 1er mai contre le syndicalisme !
Les syndicalistes mènent leur combat indépendamment de la politique. Ils peuvent avoir leurs choix, leur engagement, mais ils sont d’abord au service des salariés, de tous les salariés. C’était la démarche de Pierre Bérégovoy. Et quand il en eut terminé avec son combat syndical, il est passé à l’action politique. Il ne s’est pas trompé sur les hommes qu’il a voulu rejoindre. D’abord Pierre Mendès France parce qu’il y voyait là l’honnêteté en politique, la morale, le respect des engagements. Puis François Mitterrand parce qu’il y voyait la volonté, la ténacité, l’esprit de rassemblement. Il est donc entré au parti socialiste et il en fut l’un des principaux dirigeants. Je n’oublie pas qu’en 1981, au lendemain de la victoire, c’est à Pierre Bérégovoy que François Mitterrand confia la préparation de la transition, de la transmission des pouvoirs. Oh ce ne doit pas être facile ! J’ai l’impression que le candidat sortant de 1981 résistait : il n’arrivait pas à dire au revoir, ou il espérait qu’en disant au revoir, on le retiendrait ! C’était trop tard… Je ne sais pas ce que l’autre va faire, mais nous on lui dit déjà au revoir !
Pierre Bérégovoy devint secrétaire général de l’Elysée puis ministre. Et c’est en tant qu’homme d’Etat que je veux aussi le saluer. Ministre de l’économie et des finances, pour un ajusteur, un syndicaliste, ce n’était pas forcément le destin qu’il avait imaginé ou que d’autres avaient conçu pour lui. Les syndicalistes, on les met aux affaires sociales, et les ajusteurs à la revalorisation du travail manuel. Mais ministre de l’économie et des finances, vous n’y songez pas ! Mais pourquoi donc, en France, un ouvrier ne pourrait pas devenir, aussi, ministre de l’économie et des finances ? Et quel ministre a-t-il été ! L’homme qui a rétabli les comptes publics, parce que déjà il fallait engager le redressement, parce que déjà la Droite nous avait laissé en 1981 14 % d’inflation et un déficit du commerce extérieur. Cette Droite qui voudrait nous laisser penser qu’elle est bonne gestionnaire ! Et une nouvelle fois c’est la Gauche, et Pierre Bérégovoy y prit sa part, qui lutta contre l’inflation, engagea les restructurations industrielles et modernisa notre pays. Pierre Bérégovoy devint, parmi les grands dirigeants, les « argentiers » comme on dit, de l’Europe et de la planète, une référence : l’homme qui savait gérer, l’homme qui savait ce qu’était la valeur de la monnaie. Parce que, quand on a été syndicaliste, quand on a été ouvrier, on sait que l’inflation est un mal qui ronge et on sait ce qu’est la valeur, à l’époque d’un franc, aujourd’hui d’un euro. Enfin il devint Premier ministre dans une situation très difficile pour la Gauche. Il se battit avec honneur, mais c’est précisément là où on a voulu l’attaquer. C’est parce qu’il n’a pas supporté le dénigrement, le mensonge, la violence, toujours présentes hélas dans le débat public, qu’il prit la décision dont nul n’a oublié la gravité, le choc, dans sa mémoire. Voilà pourquoi je voulais être ici en ce 1er mai, pour saluer un syndicaliste, un ouvrier, un homme d’Etat, un grand serviteur de la République. Soyez fiers, Nivernais, d’avoir connu Pierre Bérégovoy !
Didier Boulaud me rappelait que pour Pierre Bérégovoy, il n’y avait pas de plus belle cause à servir que celle de la jeunesse, et qu’il considérait qu’elle était celle qui voyait toujours plus loin parce que sait qu’elle nous dépassera forcément et que c’est elle qui un jour aura à prendre la direction du pays. C’est pour la jeunesse que je me suis engagé dans cette campagne présidentielle. C’est pour la jeunesse que je veux que ce 1er mai soit celui du droit au travail pour la génération qui vient.
Le 1er mai, partout dans le monde, c’est la fête du travail. Cette idée est venue des Etats-Unis d’Amérique, à la suite d’un grand combat, lors du XIXe siècle et puis ensuite, de tous les syndicats du monde — enfin, les syndicats libres, parce qu’il y a encore tant de pays dans le monde où il n’y a pas le droit syndical, où il n’y a pas la liberté de manifester : le 1er mai, c’est aussi rappeler l’enjeu de la liberté des démocraties y compris parmi les pays émergents qui sont parmi les puissances et qui devraient aussi entendre la voix des travailleurs. Eh bien nous la portons aussi pour ces pays-là. Fête des travailleurs, fête des travailleurs du monde, fête syndicale, de tous les syndicats au-delà de leur sensibilité, fête républicaine, parce que le 1er mai est entré dans nos usages, nos rites, dans le sens que nous donnons au progrès. C’est la fête où ceux qui ont du travail, ceux qui n’en ont pas, ceux qui en voudraient un meilleur se retrouvent pour marcher dans le souci exclusif d’améliorer la dignité humaine. Le sens de l’humanité que nous donnons à cette fête ne doit pas être dévoyé. Ce fut déjà le cas quand un mouvement d’extrême droite a essayé de capter la mémoire de Jeanne d’Arc – qui n’y est pour rien et je veux ici défendre son honneur — mais aussi pour capter l’idée que les travailleurs pourraient se réfugier dans un vote qui serait contraire à leurs intérêts. Car comment un ouvrier, comment un jeune, comment un travailleur, pourrait penser qu’il y a, dans le rejet, le repli, la haine de l’autre une place pour assurer son avenir ?
Et voilà que le candidat sortant découvre le 1er mai. Jusque-là, je ne sais pas ce qu’il faisait ce jour-là, mais il ne nous livrait pas ses pensées les plus profondes. Mais cette année il s’y est invité. Il en a bien le droit, nul ne va empêcher quiconque de tenir meeting le jour du 1er mai ! Encore aurait-il fallu qu’il trouve le bon thème pour illustrer son propos. Et voilà qu’il annonce, convoque une fête du « vrai travail » ! Ensuite, conscient de sa bourde, une de plus, voilà qu’il change l’ordre des mots. Il n’a pas voulu dire ça ! A un moment il a dit qu’il ne l’avait pas dit, mais maintenant, grâce aux produits de la technologie et aux modes d’enregistrement, aux caméras, on arrive à peu près à restituer ce qui a été dit et ce qui n’a pas été dit. Alors, il est dans une phase de repentance, il a dit : « pardonnez-moi, je ne voulais pas le dire comme ça, je voulais annoncer une « vraie fête » du travail ! Alors il y en aurait une fausse ? Il y en aurait une autre ? Mais il n’y en a qu’une, il n’y a qu’une seule fête du travail, c’est celle des travailleurs, et chacun est le bienvenu pour y participer ! Mais c’est toujours cette tentation, à laquelle il cède trop souvent, d’opposer les uns les autres, les vrais travailleurs avec les faux, les vrais chômeurs avec les faux, les travailleurs par rapport aux assistés, les travailleurs français contre les travailleurs étrangers. Mais je ne veux pas de ces distinctions ! Il n’y a que des travailleurs, que des hommes et des femmes qui aspirent à la dignité, à la reconnaissance, à la considération !
L’autre jour, il était à la Concorde. Cette fois-ci il est à la discorde ! Il aura fait les deux ! Mais je n’accepterai pas que la Droite ou le candidat sortant, ce qui revient au même — encore que même à droite il y en a qui trouvent qu’il va bien loin, bien trop loin – je n’accepterai pas que le candidat sortant s’arroge la valeur travail. La valeur du travail est celle que nous défendons tous en commun dans une République que nous voulons sociale. Quand il y a 4 millions de chômeurs, quand le chômage a augmenté de plus d’un million, qui défend la valeur travail et qui l’abîme ? Lorsque la précarité se développe, qu’elle touche des jeunes, dont un quart de moins de 25 ans connaissent le chômage, quand 3 jeunes sur 4, jusqu’à 30 ans, ont des contrats à durée déterminée ou vivent de petits boulots, de contrats d’intérim, qui défend la valeur travail et qui l’abîme ? Lorsque 80 % des contrats à temps partiel sont hélas réservés aux femmes, qui défend la valeur travail et qui l’abîme ? Lorsque, après tant de lois il demeure tant d’inégalités entre les hommes et les femmes pour le même travail, pour le même diplôme, qui défend la valeur travail et qui l’abîme ? Et quand aucun coup de pouce n’a été accordé au SMIC quand, dans le même temps, des dirigeants d’entreprises importantes ont pu s’augmenter en une seule année de 34 %, qui défend la valeur travail et qui l’abîme ? Quand tant d’hommes et de femmes dans de trop nombreuses entreprises publiques comme privées expriment une souffrance au travail et parfois cèdent au découragement au point, pour certains d’entre eux, de mettre fin à leurs jours ? Nous sommes tous conscients que la valeur travail doit être défendue, promue, considérée ? Et lorsqu’il est dénié à des travailleurs qui ont commencé tôt leur vie professionnelle, à 18 ans, de pouvoir partir à 60 ans quand ils ont leurs 41 années de cotisations, qui défend la valeur travail et qui l’abîme ? Je considère que, dans cette campagne présidentielle, l’emploi, le travail, doivent être au cœur de nos priorités. D’abord parce que nous avons besoin de redresser notre pays, redresser son industrie, son économie, sa production. Nous avons perdu beaucoup de forces ces dernières années, 400 000 emplois industriels qui ont été détruits, rien que sur les trois dernières années 300 usines qui ont fermé. Et puis ce commerce extérieur qui s’est déséquilibré au point que notre compétitivité aujourd’hui est gravement atteinte et que nous avons un déficit de 70 milliards de notre balance commerciale. Oui nous avons besoin de redresser notre économie et je fais des propositions fortes pour y parvenir.
La création d’une banque publique d’investissement pour accompagner les efforts des entreprises, la mobilisation de l’épargne pour l’affecter à l’industrie, le souci que nous devons avoir, aussi, de donner plus d’importance à l’innovation, à la recherche. Changer la fiscalité, l’abaisser pour les petites entreprises, la relever pour les grandes, et permettre aux petites et moyennes entreprises d’avoir un autre système de financement de la protection sociale pour que ce ne soit pas toujours le travail qui soit pénalisé, mais l’ensemble des facteurs de production, à commencer par le capital. Oui, l’emploi viendra du redressement productif !
Nous avons aussi à donner plus de place à la croissance, et en France et en Europe. Avez-vous vu, là-dessus, que les esprits évoluent ? Et je vous en remercie : grâce au suffrage que vous m’avez apporté au premier tour, déjà une prise de conscience s’est levée dans les capitales européennes. On nous regarde différemment, et un certain nombre de chefs d’Etat ou de gouvernement qui étaient attachés à l’austérité commencent — le mot leur fait mal ! — à parler de croissance. Eh bien, après le second tour, ils n’en parleront pas, ils feront une politique de croissance si nous gagnons l’élection présidentielle !
Je suis européen. François Mitterrand nous a montré la voie. Pierre Bérégovoy a éclairé le passage. Je suis européen parce que je pense que dans un contexte comme nous le connaissons, la crise qui frappe, notre Europe peut être le levier, la solution — sauf si elle se condamne à l’austérité, ce que le candidat sortant a choisi comme orientation avec la chancelière d’Allemagne. Soyez prudents, nous aurons à travailler avec elle ! C’est cette orientation-là que je dénonce. Les disciplines budgétaires, nécessairement, ça permettra de corriger leurs excès. Parce que la dette, elle n’est pas venue de nous, 600 milliards d’euros rien que sur les cinq dernières années ! Donc, nous aurons à respecter les disciplines, à accepter aussi de réduire notre dette et de faire en sorte que les pays d’Europe se mettent ensemble pour conjuguer leurs efforts dans la justice pour notre pays. Parce que si nous devons réduire notre dette, maîtriser nos déficits, la contribution qui sera demandée sera d’abord celle de ceux qui ont été servis pendant cinq ans en termes de cadeaux fiscaux, de largesses, de privilèges. Et nous commencerons d’ailleurs par abroger la TVA dite sociale, qui ne changerait rien à la compétitivité des entreprises mais en revanche pénaliserait encore davantage la croissance.
Oui, nous aurons donc à renégocier le traité budgétaire. Et nous le ferons, je le pense, en bonne harmonie avec nos partenaires. Parce qu’ils ont compris que nous portions une exigence qui n’était pas un préjugé, mais qui était en fait une nécessité. Nous ne pouvons pas admettre que l’Europe soit le seul continent de la planète qui vive en récession quand la reprise économique se lève aux Etats-Unis et quand les pays émergents ont des taux de croissance insolents. Donc, nous aurons à remettre de la croissance, à remettre de l’emploi. Il y faudra du temps. Mais c’est au nom du travail que nous le faisons.
Alors, on nous fait souvent la leçon — c’est leur façon de faire peur à la veille du scrutin. Que nous dit-on de notre arrivée au pouvoir ! Quel cataclysme nous est annoncé, quelle catastrophe ! Comme si nous vivions aujourd’hui dans la meilleure des France ! Comme si tout allait bien ! Comme si la crise n’était pas là ! Comme si l’austérité ne sévissait pas ! Mais non, le risque, ce serait nous… Non, le risque, ce serait de continuer avec eux !
Voilà que le candidat sortant a inventé la frontière. Il ne l’avait pas rencontrée jusque-là, il en voit maintenant la nécessité. La frontière d’abord pour empêcher les étrangers de venir. Mais il y a des règles, il y a des principes, il y a des lois dans la République. Pourquoi faire peur ? Pourquoi agiter, encore une fois, le spectre de l’invasion ? Comme si nous, la Gauche, et en tout cas moi candidat à la présidence de la République, nous voulions remettre en cause les principes qui nous fondent ! Les étrangers qui sont ici en situation légale doivent pouvoir y rester tant qu’ils acceptent les principes de la République. Nous ne pouvons pas accueillir des étrangers dès lors que notre situation économique ne nous l’autorise pas. Et donc, nous y veillerons. Nous ne pouvons pas accepter qu’une immigration irrégulière vienne, donc nous veillerons là aussi à protéger notre pays. Mais pourquoi donc cette peur que l’on voudrait lever, et pourquoi faire de l’étranger, de l’immigré, la question qui serait principale dans l’élection présidentielle ? Eh bien non, la question principale, c’est le chômage, c’est le pouvoir d’achat, c’est la lutte contre les inégalités !
Et quelle autre peur fait-on surgir ? Que nous voudrions, nous, développer l’assistanat ? Que nous voudrions pénaliser le travail ? Mais en quelque manière que ce soit, il n’en est pas question. Et puis derrière tout cela, il y a quand même un préjugé. Le candidat sortant pense que les chômeurs veulent rester chômeurs, que les prestataires du RSA veulent rester à 475 euros ? Est-ce qu’il pense que c’est une condition qui permet de vivre décemment ? Non, ce qu’attendent les chômeurs c’est du travail, et les prestataires du RSA c’est de l’insertion !
Et voilà qu’il s’en prend encore aux 35 heures. Parce que pour lui, si ça va mal, c’est à cause des 35 heures ! Ils y ont touché, retouché, aux 35 heures. Aujourd’hui, les contingents d’heures supplémentaires sont sans limite. Les heures supplémentaires sont défiscalisées. Et voilà qu’il pense encore que les problèmes de notre pays sont liés aux 35 heures ! Mais il a néanmoins un projet caché : avec l’accord compétitivité-emploi, il voudrait que la durée légale du travail, finalement, puisse être gommée pour introduire une durée que décideraient les entreprises elles-mêmes. Voilà ce qui est prévu et qui n’est pas dit. Je ne laisserai pas, là encore, les 35 heures une nouvelle fois attaquées. Parce que ça a été, à un moment aussi, une conquête, les 35 heures. Et ça a permis à beaucoup de travailleurs, notamment dans les métiers pénibles, de pouvoir respirer.
Et puis maintenant, voilà qu’il laisse penser que l’on voudrait atteindre le patrimoine des Français. Les droits de succession sont uniquement pour les 10 % de la population la plus fortunée. 90 % y échappent. Il n’est pas question de revenir sur ces règles. Mais ce que je n’accepte pas, c’est qu’il y ait eu ces derniers mois un allégement de l’impôt sur la fortune de plus de 2 milliards, le maintien du bouclier fiscal. Voilà ce qu’ils sont en définitive, ces dirigeants de droite, enclins à donner des avantages aux rentiers, et toujours durs à l’égard des salariés les plus modestes. Et bien ça changera, ça s’appellera la justice !
Je dis à nos compatriotes : n’ayez peur de rien, soyez conscients de vos atouts, de vos forces ! Nous ne ferons que redresser notre pays dans la justice et le rassembler. Nous n’atteindrons aucune liberté. Nous ne mettrons en cause aucun principe de justice et d’équité. Nous reconnaîtrons le travail à sa juste place. Nous nous battrons contre les exclusions. Nous ramènerons de l’emploi pour qu’il y ait moins de chômage. Nous donnerons également à ceux qui sont les plus pauvres — 8 millions de pauvres dans notre pays ! — un autre horizon que de rester dans une plus grande pauvreté encore. Voilà ce qui nous animera !
Sur l’emploi, ma première priorité sera de créer ce contrat de génération permettant à l’employeur qui gardera un senior le temps qu’il puisse partir à la retraite dignement et qui embauchera un jeune en contrat à durée indéterminé, d’être aidé et de ne plus payer de cotisations sociales sur les deux emplois.
Nous créerons les emplois d’avenir, les emplois-jeunes, notamment dans les quartiers où il y a le plus de chômage et le plus de précarité. Et puis, nous ferons en sorte aussi qu’il y ait dans ces quartiers des clauses d’insertion qui permettent aux entreprises qui y travaillent d’embaucher ces jeunes plutôt que de les laisser dans l’inquiétude, dans l’incertitude de leur avenir.
Nous avons une grande cause ensemble, c’est aussi la formation, l’éducation, l’école de la République. Je sais combien elle a été attaquée dans un département comme le vôtre. C’est là que l’on a mis en cause les RASED, l’accompagnement des enfants les plus en difficulté. C’est là qu’on ferme des classes. C’est là qu’on supprime les options, les dotations horaires dans les collèges. Eh bien, tout cela changera aussi ! On me dit : « 60 000 postes en cinq ans ? Aucun pays d’Europe n’a créé 60 000 postes d’enseignants, d’assistantes sociales, d’infirmières scolaires, de médecins scolaires en cinq ans ». Mais dans aucun pays d’Europe, on n’avait supprimé avant 80 000 postes d’enseignants, d’assistantes sociales ou d’infirmières !
Voilà, mes chers amis, pourquoi je voulais venir ici à Nevers dans la Nièvre, à quelques jours du grand rendez-vous du 6 mai. C’est vrai que nous avons confiance, confiance en nous-mêmes, confiance dans le peuple français. Nous sentons bien qu’il veut le changement. Il doit le décider. Et je veux ici vous dire ma fierté de vous représenter dans cette campagne présidentielle. C’est un grand honneur que vous m’avez fait, de me désigner comme candidat et, si notre peuple en décide, comme prochain président. En même temps, c’est une lourde responsabilité que de vous faire gagner cette élection. Car je veux qui ce soit votre victoire ! La victoire de ceux qui depuis toujours, ou plus récemment, combattent pour les mêmes idéaux, ceux de la justice, de l’égalité, de la dignité humaine, de la laïcité, de la liberté. C’est pour ça que je me suis engagé comme socialiste.
Mais aujourd’hui, je ne suis plus le candidat du Parti socialiste, des Radicaux de Gauche. Je suis le candidat de toute la Gauche rassemblée, et qui doit se réunir, se regrouper. C’est ce qu’elle a fait dès le soir du premier tour, avec Jean-Luc Mélenchon, avec Eva Joly. Et donc, il était important que ces paroles soient prononcées et que rassemblement soit fait.
Mais je suis aussi le candidat qui doit élargir encore, pour que tous ceux qui veulent le changement puissent se retrouver derrière ma candidature. Je pense aussi à ceux qui ont une certaine idée de la France, qui ne voulaient pas la voir abîmée, abaissée comme elle l’a été depuis cinq ans. Je pense à ceux qui ont une exigence morale dans le comportement de ceux qui doivent diriger la France, ceux qui veulent une justice indépendante, qui veulent une administration impartiale, qui veulent aussi qu’il n’y a pas de protections, de privilèges. Ceux-là, ils sont dans le mouvement avec nous ! Et puis, il y a aussi tous nos concitoyens qui ne savent plus vers qui se tourner, qui doutent de l’avenir, de la politique, qui se défient même de la démocratie. Nous ne devons pas les laisser de côté. Nous devons aller les chercher, toutes ces femmes, tous ces hommes qui se mettent en rupture — en rupture par rapport à eux-mêmes, par rapport à la République. Aucun d’entre eux ne doit être laissé dans des mains qui ne seraient pas celles de la démocratie et de la République !
Mais je l’ai dit, moi, je veux promettre mais je ne veux pas me compromettre. Et jamais ne cèderai sur les principes, sur les valeurs et sur la République. Voilà pourquoi nous sommes un rassemblement plus large qu’au départ celui que je pouvais incarner. Je pense que demain, le prochain président devra rassembler, rassembler encore. Parce que le pays est fatigué, fatigué de ce qui lui a été fait depuis cinq ans. Le pays a été brutalisé par des phrases, par des mots, par des politiques. Le pays a été fragmenté entre autant de catégories qu’il en existait. Et donc, ce pays demande réconciliation, apaisement, respect, considération, honneur. Et moi, je veux respecter tous les concitoyens quels qu’ils soient, quels que soient leur sensibilité, leur couleur de peau, leur parcours, leur origine. Et je ne mets pas la religion dans le débat public. La religion, elle doit rester à sa place. Et aucune religion ne doit être montrée du doigt, pas davantage s’imposer à nous !
Voilà pourquoi je voulais être parmi vous ce 1er mai. Merci d’avoir répondu à notre invitation. Nous aurons toujours, au mois de mai, de beaux anniversaires. Et je voudrais tant que les jeunes générations puissent vivre d’abord le 1er mai, fête du travail, fête des travailleurs, puis le 6 mai, victoire de la Gauche, du changement, du redressement, de la justice. Et puis, nous n’oublierons jamais le 10 mai, parce que tout est né de cette belle victoire de François Mitterrand. Tout à l’heure on disait — c’est toi Monsieur le Maire — qu’il y avait des liens qui nous unissaient, Nièvre, Corrèze. Je suis élu de la Corrèze. Pierre Bérégovoy d’ailleurs, avant de venir dans la Nièvre, avait fait un passage en Corrèze, parce que la Corrèze inspire toujours… Et donc, nos deux départements sont liés. Et ici, je suis autant chez moi qu’en Corrèze ! Et je me suis donné un objectif, être le deuxième président de la Corrèze et être enfin le successeur de François Mitterrand. Faites en sorte qu’il en soit ainsi !
Je ne vous demande pas comme d’autres votre aide. Je ne vous dis pas que j’ai besoin de vous. Je ne vous supplie pas. Non, je vous dis : soyez fiers d’être citoyens de la République française, faites votre devoir, servez la République, servez la France et permettez le changement !
Merci, merci de votre confiance !
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