Madame Royale parle bien et dignement !

article de lucienne magalie pons

Il est curieux de constater qu’un Gouvernement, et quelques cadres UMP et apparentés,

- qui sont restés sourds et aveugles, face aux revendications qui ont été exprimées tout récemment, à deux reprises, par près de trois millions de citoyens français descendus dans les rues pour manifester leur désaveu et leur mécontentement contre la politique sociale du Chef de l’État et de son Gouvernement -,

se réveillent subitement pour entendre et se saisir immédiatement du discours d’une ex candidate de l’opposition, prononcé à des milliers de Kilomètres de Paris, à Dakar précisément.

Ce qui est la preuve que le discours politique de l’opposition, les touche directement et les préoccupe en priorité, qu’ils occupent principalement leur temps à consolider leur position personnelle dans l’appareil d’État et les instances du Pouvoir, alors que les revendications sociales exprimées par les citoyens français les laissent généralement indifférents et figés dans une attitude de déni de leur responsabilité, dont les syndicats ne manqueront pas de leur tenir compte , de même que les électeurs aux prochaines et futures échéances électorales.

Madame Ségolène Royale en présentant à Dakar dans son discours, une demande de pardon pour les propos désobligeants et controversés sur l'Afrique, prononcés au même endroit par Nicolas Sarkozy en 2007 a déclenché mardi la colère des « cadres » de l'UMP.

Ces messieurs qui a l’occasion et quand cela leur convient, débouchent leurs esgourdes et retrouvent leur vue, ont subitement ouvert leurs bouches acides pour tenter de démolir cette dame courageuse, et pour la censurer, ce qui n’est absolument pas fair play ni courtois, dans une démocratie ou tout le monde a le droit de faire part de ses opinions et critiques politiques.

Monsieur Sarkozy, en visite dans les Bouches du Rhône, très occupé ce jour là à défendre la « dignité » et la peau des patrons contre toute tentative de séquestration de la part de leurs employés, a déclaré «Je n'ai pas le temps pour la polémique», et c’est François Fillon son premier ministre, qui s’est permis d’inviter Madame Royale « à un peu plus de retenue et un peu plus de dignité lorsqu'elle évoque la France et ses autorités dans le monde».

De quel droit ?

Que Monsieur Fillon censure un député UMP qui aurait osé franchir la barrière de la platitude consentante pour critiquer les propos du chef de l’État, d’un membre du gouvernement, ou d’une grande ou petite pointure de l’UMP ou de ses godillots apparentés, passe ! ..... c’est du domaine de leur discipline, de leur censure, de leur règlement, de leur cuisine intérieure !

Mais que Monsieur Fillon, se permette d’étendre sa censure à Madame Royale, membre du PS , ex candidate présidentielle, personnalité marquante de l’opposition, et se permettre de lui dicter sa conduite est absolument un abus de pouvoir inqualifiable de la part du Chef du Gouvernement.

La parole de Madame Royale lorsqu’elle évoque la France et ses autorités n’est absolument pas suspendue à l’autorisation du pouvoir exécutif et ce n’est pas le rôle ni le droit d’un premier Ministre de la rappeler abusivement à l’ordre.

On aura tout vu !

Bien au contraire le discours et les déclarations sincères de Ségolène Royale sont empreints de dignité, elle a simplement rappelé : Quelqu’un est venu ici pour vous dire ...l’Homme Africain n’est pas entré dans l’histoire ... et a poursuivie ces termes : «Pardon, pardon pour ces paroles humiliantes et qui n'auraient jamais dû être prononcées et -je vous le dis en confidence- qui n'engagent ni la France, ni les Français».

Qui peut voir dans les paroles de Madame Royale un manque de retenue ou de dignité ? Une petite dizaine de « bislouches »* aigris mais pas plus !

(Si vous avez des difficultés à trouver le sens du mot « bislouches »* rapprochez d’un voisin Français d’Algérie il se fera un plaisir de vous le traduire en vocabulaire bcbg , il y a des mot comme celui-ci qui demande à être traduit et imagé à la sauce méditerranéenne du sud)

Bien entendu Ségolène Royale pour sa défense a obtenu immédiatement le soutien du PS, en la personne de plusieurs personnalités, à commencer par celui de sa première secrétaire.

Martine Aubry, s’est dite «heureuse» des déclarations de Ségolène Royal qui pour elle : «a eu raison de tenir un discours qui recrée un lien pas seulement affectif mais humaniste entre l'Afrique et l'Europe, entre l'Afrique et la France».

Arnaud Montebourg, député PS, a souligné sur Public Sénat «l'originalité de la démarche de Ségolène Royal» et l'en a «remerciée».

Benoît Hamon, porte-parole du PS, s’est déclaré a tout aussi solidaire: «Elle a raison ... je ne vois pas pourquoi on va lui chercher querelle là-dessus, elle a d'ailleurs été ovationnée».

Les réactions des membres de l’UMP à l’égard de Madame Royale, ont été exagérées à outrance, grotesques et insultantes, elles dénoncent des attaques infantiles, de la démagogie, de l’antisarkozysme souvent hystérique * (sic).....

Frédérique Lefebvre porte parole de ....... ? qui au passage devrait réviser sa géographie n’a pas hésité à déclarer : «de Chine à Dakar, en passant par Washington, (sic) Madame Royal ridiculise notre pays», Nadine Morano, secrétaire d'État chargée de la Famille a dénoncé «un objectif, celui d'exister» et «une recette, la polémique permanente, la démagogie systématique», voire de «l'antisarkozysme souvent hystérique *( sic)»

Pour le Chef du Groupe des députés UMP à L’Assemblée Nationale, Jean-François Copé, les propos de Ségolène Royal sont «écœurants» et elle a «humilié» la France.et il s’est étonné de la position du ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, qui lui, plus nuancé dans sa critique, a cherché à atténuer la phrase malencontreuse et controversée de Nicolas Sarkozy en la jugeant «maladroite » tout en accusant Ségolène Royal de «démagogie».

Mardi soir Ségolène Royal s’est exprimé sur RTL et a expliqué avoir voulu demander «pardon pour l'ensemble des désordres et des souffrances qui ont été infligés à l'Afrique. Ce mot n'avait jamais été prononcé, maintenant il est prononcé» a-elle souligné.

ooOoo

Pour remettre les pendules à l’heure au bénéfice de Madame Royale, rappelons que le chef de l'État avait suscité de vives protestations et indignations le 26 juillet 2007 lors de son déplacement en Afrique subsaharienne, en évoquant dans son discours notamment «le drame de l'Afrique, (qui est) que l'Homme africain n'est pas assez entré dans l'histoire».

Ces propos qui avaient été dénoncés par des intellectuels critiques comme «une vision manichéenne, raciale et paternaliste» de l'Afrique, avaient suscités de nombreuses polémiques qui ressurgissent périodiquement, tant en France qu’au Sénégal et en Afrique.

Monsieur Henri Guaino, Conseiller spécial du Président de la République ne s’est pas caché à l’époque d’avoir écrit ce passage contesté du discours présidentiel.