1 - Entrons
dans l'arène
Il aura
fallu quelques heures seulement à Moscou et à Pékin pour apporter la seule
réponse logique à la violente incartade verbale du Président Donald Trump,
qui s'est ouvertement attaqué à l'unité nationale et territoriale de la
Chine.
Je rappelle
que la pathologie dont souffre Mme Hillary Clinton et qui ressortit à la
maladie de Parkinson, l'avait conduite, elle aussi, à la croyance qu'il
suffirait de montrer les dents à Moscou et à Pékin pour conduire ces Etats
chancelants sur les chemins des repentances et des pénitences de bon aloi.
Au premier
abord, je me suis donc demandé si l'incartade de M. Trump était une
extension à la géopolitique de l'hypothèse de Gabriel Tarde(1843-1904),
auteur des Lois de l'imitation. Je reviendrai sur cette
question au mois de janvier quand les brumes actuelles se seront dissipées.
Revenons,
pour l'instant, à une géopolitique de la grandeur et de la petitesse de
l'histoire mieux enracinées dans la pesée des forces en présence et qui a
aussitôt conduit Moscou et Pékin à consolider leur alliance sur la scène
internationale. D'un côté, nous voyons une jeune nation qui a débarquée sur
la planisphère moins de trois siècles, de l'autre, nous voyons un peuple
d'un milliard trois cent millions d'âmes enracinées sur leur terre depuis
cinq millénaires et auxquels nous devons les deux guides qui ont conduit le
genre humain à la lucidité spirituelle et politique, le Bouddha et Confucius.
De siècle
en siècle, l'Eveillé rappelle à une humanité demeurée embryonnaire, que
l'homme n'a pas d'autre interlocuteur que lui-même dans le vide et le
silence de l'immensité, tandis que Confucius nous répète de siècle en
siècle qu'une politique privée d'une morale conduit au naufrage du genre
humain. Je constate que ces deux pédagogues ont posé les fondements d'une
conscience demeurée d'avant-garde encore de nos jours.
Depuis mon
analyse d'il y a quinze jours sur ce site, l'élimination du champ de l'histoire
en marche des Etats fictifs, qui ne sont jamais que les porte-parole de
leur maître, s'est accélérée. De plus, le réapprentissage du réel au sein
des nations écartées de l'arène, a également pris une allure plus rapide.
Une Chine longtemps absente du théâtre de la géopolitique a découvert qu'il
lui faut retrouver la rapidité des réflexes de boxeur sur le ring. Ce
changement de cadence du temps donne un sens nouveau au titre de l'ouvrage
déjà ancien d'Alain Peyrefitte: "Quand la Chine s'éveillera…"
Une nation ne sort du sommeil qu'à l'épreuve des coups qui lui sont portés.
Nous
entrons dans une ère nouvelle de la géopolitique, celle du passage de
l'éclairage aux bougies à la découverte de l'électricité. Nous verrons bien
si le recul intellectuel auquel l'anthropologie critique s'exerce depuis
quinze ans se montrera à la hauteur de ce changement de voltage de la
planète.
Dans ce
contexte, je commencerai par rappeler le rôle asservissant, mais
prétendument gaulliste, qu'a joué en son temps Alain Juppé.
2 - Les conséquences de l'ex-parenthèse Alain Juppé
Dans les
décombres d'une civilisation, comment une poignée d'historiens
incorruptibles tenteront-ils de comprendre les hommes politiques qui se
seront fait de leur petitesse les béquilles d'une carrière?
Observons,
la loupe à l'œil, la trajectoire étriquée d'un ex-candidat à la présidence
de la République, qui a bénéficié pendant plus de trente ans d'un calibrage
exagéré au regard des véritables intérêts de la France, M. Alain Juppé.
Voilà un
falsificateur de l'histoire qui n'a pas craint de proclamer "gaulliste"
la prosternation d'un Général de Gaulle imaginaire et construit de toutes
pièces, devant le sceptre et le joug du Pentagone. Dès les années 1990,
Alain Juppé, Ministre des affaires étrangères et Young Leader au
service de la politique américaine, participe à l'anéantissement de la
Serbie et au projet d'Albanisation de la région qui se concrétisera par la
création de l'Etat maffieux du Kosovo, qui sera couronné par la
construction de la plus grande base militaire américaine en Europe, Camp
Bondsteel. Souvenons-nous d'un Alain Juppé qui déplorait que l'Europe
ne parvenait pas résoudre un conflit local entre communautés dans la
région, à la suite de la mort du Maréchal Tito et qui implorait quasiment
les Etats-Unis de venir bombarder une Serbie diabolisée. En 2014, lors
d'une émission télévisée, il déclarait en toute modestie: "Je
ne vais pas paraître très modeste, mais tout le monde s'accorde à
reconnaître que je n'ai pas été un mauvais ministre des Affaires Étrangères
entre 93 et 95?".
Il a, en
effet, été un excellent ministre des affaires étrangères au service des
intérêts d'un Pentagone souverain.
Alain Juppé
fait aujourd'hui son mea culpa face au chaos qui règne
actuellement en Lybie; mais en 2011, en compagnie du va-t-en guerre tous
azimuts, Bernard Henri Lévy, de Nicolas Sarkozy et de François Hollande, il
s'est révélé l'un des plus farouches défenseurs de l'intervention militaire
dans ce pays. Ne clamait-il pas, à la tribune de l'ONU: "Il n'y a
pas d'avenir pour Kadhafi en Libye". Les compagnies pétrolières
américaines qui s'y installent en dépit de la guerre civile qui ravage les
restes de ce pays, l'en remercient.
En Syrie,
ce fervent adepte de la géopolitique de son collègue Bernard Kouchner,
celle de l'obligation des politiciens occidentaux au grand cœur de "protéger
les populations", théorie également appelée "intervention humanitaire",
Alain Juppé a entonné l'antienne, reprise à pleine gorge par un autre grand
humaniste, Laurent Fabius, "Assad must go", Assad
doit partir. Ce pelé, ce galeux tue son peuple et soutient les
terroristes tout en feignant de lutter contre eux. Les Etats-Unis, suivis
de la cohorte des vassaux européens, accompagnés des célèbres
droits-de-l'hommistes de l'Arabie Saoudite, du Qatar et de la Turquie, se
sont attelés à la tâche de détruire une Syrie laïque et d'en chasser ou de
tuer son président, une Syrie dans laquelle toutes les communautés
religieuses cohabitaient et héroïquement défendue par une armée de
conscrits majoritairement sunnites. Et aujourd'hui Alain juppé avoue
tranquillement que "la diplomatie française est la dernière, ou
presque, à s'en tenir à la ligne du refus de toute discussion avec Bachar
qui était celle de N. Sarkozy et la mienne."
Quelques
jours avant les élections à la primaire de la droite notre Young
Leader américanisé est allé se "ressourcer" à Colombey
les deux Eglises! Pendant les sept minutes qu'a duré le récital de ses
démissions à la télévision, M. Juppé s'est exclamé: "Et puis,
ils nous ont délivrés". Cette auto-domestication sur la
potence d'une gratitude éternelle, cela ne vous rappelle-t-il rien?
Voilà un
tricheur qui n'a pas craint de peindre en pied un Général de Gaulle de
pacotille qui aurait joué à colin maillard, à qui perd gagne, ou au yoyo
avec la dignité de la France, voilà un pseudo Général de Gaulle qui se
serait prosterné le front dans la poussière à la suite d'une amende de neuf
milliards infligés à sa nation pour avoir tenté d'écrire la véritable
histoire de la seconde guerre mondiale, voilà un falsificateur du passé de
son pays qui se serait félicité que les navires de guerre fabriqués à Saint
Nazaire et destinés à la Russie aient été bradés, voilà un minuscule
louangeur d'un homme du 18 juin en carton pâte, dont la logique interne qui
lui dicte sa propre petitesse aurait vendu à l'Egypte l'honneur et la
dignité de la France, en échange d'une commande dérisoire d'hélicoptères
par la Pologne, annulée depuis.
Il était
important de résumer la place qu'a occupée dans l'histoire de la France un
logicien de sa propre petitesse dont la trajectoire nous remettra sans
cesse en mémoire que l'histoire des nations s'inscrit sur le cadran de la
grandeur et de la petitesse.
Par
bonheur, le bon sens du peuple français a triomphé de ce saltimbanque et de
ce funambule de sa patrie: le verdict populaire l'a terrassé par un score
implacable de soixante-dix à quatorze - je dis quatorze parce qu'une
fraction de seize pour cent de la gauche américanisée et corrompue à
l'école de Washington et de Tel Aviv, lui a offert in extremis un
appoint artificiel et seulement passager.
3 - La décomposition de l'Europe
Mais de
quel souffle, de quelle pesée de la petitesse et de la grandeur d'esprit
nous servirons-nous pour comprendre la future diplomatie du Nouveau Monde
avec la Russie et avec la Chine. Comment le nouveau Président des
Etats-Unis négociera-t-il avec le Kremlin et avec une Europe vassalisée
sous le sceptre américain de l'OTAN?
Il sera
impossible à la Russie de légitimer la présence perpétuelle, donc de
génération en génération, de cinq cents bases militaires américaines de
Ramstein à Sigonella et de Bruxelles aux frontières de la Pologne, il sera
impossible à la Maison Blanche de demain de valider l'abandon perpétuel de
la souveraineté de l'Europe sur son propre territoire, il sera impossible
de proclamer démocratique et conforme au droit international, l'abandon par
les classes dirigeantes du statut d'Etats souverains de leurs nations.
Sur quelle
balance de la grandeur et de la petitesse de l'histoire la Maison Blanche
de demain pèserait-elle la grandeur et la petitesse d'une Europe vassalisée
si le Président Trump n'avait pas en mains les cartes qui lui permettront
de convaincre le peuple américain qu'il ne le conduira pas au naufrage
géopolitique d'un empire militaire armé jusqu'aux dents en adoptant une
attitude respectueuse à l'égard de l'identité des autres Etats.
Comment une
Europe endormie dans le sommeil hypnotique de sa réduction à la minusculité
ne ferait-elle pas passer devant une haute cour de justice sa classe
dirigeante vassalisée qui aura tenté de valider pour les siècles à venir
une auto domestication inscrite dans sa constitution même.
Comment une
classe dirigeante de l'Europe, coupable d'une telle trahison, jouirait-elle
de l'impunité à la barre du tribunal de l'histoire ? Si elle n'avait pas de
comptes à rendre, sa fausse innocence serait une tache indélébile dans
l'histoire d'un Vieux Monde en décomposition?
4 - Le despotisme cajoleur
La tâche
immense de construire la balance de la grandeur et de la petitesse de
l'histoire ne serait plus à la portée de M. Donald Trump si l'empire
américain se trouvait cloué au pilori et mis sur la défensive par le monde
entier qui se serait précipité aux obsèques de Fidel Castro. Mais comment
expliquer aux Américains qu'ils doivent métamorphoser de fond en comble
leur comportement exaspérant à l'égard de tous les autres peuples de la
terre?
Sans doute
n'existe-t-il pas encore de service du protocole à la Maison Blanche,
puisque personne n'avait informé Mme Obama de ce que la reine d'Angleterre
n'est pas une vieille dame sur le dos de laquelle il serait permis de poser
une main subrepticement protectrice et frauduleusement présentée comme un
adoubement cajoleur. Raul Castro, lui aussi, avait dû écarter violemment de
ses épaules une main familière et arrogante de M. Obama qui se voulait
flatteuse, mais qui se montrait subrepticement despotique.
Sur quelle
balance de la grandeur et de la petitesse de l'histoire, le Président Trump
enseignera-t-il au peuple américain à traiter ses interlocuteurs en égaux
si, partout dans le monde, l'Amérique est un main dominatrice et faussement
amicale qui se pose doucereusement sur votre cou, avant de le serrer
violemment et qui vous rappelle que la bienveillance apparente est la forme
raffinée de la tyrannie.
5 - L'homme à la recherche d'un protecteur
Mais ce
n'est pas tout: sur quelle balance la grandeur et de la petitesse de
l'histoire, M. Vladimir Poutine pèse-t-il, lui, ses relations avec la planète
d'aujourd'hui et de demain? Cet homme d'Etat a compris que notre astéroïde
manque d'un souverain transcendantal dont la sagesse et la grandeur
échapperaient quasiment à la petitesse de la condition humaine.
Quand trois
chasseurs bombardiers helvétiques accompagnent un avion civil russe, il
sourit et son amusement démontre qu'il ne tombe pas dans le piège du
temporel : il n'élèvera pas cette galéjade militaire au rang d'un incident
diplomatique, il ne rabrouera pas une nation microscopique dont la pseudo
neutralité croit défier la Russie - non, dit-il, une plaisanterie militaire
des Helvètes ne vaut pas un esclandre diplomatique, mais seulement un peu
d'ironie.
Décidément
la balance à peser la grandeur et la petitesse du genre humain est la clé
de l'histoire du monde de demain. Car la corruption née de la minusculité
règne au cœur de la science historique pseudo rationnelle et pseudo
scientifique d'hier, d'aujourd'hui et de demain.
Mais il y aura
nécessairement une poignée d'incorruptibles de Clio, qui feront la loi sur
le long terme et qui seuls serviront de référence à l'histoire véritable et
en profondeur du genre humain.
Or, cette
histoire véritable est celle de la panique d'entrailles d'une humanité
encore plongée dans l'enfance et qui dépose son identité effarée sur les
épaules de ses dieux dans le vide et le silence de l'immensité. Voyez
combien trois dieux uniques assument la véritable condition de la créature
qui, à l'égal de ses dieux, n'a pas de spectateur lointain, désinvolte et
condescendant, qui poserait une main protectrice sur son encolure. Les
dieux sont seuls dans le néant dont ils assument la charge, ils sont les
effigies de l'humanité véritable.
Mais qu'une
humanité encore dans l'enfance colloque des géants invisibles dans l'espace
se comprend, mais que des savants spécialisés dans diverses sciences
exactes délèguent des personnages solitaires, invisibles et fantastiques
dans un cosmos désert, voilà qui démontre la petitesse d'une humanité qui
charge des personnages imaginaires d'assumer sa propre panique d'entrailles
et d'exorciser sa solitude. Décidément, l'avenir de la conscience de soi de
la créature se révèle la vraie balance de la grandeur et de la petitesse de
l'histoire. .
Le 16 décembre 2016
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