Avant la visite
Depuis le Mercredi 31 Mars, jour il a appris la visite du Président de la République, Samuel Herblot un jeune agriculteur de 33 ans installé à Bono-Bonnevaux depuis 2008, a préparé ses arguments avec Christophe Hillairet, le président de la chambre d’agriculture d’Ile-de-France, et Damien Greffin, président des Jeunes Agriculteurs, sur la région et il aussi pris le temps de balayer le hangar où il gare son tracteur. C’est là en effet que doit se tenir la réunion du Mardi 6 Avril. Une semaine pour se préparer à recevoir cet illustre visiteur ne lui a pas pour autant permis de modifier son rythme de travail à la ferme.
Samuel Herblot, un peu stressé, est content de recevoir le Président de la République et son escorte de personnalités chez lui. Il entend lui parler baisse de revenus, subventions et avenir du métier et dans l’attente des propositions présidentielles il s’apprête à faire découvrir le monde agricole in situ au Chef de l’Etat
« Ce n’est pas tous les jours qu’on reçoit un chef d’Etat chez soi et j’ai quand même beaucoup de poids sur les épaules, car on compte sur moi pour représenter l’agriculture! » s’est-il confié.
Samuel, adhérent du syndicat des Jeunes Agriculteurs, ne comprend toujours pas pourquoi il a été choisi Son exploitation s’étale sur 180 ha situés à la frontière de l’Essonne et de la Seine-et-Marne. Il y cultive du blé, de l’orge, de l’estragon et des betteraves. Seule explication plausible d’après lui : « Je suis un agriculteur moyen, qui diversifie ses cultures. Comme beaucoup, je ne gagne que 1000 à 1200 € par mois, avec un gros emprunt à rembourser chaque année … »
Les jours passent vite et voici qu’un jour avant la visite présidentielle, Samuel a accueilli dans sa ferme, le préfet et une quinzaine de personnes venues en éclaireurs sur les lieux pour préparer la visite présidentielle Deux membres de la sécurité de Serge Dassault ont fait un passage express…En effet, Serge Dassault , sénateur UMP de l’Essonne, proche du chef de l’Etat, doit faire partie de la suite présidentielle
La visite
Mardi matin 6 avril, il est 10 heures passées quand le chef de l’Etat arrive enfin en hélicoptère sur l’aérodrome situé à côté. Et peu après, le petit hameau de Mézières près la commune de Bono-Bonnevaux, qui d’ordinaire voit passer des engins agricoles, a vu défiler les Berlines de l’Elysée, Nicolas Sarkozy et plus de cent personnes à sa suite arrivaient sur les lieux soit plus de cent personnes, sans compter les forces de l’ordre déjà déployées sur le secteur.
Sitôt après Nicolas Sarkozy et sa suite entame la visite de l’exploitation de Samuel Herblot. Le jeune agriculteur lui montre un champ d’orge de printemps, « Il est beau! » commente le Président.
Passons sur la visite de la propriété et de ses entours.
Le cortège présidentiel rejoint ensuite le hangar où plusieurs tables disposées en carré encadrent un décor en foin. Le Président de la République et les visiteurs s’installent et le dialogue peut s’engager avec les représentants des agriculteurs.
Parenthèse :(Rappelons que le bilan de santé de la politique agricole commune a été établi fin 2008. A la suite de cette réorganisation des aides européennes, les céréaliers ont perdu environ 100 € d’aide par hectare. Pourtant, le président insiste : « La régulation des prix agricoles fait partie des priorités de la République française. » Rappelons aussi que les producteurs de céréales dénoncent leur baisse de revenus et les baisses des subventions. Ces producteurs ont vu le prix de leurs céréales baisser ont aussi reçu moins de subventions dans le jeu de redistribution des aides de la PAC (la Politique agricole commune), ils attendaient a un geste du Président, mais sur ce point Nicolas Sarkozy ne peut revenir sur cette répartition des subventions, pas avant le mois de décembre en tout cas.)Fin de la parenthèse
La table ronde
Première annonce, le président a refusé de revenir sur le bilan de santé de la politique agricole commune (Pac), qui se traduit par une baisse des aides aux céréaliers, en répondant directement à Damien Greffin, président des Jeunes agriculteurs d'Ile-de-France, qui l'interrogeait sur ce sujet.«Je ne reculerai pas sur ce bilan de santé de la Pac, même si c'est arrivé au plus mauvais moment pour vous ………. au moment de la chute des cours», a déclaré aussi net le chef de l'Etat , : «Nous l'avons fait pour assurer la pérennité de la Pac en Europe et pour avoir un maximum de pays (européens) derrière nous, ce travail était absolument incontournable, il nous a permis de récupérer 24 pays sur 27 qui ont dit nous voulons sauver la politique agricole commune».
Et le président insiste : « La régulation des prix agricoles fait partie des priorités de la République française. » Sur ce point donc, Nicolas Sarkozy ne peut revenir sur cette répartition des subventions, pas avant le mois de décembre en tout cas.
Le chef de l’Etat a fait une autre proposition : il souhaite que la grande distribution fasse un effort, qu’elle baisse ses marges pour mieux rémunérer les agriculteurs, ou bien l’Etat imposera une nouvelle taxe aux distributeurs. Nicolas Sarkozy compte aussi sur un accord de modération des marges sur les produits agricoles dans la grande distribution.
. Concernant "le bilan de santé de la politique agricole commune", le chef de l'Etat a assuré qu'il ne reviendrait pas dessus.
Nicolas Sarkozy a aussi évoqué la mise en place de "dispositifs fiscaux" dans le cadre de la loi de modernisation agricole, qui doit être examinée en mai par le parlement.
Après la visite, quelques échos rapportés par les médias :
Les représentants de la grande distribution, qui avaient participé à la réunion n’ont pas apprécié l’annonce du Président sur la « baisse des marges » et la menace de « taxe » Selon les observateurs, les discussions à venir, entre les différentes parties pour fixer les prix agricoles, s’annoncent donc délicates.
En ce qui concerne les dispositifs fiscaux prévus dans le cadre de la loi sur la modernisation agricole : « Pour que ces dispositifs soient efficaces, on doit dégager des revenus », a nuancé par la suite, Christophe Hillairet, le président de la chambre d’agriculture d’Ile-de-France. A la suite de la réunion, Nicolas Dufour, président des Jeunes Agriculteurs sur le département céréalier à Champmotteux, n’a pas caché sa déception : « Il y a une prise de conscience du mal-être de l’agriculture, mais le président nous laisse dans le flou. » Installé sur 190 ha avec son père depuis 2004, il n’a « sorti la tête de l’eau qu’en 2007 et 2008, avant la crise », grâce à l’augmentation du prix des céréales. « On ne peut pas attendre la prochaine récolte, certaines exploitations vont crever avant! » assure l’agriculteur. De son côté le député-Maire d’Etampes, Franck Marlin, qui avait été autour la table des négociations, reste optimiste : « Le président m’a dit : Ce n’est pas par hasard si j’ai choisi ta circonscription, il faut qu’on se voie bientôt à l’Elysée. Il veut que je m’implique dans la préparation de la loi de modernisation agricole. »
Quant au maire de Buno-Bonnevaux, il n’en revient toujours pas en plaisantant : « Quand on m’a dit qu’on allait recevoir le chef de l’Etat dans un village* situé aux confins de l’Essonne, de la Seine-et-Marne et du Loiret, j’aurais pu prendre ça pour un poisson d’avril… »
*Bono-Bonnevaux un petit village de 500 habitants, perdu au sud de Milly-la-Forêt a reçu la visite du Président de la République et de sa suite, à marquer dans les annales de l'Elysée avec la mention : Essonne, 6 Avril 2010 "rien de nouveau sous le soleil"
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