La question européenne est évidemment très importante et nous n'avons pas l'intention de négliger notre information à ce sujet, mais il est vrai qu'en raison des actualités internationales qui ont été particulièrement riches en évènements particulièrement grave sur la question de la crise syrienne notamment et que nous nous sommes efforcés de suivre et de relater dans ses multiples rebondissements diplomatiques , nous avons pris quelque retard sur les actualités Européennes.
Nous revenons donc ce jour sur le discours du Président de la Commission Européenne, José Ma nuel Barroso qu'il a prononcé le 9 septembre , sur "L'état de l'Union Européenne 2013" dans l’hémicycle du Parlement de Strasbourg devant les députés Européens.
Cette session du Parlement Européen était particulière d'abord parce que c'est de dernier discours sur l'Etat de l'Union Européenne, avant les élections de fin Mai 2014, époque relativement assez proche où les citoyens européens seront appelés à voter pou élire leurs députés , ensuite cette session était particulière aussi parce que c'est le 4me et dernier discours sur l'état de l'Union Européenne prononcé par José Manuel Barroso avant la fin de son mandat qui expirera au mois d'octobre 2014 .
Rappelons que José Manuel Barroso est à la tête de la Commission Européenne depuis 2004 et que ça fera donc 10 an l'an prochain, selon les commentateurs Jose Manuel Barroso "à priorià ne drait pas se représenter pour un autre mandat ...... mais sais-t-on jamais ?
Le président José Manuel Barroso a dressé dans son discours , devant le corps législatif européen, un bilan élogieux de l'exécutif bruxellois qu'il préside, au travers des éloges et des encouragements qu'il a reçu, d'après lui, au récent G20, ensuite il tracé les perspectives futures de l'Union Européenne que je vous laisse découvrir après ma conclusion en revue de presse (vidéo et texte de son discours en Français)
Ma conclusion :
Au vu des perspectives qu’il trace pour l’Union Européenne,
il est à souhaiter que ce provocateur aussi bien en matière européenne qu’en
matière de politique étrangère européenne
soit remplacé en Octobre 2014 à
la fin de son mandat, par un homme plus modéré dans sa politique nous avons besoin en Union
Européenne d’un conciliateur efficace, et non d’un « beau parleur » qui défend sa position politique personnelle et sa
politique néo-libérale , au mépris des aspirations des populations européennes.
Vidéo ( Source Internet)
Discours
de José Manuel Barroso du 9 septembre 2013 sur l’état de l’Union
Européenne 2013 :
Monsieur
le Président,
Monsieur
le Représentant de la Présidence du Conseil,
Mesdames
et Messieurs les Députés,
Mesdames,
Messieurs,
Dans
huit mois, ce que nous avons accompli ensemble au cours des cinq dernières
années sera soumis au jugement des électeurs de toute l’Europe.
Durant
ces cinq années, l’Europe a été plus présente que jamais auparavant dans la vie
de nos concitoyens. Partout sur notre continent – en famille, entre amis, entre
collègues, dans les débats publics –, elle a été dans les discussions.
Aujourd’hui,
je veux porter mon regard sur le chemin que nous avons parcouru ensemble. Et
sur celui qu’il nous reste à parcourir. Je souhaite aussi exposer les grandes
idées qui, selon moi, doivent nourrir un débat politique véritablement européen
en préparation des élections de l’année prochaine.
Mesdames
et Messieurs les Députés,
À
l’heure où je vous parle, cela fait précisément cinq ans que l’administration
américaine plaçait sous tutelle publique les organismes de refinancement
hypothécaire Fannie Mae et Freddie Mac et renflouait AIB, tandis que Lehman
Brothers demandait la protection de la loi américaine sur les faillites.
Ces
événements sont à l’origine d’une crise financière mondiale qui a dégénéré en
crise économique sans précédent, puis en crise sociale aux conséquences
dramatiques pour un grand nombre de nos concitoyens. Le problème de la dette,
qui reste une source de préoccupation majeure pour nos gouvernements, en a été
aggravé. Le chômage, en particulier le chômage des jeunes, a connu une hausse
alarmante. Et l’activité des ménages et des entreprises reste entravée.
Mais
l’Europe a réagi avec force. Durant ces cinq années, nous nous sommes battus
avec détermination. Nous avons affronté la crise ensemble. Nous avons compris
que nous devions faire front commun. Et c’est ce que nous faisons.
Regardons
en arrière et voyons ce que nous avons accompli pour que l’Europe reste unie
tout au long de la crise : je pense qu’on peut le dire, nous n’aurions jamais
pensé tout cela possible il y a cinq ans.
Nous
avons entrepris une réforme fondamentale du secteur financier pour protéger nos
épargnants.
Nous
avons doté nos gouvernements de meilleurs outils pour travailler ensemble,
assainir les finances publiques et moderniser les économies.
Nous
avons mobilisé plus de 700 milliards d’euros pour éloigner du gouffre les pays
les plus durement frappés par la crise, ce qui représente l’effort de
stabilisation le plus important jamais consenti entre différents pays.
Je
conserve un souvenir très vif de ma rencontre, l’année dernière, avec les
économistes en chef de nombre de nos plus grandes banques. La plupart
s’attendaient à une sortie de la Grèce de la zone euro, et tous craignaient la
désintégration de celle-ci. Nous sommes désormais en mesure de dissiper
franchement ces craintes : aucun pays n’a quitté, ni n’a été contraint de
quitter, la zone euro. Cette année, l’Union européenne s’est encore élargie,
passant de 27 à 28 pays membres. Et l’année prochaine, la zone euro comptera un
dix-huitième nouveau membre.
L’important,
à présent, est de décider ce que nous allons faire de ces avancées :
allons-nous nous en réclamer fièrement ou, au contraire, les décrier ?
Allons-nous y puiser la confiance nécessaire pour poursuivre ce que nous avons
engagé ou, au contraire, minimiser le fruit de nos efforts ?
Mesdames
et Messieurs les Députés,
Je
reviens du sommet du G20 à Saint-Pétersbourg et puis vous l’assurer : cette
année, contrairement aux années précédentes, les Européens n’ont reçu aucune
leçon de leurs partenaires mondiaux sur la manière d’affronter la crise, mais,
au contraire, louanges et encouragements.
Ce
n’est pas que la crise soit derrière nous, car elle ne l’est pas. La résilience
de l’Union sera encore mise à l’épreuve. Mais notre action inspire confiance
dans notre capacité à surmonter la crise, à condition que nous ne nous reposions
pas sur nos lauriers.
C’est
ensemble que nous relèverons les défis qui se posent à nous.
Parce
que c’est ensemble que nous devons les relever.
Alors
que notre planète connaît de profondes mutations géoéconomiques et
géopolitiques, j’ai la conviction que ce n’est qu’ensemble, en tant qu’Union
européenne, que nous pourrons offrir à nos concitoyens ce à quoi ils aspirent,
à savoir la protection et la promotion de nos valeurs, de nos intérêts et de
notre prospérité à l’heure de la mondialisation.
Il
est temps de dépasser les enjeux purement nationaux et les intérêts
particuliers et de faire réellement progresser l’Europe. De donner une
dimension véritablement européenne au débat avec les électorats nationaux.
Il
est temps pour tous ceux qui se soucient de l’Europe, d’où qu’ils viennent, peu
importent leurs convictions politiques ou idéologiques, de parler haut et fort
en faveur de l’Europe.
Si
nous-mêmes ne le faisons pas, nous ne pouvons espérer que quiconque d’autre le
fera.
Mesdames
et Messieurs les Députés,
Nous
avons parcouru un long chemin depuis le début de la crise.
Dans
mon discours de l’année dernière sur l’état de l’Union, je soulignais que,
malgré tous les efforts que nous avions consentis, les mesures prises n’avaient
pas encore convaincu les citoyens, les marchés ou nos partenaires
internationaux.
Un
an plus tard, les faits parlent d’eux-mêmes : nos efforts commencent bel et
bien à convaincre. D’une manière générale, les écarts de taux d’intérêt
diminuent, et les pays les plus vulnérables paient moins pour emprunter. La
production industrielle se redresse, les marchés renouent avec la confiance,
les places boursières se portent bien, les perspectives économiques
s’améliorent régulièrement, et l’optimisme des consommateurs est en forte hausse.
Nous
voyons aussi que les pays les plus vulnérables à la crise, qui consentent
aujourd’hui les plus gros efforts pour réformer leur économie, commencent à engranger
des résultats positifs.
En
Espagne, les exportations de produits et de services représentent désormais 33
% du PIB, soit un record depuis l’introduction de l’euro, ce qui témoigne des
importantes réformes entreprises et d’une compétitivité accrue. L’Irlande a pu
lever des fonds sur les marchés des capitaux depuis l’été 2012, son économie
devrait croître pour la troisième année consécutive en 2013, et son industrie
manufacturière réembauche.
Selon
les dernières prévisions, la balance courante du Portugal, qui était
structurellement négative, devrait globalement parvenir à l’équilibre, tandis
que la croissance portugaise repart, après de nombreux trimestres dans le
rouge. En trois ans seulement, la Grèce a vraiment assaini ses finances
publiques d’une manière remarquable. Le pays regagne aujourd’hui en
compétitivité et, pour la première fois depuis des dizaines d’années,
s’approche d’un excédent primaire. Et Chypre, qui a démarré son programme un
peu plus tard, l’exécute aussi selon les modalités convenues, ce qui est la
condition sine qua non d’un retour à la croissance
Pour
l’Europe, la reprise est en vue.
Naturellement,
nous devons rester vigilants. Comme le veut en effet l’adage populaire, une
hirondelle ne fait pas le printemps. Soyons réalistes dans notre analyse. Ne
surestimons pas, mais ne sous-estimons pas non plus ce qui a été fait. Même un
bon trimestre ne signifie donc pas que les turbulences économiques soient
derrière nous. Mais il prouve que nous sommes sur la bonne voie. Sur la base
des chiffres dont nous disposons et des évolutions que nous observons
aujourd’hui, nous avons de bonnes raisons d’être confiants.
Cela
doit nous inciter à ne pas relâcher nos efforts. Nous le devons à tous ceux
pour lesquels l’embellie n’est pas encore en vue, à tous ceux auxquels les améliorations
constatées ne profitent pas encore. Nous le devons à nos 26 millions de
chômeurs. En particulier aux jeunes, qui se tournent vers nous en nous
demandant de leur redonner espoir. Car l’espoir et la confiance font également
partie de l’équation économique.
Mesdames
et Messieurs les Députés,
Si
nous en sommes là aujourd’hui, c’est parce que nous avons agi avec la
résolution nécessaire pour adapter notre vision politique et sa mise en œuvre
concrète aux leçons que nous avons su tirer de la crise.
Et
quand je dis « nous », je pense réellement « nous » : il s’est réellement agi
d’un effort conjoint.
Vous-mêmes,
au sein de cette Assemblée, avez, à chaque étape, joué un rôle décisif, en
accomplissant un travail législatif parmi les plus impressionnants jamais
observés. Je pense personnellement que les citoyens européens ne le savent pas
assez, et que vos mérites doivent être reconnus davantage.
Aussi,
je vous lance aujourd’hui un appel : continuons à travailler ensemble pour
réformer nos économies, créer de la croissance et des emplois et adapter notre
architecture institutionnelle. Car ce n’est qu’ainsi que nous surmonterons également
cette phase de la crise.
Il
nous reste toutefois de grandes choses à accomplir ensemble au niveau européen,
sous l’actuelle législature du Parlement et le présent mandat de la Commission.
Ce
que nous pouvons et devons faire avant tout, parlons concrètement, c’est
réaliser l’union bancaire. C’est la première phase, la plus urgente, celle qui
vise à approfondir notre Union économique et monétaire, telle qu’élaborée dans
le programme de la Commission présenté à l’automne dernier.
Le
processus législatif concernant le mécanisme de surveillance unique est presque
achevé. L’étape suivante est l’évaluation indépendante des actifs des banques
par la BCE, avant qu’elle n’exerce son rôle de surveillance.
Nous
devons maintenant focaliser d’urgence notre attention sur le mécanisme de
résolution unique. La proposition de la Commission est en cours d’examen depuis
juillet et, ensemble, nous devons faire le nécessaire pour qu’elle soit encore
adoptée pendant cette législature.
C’est
le moyen de garantir que les contribuables ne seront plus en première ligne
pour payer le prix de la faillite bancaire. C’est le moyen de progresser vers une
dissociation entre risque bancaire et risque souverain.
C’est
la voie à suivre pour remédier à l’un des résultats les plus alarmants et
inacceptables de la crise : la fragmentation accrue du secteur financier et des
marchés du crédit européens, voire une renationalisation qui ne dit pas son
nom.
C’est
aussi la solution pour contribuer à revenir à des pratiques normales en matière
de prêt à l’économie, et notamment aux PME, dans la mesure où, malgré la
politique monétaire accommodante, l’afflux de crédits dans l’économie n’est pas
encore suffisant au sein de la zone euro. Il convient de s’attaquer à cette
question avec détermination.
En
définitive, il est question d’une chose, de croissance, laquelle est nécessaire
pour résoudre le problème le plus urgent aujourd’hui, c’est-à-dire le chômage.
Le niveau de chômage actuel est économiquement non viable, politiquement
intenable et socialement inacceptable. C’est pourquoi nous voulons tous ici à
la Commission – et je me réjouis d’être entouré aujourd’hui de l’ensemble de
mes commissaires – travailler activement avec vous et avec les États membres
pour réaliser la plus grande partie possible de notre programme en faveur de la
croissance ; nous mobilisons tous les instruments, mais, bien entendu, soyons
honnêtes, tous ne se situent pas au niveau européen, certains relèvent du
niveau national. Je tiens à donner la priorité à la mise en œuvre des décisions
relatives à l’emploi des jeunes et au financement de l’économie réelle. Nous
devons éviter le scénario d’une reprise sans création d’emplois.
L’Europe
doit donc accélérer le rythme des réformes structurelles. Nos recommandations
spécifiques par pays indiquent ce que les États membres doivent faire à cet
égard.
Au
niveau de l’UE, car si certaines choses peuvent être faites au niveau national,
d’autres peuvent l’être au niveau européen, l’accent doit être mis sur ce qui
importe le plus pour l’économie réelle : il faut avant tout exploiter
pleinement le potentiel du marché unique.
Notre
marché unique des marchandises fonctionne bien et nous constatons les avantages
économiques de ce système. Nous devons appliquer la même formule à d’autres
secteurs : la mobilité, les communications, l’énergie, les finances et le
commerce électronique, pour n’en citer que quelques-uns. Nous devons supprimer
les obstacles qui entravent l’activité des entreprises et des particuliers
dynamiques. Nous devons achever l’interconnexion en Europe.
Je
vous annonce qu’aujourd’hui, nous allons formellement adopter une proposition
qui donne une impulsion à la mise en place d’un marché unique des télécommunications.
Les citoyens savent que l’Europe a considérablement réduit les coûts
d’itinérance. Notre proposition renforcera les garanties, réduira encore les
prix pour les consommateurs et offrira de nouvelles possibilités aux
entreprises. Nous savons qu’à l’avenir, le commerce passera de plus en plus par
la voie numérique. N’est-il pas paradoxal que nous ayons un marché intérieur
pour les biens, mais que, lorsqu’il s’agit du marché numérique, nous ayons 28
marchés nationaux ? Comment saisir toutes les possibilités qu’offre l’économie
numérique si nous n’achevons pas ce marché intérieur ?
La
même logique s’applique à la stratégie numérique dont la portée est plus vaste,
qui vise à résoudre les problèmes réels et à améliorer la vie quotidienne des
citoyens. La force de la future base industrielle de l’Europe dépendra de la
façon dont les personnes et les entreprises sont interconnectées. Et en
combinant correctement la stratégie numérique et la protection des données et
de la vie privée, notre modèle européen renforcera la confiance des citoyens.
En ce qui concerne les évolutions tant internes qu’externes, l’adoption de la
législation proposée sur la protection des données revêt une importance
capitale pour la Commission européenne.
Le
marché unique constitue un levier essentiel pour la compétitivité et l’emploi.
En adoptant toutes les propositions restantes dans le cadre de l’Acte pour le
marché unique I et II, et en mettant en œuvre le mécanisme pour
l’interconnexion en Europe au cours des prochains mois, nous jetterons les
bases de la prospérité pour les années à venir.
Nous
nous adaptons également à une transformation dynamique à l’échelle mondiale, et
nous devons donc encourager ce dynamisme innovant à l’échelle européenne. C’est
la raison pour laquelle nous devons également investir davantage dans
l’innovation, la technologie et le rôle de la science. J’ai une confiance
immense dans la science, dans la capacité de l’esprit humain et dans la
créativité de la société pour résoudre ses problèmes. Le monde est en pleine
mutation. Et je crois qu’un grand nombre de solutions viendront à l’avenir, en
Europe comme dans le reste du monde, des nouvelles recherches scientifiques et
des nouvelles technologies. Et je souhaite que l’Europe soit à la pointe de ces
efforts au niveau mondial. C’est pourquoi nous, Parlement et Commission, avons
fait d’Horizon 2020 une priorité dans les discussions sur le budget de l’UE.
C’est
pourquoi nous utilisons le budget de l’UE pour investir dans les compétences,
l’éducation et la formation professionnelle, dynamisant et soutenant ainsi un
réservoir de talents. C’est pourquoi nous avons plaidé en faveur d’Erasmus
Plus.
Et
c’est pourquoi, dans le courant de l’automne, nous formulerons de nouvelles
propositions en faveur d’une politique industrielle adaptée au XXIe siècle.
C’est la raison pour laquelle nous nous mobilisons en faveur des PME, car nous
sommes convaincus qu’un tissu industriel solide est indispensable à une
économie européenne forte.
Et
tout en luttant contre le changement climatique, nos objectifs « 20-20-20 » ont
engagé notre économie sur la voie de la croissance verte et de l’utilisation
efficace des ressources, en réduisant les coûts et en créant des emplois.
D’ici
à la fin de l’année, nous présenterons des propositions concrètes concernant
notre cadre pour l’énergie et le climat à l’horizon 2030. Et nous continuerons
à définir la stratégie internationale en précisant d’ici à 2015, en
collaboration avec nos partenaires, le contenu d’un accord mondial sur le
climat, qui sera global et juridiquement contraignant. L’Europe ne peut
consentir seule tous les efforts pour lutter contre le changement climatique.
Vraiment, nous avons besoin des autres aussi. Parallèlement, nous poursuivrons
nos travaux sur l’impact des prix de l’énergie sur la compétitivité et sur la
cohésion sociale.
Tous
ces facteurs de croissance s’inscrivent dans notre stratégie « Europe 2020 ».
Sa mise en œuvre intégrale et rapide est plus urgente que jamais. Dans certains
cas, nous devons même aller au-delà de l’agenda 2020.
Cela
signifie que nous devons également poursuivre notre politique commerciale
active et ferme. Il s’agit de nous rapprocher des marchés en expansion des pays
tiers et d’assurer notre place dans la chaîne d’approvisionnement mondiale.
Contrairement à la perception de la majorité de nos concitoyens, qui pensent
que nous sommes perdants dans la mondialisation, nous disposons d’un excédent
commercial important, de plus de 300 milliards d’euros par an, et qui continue
à croître, pour les biens et services et les produits agricoles. Nous devons tirer
parti de cet avantage, ce qui nécessitera aussi toute notre attention dans les
mois à venir, notamment dans le cadre du Partenariat transatlantique de
commerce et d’investissement avec les États-Unis et des négociations avec le
Canada et le Japon.
Dernier
élément et non des moindres, nous devons redoubler d’efforts pour mettre en
œuvre le cadre financier pluriannuel, le budget européen. Le budget de l’UE est
le levier le plus concret dont nous disposons pour stimuler les
investissements. Dans certaines de nos régions, le budget de l’Union européenne
est le seul moyen d’obtenir des investissements publics parce que les sources
de financement n’existent pas au niveau national.
Le
Parlement européen et la Commission voulaient tous deux davantage de ressources.
Nous nous sommes battus ensemble pour cela. Mais même en l’état, le budget de
l’UE pour une seule année représente davantage d’argent (aux prix actuels) que
l’intégralité du plan Marshall à l’époque ! Assurons-nous maintenant que les
programmes puissent commencer le 1er janvier 2014, que les résultats soient
visibles sur le terrain et que nous exploitions les possibilités offertes par
les financements innovants, qu’il s’agisse des instruments que nous avons déjà
mis en place, des fonds de la BEI ou des emprunts obligataires pour le
financement de projets.
Nous
devons concrétiser l’engagement que nous avons souscrit en juillet. En ce qui
concerne la Commission, nous y parviendrons. Nous présenterons par exemple le
deuxième budget rectificatif pour 2013 ce mois-ci encore. Il n’y a pas de temps
à perdre ; je vous mets donc en garde contre tout atermoiement. En particulier,
je demande instamment aux États membres de ne pas retarder le processus.
Je
ne pourrai assez insister sur ce point : les discours et les promesses ne
suffiront pas à convaincre les citoyens ; seule une série de réalisations
communes concrètes y parviendra. Nous devons montrer les nombreux domaines dans
lesquels l’Europe a réglé les problèmes des citoyens. L’Europe n’est pas la
cause des problèmes, l’Europe est une partie de la solution.
J’aborde
de manière plus approfondie ce qu’il nous reste à faire dans la lettre adressée
aujourd’hui au Président du Parlement européen, que vous avez également reçue.
Je n’entrerai pas ici dans les détails en ce qui concerne le programme pour
l’année prochaine.
Mon
propos aujourd’hui est clair : il reste beaucoup à accomplir ensemble avant les
élections. Il n’est pas l’heure de jeter l’éponge, mais de se retrousser les
manches !
Mesdames
et Messieurs les Députés,
Aucune
de ces réalisations n’est facile. Nous connaissons des temps difficiles, et
l’Union doit faire face à un véritable test de résistance. Le chemin qui mène à
des réformes permanentes et profondes est aussi éprouvant qu’inévitable. Ne
nous y trompons pas : nous ne pourrons pas revenir à la situation que nous
connaissions. Certains pensent que la crise passée, tout redeviendra comme au
bon vieux temps. Ils se trompent. Cette crise est différente. Il ne s’agit pas
d’une crise cyclique, mais d’une crise structurelle. Nous ne reviendrons pas à
la normale telle que nous la connaissions avant. Nous devons inventer une
nouvelle normalité. Nous nous trouvons à une époque charnière de l’histoire.
Nous devons le comprendre, et pas seulement le dire. Mais nous devons en tirer
toutes les conséquences, y compris pour notre état d’esprit et pour notre
réaction aux problèmes.
Nous
voyons d’après les premiers résultats que cela est possible.
Et
nous savons tous par expérience que cela est nécessaire.
Dans
l’état actuel des choses, la reprise étant fragile, le plus grand risque de
détérioration que je vois est de nature politique : un manque de stabilité et
un manque de détermination. Au cours des dernières années, nous avons constaté
que tout ce qui fait planer le doute sur l’engagement des gouvernements à
réformer est instantanément sanctionné. En revanche, des décisions fortes et
convaincantes ont un effet important et immédiat.
À
ce stade de la crise, le rôle des gouvernements est d’assurer la sécurité et la
prévisibilité qui font encore défaut aux marchés.
Vous
connaissez très certainement Juste Lipse, qui a donné son nom au bâtiment du
Conseil à Bruxelles. C’était un humaniste très influent du XVIe siècle, auteur
d’un ouvrage majeur intitulé Traité de la constance.
«
La constance », écrivait-il, « est la force inébranlable d’un esprit droit qui
ne se laisse exalter ni abattre par les choses extérieures ou fortuites. »
Seule une « fermeté établie dans l’esprit », précisait-il, « par le jugement et
la droite raison » peut vous aider en ces moments préoccupants empreints de
confusion.
J’espère
que dans les moments difficiles que nous connaissons, nous saurons tous, y
compris les représentants des gouvernements qui se rencontrent au Juste Lispe,
faire preuve de cette détermination et de cette persévérance lorsqu’il faudra
mettre en œuvre les décisions qui ont été prises. En effet, l’un des défis à
relever est de nous montrer cohérents : il ne s’agit pas seulement de prendre
des décisions, encore faut-il pouvoir les mettre en œuvre sur le terrain.
Mesdames
et Messieurs les Députés,
Il
est parfaitement naturel qu’au cours des dernières années, nos efforts pour
surmonter la crise économique aient occulté tout le reste.
Mais
notre idée de l’Europe doit aller bien au-delà de l’économie. Nous sommes bien
plus qu’un marché. L’idéal européen touche aux fondements mêmes de la société
européenne. Il s’agit de valeurs, et je souligne ce terme : valeurs. Cet idéal
repose sur un profond attachement à des normes politiques, sociales et
économiques, ancrées dans notre économie sociale de marché.
Dans
le monde d’aujourd’hui, l’action au niveau de l’UE est indispensable pour
protéger ces normes et valeurs et promouvoir les droits des citoyens, qu’il
s’agisse de la protection des consommateurs ou des droits des travailleurs, des
droits de la femme ou du respect des minorités, des normes environnementales ou
de la protection des données et de la vie privée.
Qu’il
s’agisse de défendre nos intérêts dans le commerce international, d’assurer notre
approvisionnement énergétique ou de rétablir le sentiment d’équité au sein de
la population en luttant contre la fraude et l’évasion fiscales : ce n’est
qu’en agissant en tant qu’Union que nous assumerons notre part de
responsabilité sur la scène mondiale.
Qu’il
s’agisse d’essayer de donner un effet maximal à l’aide humanitaire et au
développement que nous apportons aux pays en développement, de gérer nos
frontières extérieures communes ou de mettre en place en Europe une politique
de sécurité et de défense forte : ce n’est qu’en approfondissant notre
intégration que nous pourrons réellement atteindre ces objectifs.
Il
n’y a pas l’ombre d’un doute. Notre cohérence interne et notre poids sur la
scène internationale sont indissociables. Notre attractivité économique et la
dynamique politique qui nous anime sont fondamentalement liées.
Qui
pourrait sérieusement penser que, si l’euro s’était effondré, nous ou nos États
membres aurions conservé une quelconque crédibilité sur la scène internationale
?
Souvenons-nous
comment l’élargissement a permis de guérir les plaies profondes de notre
histoire et d’établir la démocratie là où nul n’aurait pensé que cela fût
possible. Ou comment la politique de voisinage a été et reste le meilleur moyen
d’assurer la sécurité et la prospérité dans des régions d’une importance
capitale pour l’Europe. Où serions-nous aujourd’hui sans tout cela ?
Aujourd’hui,
des pays comme l’Ukraine sont plus que jamais demandeurs de liens plus étroits
avec l’Union européenne, attirés par notre modèle économique et social. Nous ne
pouvons pas leur tourner le dos. Nous ne pouvons accepter les tentatives visant
à limiter les choix souverains de ces pays. Le libre arbitre et le libre
consentement de chacun doivent être respectés. Ce sont également les principes
qui sont à la base de notre partenariat oriental, que nous voulons faire
progresser lors de notre sommet de Vilnius.
Souvenons-nous
à quel point l’Europe a souffert de ses guerres au cours du siècle dernier, et
comment l’intégration européenne a été la réponse valable.
L’année
prochaine, il y aura cent ans que la Première Guerre mondiale a éclaté. Une
guerre qui, de Sarajevo aux plaines de la Somme, a déchiré notre continent. Ne
considérons jamais la paix comme un acquis ! Rappelons-nous que c’est grâce à
l’Europe que les ennemis d’hier sont assis à la même table et travaillent
ensemble aujourd’hui. C’est uniquement parce qu’on leur a offert une
perspective européenne que même la Serbie et le Kosovo sont désormais parvenus
un accord, sous la médiation de l’Union.
Le
prix Nobel de la Paix que nous avons reçu l’an dernier nous a rappelé cette
réussite historique : l’Europe est un projet de paix.
Nous
devrions en avoir davantage conscience nous-mêmes. Quelquefois je me dis que
nous ne devrions pas craindre d’être fiers. Pas arrogants. Mais plus fiers.
Nous devons regarder vers l’avenir, mais avec la sagesse que nous avons acquise
dans le passé.
Que
les choses soient claires pour toutes celles et tous ceux qui se réjouissent
des difficultés de l’Europe et souhaitent détricoter notre intégration et
revenir à l’isolement : nos concitoyens ne veulent pas, et ne méritent pas, un
retour à l’Europe d’avant l’intégration, à l’Europe des divisions, à l’Europe
de la guerre, à l’Europe des tranchées. Jamais dans son histoire notre
continent n’a connu si longue période de paix que depuis la création de la
Communauté européenne. Il est de notre devoir de la préserver et de la
consolider.
Mesdames
et Messieurs les Députés,
C’est
justement forts de nos valeurs que nous essayons de trouver une solution à la
situation insupportable de la Syrie, qui, au cours des derniers mois, a mis à
rude épreuve la conscience du monde. L’Union européenne a été à la pointe de
l’aide humanitaire internationale, en mobilisant près de 1,5 milliard d’euros,
dont 850 millions proviennent directement du budget de l’Union. La Commission
fera tout ce qui est en son pouvoir pour aider le peuple syrien et les réfugiés
syriens dans les pays voisins.
Nous
avons récemment assisté à des événements que nous pensions appartenir à une
époque révolue depuis longtemps. L’utilisation d’armes chimiques est un acte
ignoble qui appelle la condamnation la plus ferme et une réponse vigoureuse. La
communauté internationale, rassemblée au sein de l’ONU, porte la responsabilité
collective de sanctionner ces actes et de mettre un terme à ce conflit. La
proposition de démanteler l’arsenal chimique syrien est une évolution
prometteuse. Le régime syrien doit maintenant prouver sa volonté de mettre en
œuvre ce démantèlement sans délai. En Europe, nous pensons qu’en définitive,
seule une solution politique offrira une bonne chance d’assurer la paix durable
que le peuple syrien mérite.
Mesdames
et Messieurs les Députés,
D’aucuns
affirment qu’une Europe plus faible rendrait leur pays plus fort, que l’Europe
est un fardeau ; qu’ils s’en sortiraient mieux sans elle.
À
ceux-là je dis sans détour : nous avons tous besoin d’une Europe unie, forte et
ouverte.
Le
débat en cours dans toute l’Europe se résume, en définitive, à la question
suivante : Voulons-nous améliorer l’Europe, ou y renoncer ?
Ma
réponse est claire : engageons-nous !
Si
l’Europe ne vous plaît comme elle est, améliorez-la !
Trouvez
des moyens de la rendre plus forte sur le plan intérieur et international, et
je serai votre meilleur soutien. Trouvez des moyens d’assurer la diversité sans
créer de discriminations, et je serai toujours à vos côtés.
Mais
ne vous détournez pas de l’Europe !
Je
le reconnais : comme toute entreprise humaine, l’Union européenne n’est pas
parfaite.
Par
exemple, les controverses sur la répartition des tâches entre les niveaux
national et européen ne seront jamais définitivement closes.
J’attache
beaucoup d’importance à la subsidiarité. Pour moi, la subsidiarité n’est pas un
concept technique. C’est un principe démocratique fondamental. Une union sans
cesse plus étroite entre les citoyens européens exige que les décisions soient
prises de manière aussi transparente que possible et au niveau le plus proche
possible des gens.
Tous
les problèmes ne doivent pas être réglés au niveau européen. L’Europe doit se
concentrer sur les domaines où elle peut apporter une valeur ajoutée maximale.
Lorsque cela n’est pas le cas, elle ne devrait pas intervenir. L’Union
européenne doit être très visible sur les grands enjeux, plus discrète sur les
questions de moindre importance ; c’est là quelque chose que nous avons
peut-être parfois négligé par le passé. L’UE doit montrer qu’elle a la capacité
de fixer des priorités à la fois positives et négatives. Comme tout gouvernement,
nous devons veiller en particulier à la qualité et à la quantité des règles que
nous adoptons, car, pour citer Montesquieu, « les lois inutiles affaiblissent
les lois nécessaires ».
Mais
il y a, Mesdames et Messieurs les Députés, des domaines d’importance majeure où
l’Europe doit être plus intégrée et plus unie. Où seule une Europe forte peut
donner des résultats.
Je
suis convaincu que l’union politique
doit être notre cap, comme je l’ai souligné devant vous dans cet hémicycle il y
a un an. Ce n’est pas seulement la demande d’un Européen passionné. C’est la
voie à suivre indispensable pour consolider les progrès accomplis et assurer
l’avenir.
Car
en fin de compte, la solidité de nos politiques, et notamment de l’Union
économique et monétaire, dépend de la crédibilité de la structure politique et
institutionnelle sur laquelle elle repose.
C’est
pourquoi, dans son Projet détaillé pour une Union économique et monétaire
véritable et approfondie, la Commission a présenté non seulement les
caractéristiques économiques et monétaires de ce projet, mais aussi les
impératifs, les possibilités et les limites d’un approfondissement de notre
cadre institutionnel à moyen et long termes. La Commission poursuivra ses
efforts pour mettre en œuvre son projet détaillé, pas à pas, étape après étape.
Et
je confirme, comme je l’ai annoncé l’année dernière, que nous avons l’intention
de présenter, avant les élections européennes, de nouvelles idées sur l’avenir
de l’Union et sur la meilleure manière de consolider la méthode et l’approche
communautaire à long terme. Ainsi, ces idées pourront faire l’objet d’un
véritable débat européen. Nous y définirons les principes et orientations
nécessaires à une véritable union politique.
Mesdames
et Messieurs les Députés,
Nous
ne pourrons relever les défis actuels qu’en renforçant le consensus sur les
objectifs fondamentaux.
Sur
le plan politique, nous ne devons pas nous laisser diviser par les différences
entre les pays de la zone euro et ceux qui n’en font pas partie, entre ceux du
centre et ceux de la périphérie, entre ceux du nord et ceux du sud, ou entre
ceux de l’est et ceux de l’ouest. L’Union européenne doit rester un projet pour
tous ses membres, une communauté de membres égaux.
Sur
le plan économique, l’Europe a toujours contribué à réduire les écarts entre
les pays, les régions et les peuples. Et cela doit continuer. Nous ne pouvons
pas faire le travail des États membres à leur place. Cette responsabilité reste
la leur. Mais nous pouvons et nous devons la compléter par la responsabilité et
la solidarité européennes.
C’est
pourquoi le renforcement de la dimension sociale, avec l’aide de nos
partenaires sociaux, sera une priorité dans les mois à venir. Le 2 octobre, la
Commission présentera sa communication sur la dimension sociale de l’Union
économique et monétaire. La solidarité est l’un des éléments qui donnent tout
son sens à l’Europe, et dont il y a lieu d’être fier.
La
sauvegarde de ses valeurs, telles que l’État de droit, a toujours été la raison
d’être de l’Union européenne, depuis ses commencements jusqu’aux dernières étapes
de son élargissement.
Dans
le discours sur l’état de l’Union de l’an dernier, à un moment où l’État de
droit était mis en cause au sein même de nos États membres, j’ai souligné la
nécessité de trouver une voie médiane entre, d’une part, la persuasion
politique et les procédures d’infraction ciblées, et, d’autre part, ce que j’ai
appelé l’option « nucléaire » prévue à l’article 7 du traité, à savoir la
suspension des droits d’un État membre.
L’expérience
a confirmé toute l’utilité de la Commission dans son rôle d’arbitre indépendant
et impartial. Nous devons consolider cette expérience en adoptant un cadre plus
général, fondé sur le principe d’égalité entre États membres, et qui ne serait
activé, en fonction de critères prédéfinis, que dans les situations où une
menace grave et systémique planerait sur l’État de droit.
La
Commission va présenter une communication à ce sujet. Je pense qu’il s’agit
d’un débat essentiel pour notre vision de l’Europe.
La
souveraineté nationale et la démocratie n’en seront pas amoindries pour la cause.
Mais nous avons vraiment besoin d’un mécanisme européen robuste qui fasse
bouger les lignes lorsque des principes fondamentaux communs sont en jeu.
Il
est des valeurs non négociables que l’Union et ses États membres doivent
toujours défendre et défendront toujours.
Mesdames
et Messieurs les Députés,
La
polarisation que la crise a entraînée est une menace pour nous tous et pour le
projet européen.
Nous,
les représentants politiques légitimes de l’Union européenne, pouvons inverser
la tendance. Vous, les représentants démocratiques d’Europe, directement élus,
serez aux avant-postes du débat politique. Ma question est la suivante : quelle
image de l’Europe sera présentée aux électeurs ? La version sincère, ou la
version caricaturale ? Les mythes ou les faits ? La version honnête et
raisonnable, ou la version extrême et populiste ? La différence est importante.
Je
sais qu’il y aura des gens pour dire que c’est l’Europe qui est responsable de
la crise et des dures épreuves qu’elle a engendrées.
Mais
nous pouvons rappeler que ce n’est pas l’Europe qui est à l’origine de cette
crise : celle-ci a été provoquée par la mauvaise gestion des finances publiques
par les gouvernements nationaux et par des comportements irresponsables sur les
marchés financiers.
Nous
pouvons expliquer comment l’Europe a travaillé à résoudre la crise. Ce que nous
aurions perdu si nous n’étions pas parvenus à maintenir le marché unique, qui
était menacé, et la monnaie commune, dont certains prédisaient la fin. Ou si
nous n’avions pas coordonné les efforts de relance et les initiatives pour
l’emploi.
Certains
diront que l’Europe force les gouvernements à réduire les dépenses.
Toutefois,
nous pouvons rappeler aux électeurs que les dettes publiques avaient déjà
largement dérapé avant la crise, non pas à cause de l’Europe, mais malgré elle.
Nous pouvons ajouter que si nous relâchons nos efforts maintenant, ce seront
les personnes les plus fragiles de nos sociétés, ainsi que nos enfants, qui
finiront par en payer le prix. La vérité, c’est que les pays de la zone euro
comme ceux qui n’en font pas partie, les pays d’Europe comme ceux du reste du
monde, font des efforts pour réduire le lourd fardeau qui pèse sur leurs
finances publiques.
Certains
feront campagne en disant que nous avons donné trop d’argent aux pays
vulnérables. Certains feront campagne en disant que nous leur en avons donné
trop peu.
Toutefois,
chacun d’entre nous pourra expliquer ce que nous avons fait et pourquoi nous
l’avons fait : il y a un lien direct entre les emprunts d’un pays et les
banques d’un autre, entre les investissements d’un pays et les entreprises d’un
autre, entre les travailleurs d’un pays et les sociétés d’un autre. Cette
interdépendance fait que seules les solutions européennes sont efficaces.
Mon
propos est le suivant : lorsqu’on est dans un même bateau, on ne peut pas dire
: « le bateau coule de ton côté ». Nous étions dans le même bateau quand la
situation était favorable, et nous y sommes toujours maintenant qu’elle est
difficile.
Certains
pourraient faire campagne en disant que l’Europe s’est arrogé trop de pouvoir.
D’autres prétendront que l’Europe fait toujours trop peu, trop tard. Il est
intéressant de relever que ce sont parfois les mêmes qui disent que l’Europe
n’en fait pas assez et qui refusent de lui donner les moyens nécessaires.
Mais
nous pouvons expliquer que l’Europe s’est vu confier ses tâches et ses
compétences par les États membres. L’Union européenne n’est pas une puissance
étrangère. Elle résulte de décisions démocratiques prises par les institutions
européennes et les États membres.
Cependant,
nous devons reconnaître que dans certains domaines, l’Europe n’a toujours pas
le pouvoir de faire ce qu’on lui demande. Ceux - et ils sont nombreux - qui
aiment attribuer les échecs à l’Europe et les succès aux États nationaux
l’oublient bien trop facilement. Au bout du compte, ce que nous avons, tout
comme ce que nous n’avons pas, est le fruit d’un processus décisionnel
démocratique. Et je pense que nous devons le rappeler aux citoyens.
Mesdames,
Messieurs,
Monsieur
le Président,
Mesdames
et Messieurs les Députés,
J’ose
croire que le Parlement européen relèvera ce défi avec tout l’idéalisme qui
l’anime, et avec autant de réalisme et de détermination que les circonstances
actuelles l’exigent.
Les
arguments sont connus.
Les
faits sont connus.
L’ordre
du jour a été exposé.
Dans
8 mois, les électeurs décideront.
Aujourd’hui,
c’est à nous qu’il appartient de plaider pour l’Europe.
Nous
pouvons le faire en utilisant les huit mois qui viennent pour prendre autant de
mesures que possible. Il nous reste beaucoup à faire.
Nous
devons notamment adopter et mettre en œuvre le budget européen, le cadre
financier pluriannuel, crucial pour les investissements dans toutes les régions
d’Europe. C’est indispensable pour affronter la première de nos priorités : la
lutte contre le chômage, et en particulier contre le chômage des jeunes.
Nous
devons également faire progresser et mettre en œuvre l’union bancaire. C’est
essentiel pour régler le problème du financement des entreprises et des PME.
Voici
nos priorités claires : l’emploi et la croissance.
Notre
travail n’est pas terminé. Il entre dans une phase décisive.
En
effet, Mesdames et Messieurs les Députés, l’enjeu des élections ne sera pas
seulement le Parlement européen. Ni la Commission. Ni le Conseil. Ni telle ou
telle personnalité.
C’est
l’Europe elle-même qui sera au cœur de ce scrutin.
C’est
ensemble que nous serons jugés.
Dès
lors, travaillons ensemble - pour l’Europe.
Avec
passion et détermination.
Ne
l’oublions pas : il y a 100 ans, l’Europe s’est laissée entraîner dans l’abîme de la guerre de
1914.
L’an
prochain, en 2014, j’espère la voir sortir de la crise plus unie, plus forte et
plus ouverte.
Merci
pour votre attention.
José
Manuel Durao Barroso
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