Première conférence de Presse :
Deuxième conférence de Presse :
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Script Première conférence de Presse :
LE PRESIDENT – « Bonsoir, ce Conseil européen a été marqué par trois questions.
La première, sur la question posée à la suite des révélations, sur
les surveillances, les interceptions que « l’affaire SNOWDEN » a mises à
jour. La seconde question qui a été débattue est celle du numérique,
c’est-à-dire l’objet même de ce Conseil européen, en tout cas pour cette
première journée. La troisième question, c’est l’Union bancaire sur
laquelle une conclusion importante a été adoptée.
Je reviens sur chacun de ces points. Le premier, c’est qu’il y a des
comportements et des pratiques qui ne peuvent pas être acceptés. Quand, à
un certain niveau et avec cette ampleur, des surveillances sont
pratiquées, en l’occurrence par les services américains, et qui peuvent
concerner tous les citoyens y compris un certain nombre des dirigeants
européens, il y a un coup d’arrêt à porter et il y a des clarifications à
exiger.
C’est ce qu’on fait les Européens ce soir, et de manière unanime, en
considérant qu’il y avait, avec notre allié américain, un certain nombre
de réponses qui devaient être obtenu. Ce soir, il y a eu une initiative
franco-allemande pour, d’une part, provoquer ce débat qui s’imposait ;
et pour faire avancer, de plusieurs manières, la cause des libertés.
Certes, je suis le premier à souhaiter que les services secrets ou
les dispositifs de sécurité soient pleinement mobilisés pour lutter
contre le terrorisme. Mais, je suis également convaincu avec les
Européens de la nécessité de protéger les libertés individuelles et les
droits fondamentaux.
A partir de là, il faut d’abord un code de bonne conduite entre
Européens. Nous devons nous-mêmes être au clair et ne pas pratiquer ce
que nous reprochons à d’autres. Donc, entre Européens, un code de bonne
conduite doit être établi entre les services concernés.
Ensuite, la France et l’Allemagne prendront l’initiative de provoquer
une discussion avec les Américains pour établir un cadre commun de
coopération et de clarification, d’ici la fin de l’année. Les Européens
qui voudront se joindre à nous seront les bienvenus. Pour être plus
précis, nous allons donc faire en sorte qu’entre les services, il puisse
y avoir non seulement la clarification sur le passé, mais
l’établissement de règles pour l’avenir. C’est ce que j’appelle le cadre
commun de coopération.
La France et l’Allemagne sont unies dans cette démarche. Elle n’est
pas exclusive, elle vise à associer d’autres pays européens qui
voudraient, avec nous, obtenir ce cadre commun.
Il y a eu un groupe de travail européen qui avait été mis en place
dès la révélation de « l’affaire SNOWDEN », en même temps que s’ouvrait
d’ailleurs, la négociation commerciale avec les Américains. Il a été
rappelé ce soir, tous les Européens l’ont fait, et ce sera d’ailleurs
une conclusion du Conseil européen, que ce groupe de travail devait
accélérer encore ces démarches avec les alliés américains. De manière à
ce que cela porte sur le passé et que tous les éléments puissent être
connus.
C’est un sujet qui ne va pas cesser d’interpeler car nous savons
qu’il y aura d’autres révélations. Chaque jour en apporte son lot.
Plutôt que d’attendre ce que la presse prépare, à partir des documents «
SNOWDEN », il convient d’engager tout de suite des procédures.
Au niveau franco- allemand, cela sera fait. Et au niveau européen, ce
groupe qui avait été établi au lendemain de la révélation de l’affaire,
sera une nouvelle fois réactivé. Il y a une obligation de résultats,
parce que la confiance est essentielle entre alliés. Si nous voulons
travailler en bonne compréhension, avec le même souci de lutter contre
le terrorisme et de permettre la sécurité de nos concitoyens, nous
devons avoir des règles. Cela vaut pour chacun des pays, cela vaut pour
l’Europe, cela vaut pour les Etats-Unis.
Finalement, ces révélations « SNOWDEN » peuvent être utiles,
puisqu’elles permettront d’avoir, à la fois, plus d’efficacité dans
l’action des services et plus de protection des libertés des citoyens.
Voilà le premier point qui a été évoqué dans ce Conseil et qui devait l’être.
Le second, c’est l’économie numérique, et ce qu’elle représente pour
l’avenir de l’Europe. C’est un enjeu de création d’emplois, c’est un
enjeu de croissance, là aussi, c’est un enjeu de bien-être pour les
citoyens européens. La France avait des propositions et elle se
reconnait dans les conclusions.
Cinq objectifs :
Le premier : c’est de faire en sorte que nous ayons un marché unique
du numérique. C’est-à-dire que nous puissions décloisonner et éviter une
fragmentation. Avec une ambition technologique qui est de prendre de
l’avance sur ce que l’on appelle l’informatique en nuage, « Cloud
computing », et sur le traitement massif des données, « le big data ».
Deuxième objectif qui a été atteint : avoir une réglementation en
matière de protection des données, c’est-à-dire justement, permettant à
nos concitoyens d’être en sécurité par rapport à l’usage du numérique.
Une date a été fixée, l’échéance donnée, fin 2014, début 2015, le cadre
réglementaire doit être fixé.
Troisième objectif, là-encore que nous avions posé et qui se retrouve
dans le communiqué final : c’est que l’internet doit être ouvert aux
innovations. Il faut ouvrir le jeu et donc tous les principes
d’ouverture de non-discrimination, d’interopérabilité, de portabilité
ont été actés. Ce qui permettra d’avoir une dynamique pour l’économie
numérique.
Quatrième point qui nous tenait particulièrement à cœur : la
fiscalité. Harmonisation des règles fiscales en Europe sur le numérique
mais aussi lutte contre l’optimisation fiscale. Un groupe d’experts va
être mis en place. Au mois de décembre, nous aurons l’occasion déjà d’en
faire une première évaluation.
Enfin, le dernier enjeu : c’est celui de l’emploi. Il y a des
perspectives très fortes en matière de création d’emplois. Faut-il
encore qu’il y ait des formations. Cela vaut pour un pays comme la
France, cela vaut pour toute l’Europe. Les fonds européens doivent être
utilisés pour les actions de formation, aussi bien pour l’éducation que
pour la formation professionnelle.
Troisième point qui mérite d’être salué dans le travail du Conseil
européen, c’est l’Union bancaire. L’Union bancaire a été précisée dans
son calendrier et a été encore améliorée dans ses procédures.
D’abord, le mécanisme de supervision a été adopté dans son texte
juridique. La Banque centrale européenne va maintenant procéder à la
revue des actifs des banques, « les stress test ». Le président de la
Banque centrale européenne a défini la méthodologie, les filets de
sécurité – dans le jargon « les Backstops » – nationaux et européens
sont en place ou devront l’être. Et nous pourrons rentrer dans la voie
de la résolution unique.
Un accord devra être trouvé d’ici décembre pour que le mécanisme de
résolution puisse être conclu avant la fin de la législature du
Parlement européen actuel, c’est-à-dire avant les élections du mois de
mai. Là-encore, il y a eu un bon compromis, entre la France et
l’Allemagne, sur ce calendrier et sur cette procédure. Nous pouvons
avoir la supervision et la résolution avec un calendrier qui nous permet
d’assurer l’effectivité et donc la crédibilité.
Sur la coordination des politiques économiques, le Conseil européen a
également débattu, notamment de la dimension sociale de l’Union
économique et monétaire. C’était aussi une proposition française et nous
aurons l’occasion d’en débattre de nouveau, notamment sur la directive «
détachement » et également sur la perspective d’un salaire minimum en
Europe. Mais nous n’en sommes pas encore là.
Voilà, moi, ce que je retiens du Conseil européen. C’était un Conseil
dont l’objet essentiel était le numérique. Demain, il y aura la
question qui s’est également imposée avec la tragédie que l’on appelle «
Lampedusa » et qui n’est pas la première. Mais là, le Conseil européen a
montré que l’Europe pouvait être unie pour répondre à des défis qui lui
sont posés. C’est vrai sur la zone euro : depuis déjà un certain nombre
de mois et nous avons progressé ; c’est vrai également sur la
protection des libertés, l’exigence de sécurité et, en même temps, le
respect que l’Europe doit susciter, y compris de son allié – surtout de
son allié américain !
Je suis prêt à répondre à vos questions ».
QUESTION – « Monsieur le Président, concernant la multiplication des
révélations sur les pratiques américaines, est-ce que quand vous dites «
On va marquer un coup d’arrêt », est-ce que cela veut dire uniquement
l’initiative franco-allemande, et une discussion avec les américains sur
ce qui s’est passé et clarification ? Est-ce que cela ne va pas au-delà
? Est-ce, par exemple, ce qu’a demandé Martin SCHULZ, de faire une
pause dans les négociations sur l’accord de libre-échange ? Comment
l’interprétez-vous ? Comment réagissez-vous ? »
LE PRESIDENT – « Il y a plusieurs procédures et plusieurs objectifs.
La première procédure, c’est de savoir exactement ce qui s’est passé.
Cela était déjà lancé avec ce groupe de travail européen qui avait été
mis en place en même temps que s’ouvrait la négociation commerciale. Ce
groupe de travail doit être de nouveau conforté compte-tenu de ce que
l’on sait à partir des informations de presse, qui reprennent les «
documents SNOWDEN ». Cela, c’est pour le passé.
L’initiative franco-allemande va bien au-delà du passé : c’est fixer
un cadre commun pour les fonctionnements des services et pour leur
pratique. Cela doit se faire d’ici la fin de l’année. Si rien
n’aboutissait d’ici la fin de l’année – mais je ne me place pas dans
cette hypothèse, puisque Barack OBAMA lui-même a convenu qu’il devait y
avoir non seulement, clarification sur le passé mais établissement de
règles pour l’avenir – alors nous aurions à prendre un certain nombre de
dispositions. Nous n’en sommes pas là.
Maintenant, c’est la question de la confiance qui est posée.
C’est-à-dire : vérité sur le passé, et règles de conduite pour l’avenir
».
QUESTION – « Monsieur le Président, la vérité sur la passé
dites-vous… Le quotidien britannique The Guardian, explique que dans son
édition de demain, que 35 chefs d’Etat ont été écoutés par les services
américains. Est-ce que vous disposez d’informations vous permettant de
dire que vous-même avez fait l’objet d’une surveillance téléphonique,
comme la Chancelière Angela MERKEL ? »
LE PRESIDENT – « Non, je n’ai pas d’éléments d’informations. Cela
peut viser des dirigeants qui m’ont précédé… The Guardian ne donne pas
les noms, donc je ne peux pas faire de commentaires. Mais ce qui est en
cause, ce n’est pas de savoir si tel ou tel dirigeant a été
éventuellement surveillé, c’est de savoir quelle était l’ampleur du
système. Parce que ce système concerne des dirigeants, mais également
des entreprises et des citoyens. On parle de millions et de millions de
communications qui ont pu être connues ou en tout cas surveillées.
C’est un enjeu qui dépasse simplement les relations que l’on pourrait
avoir, j’allais dire, d’Etat à Etat. C’est un problème majeur et c’est
pourquoi il convient de savoir. C’est pour cela qu’entre Français et
Américains, dans le cadre d’une coopération bilatérale, nous avons
demandé à pouvoir disposer des documents qui sont révélés. Mais cela ne
concerne que la relation franco-américaine. Nous, nous voulons connaître
ce que la presse sait déjà. Et qu’elle va continuer à publier
j’imagine, à partir des documents dit « SNOWDEN ». Donc, nous demandons à
la partie américaine de nous fournir ce que la presse a déjà.
Je pense que c’est l’intention, telle est en tout cas la réponse que
j’ai eu de Barack OBAMA, des Américains. Mais, nous ne devons pas
simplement régler le passé, il convient justement d’engager une
discussion avec les Américains, et pas seulement les Français. Les
services voudront avoir cette bonne règle de conduite pour que nous ne
revivions pas ce qui s’est produit.
Pour ce qui me concerne, je n’ai pas d’information, si vous en avez, je ne doute pas que vous les publierez ».
QUESTION – « Monsieur le Président, vous avez évoqué à maintes
reprises le chainon manquant dans cette histoire, tout en le saluant,
qui est M. SNOWDEN lui-même. Le Front National a proposé il y a quelques
jours, par la bouche de M. PHILIPPOT, de lui accorder le droit d’asile
en Europe. Les Verts européens, il y a quelques semaines, avaient
proposé qu’il soit nommé pour le « Prix Sakharov ». Est-ce que demain,
dans les conclusions du sommet vous allez saluer d’une manière ou d’une
autre ce lanceur d’alerte citoyen ? Et est-ce que les européens réunis
ici, peuvent faire un geste ? »
LE PRESIDENT – « Non, il ne s’agit pas de cela. Ce cas-là a été posé
au moment où lui-même, lançait au-delà des alertes, des demandes.
Aujourd’hui, il est en Russie. Cela n’a pas empêché la transmission
d’informations à travers des intermédiaires.
Il y a une procédure judiciaire qui est engagée, venant des
Etats-Unis contre SNOWDEN. Nous avons un accord avec les Etats-Unis, je
ne pense pas que ce soit la bonne méthode de se déterminer par rapport à
SNOWDEN. Nous, nous constatons les informations. Ce qui compte
aujourd’hui, c’est d’avoir la certitude que cela ne se reproduira plus.
Voilà pourquoi je me bats et voilà pourquoi, avec Angela MERKEL, nous
avons pris cette initiative ce soir. Faire en sorte que non seulement
nous puissions établir ce qui s’est passé, obtenir des informations,
mais surtout, tout faire pour que les règles de bonne conduite puissent
être établies.
C’est un point très important. Parce que qu’est ce qui est en cause ?
C’est de préserver notre relation avec les Etats-Unis. Nous sommes des
alliés, cette relation nous y tenons les uns et les autres, Américains
et Européens, Américains et Français. Elle ne doit pas être altérée par
ce qui s’est produit. Mais pour qu’elle ne le soit pas, il faut que la
confiance puisse être établie, puisse être même, renforcée. On ne
s’espionne pas entre alliés. Au nom même de la relation entre les
Européens et les Américains ou entre la France et les Etats-Unis, nous
devons tout faire pour que justement la confiance puisse être établie.
Mais il y a un deuxième enjeu, c’est de préserver les capacités du
renseignement, des services. Nous ne sommes pas des naïfs. Nous ne
sommes pas dans un monde où il n’y aurait que des gens qui voudraient
notre bien. Il arrive même que des gens veuillent notre mal. Donc, à
partir de là, il y a des risques pour notre population, en Europe, aux
Etats-Unis, partout dans le monde. Il faut que nous ayons des services
efficaces. Il faut que nous puissions lutter contre le terrorisme. Et,
il est très important qu’il n’y ait pas de doute sur la capacité de ces
services, mais en même temps qu’il n’y ait pas de suspicion par rapport
aux libertés. Plus nous protégerons les libertés, plus il sera possible
d’avoir des services efficaces ».
QUESTION – « Vous avez parlé du besoin d’un cadre, mais il existe déjà un cadre entre les pays anglophones ? »
LE PRESIDENT - « Oui ».
QUESTION - « Est-ce que vous voulez faire partie de ce cadre ou
est-ce que vous parlez de quelque chose de complètement différent ?
Est-ce que je peux poser une deuxième question sur l’union bancaire ?
Vous avez parlé d’un bon compromis entre la France et l’Allemagne, mais
sachant qu’aujourd’hui, vous avez seulement vérifié le calendrier qui
existait déjà… Je ne sais pas si vous parlez d’un compromis ce soir ou
des compromis du passé ? »
LE PRESIDENT - « Vous évoqué d’abord ce qui existe entre certains
pays britannique, australien, le groupe des cinq et les Etats-Unis…
C’est à eux d’avoir des règles. J’imagine que ces pays en ont. Mais nous
ne sommes pas dans ce cadre-là. Nous ne tentons pas de l’être. La
France est un pays qui a une alliance qui est dans l’Europe. C’est un
pays et j’insiste beaucoup là-dessus, indépendant dans ses décisions,
dans ses choix. Donc, ce que nous avons à faire avec les Américains, sur
le plan bilatéral, c’est d’avoir ces informations sur le passé et dans
un cadre qui peut être, au-delà du bilatéral, avec les Allemands et avec
ceux qui voudront bien nous joindre pour avoir des règles de conduite
pour l’avenir.
Sur le second point, l’Union bancaire, c’était très important de
pouvoir ensemble dire que maintenant la supervision est arrivée à un
niveau juridique – le texte est prêt ; la Banque centrale européenne
pourra procéder aux vérifications des banques et que les filets de
sécurité existent et pourront intervenir. A ce moment-là, nous pourrons
passer à la suite, à la résolution unique. Avec la confirmation que
cela se fera dans le premier semestre 2014 pour le principe même de ce
mécanisme. Donc, je considère que ce qui vient de se passer ce soir,
c’est à la fois une confirmation et en même temps un engagement. L’Union
bancaire est un processus maintenant irréversible ».
QUESTION - « Monsieur le Président, je voudrais prolonger la
question de mon confrère du Monde. Vous dites qu’il faut que la
confiance soit établie. Vous n’avez pas d’éléments concernant le fait
que vous-même avez été écouté. Est-ce que vous avez pris des précautions
particulières concernant votre téléphone personnel que toute la presse
sait que vous continuez à utiliser ? Pardon de cette indiscrétion ».
LE PRESIDENT - « Ce n’était pas une indiscrétion. Vous avez
parfaitement le droit et même le devoir de poser la question. J’utilise
un téléphone heureusement. Je ne suis pas revenu à l’âge de pierre et
même, sans aller jusqu’à l’âge de pierre, je ne communique pas par le
morse par exemple ou par tout autre mécanisme… Ce n’est pas parce qu’il y
a des risques d’interception, de surveillance, qu’il faudrait revenir à
d’autres modes de communication qui d’ailleurs pourraient être
eux-mêmes surveillés. Donc, nous avons pris toutes les dispositions, dès
mon arrivée aux responsabilités pour que, en ayant un téléphone, il
puisse être sécurisé. Ce n’est pas parce qu’on peut me joindre que la
conversation est surveillée ».
QUESTION – « Monsieur le Président, j’aurai deux questions. La
première par rapport aux données personnelles. Vous avez évoqué fin
2014, début 2015 pour le règlement… Est-ce que ce n’est pas un petit peu
tard puisque c’est après les élections européennes, alors que Viviane
REDING demande depuis très longtemps que cela soit fait et justement
avant les élections ? Pourquoi ce report de six mois après les élections
? »
LE PRESIDENT - « Pour la protection des données personnelles ? »
QUESTION – « Oui ».
LE PRESIDENT - « Que l’on soit bien clair. La protection des données
personnelles, c’était une volonté qui existait avant même les
révélations surprises, parce que l’Europe doit assurer à ses concitoyens
des règles de protection et de sécurité ».
QUESTION - « Mais pourquoi attendre ? »
LE PRESIDENT - « Ce qui était dans le communiqué tel qu’il était
prévu, c’était fin 2014. Nous avons toujours donné cette date ».
QUESTION – « Dans les projets de conclusions de début de semaine, c’était marqué printemps 2014… ».
LE PRESIDENT - « Il y a les élections européennes. Il faut un
mécanisme juridique qui soit accepté par tous. Il y a encore toujours
des réticences pour certains. Ce qui a été discuté et décidé ce soir,
c’est que fin d’année 2014, début 2015, la réglementation serait prise.
Certains voulaient plutôt une autre formule, prendre une réglementation
dans les prochains mois ou dans l’urgence. Moi, je préfère, plutôt que
ces formules qui ne signifient plus rien, avoir une date précise ».
QUESTION – « Et sur la recapitalisation directe des banques, est-ce
qu’a été évoqué avec la Chancelière Angela MERKEL l’accord de juin qui
est remis en cause aujourd’hui par l’Allemagne ? »
LE PRESIDENT - « Qui n’est pas remis en cause ! Mais pour l’instant,
nous devons aller vers le mécanisme de supervision et avec les filets
de sécurité. Une fois que nous aurons passé ce stade et que nous serons
dans la résolution unique, alors, il y aura cette question qui devra
être réglée avec la réponse que vous connaissez du côté français, la
recapitalisation ».
QUESTION - « Il y a quelques mois, le Monde a affirmé que la DGSE
avait déployé un système de surveillance équivalent à celui de la NSA
sur les échanges entre la France et l’étranger, un système qui sortirait
du cadre légal prévu pour les interceptions. Est-ce que oui ou non ce
système de surveillance existe ? »
LE PRESIDENT - « Nous, nous restons dans le cadre légal.
C’est-à-dire la CNIL nous a demandé, il y a plusieurs semaines, de
donner des informations. Le Premier ministre y répondra. De la même
manière que la délégation parlementaire du renseignement souhaite un
renforcement, nous y sommes prêts. Mais nous sommes dans le cadre légal.
Je ne voudrais pas qu’on laisse penser que, finalement, cette
pratique de prise serait générale. Donc, il y a un cadre légal, il doit
être respecté. Avec la CNIL, nous veillerons à utiliser toutes les
informations dans le respect de la loi ».
QUESTION – « Plusieurs experts disent « qui contrôle les équipements,
contrôle l’information ». Or, la plupart des équipements et des
technologies sont d’origine américaine. Alors que nous reste-t-il comme
arme pour demander aux Américains de respecter certains codes de bonne
conduite à notre égard ? »
LE PRESIDENT - « Je pense que ce n’est pas simplement la fabrication
des produits. Il y a des technologies de plus en plus raffinées, de
plus en plus massives. Donc, penser que c’est simplement parce que nous
aurions nous-mêmes le contrôle du produit que nous pourrions être
protégés d’éventuelles surveillances ou interceptions, ce serait une
illusion. Cela suppose, c’est le sens de la démarche que nous engageons,
que les services eux-mêmes, aient des règles de conduite.
La question n’est pas, comme on peut l’imaginer souvent dans
l’opinion, un problème d’information politique. Très franchement, il y a
suffisamment d’échanges entre chefs d’Etat pour qu’il n’y ait pas
beaucoup de secrets qui demeurent, surtout entre alliés. L’enjeu, il est
économique le plus souvent, parce que ces données ont un prix. Et
enfin, il est bien sûr sur les libertés, même si l’objectif est la lutte
contre le terrorisme et la sécurité. Il peut y avoir effectivement des
risques.
Ce que nous devons faire, c’est d’utiliser la technologie pour nous
protéger. C’est toute la question de la cybersécurité qui figure parmi
les objectifs de la loi de programmation militaire. Nous savons bien que
cela existe, donc c’est la cybersécurité qui doit assurer notre
protection mais en même temps, cela ne nous dispense pas d’avoir des
règles de bonne conduite entre alliés et amis ».
QUESTION – « Quelles sont ces règles de bonne conduite ? »
LE PRESIDENT - « C’est que l’on ne surveille pas et que l’on ne
contrôle pas, par exemple, les portables de personne que l’on rencontre
dans les sommets internationaux. Règles de bonne conduite, cela veut
dire que lorsque l’on veut procéder à des surveillances, on s’informe
mutuellement, cela peut arriver. Règles de bonne conduite, cela veut
dire que l’on ne stocke pas les informations qui peuvent mettre en cause
un certain nombre de libertés.
Voilà ce que sont les règles de bonne conduite, qui doivent aussi
assurer l’objectif, parce que nous sommes dans une monde dangereux, et
parce qu’il y a ces révélations dites « SNOWDEN », de ne pas d’un seul
coup baisser la garde. Cela serait une très grave responsabilité. Il n’y
a donc pas de naïveté à avoir, il faut assurer la sécurité et donc
faire des contrôles, faire des surveillances. C’est légitime, mais dans
un cadre qui doit être organisé au plan national et au plan européen.
C’est pour cela que j’ai dit qu’il fallait également avoir des règles de
bonne conduite entre Européens et, bien sûr, au plan des alliances ».
QUESTION – « Monsieur le Président, une question qui sort un tout
petit peu du cadre du Conseil européen mais qui parle de l’Europe, sur
l’offensive aujourd’hui au Mali, offensive importante dit-on. J’ai, en
fait, une double question : quel est son objectif ? On pouvait avoir
l’impression que la lutte sur le terrain était victorieuse de la part de
la France ; est-ce que ce n’est pas un premier signe de risque
d’enlisement au Mali ? »
LE PRESIDENT - « Nous n’avons jamais prétendu que notre
intervention allait faire disparaitre le terrorisme dans la région. Il
est installé au sud de la Libye, sans doute encore au nord du Niger,
parfois en Algérie, au sud de l’Algérie. Il n’a pas été vaincu par notre
simple intervention au Mali. Il a été abimé, il a été attaqué mais il
n’a pas disparu.
La meilleure preuve, c’est qu’il y a eu ces derniers jours des
attaques kamikazes qui ont fait plusieurs victimes notamment du côté des
forces tchadiennes. J’ai donc décidé qu’il y aurait, avec les forces
françaises encore présentes au Mali, plus de 2 500 soldats, et avec les
forces armées maliennes, une opération pour lutter contre les groupes
qui avaient attaqué à Tessalit.
Notre calendrier demeure. Il y a des élections législatives dans
quelques semaines au Mali et on voit bien l’objectif de ces terroristes :
c’est essayer de perturber ce scrutin. Nous faisons donc en sorte que
ces élections puissent être organisées en sécurité. Après nous devrons
diminuer notre présence et faire en sorte que la mission des forces des
Nations Unies puisse prendre le relais, ce qui est d’ailleurs largement
le cas, y compris dans l’intervention de ces dernières heures.
Nous aurons aussi à lutter contre le terrorisme par rapport à des
situations en Libye où il y a une forme de chaos qui s’est installé.
Même si les autorités légitimes font tout ce qu’elles peuvent, elles
sont assez désemparées. Nous devons donc coopérer et nous voyons bien
que cela a des conséquences, y compris sur le sujet dont on parlera
demain : celui des réfugiés.
Sur les indiscrétions, ou je ne sais quel mot il faut utiliser par
rapport à la situation de nos otages, vous connaissez là-dessus mes
principes. C’est de ne pas parler et de ne pas mettre en danger la vie
de nos otages. Donc les contacts – je l’ai dit déjà depuis plusieurs
semaines pour ne pas dire déjà plusieurs mois – nous les recherchons
pour obtenir leur libération. Il n’y a pas d’autres commentaires à faire
et tout ce qui vient comme cela interférer n’est jamais bon. Il y a
donc là un principe de responsabilité. J’ai vraiment ce devoir de tout
faire pour permettre la libération de nos otages et en même temps de ne
rien compromettre, notamment leurs vies ».
QUESTION - « Monsieur le Président, pour revenir à un sujet français
mais qui est aussi d’une certaine manière européen : le chômage en
septembre en France a bondi de 60 000 demandeurs d’emploi. Alors certes,
il s’agit d’un contre-effet du bug de mois précédent, mais il traduit
quand même une augmentation nette de 10 000 chômeurs en deux mois. Comme
vous avez promis cette inversion de la courbe du chômage en fin d’année
et que nous y sommes presque, est ce que vous comptez toujours tenir
cette promesse ? »
LE PRESIDENT - « Nous parlons des deux mois d’août et de septembre
qui marquent une stabilisation du chômage, pas une baisse du chômage si
on fait la somme. Puisqu’il y a eu ces bugs statistiques, nous avons 5
000 chômeurs de plus chaque mois en août et en septembre, 10 000 sur les
deux mois. C’est encore trop. Mais, il y a une évidente décélération
par rapport à ce que nous constations depuis 1 an, où le chômage
augmentait de 30 000 à 40 000 par mois.
Aujourd’hui, nous sommes à 5 000 chômeurs de plus par mois,
l’inversion de la courbe du chômage nous n’y sommes pas encore. Cela
sera sur les chiffres que nous aurons en décembre et en janvier, que
nous aurons à faire ce bilan.
Mais je ne considère pas que ce soit chose faite sous prétexte que
nous avons mis les dispositifs. Je demande donc chaque jour au
gouvernement de se mobiliser pour que nous puissions atteindre cet
objectif. Mais aussi puissants que sont les mécanismes dit « emploi
d’avenir », « contrat de génération », « emploi aidé », ils doivent être
accompagnés par la croissance. Donc, plus forte sera la reprise, pour
l’instant elle est encore trop timide, plus certaine sera la perspective
d’inverser la courbe du chômage.
J’ai conscience que c’est extrêmement rude pour nos concitoyens qui
sont dans cette situation ou qui risquent de l’être. Le chômage augmente
maintenant depuis presque 5 ans continument. Mais tout ce que j’ai
engagé va dans le sens de la reprise, de la croissance, de la
compétitivité, et du soutien aux entreprises, même si cela peut parfois
être discuté. Pourquoi je fais en sorte que nous puissions avoir un
soutien à l’investissement ? Parce que c’est la clé de la croissance, de
la reprise et donc de la création d’emplois. Et comme cela va prendre
encore du temps, nous devons utiliser tous les mécanismes qui sont ceux
des « emplois aidés », des « emplois d’avenir » et des « contrats de
génération ».
Quelle est l’autre solution ? Aujourd’hui, nous avons parlé de la
croissance en Europe : une présentation a été faite par la Commission
européenne et par la Banque centrale européenne. L’Europe vient
seulement de sortir de la récession. De notre côté, cela fait déjà
plusieurs mois, mais nous ne sommes pas encore dans une phase de
croissance solide, durable donc c’est ce que nous avons à faire en
Europe.
Comment l’obtenir en Europe ? En mettant un peu plus l’accent sur la
croissance, en faisant en sorte que les trajectoires budgétaires soient
assouplies, et en mettant aussi les mécanismes de crédit. C’est ce que
nous allons faire : Banque européenne d’investissement, garantie pour
les entreprises, de manière à ce que la liquidité soit apportée – et le
rôle de la Banque centrale est important.
Voilà, vous me demandez si cet objectif sera atteint. Je fais tout
pour qu’il soit atteint et les derniers chiffres, si on les regarde avec
objectivité, c’est-à-dire sur les deux mois, compte tenu de ce qui
s’est produit sur le plan statistique, nous montrent que nous sommes sur
le chemin.
Merci.
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Le script d la deuxième conférence de presse n'est pas encore publié
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