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01 octobre 2011

La révolution Libyenne expliquée par les Journalistes Algériens

Éditorial de lucienne magalie pons

Il est remarquable et tout à leur honneur que des Écrivains et Journalistes Algériens observent avec rigueur les exigences d’une information vraie et le respect de leur métier et de leur lecteurs, en écrivant sur la Libye avec une écriture libre , qui tranche sur l’écriture des médias occidentaux qui frileusement se contentent de transcrire des dépêches d’agence épurées de tous commentaires ou critiques qui pourtant à l’encontre du CNT et de ses alliés occidentaux qui ne cessent de travestir une politique et militaire du CNT qui s’avère, de jour en jour, de plus en plus divisée et fragile et ne parvient pas à s’imposer en Libye, osons le dire, et nous pouvons ajouter que sans le soutien de l’ONU et de l’aide très importante politique et militaire des occidentaux, et de l’Otan, le CNT et sa révolution Libyenne seraient mort et enterrés.

Deux de mes correspondants algériens m’ont transmis chacun séparément des articles frappés du sceau de la vérité, il y a des liens de sympathie qui se sont établis naturellement entre nous avec pour fondement le respect la liberté de penser politique des uns et des autres et l’observance de la vérité dans nos écrits.

Je suis née en 1934 en Algérie de souche Française, et je tiens ici à remercier mes correspondants algériens de la confiance dont ils m’honorent en me communiquant leurs écrits ou les articles qui ont retenus leur attention, ils savent que lors de la guerre d’indépendance de l’Algérie j’étais dans mon camp, celle de l’Algérie Française, je pressentais que les néo-colonialistes occidentaux qui devaient nous succéder se comporteraient comme des prédateurs, mais mes correspondants algériens savent aussi que depuis l’indépendance de l’Algérie je considère que le sort de l’Algérie, pays souverain, est entre les mains de ses dirigeants et de son peuple et que mon sens de la démocratie me fait condamner toute ingérence d’où qu’elle vienne qui s’impose par la propagande et pire les armes dans quelques pays que ce soit, en Afrique, en Europe ou ailleurs dans le monde..

Voici en titre *1 un article que j’ai reçu directement de mon correspondant estimé le journaliste et écrivain DJERRAD Amar, et en titre *2 un article qu’un de mes amis personnel vivant en Algérie a lu dans le « Quotidien d’Oran » du Jeudi 22 septembre 2011 ? Sous le titre « Guerre contre la Libye : Le meilleur et le pire », sous la plume du Journaliste Djamel Labidi.

Je suis née en Algérie de souche Française, et je tiens ici à remercier mes correspondants algériens de la confiance dont ils m’honorent, ils savent que lors de la guerre d’indépendance de l’Algérie j’étais dans mon camp, celle de l’Algérie Française, mais ils savent aussi que depuis l’indépendance de l’Algérie je considère que le sort de l’Algérie, pays souverain, est entre les mains de ses dirigeants et de son peuple et que mon sens de la démocratie me fait condamner toute ingérence d’où qu’elle vienne qui s’impose par la propagande et pire les armes dans quelques pays que ce soit, en Afrique, en Europe ou ailleurs dans le monde..

Voici donc les articles :

*1) Incohérences, contre-vérités et invraisemblance du CNT/ Otan, par DJERRAD AMAR

Des incohérences et mensonges qui mettent à rude épreuve la crédibilité et la confiance de ceux que l’on a imposé « nouveaux maîtres » de Tripoli ; des incohérences et mensonges qui démontrent l’échec de la coalition dans cette aventure libyenne!

- Mensonges sur le plan militaire qu’ils disent dominer. Les vraies nouvelles du front, que ne donnent pas les médias/propagande de l’Otan, sont en fait désastreuses. Pourtant ce n'est que le début ! Sur tous les ‘fronts’ dont-il ne reste que des batailles de guérillas que les libyens, armée et volontaires, maitrisent parfaitement ! Ils avaient annoncé la chute imminente de Syrte et de Béni Walid et de Sebha. Échec total ! Surtout après le ralliement à Kadhafi de plus de 12 000 Touaregs ; ces farouches guerriers du désert.

- Échec dans la prise de Tripoli qui est devenue ingérable suite à la désobéissance civile et surtout un mouroir pour les ‘insurgés’ de l’Otan devant les tireurs d’élites et les attentats.

- Désastre surtout sur le front de Beni Walid après l’élimination du chef des opérations Daou Essalihine. Ses troupes mise en déroute ont enregistré de lourdes pertes. Le gros des troupes a fui en débandade. Une liste de ceux qui ont participé aux massacres de la population a été établie et une chasse-poursuite a été engagée. On a aussi tenté de soudoyer par l’argent les chefs tribaux et les habitants mais sans résultats. Tous ont juré, selon leurs déclarations, de combattre le CNT fantoche et l’Otan « jusqu’à la mort ».

- Débâcle à Syrte. Après les bombardements des civils par l’OTAN, les renégats sont entrés dans le port sous le commandement de Med. Nabous. Croyant que tout leur était facile, la contre-attaque a été violente. Nabous tué, c’est la pagaille ! La seule issue de secours reste la mer qui s’est avérée tragique. Ils se sont noyés. Selon un dirigeant qui a requis l’anonymat « il y a eu des heurts violents aujourd'hui. Nos hommes ont subi de dures attaques. Les combats ont été particulièrement intenses autour du port et à l'est de la ville de Syrte ». Et de ‘rassurer’ faussement « la situation change d'un jour à l'autre. Un jour nous gagnons, le lendemain ils gagnent » a-t-il indiqué.

- Désinformation lorsqu’ils ont fait circuler les rumeurs qu’ils sont à « 2 kilomètres du centre-ville de Syrte ». Voilà qu’ils se découvrent en lançant des appels à l’aide à l’Otan après avoir subi de très lourdes pertes tout en perdant leur commandement. Leur manière d’implorer l’aide de l’Otan à intensifier ses frappes pour rompre la résistance acharnée des forces loyales - comme si cette organisation ne faisait pas déjà 90 % du travail - ou de se plaindre des armes (?) de leurs ennemis, trahi on ne peut mieux leur désarroi.

- A Sebha les médias avaient annoncé que ce « fief » avait été pris par les rebelles. La vérité est que la population avait fui pour se mettre à l’abri des bombardements qui la visaient en particulier. Résultat les renégats ont pillé la ville mais en revenant dans le secteur de la ville ils ont rencontré des…Touaregs qui les ont tous éliminés.

- Le Sud n’est pas épargné puisque les forces libyennes attaquent désormais sur tous les fronts de façon ordonnée suivant une stratégie et des tactiques bien coordonnées. Ainsi, ils ne cessent de mettre en déroute les forces de l’OTAN/CNT tuant dernièrement plus de 60 d'entre-eux.

- Manipulation de l’opinion en faisant état de leur domination dans les combats alors qu’ils ne font que s’introduire dans les environs des villes après le bombardement intensif de l’Otan et le retrait tactique des forces gouvernementales. Quelques faux semblants et clowneries pour les médias « meanstream » et l’on croit le tour joué. Mais les choses reviennent vite à leur nature. Les avions de l’Otan s’arrêtant forcement, les forces gouvernementales reprennent le dessus en exterminant les insurgés dans la plupart des cas.

- Silence sur leurs morts, qui se comptent en fait par milliers, pour ne pas décourager les recrutements qui se font rares. Plus graves des dizaines par jour rejoignent leurs foyers emportant avec eux ce qu’ils ont pu voler, des maisons et des magasins, après le retrait des populations suite aux bombardements de l’Otan. Ce sont donc des forces aléatoires sans but légitime contrairement à leurs vis-à-vis qui défendent une cause suprême, une dignité ; leurs pays et leur honneur !

- Mensonge sur le plan politique puisqu’ils font croire que tout le peuple libyen et contre Kadhafi alors que l’écrasante majorité le soutient. Sinon il serait tombé les 1ers jours. Par contre le CNT s’est avéré, malgré les apparences qui n’ont pas tenu, un ramassis hétéroclite de tendances contradictoires voire antinomiques qui se présentent opposants ; qui de dernières minutes qui ayant emmargés à la NED/CIA et le MI6.

- Farce en faisant croire qu’ils sont capables d’ériger un gouvernement représentatif d’une société complexe. Ils s’abritent maintenant derrière le fait « que l’identité des membres du gouvernement, ne sera révélée que lorsque le pays aura été entièrement conquis ». En somme, un gouvernement que le monde doit reconnaitre mais dont les membres sont inconnus, virtuel quoi ! On doit donc attendre que la résistance soit mise en échec total sur tout le territoire libyen pour connaitre « l’identité» des membres du « nouveau gouvernement » du « nouveau régime libyen ». Ils seront tous morts …de vieillesse.

- Mensonges sur un prétendu charnier découvert à côté de la prison de Bou Selim, présenté comme celui de 1700 prisonniers politiques que le régime de Kadhafi aurait exécuté en 1996. Il s’avère que les quelques os exposés sont ceux… d’animaux. Quelle perversion ! Avec eux le mensonge n’a plus de limite. Comme ceux de l’Otan, leur maitre, d’ailleurs.

- Mensonges sur les prétextes qui ont conduit à l’agression de la Libye - un pays riche souverain et en paix - à savoir que Kadhafi « assassine son peuple » doublé d’un non-respect flagrant des 2 résolutions de l’ONU.

Mais Kadhafi que l’on a voulu salir à plusieurs reprises, pour l’avoir accusé de fuir son pays, d’avoir constitué une fortune personnelle, d’avoir fait tuer son peuple tient toujours bon ! Il continu de lutter, de diriger la résistance et de répondre par des messages audio. Mais voilà que ce funeste CNT trouve un autre mensonge qu’il serait à la « frontière algéro-libyenne » après avoir fui au Venezuela puis au Niger ensuite qu’il est toujours en Libye parmi les tribus Touareg ou encore à Beni Walid et Syrte . S’il a ce don de l’ubiquité c’est qu’il reste fort, aimé et donc « indétrônable » bien qu’il n’ait aucun poste officiel. Il se déclare et revendique le titre de « Guide » d’une révolution ayant fait abdiqué un roi vassal de l’occident pour une Jamahiriya de « comités populaires », libre et indépendante des forces néo-colonialistes occidentales qui souhaitent, par cette agression, réinstaurer un Etat-lige.

Enfin, et en effet, personne ne croit plus à cette aventure sanglante et prédatrice ; même les initiateurs, comme l’a affirmé notre ami Allain dans un de ses titres « l’OTAN n’y croit plus, le CNT aussi ».

A cette allure, le fameux CNT, « représentant légitime du peuple libyen » décrétée par des aventuriers français ne sera qu’une tâche honteuse dans l’histoire de France en particulier et de l’occident en général dans peu de temps. La crédibilité des pays de cette coalition de brigands, de l’ONU et de ses institutions, des organisations dites humanitaires en prendront, sans aucun doute, un sérieux coup !

Même si Kadhafi meurt il restera un héros pour toute l’Afrique qui voit en lui le défenseur des opprimés, celui qui s’acharne à faire sortir le continent du joug néo-colonialiste. Ce ne sera jamais le cas des traitres à leurs pays ou de ceux qui auront provoqué ou participé à cette guerre. La Libye sera pour eux une malédiction !

*2) « Guerre contre la Libye : Le meilleur et le pire » par Djamel Labidi , « Le Quotidien d’Oran » dimanche 25 septembre 2011

Conformément à la résolution 1973, ou du moins l’interprétation qu’ils en ont faites, l’OTAN ne devrait-il pas à présent bombarder… les positions du CNT ? En effet, c’est celui-ci qui est désormais le pouvoir et ce sont les autres, les « gueddafistes » qui sont à présent « les rebelles ». C’est donc le nouveau pouvoir, le CNT, qui aujourd’hui « bombarde son propre peuple », à Syrte et ailleurs, et qui tombe sous le coup de la résolution 1973 de l’ONU.

Je plaisante ? À peine. Car on voit ainsi à quoi a été réduit le droit international. C’est le cas aussi de la reconnaissance de l’État palestinien. Le Gouvernement français s’était empressé de reconnaître le CNT libyen alors que rien ne prouvait sa légitimité. C’est de l’étranger que le CNT a tiré d’abord sa légitimité. Mais le gouvernement français ne veut pas reconnaître l’État Palestinien qui lui, est légitime depuis 60 ans… depuis toujours. Alain Juppé, le ministre des Affaires étrangères français, cherche actuellement, sous mille prétextes, à décourager les palestiniens de présenter leur candidature à l’ONU. On se souvient par contre de la vitalité et de l’énergie dont il avait fait preuve pour convaincre de l’intervention étrangère en Libye puis pour que le CNT occupe, sans attendre, le siège de la Libye à l’ONU.

Ce renversement de situation en Libye où c’est désormais le nouveau pouvoir en place qui bombarde des populations civiles n’a semble-t-il pas été prévu. Il explique la gêne actuelle de l’alliance OTAN-CNT libyen, son hésitation à installer le CNT dans la capitale, et son insistance à annoncer que "la lutte n’est pas finie tant que Gueddafi n’est pas mis hors d’état de nuire". Ces contradictions dévoilent chaque jour les buts réels de l’intervention militaire étrangère aux yeux de l’opinion arabe et mondiale.

Comme par un heureux hasard, l’actualité vient elle-même dénoncer cette situation et ceux qui cherchent à la justifier. Au même moment où le CNT s’installait précautionneusement à Tripoli sous la protection de l’OTAN, les Talibans attaquaient le quartier général de l’OTAN à Kaboul. Où sont les « révolutionnaires », à Kaboul ou à Benghazi ? L’OTAN et les insurgés libyens avaient justifié l’intervention militaire par le rapport de force disproportionné entre les forces du régime de Gueddafi et les insurgés, et afin d’éviter qu’ils soient écrasés. Les résistants afghans eux affrontent une armada de l’OTAN infiniment plus puissante et meurtrière. Un 1er novembre 1954 quelques dizaines d’hommes s’étaient levés contre la France et toute la puissance de l’OTAN derrière elle. Ces hommes là ne demandaient pas qu’on fasse la révolution à leur place.

Les révolutions arabes continuent de charrier le meilleur et le pire. Je lisais dans un journal français (« le Nouvel Observateur » du 13 septembre 2011) un reportage sur une jeune Libyenne de 24 ans qui s’enorgueillait d’avoir fourni des renseignements à l’OTAN, par le relais de Al Jazeera, sur les cibles libyennes à attaquer, quand l’intervention militaire se préparait. Elle décrit tout cela avec force détails. Elle rodait, le jour, la nuit, autour des sites, prenait des notes, utilisait plusieurs portables. Vrai ou faux ? On finit par se méfier de tout tant l’intoxication médiatique a pris des proportions nouvelles. Mais c’est significatif d’un état d’esprit où on ne sait même plus ce qu’est la trahison, où elle est banalisée, voire valorisée. Ici 50 ans après l’indépendance, en Algérie, une famille se vantera d’avoir été proche de la France pendant la colonisation, comme d’un label de distinction sociale. Un autre algérien, résident pourtant en Algérie, et même parfois haut fonctionnaire, se vantera lui d’avoir la double nationalité algérienne et française. Il vous expliquera que "c’est uniquement pour des raisons pratiques, pour ne pas avoir à demander de visa", sans se rendre compte qu’il exprime ainsi son peu de considération pour 2 nationalités, aussi bien la Française que l’Algérienne en réduisant un acte majeur à une raison si triviale. Et on les verra souvent, est-ce un hasard, justifier l’intervention étrangère.

LES NOUVEAUX INTELLECTUELS ORGANIQUES

Dans les CNT qui fleurissent actuellement, ici des intellectuels syriens connus appellent à l’intervention étrangère ; certains d’entre eux ont la double nationalité : française et syrienne. Là ce sont des cadres intellectuels libyens de nationalité anglaise ou américaine qui avaient appelé l’OTAN à l’aide. On assiste à l’émergence d’une nouvelle catégorie d’intellectuels organiques. Ils ne sont pas comme l’émigration politique intellectuelle du siècle passé qui vivait difficilement et clandestinement dans les pays occidentaux. Ils s’en distinguent par le fait qu’ils bénéficient en général d’une situation confortable, dans des universités occidentales, ou dans les médias chargés d’émettre en direction des pays arabes comme la BBC, France 24, etc. Grâce à la lutte des peuples arabes et après avoir été longtemps ignorés, ils bénéficient désormais de la sollicitude des plateaux de télévision des grands medias occidentaux. Le message, bien que feutré, est clair : « nous vous avons accueilli longtemps, il est temps de nous rendre nos bienfaits ». Ces nouveaux intellectuels organiques semblent être libres et indépendants de pensée. Ne dénoncent-ils pas les pouvoirs dans leur pays. Mais les apparences peuvent être trompeuses. Qu’on y prête attention et on s’apercevra qu’il n’y a jamais, chez eux, la moindre critique du pouvoir du pays où ils vivent où dont ils ont pris la nationalité, le Royaume-Uni, La France ou les États-Unis. Gueddafi ou Bachir El Assad seront dénoncés mais pas l’action de la France en Côte d’Ivoire ou en Afghanistan. Pas celle des États Unis en Irak ou vis-à-vis de la Palestine. Comment dénoncer en effet ceux qui vous rémunèrent, dans les universités desquels vous enseignez. Ces nouveaux intellectuels organiques ressemblent comme une goutte d’eau aux mêmes de leur pays natal. À la différence que leur complaisance à l’égard du pouvoir concerne celui du pays occidental où ils vivent.

La mondialisation devient chez eux alors une idéologie de justification leur permettant de masquer toutes ces contradictions ou d’essayer de les concilier, de vivre avec. Elle se transforme en la théorie d’un monde où la nationalité, l’indépendance n’ont plus de réalité et d’utilité si ce n’est dans la vision nostalgique d’une génération qui, comme ils la critiquent, « s’accroche aux idéaux des années 70 et à l’épopée de la lutte anticoloniale et du mouvement de libération ». C’est ainsi que ce sont multipliées, ces derniers temps, sous la plume des nouveaux intellectuels organiques, des analyses qui convergent étrangement toutes vers la justification du droit d’ingérence et des interventions militaires actuelles. Elles puisent d’une manière ou d’une autre leur inspiration dans les théories qui proclament « la fin de l’Histoire », l’universalité du capitalisme occidental, la généralisation de la communication grâce aux nouvelles technologies et donc la fin des antagonismes du 20ème siècle entre l’Occident impérial et le reste du monde, entre pays dominants et pays dominés. Ainsi nous est proposée sous le couvert d’un modernisme de pacotille une réédition de la vieille idéologie colonialiste et de quoi justifier la remise en cause de l’acquis essentiel des révolutions du 20ème siècle : la libération de la domination étrangère et la souveraineté nationale. Ce qu’on nous propose, en fait, c’est un Alzheimer historique.

LA BRIGADE DE TRIPOLI

Sur la chaîne France 24, les 8, 10 et 11 septembre, un reportage passe en boucle, au sujet de la « brigade de Tripoli », une brigade de « rebelles » libyens composés d’émigrés arabes binationaux, d’Angleterre, des USA, d’Irlande... Le reportage vise, d’évidence, à convaincre du rôle joué par les « rebelles libyens » dans la prise de Tripoli. Toujours les mêmes images : armes flambant neuf fournies par l’OTAN, rien à voir avec la Kalach’ traditionnelle du « rebelle », débauche de tirs nourris en l’air ou à l’aveuglette, V de la victoire devant les caméras, un ennemi « gueddafiste » invisible, des insurgés qui font retraite pour laisser l’OTAN nettoyer la place. Le héros du reportage, Sam, un homme jeune, la trentaine, de père libyen et de mère irlandaise. Propre, net, rasé de frais, barbe claire effilée, soignée, des gants noirs, une tenue de camouflage élégante, un vrai héros de cinéma. Il ajuste posément, devant la caméra, comme au stand de tir, au loin, un « gueddafiste » juché sur un pickup . Celui-ci ne bouge pas, comme pour la pose, avant d’être abattu et de s’écrouler. Il ne restait plus à notre héros qu’à souffler sur le canon de son arme, comme dans les westerns. Puis il part à l’assaut avec sa brigade. Le commentateur français, soudain islamophile, nous dit que la brigade n’a rien bu ni mangé depuis le matin, vu le Ramadhan. Mais celui qui a monté le reportage a laissé trainer un plan qui surprend notre héros Sam la cigarette aux lèvres en plein jeûne. À la fin du reportage (du film j’allais dire) Sam confie tristement mais virilement qu’un de ses amis est mort et qu’il va devoir annoncer la nouvelle à ses parents à son retour en Grande-Bretagne. Puis il s’éloigne lentement du champ de la camera. Coupez !

Tout cela peut prêter à sourire. Mais on ne peut s’empêcher d’en être peiné et de se demander laquelle de leurs deux nationalités ces binationaux servent. Mais aussitôt posée, la question parait injuste. Injuste envers l’immense majorité des émigrés arabes en Europe qui accueillent comme nous, avec réserve et méfiance les appels à l’intervention étrangère, et dont le sentiment national est d’autant plus fort, qu’il est renforcé par leur éloignement du pays et les atteintes à leur identité et leur dignité. C’est notamment le cas des centaines de milliers d’intellectuels et de chercheurs arabes qui se trouvent à l’étranger faute des conditions du travail scientifique dans leur pays. Ceux-là sont bien placés pour connaitre la réalité des pays où ils vivent et les mécanismes de domination. Ils en témoignent souvent d’autant plus lucidement. Ils font partie de ce que le monde arabe a de meilleur. Mais on ne les verra eux, jamais, sur les plateaux de télévision.

Le piège est en effet énorme et nouveau : créer la suspicion envers ceux des nôtres qui ont émigré et qui sont partis pour des raisons économiques ou autres, et qui ne ressemblent en rien à une certaine émigration de confort. Empêcher la jonction de l’intelligentsia arabe, aussi bien celle vivant au pays qu’à l’étranger, dans l’immense élan qui se dessine de réveil du monde arabe, et de volonté de démocratisation et de modernisation. La crise libyenne est décidément pleine d’enseignements. - Djamel Labidi « Le Quotidien d’Oran » du jeudi 22 Septembre 2011 - legrandsoir.info-

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