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01 octobre 2011

Jean-Pierre Bel a été élu Président du Sénat

Éditorial de lucienne magalie pons

Rappelons que la gauche est devenue majoritaire, dimanche passé, pour la première fois sous la Ve République, lors des élections à cette chambre où votent les grands électeurs, notamment des élus locaux et que cet après-midi Samedi 1 er Octobre, les sénateurs procédaient en séance à l’élection de leur nouveau Président.

Comme tout le monde s’y attendait, c’est le sénateur socialiste de l’Ariège Jean-Pierre Bel, qui a été élu Président du Sénat.

Il y a eu 347 votants et cinq bulletins blancs et nuls,

Jean-Pierre Bel a obtenu 179 voix contre 134 au président UMP sortant Gérard Larcher et 29 à la centriste Valérie Létard.

Ambiance solennelle des grands jours : respect de la démocratie, respects des partis, respect des uns et des autres

Dans un hémicycle comble c’est le Sénateur communiste de la réunion Paul Vergès, 86 ans qui a ouvert la séance et pris la parole en premier en tant que doyen d'âge, son intervention de très haute valeur, s’est située au-delà des différences et des oppositions des lignes politiques des sénateurs qui composent cette haute assemblée, il a notamment déclaré : "En cet instant, nous ressentons tous dans cet hémicycle, le cœur battant de la démocratie, de la démocratie prête à se renforcer. Nous voyons se dessiner l'espoir d'un Sénat à l'avant-garde des changements attendus". (Vous retrouverez en fin d’article son Allocution en *1)

A la suite et après une courte pause , l'élection du président à bulletins secrets a commencé par appel à la tribune des sénateurs qui sont montés un à un à la tribune pour déposer leur bulletin dans l’urne, certains d’entre eux serraient la main du Président Doyen en passant devant lui, d’autres déposaient leur bulletin dans l’urne sans saluer personne, sur les bancs certains sénateurs de droite autour de Gérard Larcher paraissaient graves, voire abattus par moment comme Gérard Larcher lui-même, mais cependant quand Gérard Larcher a été appelé à la tribune il a retrouvé tout son allant et c’est aimablement et en souriant aimablement qu’il a salué le Doyen Président en lui serrant la main franchement.

Deuxième personnage de l’Etat, le président du Sénat Palais du Luxembourg, assume notamment, en vertu de la Constitution, l'intérim du président de la République en cas de décès, de démission ou d'empêchement.

Jean-Pierre Bel, a obtenu deux voix de plus que le total théorique des voix de gauche. Il y a eu 347 votants et cinq bulletins blancs et nuls.

Il a obtenu 179 voix contre 134 au président UMP sortant Gérard Larcher et 29 à la centriste Valérie Létard.

Dans son premier discours, le nouveau président a rendu hommage à son prédécesseur et exprimé son "émotion" après cette élection, première victoire de la gauche au Sénat depuis 1958.

"Je ne serai jamais là pour servir un clan et une clientèle ..... Le Sénat doit prendre sa part à la longue marche vers le progrès social et la mutation écologique", a-t-il dit en promettant de lutter contre les discriminations.

Il a, par ailleurs, annoncé la constitution d'un groupe de travail chargé de proposer une réforme du Sénat. "Nous devons changer l'image de notre assemblée, qui doit aller vers plus de transparence et de modestie (...) Elle doit aller vers une révolution démocratique".( Vous trouverez aussi ci-dessous son allocution en *2 )

Allocutions :

* 1) Allocution de Monsieur Paul Vergès, président d'âge.

« J'adresse mes sincères et chaleureuses félicitations à l'ensemble des sénatrices et sénateurs « nouvellement élus.

« Je salue la benjamine de notre assemblée, Mme Cécile Cukierman.

« Dans cette Haute assemblée se sont illustrés Victor Hugo, Georges Clemenceau ainsi que « Victor Schoelcher.

« Le Sénat reflète l'histoire de France, avec ses parts de lumière et d'ombre, mais nous devons « faire vivre les valeurs républicaines, pour lesquelles nombre d'hommes ont donné leur vie. « En tant que cadet de la France libre, j'ai rejoint de Gaulle à Londres, à 17 ans, et je me « rappelle ceux du maquis de la Vienne où je fus parachuté en 1944.

« Comme Sénateur de La Réunion, je me rappelle que nous devons à Victor Schoelcher « l'abolition de l'esclavage. Je pense aussi à Gaston Monnerville, homme noir, président du « Conseil de la République, puis du Sénat, de 1947 à 1967.

« J'ai fait ces rappels car nous devons nous inscrire dans la continuité historique, même « lorsque nous serons -dès demain-, happés par les exigences du présent et de l'action.

« Aujourd'hui, nous vivons au Sénat un moment exceptionnel de l'histoire de la Ve « République. Nous sommes tous des combattants de la démocratie. Nous voyons se dessiner « un Sénat à l'avant-garde des changements attendus. Car la situation l'exige.

« La crise sociale, économique et financière se traduit par une augmentation du chômage et de « la pauvreté, la diminution du pouvoir d'achat, la dégradation des services publics, toutes les « catégories sociales sont fragilisées. La cohésion sociale est mise en cause. Un profond « besoin de changement se fait sentir.

« Nous devons être capables d'y répondre tout en portant notre regard au-delà de l'immédiat. Il « faut être en mesure de discerner les courants profonds qui modifient le monde.

« Homme de La Réunion, j'appelle à tenir compte de la situation géographique de mon île « comme du continent africain, au même titre que celle de la France, où nous sommes intégrés « par la volonté populaire depuis 1946, et de l'Europe. Dans l'Océan indien, on assiste à la « plus "grande poussée démographique de la planète.

« Je pense aussi à nos compatriotes des Caraïbes, d'Amérique du sud et du Pacifique. Ce nous « appelons l'Outre-mer doit être au cœur des préoccupations du siècle à venir.

« Des évolutions économiques, sociales, culturelles et politiques affectent tout « l'environnement de l'humanité. Nous devons adopter un double point de vue global, selon le « temps et l'espace. La Réunion est façonnée, comme l'ensemble du monde, par des « changements qui nous concernent tous. La population de La Réunion est passée de 240 000 « habitants en 1946 à 800 000 aujourd'hui. L'Ined assure que la population mondiale « atteindrait 7 milliards d'individus au cours des mois à venir. En 2050, nous serons 2,5 « milliards de plus. Soixante ans ont suffi pour que la population mondiale augmente de 4,5 « milliards. Dans six mandats de sénateurs, la population mondiale aura autant augmenté « qu'elle ne l'avait fait depuis les années 50.

« Nous vivons les conséquences de cette transition démographique sur tous les plans : « économique, culturel et politique. Saint-Just disait, au XVIIIe siècle, que le bonheur est une « idée neuve en Europe ; aujourd'hui, les peuples affirment que l'égalité est une idée neuve « dans le monde.

« Simultanément, la planète subit un réchauffement, avec tous les phénomènes naturels qui « l'accompagnent et le risque d'une raréfaction des ressources.

« Dans trois mois, la grande conférence internationale sur le réchauffement climatique se « tiendra à Durban, en Afrique du Sud. Saurons-nous donner une suite positive au protocole « de Kyoto ?

« Avec la mondialisation, nous vivons l'explosion des capacités productives. Nous devrons « changer de modèle économique.

« Notre siècle est marqué par l'ampleur des découvertes scientifiques, des innovations « technologiques et de leur application rapide, qui bouleversent nos sociétés.

« Tous ces phénomènes interagissent à un rythme effréné. Comment faire face à ces « phénomènes simultanés, durables et planétaires ? Nous devrons changer notre conception du « monde.

« Nous devrons faire vivre 9,5 milliards d'humains. Nous n'avons pas de planète de rechange. « Or notre croissance est construite sur des matières non-renouvelables. Michel Serres nous « avertit que le défi que nous avons à relever est le plus grand depuis la révolution « néolithique.

« Je partage le dilemme des élus nationaux : comment satisfaire les besoins actuels sans « compromettre le futur ? Nous devons avoir une vision de l'avenir. Je mesure l'immense « responsabilité des élus nationaux qui doivent répondre aux demandes actuelles sans sacrifier « les générations à venir. Puissions-nous remplir la tâche qui nous attend pour aujourd'hui et « pour demain ! (Mmes et MM. les sénateurs se lèvent et applaudissent longuement)

ooOoo

*2) Allocution de M. le président du Sénat Jean-Pierre Bel :

« Hier, dans cet hémicycle, nous avons vécu un moment fort avec la commémoration, avec « Robert Badinter et Pierre Mauroy, du 30e anniversaire de l'abolition de la peine de mort. « Pourtant, quelques jours auparavant, un homme a été exécuté -assassinat prémédité, aurait « dit Albert Camus. C'est dire que nos combats ne cesseront jamais. Le Sénat doit être en « première ligne de celui pour la dignité, le phare qui éclaire l'avenir, comme l'a dit M. « Badinter.

« Je mesure pleinement la confiance que vous venez de m'accordez ; c'est pour moi une fierté, « un honneur et aussi une énorme responsabilité. Monsieur le doyen d'âge, cher Paul Vergès, « ce fut pour moi un bonheur et un plaisir de vous voir présider la séance. Je vous félicite pour « la profondeur de votre discours. Les outre-mer sont une grande richesse pour notre pays. Ils « seront un enjeu fort pour le Sénat. La République reconnaît tous ses enfants, où qu'ils soient ! (Applaudissements à gauche)

« J'adresse un salut très sincère au président Larcher, dont nous avons apprécié les qualités et « la personnalité. (Applaudissements) Je salue aussi Mme Létard. (Mêmes mouvements) Je « dis aussi mon estime au président Poncelet, dont nous avons toujours apprécié la gentillesse « et l'humanisme.

« J'ai enfin une pensée pour les grandes personnalités qui quittent en ce jour le Sénat, parmi « lesquelles Mme Voynet, MM. Mauroy, Badinter, Ralite, de Rohan. J'ai une pensée « particulière pour M. Fischer, et j'adresse mon salut fraternel à Claude Estier.

« L'exercice d'une responsabilité publique requiert pudeur et retenue. Mon émotion est forte « en cet instant. Je veux remercier mes amis socialistes, communistes, radicaux de gauche, « écologistes et divers gauche et je salue chacun et chacune d'entre vous, quel qu'ait été votre « vote.

« Je pense aussi aux miens. L'histoire de ma famille paternelle, ce sont des personnages qui, « entre Albi et Carmaux, ont partagé les combats du grand Jaurès, inspirateur de mon « engagement. Je pense à mon grand-père maternel, cheminot, mort dans le bombardement de « la gare Saint-Charles, à Marseille. A mon père, sa soeur, ses frères, qui furent, très jeunes, « en première ligne des combats de la Résistance. A ma mère, employée des P.T.T., qui éleva « quatre enfants dans notre petit H.L.M. de la Cité Empalot-Daste à Toulouse.

« Je pense à ma femme, qui fait mon bonheur. Je pense à mes trois filles, Julie, Marie, Alyssa, « qui sont la fierté de ma vie.

« Je pense à mes maîtres, à ces instituteurs de l'école laïque, à mon grand professeur de la « Faculté de droit de Toulouse, Jean-Arnaud Mazères, qui, le premier, me fit une grande « confiance.

« Je veux placer mon propos à la fois sous le signe de la République, dont je suis un enfant, et « de la promesse républicaine que nous devons tenir pour les générations futures.

« République des territoires dont nous sommes les représentants... Ces territoires dont nous « aimons la douce musique mais dont nous avons aussi entendu la colère profonde d'avoir été « stigmatisés, désorientés, peut-être aussi abandonnés à leurs difficultés. Je sais votre « attachement aux territoires que vous représentez. Vous connaissez le mien, indéfectible, « pour l'Ariège, cette terre qui m'a tout donné et où, en permanence, mon cœur bat. Ces « territoires font notre fierté ; ils innovent et sont le moteur du développement économique.

« République laïque aussi, dont nous devons chaque jour défendre les principes fondateurs, « sans outrance, sans exclusive, sans stigmatisation, pour que chacun trouve sa place au cœur « du pacte républicain.

« République du vivre ensemble enfin, parce que seule la sérénité peut répondre au fracas du « monde et seul le devoir de responsabilité doit s'imposer à tous.

« Je ne serai jamais là pour servir un clan ou une clientèle, c'est contraire à ma vision « politique et à ma nature. Mais notre opposition à toutes les injustices, à toutes les « exclusions, aux discriminations, aux inégalités, en particulier celles toujours aussi « scandaleuses entre les hommes et les femmes, cette opposition n'en sera pas moins résolue. « Et la promesse républicaine... Aucun peuple ne peut vivre sans espoir et sans assurer l'avenir « de sa jeunesse. Espoir dans la République, parce qu'il n'y a pas de fatalité à faire subir la « charge des efforts toujours aux mêmes, à voir l'état de la planète se dégrader, à mettre en « danger les générations qui viennent.

« Le Sénat doit prendre sa part à la longue marche vers le progrès social, à la nécessaire « mutation écologique. Un autre modèle de développement est possible, un autre monde aussi « où la dignité de chacun et l'égalité entre tous ne seront pas de simples incantations.


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